Les deux erreurs du souverainisme

Le souverainisme se nourrit de populisme.

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Marine Le Pen au Liban, pour les Chrétiens du Liban. Visite à Byblos, Mont-Liban. By: Gilbert-Noël Sfeir Mont-Liban - CC BY 2.0

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Les deux erreurs du souverainisme

Publié le 6 mai 2020
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Par Gérard Dréan.

Il existe deux variétés de souverainistes : les actifs et les passifs.

Les passifs sont les plus nombreux. Ils veulent un maître auquel obéir et qui résolve tous leurs problèmes, mais ils veulent que ce maître soit proche d’eux pour bien comprendre leurs problèmes, et pour pouvoir l’influencer. Pour paraphraser La Boétie, ce sont des esclaves volontaires, mais qui souhaitent que leur maître soit proche.

Les actifs, c’est autre chose. Eux, veulent être les maîtres. Et s’ils souhaitent aussi que le lieu d’exercice du pouvoir soit proche d’eux, c’est pour le conquérir ou du moins y être associés. Ce sont des aspirants dictateurs.

Ils se réclament du peuple, mais qu’est-ce que le peuple ? Un ensemble d’individus tous différents, avec des opinions, des aspirations et des demandes très diverses et incompatibles. Si on leur demande quelle est la volonté du peuple, la réponse de chacun sera « que je puisse faire ce que je veux sans être gêné par les autres ».

Imposer sa volonté à la population

Celui qui veut prétendre incarner la volonté du peuple doit donc choisir une partie du peuple sur laquelle il croit pouvoir s’appuyer. Il pourra ainsi réaliser son idéal, imposer sa volonté à toute une population, mais avec le soutien d’une part de celle-ci, ce qui lui rend la tâche plus facile. Le souverainisme se nourrit de populisme.

Pour le vrai tyran, la volupté suprême est d’imposer sa volonté à tous sans être soutenu par personne. La plupart des tyrans sont tout simplement cyniques. D’autres croient sincèrement faire le bonheur du peuple. Ils croient dur comme fer que leurs idées sont les seules bonnes et méritent d’être imposées à tous, au besoin par la force ; ce qui montre simplement à quel point ils sont naïfs et méprisent le vrai peuple.

À bien y réfléchir, la vraie volonté du peuple, « que je puisse faire ce que je veux sans être gêné par les autres », c’est tout simplement l’idéal libéral gravé dans le marbre de la Déclaration des Droits de 1776, puis dans la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 : « Tous les êtres humains naissent et demeurent libres et égaux en droits. », autrement dit en négatif : aucun être humain n’a le droit d’en forcer un autre à faire quelque chose qu’il ne veut pas faire, ni de lui imposer ses propres croyances ou ses propres idéaux. Aucun, même pas moi.

Selon ce principe, le seul rôle légitime du pouvoir, de quelque forme qu’il soit, est de faire respecter cette liberté en empêchant chacun d’attenter à la liberté des autres, et avant tout en n’attentant pas lui-même aux libertés, ce qui exige que son domaine d’intervention soit étroitement limité et ses moyens d’action sévèrement contrôlés.

Mais bien sûr, défini comme cela, le pouvoir n’intéresse pas les souverainistes. Et c’est pourquoi ils vomissent le libéralisme

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  • Déjà définir ce qu’est le souverainiste, car visiblement l’auteur est à côté de la plaque, confond le concept avec le nationalisme. Le souverainiste apparaît d’une part de Rousseau et lié à la souveraineté populaire et au suffrage universel, et d’autre part à la volonté d’indépendance surtout en matière énergétique, alimentaire, et militaire, après la 2e guerre mondiale. Quand on voit que l’Europe est incapable de produire masques et médicaments, le souverainiste s’interroge.

    • montrez moi un candidat aux élections qui n’utilise pas le ‘populisme » pour etre élu! deja
      Si le populisme consiste a tromper l’électeur sur les causes ou les effets d’une politique en période électorale alors ils le sont tous!
      le pire étant les socialistes qui prônent un systeme dont on peut voir les effets sur toute la planete,,
      mais peu importe qui est élu ,,, c’est l’administration qui gouverne il n’y a pas de démocratie en France
      votez qui vous voulez

    • Je suis européen, et je ne suis pas capable de produire masques et médicaments. Donc, au lieu de me laisser me débrouiller avec ceux qui peuvent pour en obtenir quand même, vous voudriez m’obliger à en produire ?

    • Et pourtant l’Europe est le premier producteur de non-tissés au monde et le principal fabricant des machines à ‘non-tisser’…

      Comme le Français Asselin- Thibeau à Elbeuf, spécialisé sur ce secteur précis de l’intissé sanitaire jetable, aujourd’hui propriété de l’Autrichien Andritz,
      mais aussi les Allemands Reicofil, Trützschler ou le Suisse Oerlikon.

  • Article inutile basé sur des définitions parcellaires et erronées
    On peut dire n’importe quoi ; mais écrire n’importe quoi , en prétendant que cela résulte d’une réflexion est une simple insulte aux lecteurs.

  • Trump est un souverainiste actif :-). Là, personne ne pourra le nier.
    « Faire ce que je veux sans être gêné par les autres » ET SANS GÊNER LES AUTRES ! Sinon le principe de non-agression est oublié.
    Parler du peuple, c’est parler d’un corps commun et donc d’un intérêt général, principe avec lequel certains ici ont du mal… (A noter que parler du peuple permet de parler d’un « non-peuple », d’un dedans et d’un dehors. Le simplisme binaire est bien ancré !
    Perso, je parle plus volontiers de citoyens, et donc d’individualisme, vrai fondement du libéralisme.

    • « « Faire ce que je veux sans être gêné par les autres » ET SANS GÊNER LES AUTRES ! Sinon le principe de non-agression est oublié. »

      Et le ver est dans le fruit…

      • « que je puisse faire ce que je veux sans être gêné par les autres », c’est ce que chacun répond quant on lui demande comment il; définit l’intérêt général.
        « ET SANS GÊNER LES AUTRES », c’est ce qu’ajoute celui qui se demande comment c’est possible

        • Alalalala.. Heureusement que l’article 4 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, texte fondateur et de référence de tout libéral qui se respecte, est très clair à ce sujet :
          « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui ASSURRENT AUX AUTRES MEMBRES DE LA SOCIETE LA JOUISSANCE DE CES MEMES DROITS. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi »
          Bien sûr, quand on ne sait pas cela, on n’a rien compris au libéralisme.

  • Plus creux que cet article, c’est difficile a trouver. Sauf peut-être le trou de la dette que nous creuse Macron

  • L’auteur est visiblement de gauche, et oublie volontairement que c’est le socialisme et non le souverainisme qui motivent ceux qui promettent la lune aux gogos sans avoir aucune intention de tenir la moindre de leurs promesses et imposer à la population leur opinions et volontés!

    • Gauche, droite, peu importe. Le vrai clivage, c’est étatiste contre libéral. Le souverainiste, c’est à dire l’étatiste, adoptera la doctrine dont il croit qu’elle lui rapportera la plus de soutiens pour prendre le pouvoir, qu’il s’appelle Mélenchon ou Le Pen.
      Moi, si vous voulez savoir, je ne suis que libéral.

      • Un souverainiste peut tout à fait être libéral !
        A ma connaissance, le souverainisme signifie principalement que l’Etat soit libre de tout entité supranationale pour ce qui est de l’émission de sa monnaie, de sa défense militaire etc…
        Certes, nos souverainiste nationaux ne sont pas les plus érudits et se font constamment les défenseurs de l’état-stratège et de l’étatisme, mais il faut aussi admettre que l’étatisme est une tradition nationale depuis le temps des capétiens. Difficile de s’en affranchir lorsqu’il est à ce point inscrit dans le génome français… Les autres partis/mouvements non-souverainiste sont tout autant étatiste que le RN ou LFI etc…

        • En théorie, vous avez peut-être raison. Mais dans la réalité, les souverainistes veulent exercer des pouvoirs que les libéraux refusent de leur confier.

  • Article caricatural qui évite de poser la question essentielle: à quel niveau doit être prise la décision politique? Y compris celle qui s’astreint à respecter les libertés fondamentales?
    Je me demande parfois si certains libéraux ne sont pas les auxiliaires involontaires d’une dictature mondiale dont on perçoit de plus en plus les contours en termes de contrôle des populations. Ce n’est pas parce que l’Etat français a failli que le principe même d’Etat nation n’a aucune validité.
    Par contre il est certain que ceux que l’on appelle les mondialistes doivent, pour afaire advenir leur projet, discréditer la nation souveraine. Rappel: celle-ci est inséparable de la démocratie…

    • « à quel niveau doit être prise la décision politique? »
      Bien vu. Mais il y a une autre décision encore plus en amont : quel est le domaine légitime de la décision politique ?
      et c’est à cette question que le libéralisme répond : la protection des libertés individuelles

    • La question mérite d’autant plus d’être posée que l’exploitation de la crise sanitaire actuelle laisse entrevoir un « grand bon en avant » dans ce projet totalitaire.

      La réalité n’est peut-être pas ce que l’on croyait. Il faut se défaire du soupçon de complotisme qu’on fait peser sur tous ceux qui osent contester les narrations officielles. Et aussi de l’aversion que l’on peut ressentir envers certains mouvements.
      (Un exemple: l’auteur de la vidéo souligne que le déploiement de la 5G est nécessaire pour envisager une surveillance des populations « à la chinoise », voire pire. Il est donc assez naturel qu’une association comme Robin des toits – dont les positions sont discutables par ailleurs – s’associe à cette contestation).
      C’est notre liberté de penser le réel – même s’il nous surprend ou nous dérange – qui est en jeu, et au bout, nos libertés fondamentales dont on voit bien aujourd’hui qu’on peut les piétiner sans qu cela soulève beaucoup de contestation.

    • La petite bête est très bête.
      Les états-nation sont des bureaucratie violentes qui ont annexé la culture ou l’identité ethnique des gens pour le assservir encore plus.
      Leurs bilans est désastreux: des guerres sans fin, des millions de morts, des fiscalités incontrôlables, etc.

      Il existe beaucoup de gens de culture française de part le monde qui ne sont pas titulaires d’un passeport français et qui n’en souhaite surtout pas. Et même s’ils ont la nostalgie « De voir France que mon coeur aimer doit », leur amour ne se porte certes pas sur « L’état-nation » France!

      • Rhétorique habituelle des progressistes (=socialistes).
        Elle traduit au mieux une manipulation de l’histoire, au pire une méconnaissance crasse de celle-ci et des forces qui en expliquent la direction.

  • Sauf que pour Rousseau « l’homme naît bon c’est la société qui le corrompt » grosse erreur épistémologique…

    • On en revient toujours à Rousseau, théoricien du fascisme à travers la fiction du contrat social :
      « quiconque refusera d’obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera d’être libre »
      La seule volonté générale, c’est par définition celle à laquelle chaque individu peut librement adhérer, et le seul contrat social qui tienne, c’est que chacun respecte la liberté des autres. Chaque être humain est souverain de lui-même, et il n’y a pas d’autre souverain qui soit légitime.

  • C’est moi ou cet article est complètement hors-sujet?

  • Les commentaires sont fermés.

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Auteur : Catherine de Vries, Professor of Political Science, Fellow and member of the Management Council of the Institute for European Policymaking, Bocconi University

 

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