Par Maxime Nicolas.
Un article de The Conversation
Les investissements vers les technologies de l’intelligence artificielle (IA) ont considérablement augmenté ces dernières années.
Gains de productivité, réduction des coûts, perspectives de croissance… les promesses du secteur sont nombreuses. Toutefois, malgré un engouement toujours plus important, certaines études mettent en garde sur les dérives que suscite la ruée vers l’IA en évoquant un destin similaire à celui des valeurs technologiques au début des années 2000. L’euphorie avait alors conduit à la formation d’une bulle spéculative suivie d’un krach boursier dont les conséquences s’étaient étendues à l’ensemble de l’économie mondiale.
Engouement des investisseurs
L’IA est aujourd’hui bien ancrée dans notre économie et les perspectives de développement semblent bien réelles. On trouve déjà plusieurs applications dans différents domaines comme la conduite autonome, la reconnaissance vocale (Siri chez Apple, Alexa chez Amazon), la détection de cancers, ou encore la prévision des tendances en marketing. Ces avancées technologiques sont d’ailleurs largement relayées par les médias qui, au-delà de l’effet « sensationnel » des progrès, évoquent des transformations radicales des modes de consommation.

Posteriori/Shutterstock
Cet engouement médiatique est également alimenté par les études des cabinets de conseils, des banques et des institutions publiques, qui s’accordent à dire que l’IA représente un nouvel eldorado pour les investisseurs. C’est le cas par exemple d’une étude de PwC, qui affirme que le secteur à lui seul pourrait faire augmenter le PIB mondial de 13,8 % d’ici 2030, ou encore des prévisions d’Accenture selon lesquelles l’IA augmenterait de 40 % les gains de productivité d’ici à 2035.
Les investisseurs semblent eux aussi convaincus du potentiel de la technologie. Selon une analyse de l’OCDE, les startups de l’IA représenteraient 12 % du portefeuille de participations des sociétés de capital-investissement en 2018 contre 3 % en 2011. Cette accélération spectaculaire est d’autant plus concentrée sur ces dernières années : de 2016 à 2017, une seule année a suffi pour faire doubler le montant total des investissements vers l’IA. Avec une hausse encore plus importante pour le premier semestre 2018, on s’attend à ce que la tendance se poursuive pour 2019, tiré par les marchés américain et chinois, mais aussi dans une moindre mesure européen.

Or, ces belles perspectives ne sont pas forcément appelées à se traduire dans les faits. Rappelons que, dans les années 2000, seules 48 % des entreprises Internet ont survécu à l’éclatement de la bulle, même si cette technologie a permis à des géants comme Google et Amazon d’émerger.
Un secteur dopé par le contexte économique
Une autre explication de l’engouement des investisseurs autour de l’IA reste toutefois indépendante de ses belles promesses. Il s’agit du contexte économique très particulier marqué par des taux d’intérêt anormalement bas, ce qui les pousse vers des actifs plus rentables, mais également plus risqués. Un transfert de liquidité s’est notamment opéré vers les sociétés de capital-risque et de capital-investissement plus attractives. En conséquence, ces dernières n’ont jamais eu autant d’argent à dépenser.
Une grande partie des investissements ont ainsi pu se diriger vers des startups qui pourraient camoufler leurs activités réelles de R&D par des projections commerciales séduisantes. L’effet peut être d’autant plus accentué par la difficulté qu’ont les investisseurs à mesurer le potentiel réel de ces technologies qui nécessitent une expertise pointue.
En définitive, que l’engouement soit légitime ou simple mirage technologique entretenu par des opportunistes et l’abondance de liquidité, il est donc important de souligner le risque que porte le secteur. Étant donné les milliards investis dans le secteur, un retournement pourrait en effet avoir des conséquences considérables sur l’économie.
Maxime Nicolas, PhD candidate in Finance, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
Gros classique .. on appâte ceux qui pensent s’enrichir , et quand le banc d’anchois est conséquent , le cachalot arrive et mange tout le monde..
L’illustration de l’article avec les voitures autonomes rappelle effectivement un bon gros banc d’anchois…
@ MichelO
C’est souvent (toujours?) le même scénario: au début la bulle enfle, attirant de plus en plus de capital mais sa vocation est inéluctablement d’éclater. Seule la date est inconnue et difficilement prévisible. La conséquence est aussi constante: une destruction de capital, plus ou moins douloureuse. Et on rebat les cartes.
Dans les crises ou explosions de bulles, il y a surtout transfert de richesse. Il n’a pas de perte.
Il parrait qu’il suffit de brandir un hexagone rouge sur une feuille de papier pour faire piler l’IA … et donc mettre la boite qui le vend en faillite.
Et je parie que l’on peut extrapoler dans la plupart des domaines …
Excellente comparaison !
D’autant plus que la technique de pêche des cachalots consiste à créer un réseau de bulles autour du banc afin de le resserrer , puis surgir des profondeurs à grande vitesse gueule ouverte pour engloutir un max de petits poissons…
Quand je vois l’intelligence artificielle s’occupant de mon clavier Android…le marché peut encore croître pendant des années voir des siècles….
Quand une « IA » arrive à détecter un visage sur une photo, on s’extasie. C’est techniquement admirable. (Mais c’est ce qu’un mammifère peut faire; un chien est plus intelligent qu’une IA de ce genre.)
Google Street View floute les plaques d’immatriculation et les visages; aussi les personnes photographiées par les Google Cars que les visages sur les affiches publicitaires :
https://www.2tout2rien.fr/google-floute-la-tete-dune-vache-pour-respecter-sa-vie-privee/
Bon, cela ne prête pas à conséquence quand l’erreur est dans ce sens. (Mais les chiens ne confondent pas les humains et les vaches.)
Depuis des années les concepteurs veulent simplifier la vie des utilisateurs et surtout avoir des fonctions « avancées » qui distinguent de la concurrence. Cela donne des applications marrantes avec des incrustations sur le visage d’une personne filmée. En cas de dysfonctionnement ce n’est pas trop grave!
En plus de détection des visage, la technologie promet d’identifier le visage d’une personne donnée. Cool.
Mais des « ingénieurs » et leurs relais médiatiques veulent vendre cela l’identification comme une fonction de sécurité : plus de code secret, vous mettez votre tronche devant la caméra du smartphone; mais le test le plus évident de cette « sécurité », présenter une photo de la personne à l’appareil, n’est apparemment pas un test absolument exigé par les ingénieurs avant d’intégrer l’identification comme fonction de déverrouillage ni par les commerciaux avant de la vendre. Ni par une quelconque personne ayant un sens moral ou de la préservation de la réputation du constructeur.
Et un chien ne confond pas une photo avec une personne physique.
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