« Thérapie de groupe » de Manu Larcenet

Le syndrome de la page blanche. Petite incursion humoristique, tourmentée et inspirée dans le quotidien des artistes.

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« Thérapie de groupe » de Manu Larcenet

Publié le 17 janvier 2020
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Je n’avais encore jamais lu Manu Larcenet, mais il s’agit incontestablement pour moi d’un auteur à découvrir. C’est grâce à une émission diffusée sur France Culture animée par Raphaël Bourgeois, prise en cours et écoutée par hasard, que mon attention a été interpellée et que j’ai été aussitôt attiré.

À l’image d’un Marc-Antoine Mathieu, qui m’avait ébloui dans un autre style par son originalité foisonnante et magnifiquement renouvelée, j’espère avoir déniché un auteur qui m’offrira d’autres belles pépites à découvrir (je sais qu’il y en a déjà un certain nombre).

Souffrance et dérision

Grandeur et décadence d’un artiste. Voici le thème que nous propose ici Manu Larcenet, Jean-Eudes de Cageot-Goujon de son vrai nom, qui se met en scène de manière satirique et humoristique.

Avec beaucoup d’auto-dérision. Mais aussi une part d’authentique autobiographie, où il s’expose avec beaucoup d’humour, de même que sa famille, qu’il moque gentiment. De manière très évocatrice et imaginative.

Et à travers lui, c’est toute la catégorie des artistes et créatifs de toutes sortes qu’il dépeint de manière amusante, humoristique, et en même temps profonde et si criante de vérité. Car c’est bien de panne d’inspiration qu’il est question, d’artiste fini, de déchéance et d’homme au fond du trou.

Rien de réjouissant ni de très gai, donc, mais que Manu Larcenet parvient pourtant à aborder de manière captivante et distrayante, en passant par toute une palette de couleurs et d’émotions. À tel point que je l’ai lu d’une traite. En une bonne petite soirée. Agréable, ma foi.

Faut-il pour autant plaindre les artistes, et non pas les considérer comme des êtres privilégiés ? Là encore, si vous lisez ce volume, vous verrez la réponse qu’il y apporte, de manière totalement délirante et pleine de dérision, mais parfaitement évocatrice, à travers la voix de son boucher et le portrait en retour qu’il fait de la vie que peut avoir un artiste surtout lorsqu’il est ravagé par l’angoisse de la page vide, les problèmes au quotidien, les doutes, les tourments existentiels, allant parfois jusqu’aux affres du désespoir.

Une imagination foisonnante

Et il a dû lui en falloir de la souffrance et de l’inspiration pour trouver… l’idée du siècle. Mais il s’en est finalement bien sorti…

Revisitant à sa façon, toujours emplie d’humour, l’histoire de l’art depuis la préhistoire (se concentrant sur l’art du gag), jusqu’à convoquer les plus grands artistes dans un joyeux panache de malices de toutes sortes, Manu Larcenet parvient à nous entraîner dans l’univers de l’artiste avec talent et sans ménagement.

Et ce qui me ravit, c’est que je vois qu’il s’agit d’un premier volume (dans le deuxième, il sera apparemment question, entre autres, d’un débat probablement tout aussi imaginatif entre Nietzche et Boileau). J’attends donc avec impatience la suite… mais que de souffrance (et de moments de bonheur mêlés) devra vivre l’artiste avant d’en arriver là. Ce doit être comme pour un accouchement : laissons-lui déjà le temps de se remettre de celui-ci.

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  • J’avais lu du même auteur Le Retour à la Terre et Le Combat Ordinaire, tous les deux très bons. Je n’ai pas trop suivi l’auteur depuis.

    • Les deux séries que vous citez sont bien au chaud dans ma bibliothèque et sont de qualité mais pas très comique. Pour l’humour, Larcenet a fait « Bill Baroud », ça faut le détour.

  • Je pensais qu’il s’agissait d’un livre. Ce n’est qu’une banale BD.

  • @gerald555, vous encensez probablement la littérature et la peinture, mais lire une bonne BD, ça peut être vraiment bien…

  • Je suis totalement fan de Larcenet depuis ses débuts à Fluide, j’ai toutes ses BD.

  • Les commentaires sont fermés.

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