La cause animale, nouvel enjeu électoral. Ou électoraliste ?

Le bien-être animal devient-il un argument de campagne… électorale ?

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La cause animale, nouvel enjeu électoral. Ou électoraliste ?

Publié le 29 novembre 2019
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Par Wackes Seppi.

« La cause animale, nouvel enjeu électoral » de Mme Marie-Amélie Lombard-Latune, publié par L’Opinion du 7 novembre 2019, se résume ainsi :

« Le score inattendu du Parti animaliste aux européennes à l’esprit, les politiques tentent tous de s’attirer les bonnes grâces des amis des bêtes. Le thème s’imposera dans les prochaines campagnes municipales et présidentielles. »

Intéressante analyse, mais c’est une prédiction déjà réalisée !

Le 30 octobre 2019, notre ministre des annonces tonitruantes, Didier Guillaume, faisait savoir sur France Inter que le broyage des poussins mâles devrait être interdit à la fin 2021. C’est une mesure prise de concert par les gouvernements de la France et de l’Allemagne, où cette question est amplement médiatisée.

FranceTVInfo le rapporte en mettant en lien une vidéo particulièrement trash, tournée clandestinement, de la petite entreprise L214 – subventionnée à hauteur de 1,140 million d’euros par l’Open Philanthropy Project, un fonds américain lié notamment à de gros investissements dans des projets de… « viande artificielle ». Une vidéo qui avait été exploitée le 24 avril 2014, puis le 30 avril 2015, par… Envoyé Spécial… C’était avant Élise Lucet, qui vient de remettre le couvert le 7 novembre 2019 pour un publireportage sur la viande artificielle.

Rappelons que, contrairement aux poules, les coqs ne pondent pas d’Å“ufs (mais importunent quelques néo-ruraux venus chercher refuge dans une idyllique campagne, au point de saisir la justice pour les priver de leur liberté d’expression…) et qu’il n’est pas rentable d’élever les poussins mâles pour en faire des poulets.

Des mesures politiques “très fortes”… et très floues pour la cause animale

Dans l’exaltation que lui procure la vue d’un micro, M. Didier Guillaume a aussi promis des mesures « très fortes », mais sans les détailler :

« J’ai réuni toutes les associations wellfaristes [qui défendent le bien-être animal], j’ai expliqué comment nous allions avancer, les mesures qui vont être prises par le gouvernement. »

Le flou règne aussi sur les dates de mise en œuvre des mesures, car il « les négocie avec les agriculteurs, les éleveurs ».

Le ministre « veut avancer sur le bien-être animal », mais pour la castration1 à vif des porcelets, « dans les mois qui viennent, tout cela sera terminé, parce que le gouvernement va prendre des décisions. »

M. Didier Guillaume a aussi eu cette forte et saine parole :

« Il faut à la fois tenir le temps de l’agriculture et le temps de la société. Il y a le temps de la nature, de l’élevage, et le temps de société et des 170 signes sur Twitter. »

Ne nous leurrons pas : il y a aussi le temps des campagnes électorales. Des annonces avant les municipales de mars 2020… des actions avant l’élection présidentielle d’avril 2022… C’est-y pas beau la vie politique, ou plutôt politicienne ?

En tout cas, ce n’est pas en se comportant ainsi que le personnel politique au pouvoir acquiert, ni même maintient, sa crédibilité auprès d’un large public.

Un enjeu plus électoraliste qu’électoral

Revenons à l’article de l’Opinion. La cause animale est-elle un nouvel enjeu électoral ? Nous pensons doublement que non. Elle est déjà largement instrumentalisée à l’Assemblée nationale et dans d’autres cénacles. Et ce n’est pas un enjeu électoral, mais électoraliste.

L’argument de l’Opinion se construit en bonne partie sur les 2,16 % des voix qu’a recueilli le Parti Animaliste lors de l’élection européenne de mai 2019 et l’opinion que cela signale un mouvement de fond.

Peut-être… Peut-être pas… On peut aussi considérer, d’une part, que les élections européennes servent – à tort – de défouloir pour de nombreux votants et, d’autre part, que l’indigence de l’offre des grands mouvements a dirigé de nombreux votants vers des formations marginales.

M. Yannick Jadot – se voyant déjà un destin politique au tout premier rang – et ses collègues et amis se sont félicités de leur résultat (13,5 %), en hausse par rapport aux européennes de 2014 (9 %). Mais cela reste un échec par rapport à 2009 (16,3 %), surtout si l’on considère que la gauche s’est fait exploser.

Parmi les formations marginales de la mouvance verte, le Parti Animaliste aura été plus attrayant qu’Urgence Écologie et son hallucinant programme (incidemment, Le Point publie une interview étonnante de M. Dominique Bourg).

L’Opinion écrit :

« 2,16 %, c’est plus de 450 000 voix. Mais c’est surtout la première traduction électorale de la montée de cette préoccupation dans la population“, analyse le politologue Jérôme Fourquet. Du coup, tout le monde arrête de ricaner et prend le sujet au sérieux. “D’autant que 8 % des électeurs se déclarent sensibles à la défense de la cause animale lorsqu’ils mettent leur bulletin dans l’urne“, complète le directeur du département opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop. »

Mouais… Ce qui est sûr, en revanche, c’est que la « cause animale » devient une « préoccupation dans la population » dès lors que les politiques l’instrumentalisent, créant une boucle de rétro-action en direction des faiseurs et manipulateurs d’opinion.

Ce qui est encore plus sûr, c’est que les manÅ“uvres politiciennes ne peuvent qu’exacerber le problème de l’agribashing.

Qu’est-ce qu’une mesure annoncée, sans explications sur les faits et enjeux, sinon une forme de dénonciation d’une situation perçue comme inacceptable ? Et, bien sûr, attribuée à la vilaine agriculture « productiviste » (voir par exemple ici les contorsions d’un secrétaire national à la FNAB sur la castration des porcelets en agriculture biologique).

Ces manÅ“uvres sont décrites dans l’article de l’Opinion qui vaut vraiment lecture.

Sur le web

  1.   Rappelons que la raison d’être de la castration est l’élimination d’une mauvaise odeur de la viande qui peut se présenter chez 3 à 5 % des porcs « entiers », odeur qui rend la viande inconsommable.
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  • je ne comprends pas trop l’argument de la souffrance animale dans le cas des poussins broyés..
    certes c’est pas beau à voir ces poussins..que peut on faire à la place pour les moins faire souffrir?
    les endormir?

    le passage à l’âge adulte est souvent caractérisé par une capacité à appréhender le l’inévitable souffrance, qu’on doit parfois s’infliger à soi même pour obtenir un but..

    pour manger le lapin il faut le tuer…

    et la pirouette consistant à ne pas manger le lapin ne te feras pas échapper au fait qu’en mangeant choux et carottes tu tues des lapins en les privant de nourriture..

    et la capacité des ces gens à agresser des êtres humains tout en se déclarant contre la souffrance animale fait elle très peur…

    • @jaques lemière , ben je crois qu’ils sont broyés vivants….passez donc votre main dans une broyeuse , vous comprendrez peut être mieux ….

      • Bah , on fait la meme chose avec les bébé ^_^ ( souvenir d’une epoque où la télé etait imaginative)

      • Et la souffrance du moustique violemment écrasé sur l’avant-bras, alors qu’il se réjouissait de faire un bon repas ?

      • comparaison déplacée..e ne dirais pas la même chose si on broyait une aile du poussin..

        si la broyeuse tourne vite.. désolé… comme la guillotine.. non..

        je fais partie d’une génération où les gens tuaient les petits chats en les jetant contre un mur…

        • Comparaison excellente au contraire. Allez donc vous cogner la tête contre un mur, cela vous remettra peut être les idées à l’endroit.

          • Non, comparaison très mauvaise et basée sur l’émotionnel comme toujours quand on veut influencer autrui sans arguments construits.

            La main dans une broyeuse est douloureuse uniquement parce que la reste du corps n’y passe pas et a le temps d’enregistrer cette douleur.
            Si l’ensemble du corps y passe en une fraction de seconde, vous avez à peine le temps de réaliser que vous êtes mort.

            La question qui pourrait se poser est de ne pas tuer les poussins dont on ne veut pas. Mais pour en faire quoi après? Les élever quand même pour leur chair mais à un prix de vente supérieure puisque avec moins de productivité (seuls les bobos non vegans pourront les acheter).
            Ou les laisser vivre leur vie si chaque bobo en prend une 10aine chez lui en prend soin toute leur vie (:-) ) ou via les finances Etatiques grâce à quelques nouvelle taxes sur l’argent des autres?

  • Didier guillaume ….ha oui , c’est celui qui vient de reculer sur la fin de l’élevage des poules pondeuses en cages et ce malgré l’engagement de macron à ce sujet ; en gros un bâtiment d’élevage existant peut être entièrement rénové à l’identique et les cages demeurer pour 20 ans ..;

  • Le système médiatique doit occuper du temps de cerveau avec des “causes” qui pourront être exploitées par les politiciens. Que ces “causes” soient de plus en plus ridicules au regard des grands enjeux humains, ne manque pas d’interroger.

  • “Nous étudierons les droits des animaux quand ils réclameront eux même leurs droits !!!” “L’éthique de la Liberté” Murray Rothbard

  • Comme candidat aux prochaines élections, je propose d’interdire aux chats de manger des souris, aux buses de se nourrir de mulots, aux renards de s’attaquer aux lapereaux, aux lions de dévorer des gazelles, aux loups de saigner des moutons( je sais, polémique en vue), aux hirondelles d’engloutir des moucherons par milliers, aux mésanges d’assassiner les chenilles, etc etc etc.

    Vegans et antispécistes de tout poil, votez pour moi !

  • L’éleveur pourrait donner les poussins mâles. Un grand champ, ou le renard et les buses pourraient se servir. Et c’est du bio intégral.
    Reste le problème des tarés de citadins, les rurbains, se plaignant des mouches…

    Encore une action de nos débiles de dirigeants qui va faire que les poules seront produites à l’étranger. Bien joué pour le CO2.

  • Et le 20% de l’extrême droite aux élections européennes, ils rigolent encore du coup ? Il n’y a pas de préoccupation passée par cette population ?

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