SNU : des influenceurs qui masquent le gaspillage de un milliard d’euros

Les considérations sur la communication gouvernementale ne devraient pas faire oublier que le principal problème porte sur le SNU lui-même, plus que sur les moyens de le « vendre » à la jeunesse.

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SNU : des influenceurs qui masquent le gaspillage de un milliard d’euros

Publié le 23 juillet 2019
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Par la rédaction de Contrepoints.

Le service national universel serait-il la nouvelle expression de coolitude pour les youtubeurs et influenceurs instagram ? C’est sans doute le message que le gouvernement cherchait à faire passer la semaine dernière quand il a sollicité les services d’un certain nombre d’entre eux pour assurer la promotion de son nouveau programme.

Le secrétariat de Gabriel Attal, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, a expliqué avoir axé sa communication « sur les médias sociaux où les jeunes sont présents (Instagram, TikTok, YouTube) ». Cette stratégie a bien entendu déclenché polémiques et critiques de la part de certains commentateurs qui y voient une sorte d’embrigadement de la jeunesse, de propagande dissimulée, ou plus simplement d’argent public mal employé.

Seulement, ces considérations sur la communication gouvernementale ne devraient pas faire oublier que le principal problème porte sur le SNU lui-même, plus que sur les moyens de le « vendre » à la jeunesse. Le projet, qui propose de regrouper pendant une dizaine de jours 2000 jeunes de 15 à 16 ans pour participer à des activités encadrées, rappelle le défunt service militaire : y sont prévus un réveil à 6 h 30, la levée du drapeau sur fond de Marseillaise, des ateliers de secourisme et d’autodéfense. Si nous ne sommes actuellement que dans sa phase pilote, sa généralisation devrait coûter environ 1 milliard par an, ce qui pose la question de sa pertinence à une époque où les comptes publics sont dans le rouge.

Si le projet rappelle le service militaire, il n’en est qu’un succédané destiné à promouvoir la cohésion nationale. Comme le note Michel Goya, on se demande ce qui dans ces 15 jours de vie collective prévus ne pourrait tout simplement être enseigné au lycée : « Ce qui pouvait créer de la cohésion dans un régiment d’appelés, ce n’était pas le dortoir, mais les épreuves, les marches, les entraînements, le froid, bref des choses difficiles à faire ensemble pendant des mois. Il y a peu de chances que l’on mette les futures classes de jeunes à l’épreuve ».

Les pouvoirs publics ne seraient-ils pas en train de confondre deux enjeux importants, l’un lié à l’éducation civique, l’autre à la sécurité collective ? Plutôt que de rogner sur des budgets déjà existants pour créer un dispositif à la réussite incertaine, une véritable réflexion sur les missions essentielles de l’État ne serait-elle pas plus à propos ?

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  • encore un projet ruineux et inutile ; on ferait mieux d’apprendre aux jeunes à lire écrire et compter avant tout , ce serait un grand pas pour eux ……et je doute fort que ce stage leur apprenne le civisme qui est en pleine déliquescence notamment en France ;

    • Bien d’accord Véra. Et comme tout ce qui est organisé par l’Etat, de toute façon, ça ne fonctionnera pas (et ça n’apprendra même pas le civisme).

  • Le « en même temps » de Macron est illustré en pratique par des demies mesures, consensuelles, molles, sans aucune conviction, du moins dans ses effets, car dans sa volonté de SNU, il est bien question d’ y glisser dans une ambiance douce heureuse de belles idées ruineuses et progressistes.
    Je suppose que Michel Goya ironisait, sans cela je serait déçu. L’ école doit instruire, et cesser désespérément d’ éduquer. Le coût d’ un véritable SN serait bien peu de chose, compte tenu de ses bienfaits, comparé à toutes les enveloppes cramées au nom du vivre ensemble et de l’ égalité.

  • Y a plus de camps scouts pour apprendre le vivre ensemble ?
    Faut vraiment avoir le tete tordue pour imaginer un nouveau service de l’etat alors que tous les autres sont en perdition !

    • Les camsp scouts se portent bien. Cet été en France environ 100000 jeunes partiront en camp. Rien que cette semaine, 20000 jeunes sont rassemblés à Jambville. L’essentiel des camsp scouts étant assuré par des bénévoles, les coûts sont dérisoires… et auto-financés.

  • même si on l’a un peu oublié, le but du service militaire était la défense de la Nation !
    Et les appelés étaient plus âgés.

    Ce dispositif n’a qu’un but : instaurer des jeunesses « macroniennes » pour endoctriner la jeunesse à l’âge où elle est le plus influençable et casser ce qui peut rester d’éducation familiale et d’autorité parentale.

  • Quand la communication remplace l’action efficace, les moyens doivent être illimités, sinon le pouvoir tombe.
    Sur le SNU, on a affaire à une grosse manipulation de l’opinion qui idéalise ce qu’était le service militaire avant qu’il ne soit supprimé.
    En tout état de cause, la super classe verte que constitue le SNU apparaît comme une dépense superflue. Sauf pour nos gouvernants qui vont en profiter pour repasser une couche d’endoctrinement de la jeunesse…

  • Oui, mais l’élite au pouvoir n’est pas dans la réflexion pour améliorer le fonctionnement de la nation, mais de l’état quitte à ce qu’il écrase le secteur privé.
    Il faut bien justifier d’être au pouvoir.

  • Bonsoir,

    La République, celle qui fait rêver tous les thuriféraires de ce régime, je veux parler bien sûr de feue la troisième, celle’qui est responsable du plus grand désastre qui ce pays ait connu, s’était construite autour de deux principes: l’instruction laïque pour tous et le service militaire (la Nation en arme contre l’ennemi). Jusqu’au funeste mois de juin 1940, le dyptique a bien fonctionné et s’il a prouvé son efficacité lors de la Grande Guerre, il a trouvé ses limites 20 ans après la fin de celle-ci.
    Pour simplifier, la fiction a duré jusqu’en mai 68 pour l’instruction et jusqu’en 1995 pour le service militaire. Déjà qu’il n’est pas facile de marcher sur une jambe, c’est carrément impossible lorsqu’il y en a plus. L’éducation nationale est un naufrage permanent dont on commence à peine à entrevoir l’étendue des dégâts depuis qu’elle confond idéologie et instruction. Quant au service militaire, le refus de l’Arsouille d’engager le contingent lors de la première guerre du Golfe l’a condamné. Le radical-socialiste, un courant qui devait tout à cette institution, qui lui a succédé l’a fort logiquement achevé. Comment penser un instant que, plus de 20 ans plus tard, la société française pourrait aller mieux alors qu’elle est devenue malgré elle cul-de-jatte. Outre qu’il est aussi inutile que dispendieux, le SNU n’est qu’un cache-misère élaboré par des technocrates et des politiques qui cherchent dans les idées les plus saugrenues de quoi sauver ce sur quoi ils ont construits leur pouvoir. On nous vante l’Europe, qui n’en finit plus de mourrir, mais on voudrait que nous aimions la notion de Nation. Pitoyable et inconvenant à l’heure où l’erzast de Parlement se prosterne devant un icône strictement médiatique.

    Bonne soirée

  • Petite chose amusante : regardez bien la typologie des « jeunes » du stage pilote. Bizarrement, ça ne semble gêner personne que la « diversité » et « les chances pour la France » ne soient pas correctement représentés pour une fois…Ha cette bonne vieille indignation à géométrie variable, c’est fabuleux. Ca me ferait rire qu’ils refassent un stage pilote avec 100% de CPF, l’ambiance serait certainement…festive !

  • Les commentaires sont fermés.

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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