Par Emmanuel Martin.
Les libéraux fondent leur vision socio-économique sur la liberté. Chaque homme ou « individu » est le moteur du progrès. Et ce, non de manière « atomistique » comme pourrait nous le faire croire une certaine science économique désincarnée, mais bien dans la coopération avec les autres.
Le monde avance par la coopération humaine par l’échange, dans un mélange de recherche par chacun de son intérêt bien compris et d’empathie – afin de comprendre les besoins des autres et mieux les servir. Des milliards d’humains coopèrent donc de manière plus ou moins directe, dans la sphère du « lucratif » comme du « non-lucratif ».
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La liberté est une condition essentielle de la créativité, de l’innovation etc. Mais, après la crise des subprimes notamment, on sait que la « créativité » (ici celle des banquiers avec des « innovations » plus ou moins « toxiques ») n’a pas nécessairement des conséquences positives. C’est qu’à côté de la liberté, il faut sa sœur inséparable, la responsabilité.
La responsabilité au cœur du libéralisme
Les libéraux placent au cœur de leur analyse ce concept de responsabilité. Sans responsabilité individuelle, une véritable coordination sociale dans une société de liberté reste illusoire. Et effectivement, les penseurs de la liberté ont régulièrement critiqué toutes les interventions du politique qui aboutissent quasiment systématiquement à l’affaiblissement de la responsabilité individuelle.
Mais il y a plus. Les libéraux doivent sans doute se pencher davantage sur la science émergente du contrôle de soi. Être responsable c’est aussi une éducation, une discipline personnelle qui s’entretient et dont il faut faire la promotion. C’est un des objectifs de cet ouvrage édité par Tom Palmer et publié chez Libréchange (2018).
Il existe en effet un lien très fort entre responsabilité individuelle et « contrôle de soi » ou en anglais « self-control ». Le self-control n’est pas juste la capacité de se contenir et de faire primer la raison avant les émotions devant, par exemple, une injustice flagrante. C’est la capacité de gérer ses émotions sur le long terme, et de se prendre en charge, de planifier sa vie, de prendre cette dernière entre ses mains, bref : de sortir de l’état infantile pour aller vers celui d’adulte libre et responsable.
Le contrôle de soi c’est aussi, au pluriel, le « contrôle de nous-mêmes par nous-mêmes » : la capacité de s’organiser collectivement, de se réguler collectivement mais sans recours à une entité politique. Au singulier comme au pluriel, le contrôle de soi est la clef d’une société civilisée.
Des perspectives très diversifiées
De l’environnement à la finance, en passant par la consommation de drogues ou les règles d’urbanisme, Tom G. palmer a réussi ici le tour de force de réunir des auteurs abordant le problème de perspectives très diverses. Outre les thèmes susmentionnés, le chapitre central est sans doute celui signé John Tierney sur le pouvoir de la volonté et le contrôle de soi, avec notamment plusieurs sections fascinantes sur la recherche en biochimie sur le contrôle de soi. Les effets de l’État-providence sur le contrôle de soi sont évidemment abordés, notamment dans trois chapitres sur l’assistance publique aux États-Unis, les conséquences du « modèle » suédois et la dégradation du modèle social avec « l’esprit 1968 ».
L’ouvrage se termine par trois chapitres de Palmer traitant de questions philosophiques liées à l’individualisme, à la liberté et à la responsabilité, et proposant enfin un « guide » sur le sujet du contrôle de soi. Au total un ouvrage indispensable pour ceux et celles qui se préoccupent de responsabilité individuelle.
Tom G. Palmer, Contrôle de soi ou contrôle de l’État..? Éditions Libréchange, 2018, 352 pages.
“la dégradation du modèle social avec « l’esprit 1968 »”
Je devine de suite la plus value intellectuelle du bazar…
Des 1789, des mai 68, des 17 novembre, il en faudrait tous les jours pour rappeler à l’Etat qui est le patron !
Focaliser l’attention sur mai 1968 a été, est et sera toujours une tentative désespérée de faire oublier la vraie révolution de l’époque, celle de 1967 avec la loi Neuwirth (votée sous la Présidence du Général De Gaulle) qui légalisa la contraception (interdite depuis 1920).
Avant la fausse révolution des soixante-huitards (insignifiante tellement elle était limitée), il y eu la vraie révolution des soixante-septardes qui marqua la victoire des féministes et la fin de leur action (mission accomplie) ; tout ce qui suivit après en découla naturellement).
L’époque d’aujourd’hui est post-soixante-huitarde pour les hommes, avec la perte de privilèges que certains peuvent regretter, et elle est post-soixante-septarde pour les femmes, avec une situation nettement améliorée à tous points de vue.
Si l’auteur de l’article évoque ” la dégradation du modèle social avec “l’esprit 1968″”, c’est que son analyse s’en tient à colporter des fables sans intérêt comme celle répétée depuis 50 ans ad nauseam à propos de cette pseudo révolution de mai 68 ; laquelle ne fit qu’enfoncer les portes largement ouvertes auparavant par des féministes autrement révolutionnaires.
En d’autres termes, mai 68, c’est juste un mouvement de blancs becs dépassés par le féminisme et tentant de récupérer à leur avantage une révolution qui n’était pas la leur (pour la bonne raison que c’est contre eux qu’elle se faisait). Parler de “l’esprit de mai 1968”, c’est leur faire trop d’honneur ; c’est occulter que le principal enjeu de l’époque fut l’émancipation des femmes libérées, non par eux, mais par elles-mêmes et contre eux.
De ce point de vue, les soixante-huitards et les anti-soixante-huitards sont à mettre dans le même panier pour être jetés aux oubliettes d’une histoire qui s’est faite sans eux. Il serait temps de sortir du déni de la révolution féministe qui a marqué l’époque en cessant d’évoquer la fausse révolution de “mai 1968″qui ne fut qu’un épisode de désordre totalement superflu et d’inspiration contre-révolutionnaire.