Fake news et « propagande blanche », le pouvoir doit-il en avoir l’exclusivité ?

Dans ce bras de fer engagé sur les réseaux entre le pouvoir et les « Gilets jaunes » pour influencer l’opinion publique – en la prenant à témoin – Les informations altérées sont présentes dans les deux camps.

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Fake News By: Kevin Smith - CC BY 2.0

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Fake news et « propagande blanche », le pouvoir doit-il en avoir l’exclusivité ?

Publié le 5 janvier 2019
- A +

Par Yannick Chatelain.
Un article de The Conversation

Et si le politique donnait l’exemple plutôt que de faire des lois ?

Quand on a prétention à lutter contre les fake news, ne faut-il pas commencer par ne pas en diffuser lorsque l’on est un homme politique, d’autant plus lorsque l’on a été le porteur du projet de loi sur la diffusion de fausses informations.

Si l’on analyse le tweet de monsieur Richard Ferrand président de l’Assemblée nationale, ce dernier pose pour le moins questionnement.

Tweet RichardF.

 

Il est notable que ce message porte – sans fondement – des accusations d’exactions extrêmement graves, des accusations ciblant de façon induite les Gilets jaunes. Il s’inscrit dans la volonté non dissimulée de disqualifier auprès de l’opinion publique le mouvement social auquel fait face l’exécutif. Le message relayé ne reflète pourtant pas la réalité, il l’altère, la dramatise… il peut donc être qualifié de fake news au service d’une campagne de propagande blanche.

Tweet Chr. Castaner.

 

Cet exemple peut paraître caricatural, il n’est malheureusement pas isolé lorsque la classe politique intervient sur les réseaux sociaux. En constatant que ceux-là même qui ont légiféré sur les fausses nouvelles s’adonnent à ces pratiques apparaît pour le moins cocasse et paradoxal. Opter pour la loi plutôt que pour la pédagogie et laisser à une autorité administrative nommée par le pouvoir la responsabilité de trier le vrai du faux n’est pas sans risque pour la liberté d’expression.

Au regard de la loi préexistante relative à la diffusion de fausse nouvelle – la loi sur les fake news questionne sur son intentionnalité et sa raison d’être. Le samedi 22 décembre 2018, le président de la République a promulgué la loi n° 2018-1202 et la loi organique n° 2018-1201 relatives à la lutte contre la manipulation de l’information. Qu’en sera-t-il du respect de cette loi par ceux qui l’ont votée, et de l’usage qui en sera fait ? Donner l’exemple serait déjà faire de la pédagogie. Une chose est établie : loi ou pas, période éléctorale ou non, l’exemple au plus haut niveau n’est pas au rendez-vous.

Où commence la fake news et la désinformation ?

Dans ce bras de fer engagé sur les réseaux entre le pouvoir et les Gilets jaunes pour influencer l’opinion publique – en la prenant à témoin – Les informations altérées sont présentes dans les deux camps.

Par ailleurs ne devrions-nous pas nous étonner du fait que les nombreuses exactions – quant à elles bien réelles – largement relayées sur les réseaux sociaux, ne conduisent que très rarement les journalistes à se questionner sur l’éventualité du recours – par le pouvoir – à des agents provocateurs.

Ne devrions-nous pas également nous étonner de la diffusion et du relais sur les réseaux sociaux et par les médias de masse de vidéos relatives à des actes violents extrêmement graves commis contre, ou par les forces de l’ordre et qui sont décontextualisées voire tronquées. À quel moment peut-on parler de fausse information, d’altération volontaire de la réalité ? À chacun de se faire sa propre opinion :

Rien n’est si contagieux que l’exemple. François de La Rochefoucauld


À suivre

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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  • (commentaire supprimé par la modération)

  • fake news , manipulation de l’information , mensonges…..l’exemple vient d’en haut…..qu’on se le dise ;

    • Et ce n’est pas nouveau ni limité à un pays en particulier.

      Cependant, si on veut « moraliser » la diffusion d’information, comment peut-on faire l’impasse sur les « éléments de langages » diffusés par le gouvernement aux journalistes (et qu’on retrouve recopiés dans toutes la presse), ou encore aux nombreuses affaires concernants des ministres ou des « chargés de ?mission? » étouffés par le gouvernement.

      • La seule solution est précisément de envoyer les lois liberticides dans les poubelles de l’histoire et de rétablir la pleine et entière liberté d’expression, assortie de la responsabilité des conséquences en cas de diffusion d’infos fausses.
        Diptyque liberté-responsabilité, rien de nouveau.

    • Très juste! Les premiers a en user ce sont bien les politiciens!

    • @véra: A force de commenter chaque article avec des évidences, vous allez finir par signer « Echo »…

  • Les délires tels l’augmentation des événements climatiques majeurs liés au réchauffement supposé (argument contesté par le GIEC lui même en 2014),l’air pollué des grandes cités (il l’est moins qu’auparasant), la fonte des glaces(leur clairance est mieux évaluée), le réchauffement lui même (température idem depuis 2014 par mesure satellitaire et variations semblables à celles des années 50) pourront être dénoncés. Les conséquences économiques effarantes des diktats écologistes pourraient être combattus grâce à cette loi liberticide mais opportune en l’occurence

  • Les casseurs n’étaient pas des gilets jaunes, mais des Black bloks gauchistes qui avaient endossé un gilet jaune pour la circonstance, mais gardé leur uniforme noir en dessous. Les media et le pouvoir ne se sont pas gênés pour attribuer les dégradations aux GJ.

  • Ce ras le bol général qui touche tous les français, de droite, de gauche, du haut, du bas, jeunes moins jeunes etc.. vient de la conscience partagée par (presque) tous et relayée dorénavant par les réseaux sociaux que nous sommes manipulés. Certes ce n’est certainement pas nouveau mais la tendance n’est vraiment pas à la baisse, plutôt à l’augmentation. Car le niveau moyen d’éducation et d’information s’étant malgré tout élevé, le Politique doit faire preuve de plus en plus de duplicité pour manœuvrer et s’aider d’un réseau de plus en plus dense d’affidés.
    DR. Dupuy a raison. Cette histoire de CO2, d’éoliennes etc.. est le cas typique d’une manipulation » politique » à grande échelle. Le mensonge, la désinformation élevés en quasi religion (la déesse Planète et le ciel qui va nous tomber sur la tête si on ne se soumet pas à la Bible verte)… La fin des limites pour les uns ….et donc pour les autres. La casse ne fait que commencer.

  • Les ‘portes parole’ auto-proclamés ou désignés comme tels par des journalopes en mal de sensationnel défilent devant les micros pour débiter je ne sais (le savent ils eux même ?) quelle revendication supposée venue de la base.
    Tant de semaines passées et j’attend toujours d’entendre le mot ‘Liberté’ !

    Pourtant c’est le carburant même de la révolte, mais comment l’accepter si les gens ne savent même pas qu’ils vivent dans un poulailler industriel ?
    Ils veulent que quelqu’un augmente la cadence de la vis à granulés, alors que le silo est vide, et ne pensent même pas à ouvrir les portes (moi peur, y a des renards dehors).

    «Un homme a le droit de travailler comme il veut, de dépenser ce qu’il gagne, de posséder sa propriété, d’avoir l’État pour serviteur et non pour maître. Ce sont là les héritages britanniques. Ils sont l’essentiel d’une économie libre et de cette liberté dépendent toutes les autres. »

    a dit Mrs Maggie, cette sorcière à la maison de pain d’épice qui, selon les bobos franchouillards, a dévoré les petits anglais…

  • Avec un bonne censure plus de Fake news.

  • Les commentaires sont fermés.

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Nicolas Quénel est journaliste indépendant. Il travaille principalement sur le développement des organisations terroristes en Asie du Sud-Est, les questions liées au renseignement et les opérations d’influence. Membre du collectif de journalistes Longshot, il collabore régulièrement avec Les Jours, le magazine Marianne, Libération. Son dernier livre, Allô, Paris ? Ici Moscou: Plongée au cœur de la guerre de l'information, est paru aux éditions Denoël en novembre 2023. Grand entretien pour Contrepoints.

 

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