Par Thierry Godefridi.
Dans les 30 pays dans lesquels Hans Rosling a fait poser cette question, une majorité des personnes interrogées a répondu que le monde va de plus en plus mal. Le top des pays les plus pessimistes est constitué dans l’ordre par la Turquie, la Belgique, le Mexique, la Corée du Sud, l’Italie et la France, où plus de trois quarts des répondants estimèrent que le monde va de plus en plus mal. Le Japon, le Danemark et la Russie ferment le classement. On ne peut pour autant en conclure qu’y règne l’optimisme puisque ceux pour lesquels la situation du monde empire étaient plus de la moitié.
Ce n’est toutefois pas d’optimisme ou de pessimisme qu’il est question dans Factfulness, mais de factualité.
Nous sommes collectivement victimes d’un conditionnement négatif. Les marchands de nouvelles y jouent un rôle non négligeable, mais aussi – ceux qui ont lu ce traité d’analyse comportementale qu’est Thinking, Fast and Slow de Daniel Kahneman le savent – notre patrimoine génétique qui remonte à la préhistoire, une époque où pour survivre, il valait mieux réagir vite que trop réfléchir. De nos jours, dès que l’on prend du recul pour analyser les choses objectivement, la réalité apparaît différente. La réponse factuelle à la question liminaire est que le monde va de mieux en mieux.
Hans Rosling a été médecin. En tant que chercheur et conseiller pour l’Organisation mondiale de la santé et co-fondateur de la branche suédoise de Médecins sans frontières, il a prodigué ses soins de par le monde et l’a observé en s’interrogeant sur ce qui nous le fait voir de manière négative, parfois d’autant plus déformée que nous sommes instruits. Les exemples de Prix Nobel sont édifiants, qui répondent moins bien que le feraient des chimpanzés en choisissant au hasard des bananes marquées des réponses correspondantes.
Diagnostiqué d’un cancer du pancréas incurable avec un pronostic de vie de quelques mois, Rosling décida de consigner, avec l’aide de son fils Ola et de sa belle-fille Anna, les résultats de sa curiosité pour le monde dans un livre, Factfulness, sous-titré en français « Penser clairement, ça s’apprend ! » et en anglais « Ten Reasons We’re Wrong About the World – and Why Things Are Better Than You Think » : « Dix raisons pour lesquelles nous nous trompons sur le monde – et pourquoi les choses vont mieux que vous ne le pensez ».
« Nous sommes équipés d’instincts qui ont permis à nos ancêtres de survivre. Notre cerveau évite de trop penser et se hâte de conclure », écrit Hans Rosling. Le livre Factfulness est sa dernière bataille contre les idées fausses, la mission de toute une vie, une ultime tentative de « changer les façons de penser, de calmer les peurs irrationnelles, de rediriger les énergies vers des activités constructives ».
Le premier préjugé responsable de notre ignorance est celui que Hans Rosling qualifie d’instinct de fossé, à savoir notre propension à diviser le monde en deux parties avec un fossé au beau milieu. La réalité n’est habituellement pas polarisée. Cherchez la majorité, nous conseille Rosling, méfiez-vous des comparaisons entre moyennes et entre extrêmes. La majorité se trouve souvent quelque part au milieu.
En atteste par exemple le fait que, selon la Banque mondiale, les trois quarts de la population mondiale vivent aujourd’hui dans des pays à revenu moyen, seuls 9 % dans les pays à bas revenus et 16 % dans les pays à haut revenu. C’est au niveau le plus bas qu’a commencé toute l’humanité, nous étions 85 % à encore vivre dans l’extrême pauvreté en 1800 et une majorité jusqu’en 1966. La courbe a continué de chuter et la chute s’est accélérée ces vingt dernières années : 270 millions de personnes en moins vivent dans la pauvreté en Inde, un demi-milliard, en Chine. Soit dit en passant, à partir de 2027, une majorité de personnes à haut revenu vivront en dehors de ce qu’il est convenu d’appeler l’Occident.
Les bonnes nouvelles ne font pas la Une, ni les progrès graduels de l’humanité, fait remarquer Hans Rosling, lequel nous invite, dans Factfulness, avec un sens aigu de la pédagogie, à vaincre les autres préjugés qui faussent notre vision du monde, tels que la peur, l’esprit de généralisation, le manque de perspective, la volonté de blâmer, notre croyance de la destinée, le sentiment d’urgence. Nous ne manquerons pas d’y revenir.
Factfulness, Penser clairement, ça s’apprend, Hans Rosling, 408 pages, Flammarion.
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Nous l’avons lu et apprécié, une excellente source de données qui rejoint parfaitement l’indice de liberté économique.
Ceux qui sont prêts à lire un bouquin de 408 pages avec un tel titre n’en ont probablement pas tant besoin que cela. Comment toucher les autres ?
Par la vidéo.
« (…) la préhistoire, une époque où pour survivre, il valait mieux réagir vite que trop réfléchir ». Description toute en nuance de cette époque, les grottes de Lascaux et Chauvet étant de parfaits exemples de ces humains qui ne réfléchissaient pas trop mais agissaient plutôt avec un instinct animal.
On espère que le bouquin cité vole plus haut que cela…
Il serait intéressant de pouvoir comparer le pessimisme mesuré actuellement de celui en 2001 avant et après le 11 septembre. En 86 avant et après Tchernobyl, au moment de la crise pétrolière, etc..
Car chaque époque a ses peurs, ses questionnements, ses espoirs déçus, etc.
J’aime la SF américaine des années 40 à 60, et un thème récurrent est la peur de l’arme atomique, la fin du monde suite à l’Apocalypse nucléaire; ce qui aujourd’hui fait juste sourire. Les plus anciens ici pourront nous dire si le monde était très optimiste lors de la crise des missiles de Cuba. J’étais encore jeune lors de la première guerre d’Irak, mais ça ne rigolait pas vraiment.
Bon… je vais commander ce livre, et l’ajouter à la pile de choses à lire… alalalalala…
J’ai connu la guerre froide et l’occident est passé de peu de basculer dans l’horreur collectiviste. Il a fallu la force de Reagan et Thatcher d’une part, et la faiblesse de Gorbatchev pour que le mur de Berlin tombe.
Actuellement, l’ennemi n’est plus à l’est, mais intérieur avec des agitateurs particulièrement actifs.
Toute la jeunesse est touchée ( le syndrome Greta Thunberg)
CPEF
Le pessimisme actuel n’est pas mesuré mais hystérique! Quand on entend des slogans comme: il faut sauver la planète, alors que celle-ci ne risque rien, il y a de quoi s’inquiéter. Mais Al Gore n’aurait pas fait fortune (entre nous il n’a ni panneau solaire ni éolienne sur sa villa de 9 million de dollars. Vous pouvez vérifier sur internet). De plus ses prédictions apocalyptiques de son film sont toutes tombées à l’eau. La température et le niveau des océans n’ont pas explosé, la banquise n’a pas fondue et est toujours là . Quant aux ours polaires c’était un énorme mensonge, car ils sont 5 fois plus nombreux que dans les années 1950.
En tant qu’amateur de SF de ces années tout comme moi, vous devriez vous montrer plus circonspect et vous méfier des crises de paniques semées par des media qui y trouvent leur intérêt. Asimov passait son temps à calmer les excès de frayeur de ses contemporains et leur inculquer des notions scientifiques pour qu’ils puissent juger plus sereinement. Il impossible de prendre un parti sans analyser le problème, et si on n’en connaît rien on ne peut le faire!
Peut-être qu’avec des « notions scientifiques » on pourrait prendre en sérieux le consensus de 98% des scientifiques non ?
L argument donne dans l article est assez specieux. S il est vrai que le niveau de vie global s est ameliore, c est loin d etre le cas dans les pays occidentaux. Mais evidement 1 millards de chinois et autant d indiens font monter la moyenne
Autre biais, le lien aller mieux = etre plus riche. Est ce que vous serez plus heureux avec disons 3 millions € sur votre compte en banque mais entoure de gens qui ne veulent que profiter de vous (comme feu Mme Bettancourt) ou simplement malade ?
Autre point critique, il faut considerer la situation actuelle mais aussi la direction prise. Sinon on se retrouve a declarer que le monde va mieux en 1938. Et pour en revenir a 2019, il y a pas mal de problemes qui n ont pas l air d etre en passe d etre resolu
Vous parlez sans savoir! Le niveau de vie s’est considérablement amélioré en Occident par rapport aux années 1960. Les logements disposent de tout le confort et des appareils ménagers que nos parents modestes ne disposaient pas. Le prix de la nourriture a considérablement baissé et ne prend plus qu’une part modeste du budget. Le problème en France est le chômage qui conduit à la pauvreté et dont nous connaissons bien la cause. La faute en revient à nos politiciens plus préoccupés par leur prospérité et réélection que par celle des gens qu’ils sont censés représenter et défendre les intérêts.
Ce n’est pas seulement uen question de richesse. L’indice de développement humain progresse dans tous les pays du monde sauf la Syrie et le Soudan du sud.
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et aussi https://i2.wp.com/sciencepop.fr/wp-content/uploads/2019/01/pasmieuxavant_38.png
En 1968, 50% des ménages avaient un lave-linge. Vous avez déjà fait sans ? En 68, 72% des ménages avaient un frigo…
Il faudrait faire lire ce livre à tous nos écolos gauchistes pessimistes, et diffuser ses conclusions dans les écoles pour qu’au moins les jeunes aient une vision claire de la réalité!
Les humains sont ce qu’ils sont. Ils l’étaient aussi il y a 100 ans, 1000 ans, 2000 ans etc et cela n’a pas empêché le monde d’être ce qu’il est aujourd’hui. Ce n’est pas la raison qui gouverne l’esprit et le monde : c’est l’illusion est pourtant ça marche !
Hyper simpliste et réducteur comme tous les bouquins à la mode, developpement personnel bla bla bla.
Si nous sommes tous pilotés par des gênes ancestraux, pourquoi de telles disparités entre les pays, ça ce serait intéressant.
La question posée est vague et appelle forcément une réponse vague.