Quand le camp de la tolérance dévore ses propres enfants

La lutte toujours plus liberticide des militants au nom du « bien » crée une hystérie au sein de la société. À tel point que personne, pas même ses plus fervents militants, n’est épargné par cette nouvelle Inquisition que n’aurait pas pu imaginer Orwell.

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Quand le camp de la tolérance dévore ses propres enfants

Publié le 16 janvier 2020
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Par Sabine Lula.

Le 7 janvier 2020, à l’occasion des cinq ans des attentats perpétrés par les frères Kouachi, le journal Charlie Hebdo a publié un édito dans lequel il dénonce les formes de censure qui se sont développées ces dernières années.

Appels au boycott, suppressions « fortuites » de certains contenus sur les réseaux sociaux, criminalisation des opinions, mise à mort sociale – voire atteinte à l’intégrité physique – de ceux qui les professent, les méthodes sont diverses, mais ont toutes pour finalité de confisquer le débat et imposer une seule idéologie comme « vraie ».

Le Camp du Bien, nouveau clergé à la poursuite d’hérétiques

Depuis quelques années, le militantisme de gauche, par une grille de lecture néo-marxiste de la société, mène une lutte sans merci contre les « fachos » et les « oppressions systémiques », à savoir tout ce qui est lié au « capitalisme patriarcal et blanc » (autrement dit, la société occidentale), qui par nature oppresse les femmes et les transgenres, les minorités « racisées » (tous ceux qui ne sont pas blancs), les démunis, les handicapés, ou encore les animaux.

Si initialement ces thèses extrêmes se limitaient à quelques milieux d’ultragauche, elles se sont installées dans les sphères intellectuelles. À tel point qu’elles sont la norme dans les facultés américaines, et commencent à s’implanter en toute impunité en France, non seulement dans les facultés classiques, mais aussi dans des institutions censées être prestigieuses.

Universitaires qui avouent biaiser leurs travaux pour qu’ils collent à leurs idéologies quitte à créer des dérives graves, recours au sentimentalisme et rejet de la logique, campagnes de destruction de l’ennemi considéré « facho » par les activistes de gauche, les méthodes ne manquent pas.

Or la bonne morale n’est pas l’apanage des militants purs : nombreux sont les membres de la sphère médiatico-culturelle à afficher leur bonne morale et leur tolérance… quitte à se couvrir de ridicule lorsque le public réalise à quel point ils sont détachés de la réalité, ce que n’a pas manqué de souligner Ricky Gervais lors des derniers Golden Globes. Tout plutôt que le risque d’être considéré comme un hérétique par les adeptes de ce nouveau clergé.

« On est souvent puni par là où on a péché »

Néanmoins, afficher sa bonne morale dans la sphère publique est à double tranchant ; pour peu qu’à un moment on ose se montrer sceptique à propos d’un aspect de cette religion du progrès, l’on risque de se heurter à la police du net prête à vous trainer dans la boue. Avoir été à un moment un porte-parole du Camp du Bien ne permet pas d’éviter qu’une telle situation ne se produise ; pire, ces défenseurs autoproclamés du Bien se montrent encore plus intransigeants à l’égard des hérésies.

Preuve en est, la déferlante dont J.K Rowling a récemment été victime après avoir publiquement soutenu la scientifique Maya Forstater, virée pour avoir affirmé que le sexe biologique était immuable. Ce qui il y a encore quelques années était une évidence pour tout le monde est devenu la quintessence de la pensée transphobe.

Critiquer cette nouvelle Religion du Progrès est devenu risqué, et l’étiquette « facho » ou « extrême droite » plane sur ceux qui osent faire preuve de bon sens et l’exprimer. À tel point qu’aujourd’hui, il devient presque impossible de réfuter les nouvelles thèses loufoques qui germent dans les hautes sphères intellectuelles. Phénomène prouvé par les sociologues Peter Boghossian, James Lindsey et Hélène Pluckrose par la création de fausses thèses à la fois absurdes et très biaisées.

Si le résultat de cette expérience s’avère particulièrement drôle, il n’en demeure pas moins inquiétant : elle a prouvé que dans ces milieux, aucune idée, si terrible soit-elle, n’est jamais remise en question, pour peu qu’elle prêche le dogme du Camp de la Tolérance. Quiconque ose le faire risque une mise à mort sociale, comme ce fut le cas pour Rowling.

Le parallèle avec les écrits d’Orwell est tentant. Non seulement car il ne faut pas oublier que « celui qui a le contrôle du passé a le contrôle du futur ; celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé », mais aussi car « en ces temps d’imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire. » Et il est plus que temps de se dresser et défendre les libertés d’expression et d’opinion. Car leur disparition est un pas de plus vers une dictature qui nous attend de pied ferme.

 

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  • la « cancel culture » c’est un phénomène qui n’existe pas partout dans la société;mais la majeure partie des médias et des élites dites culturelles…
    .
    sinon…. on bien les antifa ou les black block et plus inquiétant un retour en grâce d’une idéologie communiste affichant sans honte sa volonté d’instaurer une dictature..

    mais ils ne sont pas majoritaires.. trump, bolsonaro, brexit etc..ils sont par contre fort bruyants..à cause du biais idéologique des médias.
    l’environnementalisme est plus inquiétant..

  • Je suis optimiste, cette propagande est devenue tellement débridée, tellement énorme que plus personne ne peut la nier. Et plus personne ne peut adhérer longtemps à ces foutaises. Et si même Charlie -fer de lance de ces niaiseries- s’en rend compte rien n’est perdu.

    • Il va bientôt falloir dire que l’on est XX ou XY 🙁

      • N’oubliez pas les dysgonosomies X, XXY, XXX, XYY svp. Un peu moins de 1% des naissances.
        Il est vrai que certaines femmes à barbes, sans poitrine, à la musculature fort développée, etc doivent préciser qu’elles sont XY.
        Tout comme certains hommes dont le corps svelte, les courbes harmonieuses et la gestuelle naturelle (non choisie) pourraient faire croire que ce sont des femmes.
        Et quand l’épigénétique s’en mêle, c’est pas simple. Et quand un enfant naît hermaphrodite, c’est compliqué.
        Le sexe est-il purement génétique : non.
        Le sexe est-il purement une construction sociale ? non (et encore moins que non).

        • Quand on regarde le pourcentage de personnes se considérant trans (dans les démocraties), on se rend compte d’une énorme variation, et qu’il s’agit de quelques pourcents. Or les problèmes génétiques évoqués sont bien plus rares (d’autant plus que le génotype n’affecte pas toujours le phénotype, comme XYY).
          Ce qui est un vrai problème pour 0.1% de la population s’est étendu à des personnes qui veulent changer de sexe « par confort ».
          La logique est essentiellement « je ne me sens pas bien dans mon corps, si j’étais de l’autre sexe je me sentirais mieux ». Puis ceux qui le font ne se sentent pas mieux, et donc accusent la société…
          Derrière tout ça il y a de la dépression, de l’abandon affectif, beaucoup de gens en détresse qui somatisent leur douleur psychologique. Je ne suis pas sûr (dans la plupart des cas) que la chirurgie soit la bonne solution pour les aider. Pour moi c’est une variation de l’apotemnophilie.

          • +1000.
            Insister lourdement auprès d’adolescents qui sont mal dans leur peau et se cherchent un coté sexualité avec un narratif de mégenrage, c’est avoir les mêmes dix ans plus tard, toujours mal dans leur peau, mais avec des tas de problèmes supplémentaires.
            Un transgenre sur deux fait une tentative de suicide aux états-unis, le taux est le même après transformation et les lettres d’adieu font majoritairement référence à des problèmes familiaux.
            .
            À la source de nombreux problèmes psychologiques on trouve un ou les deux parents qui aiment mal ou rejettent un enfant. Arriver en robe ou avec une moustache n’est pas de nature à arranger les choses avec eux.
            .
            La seule chose à dire à des jeunes qui se sentent vraiment mal, c’est d’aller voir un psychologue normal, surtout pas un militant, et de s’accorder du temps pour mûrir.

          • C’est pas inintéressant ce que vous dites sur l’apotemnophilie (trouble neurologique dans lequel un individu exprime un fort désir spécifique de subir l’amputation d’un ou plusieurs membres du corps en bon état.), et cela doit concerner une toute petite minorité de personnes, ce trouble étant déjà rare.

            Mais je pense que c’est, en partie, pour se conformer au rôle social donné aux genres hommes/femmes que bon nombre choisissent l’opération. Elles n’y arrivent pas dans leur corps actuels, biologiques, elles passent par une adaptation, une mise en adéquation.
            En écrivant cela, je me dis qu’on pourrait faire un parallèle avec l »homme augmenté, les greffes technologiques, la volonté de transformer son corps pour en dépasser les limites (comprendre : être autre chose que ce que l’on est biologiquement).

        • « Un peu moins de 1% des naissances »

          1.4/1000 pour les filles + 2.5/1000 pour les garçons = 4/2000 ou 0.2% des naissances, selon http://campus.cerimes.fr/genetique-medicale/enseignement/genetique21/site/html/cours.pdf

    • Plus personne, vous êtes sûr ?

      Quand je vois les foules de jeunes défilant sous la bannière de « Greta », quand je vois les dérives (signalées dans l’article) de plus en plus nombreuses des universités, quand je vois qu’aux USA – et la France suit presque toujours les USA de quelques années – l’antisionisme (type BDS) se développe sur les campus, quand je vois le niveau scolaire, et supérieur, qui décline d’année en année (ce qui facilite l’endoctrinement), je ne vois pas comment ne pas conclure que la jeunesse est gravement atteinte par la folie « progressiste » ; or la jeunesse est l’avenir de nos pays.
      Donc non, je ne suis pas optimiste. Il reste des personnes sensées (au passage, bravo à l’auteure de l’article qui relève le niveau de la jeunesse), mais ils risquent bien d’être de plus en plus minoritaires, c’est ça le problème. Charlie sera bientôt considéré comme ringard et réac, si ce n’est déjà le cas.

  • Elsa Ramos une transgenre de 8 ans s’est exprimée en mode Greta Thunberg devant les députés espagnols qui ont longuement applaudi sa démarche comme ont applaudi certains journalistes français, entre autres ceux des torchons progressistes huffingtonpost et terrafemina.
    Ses parents militants LGBT+ avaient décidé qu’il serait homosexuel à 5 ans et lui ont fait faire son « coming-out » devant des millions de gens à 8 ans.
    .
    Par contre dans le vulgus pecum, c’est une débâcle complète : pour les moins virulents, c’est de la maltraitance, cet enfant est instrumentalisé et journalistes et députés, qui sont censés représenter l’élite morale, devraient assigner les parents en justice plutôt qu’applaudir ou voter des lois idiotes.
    La réponse des progressistes est évidemment que le peuple tous ces gens sont « transphobes » et qu’il reste un long travail de « rééducation » à faire.
    .
    Détail amusant, cette imbécilité stratosphérique viole les propres préceptes LGBT+ qui voudraient qu’on assigne aucun genre à des enfants. Ils ne sont plus à une contradiction près.
    La bonne nouvelle, c’est qu’a chaque outrance du genre les « progressiste.e.s+ » passent pour des cinglés et perdent des millions de voix qui vont grossir les rangs des « deplorable ».

  • Tout a commencé il y a bien longtemps quand les politic(h)iens disaient: « français , françaises » et finiront par dire  » humains, humaines »

  • Les excès actuels du féminisme ont pour conséquence (notamment …) qu’un véritable racisme anti homme blanc est en train de se développer impunément dans notre société. La discrimination (positive évidemment) est évoqué de plus en plus souvent sous prétexte de « parité ». Les médias audiovisuels montre presque systématiquement l’homme (blanc) comme un etre au choix, ridicule, facho, beauf et se trouve presque systématiquement cantonné au role de criminel , violeur , brutal et bien entendu raciste. Cherchez bien, dans toutes les séries télévisées francaises un héros jeune, fort, fier d’etre un homme. Il faut vraiment bien chercher ! Par contre vous trouverez un grand nombre nombre de films télé dont l’héroine est une femme, agressée, tuée ou violée par un homme. Dans ces fictions , en général des comédies de mœurs, quand l’homme n’est pas un assassin ou un violeur c’est un etre faible, déprimé, facilement dominé par une femme. Evidemment peut on dire, ce ne sont que des fictions. Mais ce n’est pas d’hier que ce phénomène est constaté et il y a un coté systématique qui est très inquiétant car on n’en est plus au simple féminisme qui cherche à améliorer le statut des femmes dans la société on cherche à donner une image négative des hommes. On célèbre souvent les qualités proprement féminines, on nie celles des hommes et on dénonce par contre des défauts spécifiquement masculins. Une société qui encourage la guerre des sexes est condamnée.

    • Ce que vous décrivez est une partie du soft power culturel. Parfaitement intentionnel: il suffit de financer tout ce qui va dans le « bon » sens (voir les critères de fiancement des films du CNC par exemple)

    • Je suis globalement d’accord avec ce que vous dites, mais regardez les choses différemment.
      Les gangs dans les films et séries US : russes, latinos ou gangs de rue noirs.
      Les méchants dans les films : terroristes musulmans, soviétiques et nazis.
      Les victimes : ben les catégories plus faibles (femmes surtout, car les enfants massacrés, c’est pas vendeur même quand le méchant est très méchant).
      En tant qu’homme blanc hétéro etc, l’image du super mâle alpha plein de muscles fier de lui et ne pouvant pas montrer ses sentiments, ses doutes, ses fragilités, ben ça me gave.
      Beaucoup d’hommes demandent aujourd’hui d’être considérés comme des êtres sensibles (je sens que ce mot va être utilisé pour déformer mes propos.. soit…) car l’impératif du mâle dominant, c’est un lourd à porter.
      Mais quand c’est une revendication de feminazis castratrices, là je dis non avec force !

    • d’où le bien que fait un film comme « le mans 66 ».

      pour le reste : https://youtu.be/OonMogbxHKE

    • Quitte même à changer carrément le physique du héros/héroïne d’une histoire lors de son adaptation cinématographique : cf death note (L), dernière trilogie starwars, futur Ariel dans la petite sirène, docteur manhattan dans la série Watchmen, etc.
      Bref, si un film sur les zoulous ou mandela était joué par un blanc (voir que des blancs ^^), ça râlerait pas mal…

  • et que dire des piranhas issus des picogroupuscules pustulés

  • Article auquel je souscris totalement.
    Reste plus qu’à s’unir pour chercher des solutions…
    La situation actuelle n’a été rendue possible que par une mainmise discrète, mais constante, depuis des décennies, sur l’information, et la culture. L’opinion l’opinion publique a été ainsi progressivement formatée aux idées progressistes, sous couvert de bons sentiments, d’exploitation de la crédulité sur fond d’inculture et de « désinstruction » nationale.
    C’est par l’information et le débat qu’il faudra agir. Les lois de censure ne sont pas un hasard, mais la réaction d’auto-défense d’un système, mis en question par internet, qui révèle son vrai visage.
    Internet est notre Soljenitsyne…

    • des solutions…une toute simple supprimer le net , sans le net aucune possibilité pour les  » exotiques » de se regrouper et atteindre le seuil minimum pour émerger …il n’y aurait plus que les courageux a se lever le matin à se taper la révolution au petit café du coin…très limité au quartier ,300m a pied. Et le journalisme reprendrait ses titres de noblesse ,faut crapahuter pour chercher l’info ,de vraies infos !

  • Bel article et liens internet savoureux (l’article de Marianne sur les canulars est génial). J’aime aussi beaucoup l’accroche de l’auteure : « libertarienne égarée à Sc Po ». J’ai connu ça… En France, cependant, le libertarien est égaré partout.

  • Ce constat a au moins 15 ans.

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