Reggae : Introduction au Rocksteady (3)

Troisième partie de notre série estivale sur le reggae : le rocksteady. Jamaica got soul (1966 – 1968).

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Capture d'écran YouTube The Heptones

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Reggae : Introduction au Rocksteady (3)

Publié le 14 juillet 2019
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Par Selecta Nardus.

Été 1966, il fait très chaud à Kingston. Les danseurs sont fatigués du ska qui règne sans partage dans les sound systems depuis 1962. Pas fous, les producteurs et leurs musiciens s’adaptent à la demande et ont leurs oreilles tournées vers les groupes soul yankees du moment, les Impressions ou les Supremes. Duke Reid le « trojan » a le premier senti le vent tourner, faisant de la période 1966-1968 l’âge d’or de son label Treasure Isle.

Voici donc l’arrivée fracassante du rocksteady : net ralentissement du rythme, place aux voix, moins de cuivres, plus de guitare et confirmation du socle basse / batterie pour soutenir le contretemps. Deux ans d’existence seulement mais une discothèque considérable et des centaines de trésors. Les collectionneurs monomaniaques comme votre serviteur n’ont jamais fini de découvrir de nouvelles perles.

Deux années marquées par les trios vocaux géniaux : The Heptones, The Melodians, The Paragons et The Gaylads parmi les plus connus, véritables machines à tubes. Des grandes voix solo aussi, au premier rang desquelles Alton Ellis, Delroy Wilson, Hopeton Lewis, Phyllis Dillon et Ken Boothe, dernier survivant de la bande (il passe en France régulièrement et a gardé sa voix intacte, foncez tant qu’il est encore temps !).

Forcément, les chanteurs et groupes rocksteady ont beaucoup pioché dans le répertoire soul américain. Pour un exemple, le « I wish it would rain » des Temptations superbement repris par Pat Kelly et ses techniques.

Mais le rocksteady a aussi et surtout ses créations originales. Immenses. Qui n’a jamais entendu le « Hard to confess » des Gaylads ne peut pas tout à fait être un homme accompli. Les artistes internationaux ne s’y sont pas trompés. Vous avez dansé 100 fois sur la version disco de Boney M du « Rivers of Babylon » (the Melodians) et sur la reprise pop par Blondie du « Tide is high » (The Paragons). Récemment, dans son « Smile », Lilly Allen a largement « samplé » (pillé ?) le « Free Soul » du pianiste et arrangeur Jacquie Mittoo. Plus respectueuse de son héritage musical, Amy Winehouse a fait un virage Rocksteady à la fin de sa courte vie. Toutefois, croyez-moi, préférez l’original à la copie !

Impossible de vous laisser écouter les 20 Rocksteady qui suivent (et un bonus « cocorico »), amoureusement choisis par votre serviteur, sans dire un mot de Slim Smith. Ce chanteur emblématique de la période a enchaîné avec sa voix de fausset les « big tunes », dont son plus grand, « My conversation ». En dépit de sa grande popularité, il s’est enfoncé dans une dépression avec les premiers temps du reggae, jusqu’à être interné. Tentant de s’échapper, il se vide de son sang en brisant la vitre de sa chambre et meurt en 1973. Encore un destin brisé et un monstre sacré de la musique jamaïcaine.

Better get ready, come do rocksteady!

 

 

Playlist Rocksteady

  • Slim Smith – My conversation
  • Derrick Morgan – Tougher than tough
  • The Melodians – I will get along without you
  • Phil Pratt – Safe travel
  • The Heptones – Pure sorrow
  • Pat Kelly – I wish it would rain (a capella)
  • Hopeton Lewis – Cool collie
  • Keith and Tex – Run to the rocks
  • The Gaylads – Hard to confess
  • Phyllis Dillon – Perfidia
  • Roy Panton – Endless Memory
  • Roland Alphonso – Easy rock
  • Hemsley Morris – Little things
  • The Paragons – Man next door
  • Delroy Wilson – Riding for a fall
  • The Tennors – Ride your donkey
  • Alton Ellis – My willow tree
  • Derrick Harriot – Solomon
  • Ken Boothe – I don’t want to see you cry
  • Carlton and the shoes – Love me forever
  • Bonus cocorico. Lyn Taitt and the Jets – Napoleon solo

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  • excellente série sur cette musique que pourtant j’avais du mal à écouter
    mais que l’on apprend à connaitre et apprécier ….
    trés documenté et ….trés bien écrit … cela ajoute au plaisir de lire
    bravo à Contrepoints

  • Très clair. C’est donc parce qu’il faisait chaud que le rythme est descendu? C’est bon à ressortir. Très belles voix et belles harmonies à cette époque (seulement 2 ans?!)

    • Bonjour Spike, la chaleur est un des facteurs, mais peut-être est-ce encore une legende yardie ! Et oui seulement deux ans avant de « muter » vers le reggae. Rendez-vous dimanche prochain pour la suite 😉

  • Les commentaires sont fermés.

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Catalyseur de changement social, humanitaire et politique, la musique peut être bien plus qu’un simple divertissement. De l’ère des chants de protestation des années 1960 et 1970 aux grands concerts de charité des années 1980 ou 1990, elle se donne parfois pour ambition d’unir et d’inspirer des mouvements. Aujourd’hui encore, à travers des initiatives comme celle d'Omar Harfouch, pianiste et entrepreneur franco-libanais, la musique continue de jouer un rôle crucial dans la promotion des droits humains et des causes sociales.

 

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