Airbus, Boeing, Google, Textron, Toyota, VW,… la guerre des drones autonomes de transport de passagers

Le marché du drone autonome est en pleine expansion. Et, entre les stars du marché, la concurrence s’annonce extrêmement serrée.

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Airbus, Boeing, Google, Textron, Toyota, VW,… la guerre des drones autonomes de transport de passagers

Publié le 21 mars 2019
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Par Oihab Allal-Chérif1.

En effet, Boeing et Airbus ont chacun testé dans les derniers mois des véhicules aériens électriques et sans chauffeur. Ces drones taxis autonomes transformeraient Airbus et Boeing en prestataires de services de mobilité aérienne. Les deux groupes sont loin d’être les seuls à s’intéresser aux voitures volantes : de nombreux acteurs de l’automobile et du numérique ainsi que des start-up développent aussi des drones concurrents.

Boeing mise sur le PAV

En janvier 2019, Aurora Flight Sciences, filiale de Boeing depuis 2017, a testé pour la première fois son véhicule volant de transport de passagers PAV (Passenger Air Vehicle), électrique et autonome, à Manassas, en Virginie. S’il peut théoriquement parcourir 80 kilomètres, cet engin, avec lequel Boeing veut révolutionner la mobilité aérienne, n’a pour l’instant fait que décoller, rester en vol stationnaire et atterrir. La prochaine phase sera la plus sensible : passer du déplacement vertical au déplacement horizontal.

 Le premier test du PAV (passenger air vehicule) de Boeing en janvier 2019.

Cependant, faire décoller et voler un avion entièrement électrique est déjà une performance, compte tenu de la quantité d’énergie considérable requise. Un des principaux challenges est d’ailleurs la consommation importante d’énergie et l’installation de stations de recharge pour les batteries de ces appareils dont l’autonomie risque d’être limitée. D’autres difficultés techniques sont le pilotage par une intelligence artificielle, le système anticollision, la protection contre le piratage, la sécurisation des données, la coexistence des véhicules avec et sans pilote, ainsi que la coordination des drones par flotte.

Boeing est partenaire d’Uber Elevate qui souhaite lancer un réseau de taxis aériens, Uber Air, dès 2023, bien que l’administration fédérale de l’aviation américaine risque de mettre bien plus longtemps pour donner l’autorisation à ces taxis aériens de survoler les villes.

Boeing veut également tester en 2019 un drone de transport logistique autonome dit CAV (cargo air vehicle), pour transporter des charges jusqu’à 230 kilos, ainsi qu’un drone à énergie solaire Odysseus de télécommunication et d’analyse météorologique, géologique et topographique, qui pourra voler presque indéfiniment.

« Odysseus, le HAPS (high-altitude pseudo-satellite) de Boeing » (Aurora Flight Sciences, 2018).

Vahana, le taxi volant d’Airbus

Le 12 février 2019, Airbus, via sa filiale A³, a réussi le premier vol longue durée de son drone eVTOL (electric-powered vertical take off and landing, ou aéronef électrique à décollage et atterrissage verticaux) à Pendleton, dans l’Oregon. Après une cinquantaine de vols d’essai plus courts effectués depuis le premier essai du 31 janvier 2018, le prototype Alpha One a pu effectuer certaines manœuvres plus complexes plus rapidement, comme décoller verticalement à 70 mètres de haut, avancer à 90 km/h, tourner sur place à 180 degrés, reculer, faire du surplace et atterrir en douceur.

Vahana est un taxi volant d’une place au design futuriste, mélange de drone et d’hélicoptère, qui paraît plus abouti que celui de Boeing. Ses huit rotors inclinables sont pilotés par un système innovant dont l’algorithme optimise le guidage tout en réduisant les risques. Si les transitions entre les différentes phases, pendant lesquelles les ailes s’inclinent de 30 degrés, paraissent chaotiques, nul doute que les tests effectués permettront de gagner en fluidité. Avec ses 6 mètres d’envergure et 750 kilos, il est imposant, mais son aérodynamique lui permettra de se déplacer avec précision en minimisant la consommation d’énergie.

L’objectif d’Airbus est de proposer des vols de courte distance pour un coût équivalent à un déplacement en voiture ou en train dès 2020. D’autres types de drones sont en développement comme le Skyways d’Airbus Helicopters, un livreur de colis qui a été testé à l’Université nationale de Singapour.

Et pourquoi pas un drone modulaire ?

Le concept Pop.Up Next a été annoncé il y a deux ans par Italdesign, filiale de Volkswagen, d’abord en association avec Airbus, puis également avec Audi depuis 2018. Les trois entreprises européennes proposent un véhicule modulaire révolutionnaire, à la fois terrestre et aérien. Il se compose de 3 parties qui peuvent se clipser les unes aux autres : un châssis avec 4 roues, une capsule avec un habitacle pour deux personnes, et un drone de 8 rotors. Le système de verrouillage entre les différents éléments permet de les connecter à la fois mécaniquement, électriquement et numériquement les uns avec les autres. La capsule peut se déplacer selon 3 configurations différentes : sur la route clipsée sur le châssis roulant, suspendue sous le drone volant, et dans des tunnels ou sur des wagons sans les autres modules.

Équipée de technologies de pointe – comme la reconnaissance faciale et vocale ou des batteries de dernière génération – et conçue en fibre de carbone pour être à la fois légère et résistante, la capsule pourra rouler à 100 km/h pendant 130 kilomètres et voler à 540 km/h sur 50 kilomètres. Les premières images montrent comment, grâce à l’application Pop.Up Mobility Service, on peut commander un déplacement en choisissant parmi plusieurs scénarios et plusieurs tarifs, de la même façon qu’avec Uber. Cette application est testée à Mexico et São Paulo par la filiale Voom spécialisée dans les déplacements en hélicoptères. Grâce à une intelligence artificielle, le trajet est optimisé selon les conditions en temps réel et les préférences de l’utilisateur.

Italdesign et Airbus dévoilent Pop.Up Next, un concept de véhicule modulaire d’avant-garde qui peut rouler et voler.

L’association entre deux groupes aussi innovants et visionnaires qu’Airbus et Volkswagen fait rêver et on imagine le potentiel que cela représente d’associer les compétences et les moyens des leaders mondiaux de l’aéronautique et de l’automobile. Des prototypes ont été présentés conjointement lors du Salon de l’automobile de Genève en 2017, puis du salon Viva-Tech 2018 à Paris. Une maquette à l’échelle ¼ a par ailleurs été testée en public chaque jour pendant l’Amsterdam Drone Week en novembre 2018. L’objectif est de pouvoir mettre en service Pop.Up avant 2030.

Une concurrence qui s’annonce rude

Les deux géants de l’aéronautique ne sont pas les seuls à vouloir faire voler la planète silencieusement, sans polluer, sans effort, et en toute sécurité. Google compte aussi plusieurs projets de voitures volantes, via sa filiale Kitty Hawk, dirigée par Sebastian Thrun, professeur de Stanford, génie de l’intelligence artificielle et pionnier de la voiture autonome. Après avoir dirigé Google X, il s’occupe maintenant de cette start-up de l’aéronautique voulue par Larry Page où il développe Flyer et Cora. Plus proche d’une moto volante que d’un avion ou d’un hélicoptère, Flyer est un drone monoplace de loisir capable de voler entre 8 et 12 minutes à 30 km/h et à 10 mètres de haut. Bien que l’on ne connaisse ni son prix ni sa date de disponibilité, il est déjà possible de le réserver. Cora est un drone autonome biplace qui ressemble à un petit avion sur les ailes duquel sont fixés 12 rotors, et avec une grande hélice verticale à l’arrière. Entièrement électrique, il peut parcourir 100 km à 150 km/h.

« Le Flyer : la machine volante de Google » (CNN Business, 2018).

Bell Helicopter, filiale de Textron Inc., a présenté le 7 janvier 2019 son projet de taxi volant autonome au CES 2019 de Las Vegas. Le Bell Nexus est le deuxième drone qui pourrait voler sous la bannière Uber dès l’année prochaine en plus de celui de Boeing. Plus puissant car fonctionnant avec un moteur hybride, il sera capable de transporter 5 personnes dans une cabine futuriste qui avait déjà été présentée au CES 2018. Ce nouveau BellAirTaxi se positionne clairement sur le segment du luxe, comme l’indique la vidéo de présentation du concept.

Parmi les autres grands groupes sur les rangs, on peut compter les américains General Motors et Ford, les allemands Volocopter, partenaires de Daimler, et Volkswagen avec Porsche, le britannique Rolls-Royce et le japonais Toyota. Mais le tout premier drone de transport de passagers a été présenté par une entreprise chinoise, eHang, au CES de 2016. Le eHang 184 a été développé en trois ans par une équipe de 150 ingénieurs avec des technologies 100 % chinoises. En février 2018, il avait effectué des centaines de vols avec un ou deux passagers, y compris dans des conditions extrêmes, jusqu’à 300 mètres d’altitude à une vitesse de 130 km/h. Le nouveau modèle, eHang 216, est déjà commercialisé pour 200 000 euros.

Ce dernier exemple semble indiquer que la Chine a pris une longueur d’avance technologique sur les États-Unis et l’Europe à la fois pour les drones à usage militaire, commercial et de loisir.

« EHang AAV Manned Flight Tests » (eHang, 2018).

Si dans certains pays, la réglementation sur le survol des villes risque de retarder le déploiement des drones de transport de passagers, comme aux États-Unis et en Europe, d’autres pays sont déjà prêts à les accueillir, comme la Chine, le Japon, le Brésil, ou les Émirats arabes unis. Chaque pays privilégiera probablement dans un premier temps les machines produites par ses entreprises nationales, mais à terme, ce sont vraisemblablement les technologies les plus fiables, durables, silencieuses et économiques qui l’emporteront.

Boeing bénéficie du partenariat avec Uber. Airbus maîtrise le transport urbain aérien à la demande avec sa filiale Voom. Google est à la pointe des véhicules autonomes avec son système adopté par Volkswagen et Toyota. Les trois géants devraient donc a priori devenir incontournables… sauf en Chine.

Oihab Allal-Chérif ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son poste universitaire.

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

  1. Professeur en systèmes d’informations à la Neoma Business School.
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  • C’est drole , vu le nombre d’ecrasements d’helocopteres ou de petits avions individuels, certains s’imaginent en mettre plein le ciel de paris….sans compter le cout de precaution de tels vehicules .. il va falloir faire la chasse aux pigeons !!

    • On verra ! Comme souvent avec les innovations, elles sont d’abord sur des marchés de niche ou des utilités complémentaires avant de s’imposer ou non à grande échelle. La voiture à moteur n’a pas remplacé le cheval du jour au lendemain, il a fallu des décennies (adaptation du produit et création des infrastructures).

      • Disons que ce marche de drones de transport sera le meme que celui des helicos ,pas plus pas moins..par contre pour la livraison de colis ….reste a inventer l’ascenseur a drone pour les immeubles ou la fenetre d’atterissage.

  • Il me semble que toutes ces considérations sont parfaitement secondaires face aux 80 km/h, aux restrictions de parking et d’accès aux centres-villes, aux taxes sur les véhicules et les carburants, etc.
    Il y a 60 ans, ces sujets étaient d’actualité pour la page centrale de Tintin ou Pilote, aujourd’hui la seule chose qui compte est le journal en ligne de Bercy…

    • C’est pourtant sympa de constater qu’il y a encore des progrès techniques en cours?
      Si vous voulez rester sur du déprimant, consolez-vous, je suis certain que de nombreux stank tanks au service de Bercy réfléchissent déjà à la meilleure façon de surtaxer les drones ( je parie sur un grand mouvement « populaire » contre la pollution électromagnétique.)

  • Bizarre ! Je ne vois pas la pastille de couleur sur les drones présentés, indiquant combien ils sont économes en énergie. Un oubli surement …

    Sachant qu’un colibri ne peut réaliser le vol stationnaire que grâce à sa petite taille et en passant son temps à manger, il va falloir des batteries à charge ultra rapide et super ignifugées pour de pas être volatilisées par le dégagement de chaleur de la charge rapide.

    Pour le bilan énergétique, calculez combien de lampes à LED sont nécessaires pour économiser les quelques Wh nécessaires pour compenser les MWh avalés par ces engins. En rationnant les ampoules de la plèbe, je pense que l’on parviendra à en faire voler quelques uns pour la nomenklatura …

  • Cela restera tout de même un transport de (n/r)iche.
    C’est cher, surtout comparé aux autres modes de déplacement qui bénéficieront aussi du pilotage automatisé et des réseaux de transports contrôlés.

    Imaginez par exemple que rien n’empêche qu’un véhicule se transforme aussi en ascenseur, ou l’inverse, qu’un ascenseur se déplace à l’horizontal.

    Quant à l’aperçu des paysages survolés, rien n’empêche de remplacer les vitres par un téléviseur courbé.

    Mais c’est cool d’avoir un drone qui vient vous chercher en pleine nature, sans route à proximité…

    • « Imaginez par exemple que rien n’empêche qu’un véhicule se transforme aussi en ascenseur, ou l’inverse, qu’un ascenseur se déplace à l’horizontal. »

      Facile ! Vous envoyez des satellites au delà de l’orbite géostationnaire, là où ils « tombent » dans l’espace, mais avec des fils pour les retenir. Vous tendez des fils horizontaux entre vos fils verticaux qui retiennent les satellites. Et vous installez tous les sytèmes d’ascenseurs horizontaux et verticaux voulus sur vos fils.

      Et vous pouvez même installer l’exoport pour mars et les centrales solaires ou nucléaires dans les satellites. (En cas de problème vous larguez).

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