3 maladies bien françaises qui pèsent lourd dans le budget

Notre État, qui est obèse parce que malade, et inefficace parce que obèse, s’apprête à prendre une dizaine de kilos : cela n’est pas très rassurant.

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3 maladies bien françaises qui pèsent lourd dans le budget

Publié le 27 avril 2020
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Par Rémy Prud’homme.

La dépense publique est plus importante en France qu’ailleurs, relativement au PIB. Cependant, la qualité des services publics y est plus faible qu’ailleurs. La crise du Covid-19 le montre : tous les pays ont eu à faire face, au même moment, à la même maladie ; mais dans tous les pays (sauf l’Italie, l’Espagne et la Belgique), elle a tué, par rapport à la population, moins, généralement beaucoup moins, qu’en France.

L’enquête PISA qui mesure avec des tests impartiaux le niveau des collégiens en mathématiques, en sciences, et en compréhension de texte, place nos écoles au vingtième ou trentième rang des pays testés, quelque part entre la Slovénie et le Portugal. Ce qui est vrai de la santé et de l’éducation l’est également de la justice, de la sécurité, ou de l’emploi.

Au moment où la crise économique générée par un confinement plus long qu’ailleurs va porter cette dépense publique de 57 % du PIB bien au-delà de 65 %, il faut essayer de comprendre ce paradoxe de la dépense publique française.

La courbe de Laffer appliquée à la dépense publique

Une analogie avec la courbe de Laffer peut nous aider à représenter le phénomène. Arthur Laffer, s’intéressant à aux recettes publiques, représente les recettes fiscales en fonction des taux d’imposition.

Avec un taux zéro, les recettes sont égales à zéro. Avec un taux de 100 % elles sont également égales à zéro. Entre les deux, une courbe plus ou moins parabolique atteint un maximum pour un certain taux présenté comme optimal. C’est la représentation graphique d’un vieux principe fiscal : les hauts taux tuent les totaux.

Cette courbe, conçue pour les recettes budgétaires, peut être utilisée pour les dépenses budgétaires. Remplacez sur l’axe des x, « taux d’imposition » par « taux de dépense » (en % du PIB), et sur l’axe des y, « recettes publiques » par « services publics », et vous avez une description du lien entre montant de la dépense publique et quantité/qualité des services publics.

La question n’est pas de savoir si on est pour ou contre les services publics (comme la santé ou l’éducation), mais de déterminer le montant de dépenses qui va nous donner le plus de ces services publics. La courbe montre que peut venir un moment où davantage de dépenses publiques produit moins, et pas davantage, de services publics.

Comment est-ce possible ? On peut évoquer trois pistes, trois virus, trois maladies.

 

La précautionnite : empêcher les autres de mal faire

La première est la précautionite. De plus en plus, l’action publique ne consiste pas à bien faire, mais à empêcher le reste de la société de mal faire. Elle prend la forme de règles, de normes, de contraintes, d’autorisations, de prescriptions, de préalables, d’interdictions. L’image des avions pleins de masques bloqués par les douanes est un symbole de cette maladie.

La délocalisation de l’industrie pharmaceutique a semble-t-il été motivée autant ou davantage par des différences de contraintes que par des différences de salaires, par Nicolas Hulot plus que par Philippe Martinez.

 

L’administrativite : empêcher de faire son travail

L’administrativite est une autre maladie qui affecte la production des services publics. Parkinson avait montré que l’administration fonctionne et grossit indépendamment de ses finalités ; par exemple, le nombre de fonctionnaires du ministère anglais de la Marine est au cours des années inversement corrélé au nombre des vaisseaux de Sa Majesté.

James Buchanan a expliqué que les bureaucrates, comme tous les agents économiques, sont motivés par leur intérêt propre, qui implique l’augmentation de leurs budgets ; cette observation, qui fait depuis toujours le fond de la conversation des cafés du Commerce, lui a valu un prix Nobel d’économie.

L’actualité nous a appris que plus du tiers des agents des hôpitaux français ne voient jamais un malade. S’ils faisaient des cocottes en papier, il n’y aurait que demi-mal ; mais ils travaillent dur, à organiser, orienter, contrôler, surveiller, etc. et finalement empêcher médecins et infirmières de faire leur métier.

Un autre symbole : l’Hôtel-Dieu à Paris. Cet hôpital était depuis Saint-Louis consacré à soigner des malades ; il a été en partie vidé de ses praticiens pour faire place à l’administration des hôpitaux et à un projet immobilier.

 

La politisationnite : l’État s’occupe de tout, partout

Un troisième virus, pas le moins paralysant, est la politisationnite. Les politiciens veulent s’occuper de tout : de la recherche, de la solitude, de la culture, de l’alimentation, du sport, des entreprises, de la reconstruction de Notre-Dame de Paris comme de Boko Haram, et des masques.

Dans un monde de plus en plus complexe et incertain, leur temps et leurs connaissances sont limités ; plus ils les étalent sur un champ d’intervention large, et plus la couche est mince – et insuffisante. Le tout-politique est alors le tout-superficiel. Les politiques ont, comme disait ma grand’mère, « les yeux p’us gros que l’ventre ». Ils le savent parfois, et mettent leur talent à le cacher, derrière de belles phrases ou de vilains mensonges.

Ce déficit de gestion est en France encore aggravé par le jacobinisme. La crise du covid-19 l’a bien montré, puisque les régions et les départements, qui ne sont pourtant pas des parangons d’efficacité, ont fait mieux que l’État.

Notre État, qui est obèse parce que malade, et inefficace parce que obèse, s’apprête à prendre une dizaine de kilos : cela n’est pas très rassurant.

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  • L’idée d’une « courbe de Laffer des dépenses » est séduisante, mais à la différence de l’originale il y a un problème sur la démonstration de sa réalité : comment peut-on arriver à 0 pour les Services publics si le Taux de dépenses est de 100% ?

    • Vous allez le constater bientôt ! Le service public ne créant aucune richesse, il ne peut vivre qu’aux dépens de ceux qui en créent. S’il occupe 100% de l’activité, plus personne ne crée la moindre richesse, donc il n’y a rien à dépenser.

      • Ce n’est pas parce qu’une économie 100% publique n’est pas viable à plus ou moins long terme qu’on peut prétendre qu’elle ne crée aucune richesse

        • C’est précisément parce qu’elle détruit des richesses qu’elle finit par s’effondrer.

        • Si vous pensez qu’elle en crée, citez-en quelques unes.

          • Comme je ne vous considère pas comme quelqu’un qui est aveuglé par votre (… notre) idéologie au point de considérer que par essence TOUT travail d’un fonctionnaire ne produit AUCUNE richesse, alors j’essaie de comprendre : il se peut que vous réfléchissiez en termes de valeur ajoutée et non de valeur pure, c’est-à-dire que vous considérez que les services publics coûtent à la société au mieux autant qu’ils lui rapportent, ce qui se défend et que je partage.

            Mais alors dans ce cas je reviens à la « courbe de Laffer des dépenses », qui indiquerait qu’à un certain niveau le service public rapporterait plus qu’il ne coûte, ce qui n’est pas sans rappeler les théories du coefficient multiplicateur de Keynes … décidément, quelque soit le sens dans lequel on l’interprète cette analogie est ridicule.

        • Au mieux, elle essaie de copier – en beaucoup moins bien – ce que réalise une économie libre. L’exemple de l’Allemagne de l’Est (réputée pays le plus prospère du monde communiste et que les allemands de l’Ouest ont, à la réunification découvert dans un état bien pire que ce qu’ils pensaient) est éloquent.

  • Le niveau de vie des français est artificiel , il ne reflète pas la creation de richesses mais la redistribution de la dette! çà c’est un fait vérifiable!
    L’état vit de la dette qu’il fait supporter a tous les Français , ceux ci s’en rendront compte un jour ou l’autre , aujourd’hui l’impôt n’en paye que les intérêts, on ne rembourse pas le capital , quand les bons du trésor arrivent a échéance on emprunte pour payer les l’obligation d’etat,, ce systeme a une limite ce sont les préteurs qui la fixent.. au regard de la stabilité sociale devant l’impôt,,,
    les gilets jaunes ont déclenché une turbulence de fond, suivie par des gréves nationales,, que l »épidémie a mis sous cloche,,
    les résultats du confinement et ses coûts + son chomage vont faire exploser la structure sociale de ce pays,,,la hausse des prix + les pénuries vont favoriser des mouvements révolutionnaires de tous poils ! l’instabilité politique a commencé avec sarkosy, s’est amplifiée avec hollande , va exploser avec macron,,
    Dans toute l’histoire de la france on peut constater que le poids de l’impôt a été le vrai facteur révolutionnaire quand les pénuries arrivent,, nous y sommes

    • Oulah !
      Votre commentaire me fait froid dans le dos !

      J’ai fait le lien avec ces tueurs qui, tout en faisant croire à leur famille qu’ils bossaient de quoi subvenir à leurs besoins, tapaient du pognon à tout le monde pour donner l’illusion.

      Une fois acculés par leurs mensonges, ils ont fini par assassiner les membres innocents de leur famille avec un machiavélisme diabolique…

      Vous croyez qu’ils vont nous rejouer ‘la chute’, quand le « führer » vocifère que le lâche peuple allemand n’a que ce qu’il mérite ?

      • Leipreachan : Soyez-en persuadé. ces gens-là sont drogués au pouvoir, et toute menace de les en priver sera férocement combattue. Jusqu’à la mort, les exemples en abondent dans l’Histoire.
        C’est très facile quand on dispose d’une force publique dont le respect de la légalité ou des moindres scrupules ne sont pas le fort.

  • @cachou42 : l’analogie avec le cancer est assez clair : l’ état est un organe qui, initialement, fonctionne. Puis il se met à grossir et à dysfonctionner, avant de métastaser, d’empêcher tout fonctionnement des autres organes, et d’entrainer la mort – 0% et 100 %

  • Le marché apporte des informations cruciales aux agents économiques via les prix, les administrations sont hors marché (intérêt faussement général) ce qui, faute de bonnes informations, provoque de plus en plus d’arbitraire. Si on ajoute le pouvoir politique, donc l’instrumentalisation, on comprend les dérives progressives.
    On peut néanmoins diluer ces effets par la fragmentation, la décentralisation, c’est à dire l’autonomie des échelons locaux (qui doivent se définir par eux-mêmes). Plus de proximité avec la finalité, plus de concurrence, plus de réalisme.
    Pour faire régner la liberté il faut diviser ; en somme il faut faire exploser le mamouth comme un astéroide qui nous menacerait.

    • je crains que les regions soient de la meme mouture

      • Dans la configuration actuelle oui. Décentraliser c’est donner de fait plus de pouvoir au non politique et limiter celui du politique.
        Sinon continuer à combattre le socialisme comme on le fait depuis des lustres avec l’efficacité qu’on connaît. 10 ans de Contrepoints et toujours les mêmes lamentations… Bravo ! Continuez vous êtes sur la bonne voie. Ce n’est pas avec de beaux discours idéologique ou philosophique qu’on gagne une bataille sur le terrain. Le champs de bataille contre le socialisme (non révolutionnaire) n’est pas au plan les idées puisque le collectivisme/interventionnisme est consubstanciel aux humains comme la liberté. Le champs de bataille est dans les institutions en veillant aux contre-pouvoirs, et pour cela, une décentralisation maximale garantissant une concurrence est nécessaire.

        • Combattre le socialisme avec efficacité, c’est, pour un libéral, par exemple se présenter aux élections locales pour appliquer le libéralisme.

  • L’état n’est pas obèse parce-qu’il est malade ,mais malade parce-qu’il est obèse .

  • Il y en a une quatrième c’est de s’occuper de secteurs qui ne sont pas de son ressort et sources de pertes sinon de gouffres financiers,exemple Air France qui grâce au virus va recevoir ce qu’aucune grève ni lynchage de cadres ne lui a permis d’obtenir à savoir un renflouement de 7 milliards afin d’assurer le train de vie des pilotes et du personnel et de ses syndicats qui ne veulent faire aucun effort et nous coûte un pognon de dingue.
    Le problème d’Air France était déjà structurel se rajoute le conjoncturel,Chez KLM le problème ne se pose pas.

    • actionnaire à seulement 14 % d’Air France-KLM, l’état fournit une aide illégale à une seule compagnie, faussant la concurrence : AF -KLM peut déjà en programmer le remboursement et l’état français peut se préparer aux actions en justice des autres compagnies, ce que Ryanair a déjà annoncé

  • Quel excellent article qui rappelle des vérités bien souvent oubliées et/ou enterrées…..
    Mais l’Etat ou les collectivités locales des régions aux départements et même aux communes ont exactement les mêmes problèmes…
    Alors, la seule bonne question, c’est « QUE FAIT-ON ??? » et un des commentateurs rappelle que cela fait 10 ans que Contrepoint dit et redit la même chose sans que rien ne change ici comme à Lampedusa….

    • Une seule solution la grève des impôts mais comme la France a la meilleure arme de destruction massive du monde à savoir l’arme fiscal c’est impossible.

  • Le mal français, c’est l’Etat.
    Ce n’est pas nouveau et cela empire.
    Que faut-il faire pour le remettre à sa juste place et se débarrasser des bureaucrates qui le gangrène?

  • Je me permets de corriger quelque peu le diagnostic d’Etat Obèse. D’abord l’indicateur ratio dépenses publiques sur PIB est intéressant mais n’est pas nécessairement le plus pertinent, on peut regarder aussi les dépenses par hab. Alors, la France n’est pas si obèse que ça. Autre problème les dépenses de protection sociale qui sont comptés dans les dépenses publiques en France mais dans d’autres pays si celles-ci sont privées donc non-comptabilisées elle peuvent être obligatoires. Il y a ainsi un biais. Plus de détails ici https://sagesseliberale.home.blog/2017/07/22/trop-de-depenses-publiques-2/

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