Par Corentin de Salle.
La “destruction créatrice” ? C’est le coeur du capitalisme selon Schumpeter. Corentin de Salle traite ici de l’impulsion fondamentale qui met et maintient en mouvement la machine capitaliste, est imprimée par les nouveaux objets de consommation, les nouvelles méthodes de production et de transport, les nouveaux marchés, les nouveaux types d’organisation industrielle, c’est-à-dire tous des éléments créés par l’initiative capitaliste.
L’expression destruction créatrice pose problème car elle laisse penser que la destruction précède la création, comme si l’ancien monde disparaissait déjà alors que le nouveau ne serait pas encore présent, ni même imaginé. Cette sorte d’éloge de la table rase fait croire que c’est grâce à la destruction préalable qu’un nouveau monde peut émerger, sans que l’on sache vraiment ce qu’il sera. C’est une présentation de l’économie passablement inquiétante et dépressive.
Or, il n’y a pas de raison de craindre les évolutions économiques car elles sont naturelles et bénéfiques. Au lieu de parler de destruction créatrice, il serait préférable d’évoquer la création positive. En effet, il faut bien que la nouveauté soit déjà présente pour que l’ancien, dépassé par la nouveauté, disparaisse. Le nouveau monde doit être forcément disponible avant qu’il supplante le précédent. Et encore, le processus demande du temps, une période de transition où l’ancien et le nouveau monde cohabitent.
Je me posais aussi la question, et j’aurais plutôt dit création destructrice (mais ça sonne trop négatif).
En réfléchissant au pourquoi ce nom de destruction créatrice, on pourrait dire qu’un changement détruit une activité, ce qui libère des ressources pour la prochaine création. Je ne sais pas si c’est le sens donné par Schumpeter.
Création destructrice correspond mieux à la réalité mais c’est vrai que ce n’est pas enthousiasmant. Par exemple, la voiture existait avant qu’elle ne remplace le cheval. Les ressources créatrices étaient en partie libérées avant la disparition progressive de l’ancien monde, ce qui illustre le rôle majeur de l’épargne alimentant l’investissement initial, avec la prise de risque maximale qui l’accompagne.
Sans épargne, sans investissement au travail, plus d’économie possible. Investir, c’est travailler.