Pédalons joyeusement vers la catastrophe

Paris libéré ! Puisque les vélib’ ne marchent pas, faisons marcher les automobilistes qui s’obstinent à ne pas prendre le vélo.

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Pédalons joyeusement vers la catastrophe

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 19 septembre 2018
- A +

En application méticuleuse du concept écolo, je prends tous les jours mon vélo pour aller travailler. Avec l’habitude, il ne me faut pas plus de deux minutes pour le plier dans mon coffre de voiture. Le gouvernement, lui aussi, l’a bien compris : si l’avenir de l’homme c’est la femme, en France, celui de la voiture c’est le vélo.

C’est probablement pourquoi il a lancé, en grande pompe à vélo et très récemment, un grand Plan Vélo dont la teneur a été patiemment épluchée par nos journalistes de garde. À la lecture attentive des mesures prônées, aucun doute n’est possible : c’est du lourd, du solide, du tout-terrain même.

Plus d’une vingtaine de mesures visent ainsi à tripler la part du vélo dans les déplacements quotidiens des Français d’ici à 2024 (soit 9% au lieu de 3% actuellement). Et pour cela, le gouvernement entend favoriser le développement des infrastructures (marquage au sol, aménagement des pistes) — pour 350 petits millions d’euros, ce serait dommage de se priver, non ? — et en accroître la sécurité, pour s’assurer d’une part de la bonne survie des pédaleurs (ce sont des contribuables pour la plupart, ne l’oublions pas), et d’autre part de la diminution du vol, véritable fléau sur le territoire (la police n’étant plus exactement au top).

Et à ce sujet, force est de constater que le gouvernement veut se donner les moyens : marquage des vélos (réalisé par des professionnels), établissement d’un fichier national du biclou, suivi des achats/ventes de ces engins même en occasion, tout est fait pour que la Petite Reine soit enfin régulée en République du Bisounoursland.

Il était temps : tous ces vélos, volés ou non, qui s’échangent, qui roulent sans permis, sans limite et sans restriction, cela nous rappelle les heures les moins youpi-tralala de notre Histoire, dans lesquelles de solides taxes ne peuvent être collectées et de vigoureuses amendes distribuées. Avec ce Registre Des Vélos, on va enfin pouvoir créer un permis de pédaler (à point, forcément), des infractions idoines, des amendes logiques et des taxes juteuses.

Enfin, notons la mise en place d’un dispositif, « Savoir rouler », destiné à améliorer la maîtrise du vélo par les jeunes. Il est vrai que pour ce qui est de savoir rouler, le gouvernement en connaît un rayon de bicyclette, la question restant souvent de savoir qui et dans quelle farine.

Tout ceci est extrêmement charmant, alors même que Paris fut le théâtre de la Journée Sans Voiture du 16 septembre, sous les vivats d’une foule extatique à l’idée de pédaler dans les rues de la capitale débarrassée de ses vilains automobilistes. La synchronicité des annonces gouvernementales et des sauteries festives de la mairie de Paris ne doit rien au hasard, pas plus que celle avec le fumeux fameux « Plan Pauvreté ».

Tout ceci participe en effet d’une forme subtile de décroissance qui, si elle n’est certes pas assumée ni officialisée, semble entrer doucement dans les esprits. Alors que des millions (des milliards ?) d’êtres humains s’extraient de la pauvreté et qu’un nombre croissant peut maintenant acquérir la force mécanique à prix raisonnable s’affranchissant ainsi de l’effort musculaire direct, le gouvernement français, peut-être lucide sur sa capacité réelle à inverser la tendance économique du pays, opte sobrement pour le trajet inverse, à savoir le retour du jarret frétillant, des efforts pénibles et des vitesses de plus en plus modérées ; le pays ne court pas à la ruine, mais y pédale.

Or, si le vélo n’a pas le pouvoir de réduire réellement la pollution en ville (on évoque, pendant les journées sans voitures, une baisse fort modeste de seulement 25% — 75% étant donc d’une autre origine que les méchantes voitures), il a au moins l’avantage de préparer physiquement et mentalement les pédaleurs à la brutale diminution de leur train de vie pour cause (entres autres) d’énergies surtaxées inabordables, de malus écolo sur les voitures, de normes antipollutions vexatoires et de routes endommagées.

C’est peut-être aussi pour cela que, dans cette lutte permanente contre l’individu autonome et de sa voiture, archétype indépassable d’un individualisme vrombissant et socialement corrosif, la Maire de Paris entend rendre piétonnier le centre de la capitale un dimanche par mois à partir du 7 octobre prochain.

Avec la fermeture des quais sur berge, la multiplication des restrictions diverses à la voiture dans la Capitale continue donc de plus belle. Joie, bonheur et rats dodus qui trottinent : cette piétonnisation forcenée va permettre, outre la baisse évidente des « accidents » provoqués par des voitures « déséquilibrées », de redonner des couleurs à Vélib, ce service de vélos citoyens dont les récentes déconfitures ont émaillé la chronique cycliste et les taxes foncières parisiennes (ainsi que ces colonnes).

Certes, il reste quelques efforts à fournir tant les « journées sans voitures » ressemblent encore pour le moment à des « journées sans Vélib aussi », mais on ne pourra s’empêcher de s’enthousiasmer sur le fin calcul économique de la Maire Hidalgo : puisque le Vélib se plante lamentablement, interdisons de plus en plus la voiture, cela va certainement aider.

Ah, décidément, qu’il est doux de vivre dans ce pays où les élites se penchent augustement sur le bien-être de sa population en lui proposant tous les jours plus d’activités sportives amusantes ! Qu’il est sympatoche de voir qu’on mobilise ainsi l’argent du contribuable pour lui imposer toujours plus de contraintes et de vexations ! Et quand ce n’est pas l’aspersion à fonds complètement perdus de 8 milliards d’euros pour faire semblant d’aider « les pauvres », voilà un plan pour favoriser « les vélos » !

Heureusement que les sujets d’importance ont été épuisés, qu’aucun économiste ne déplore l’immobilisme gouvernemental catastrophique qui semble devenu la norme depuis des années, et qu’aucune crise financière majeure ne soit envisageable dans les prochains mois !


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  • Oublier les 350.000.000 € du plan, en voilà un beau, de raccourci hasardeux. Ils ne viennent manifestement pas de votre poche, hein.

    • Et alors ? les infrastructures ne sont pas gratuites. Si on veut faire la promotion du vélo, il n’y a pas 36 solutions. 350 millions sur 7 ans ce n’est pas grand chose au regard 15 milliards que coutent les routes annuellement (grosso modo).
      Conducteur ou pas, on finance quand même si on est imposable.

      • Dans le cas de la voiture, l’automobiliste et le contribuable sont les mêmes, puisque tout le monde (ou presque) a une voiture et l’utilise régulièrement et fréquemment. La voiture représente près de 90 % des déplacements. J’ajoute qu’entre les différentes taxes touchant l’usage de la bagnole, l’automobiliste paie 4 ou 5 fois le coût des routes ! Lesquelles routes sont aussi utilisées par les cyclistes.
        Bref, la comparaison est délicate. D’autant plus qu’une piste cyclable ne coutera jamais le même prix au km qu’une route empruntée aussi par des poids-lourds.
        Ceci rappelé, je vous rejoins sur le nécessaire investissement en infrastructures, notamment pour réduire l’insécurité routière du cycliste. Pour en revenir au montant affiché, la FUB (l’équivalent de la FFMC pour le vélo) estime les besoins du fonds à environ 200 millions par an. Connaissant la réticence de Bercy à lâcher les pépettes et la propension des lobbys à réclamer plus pour avoir un peu, la vérité doit se situer qqe par entre les deux.

      • @Tricky
        Bonjour,
        Les routes « coûtent 15 milliards » parce que c’est l’Etat qui rétribue, et que les factures explosent. Quand une entreprise a à faire à l’Etat demandeur, elle gonfle son devis, multipliant la facture finale par trois par rapport à un particulier/privé.
        350.000.000 sont annoncés, mais il en coûtera bien plus.
        On compare le réseau routier à la circulation sanguine, on parle d’artères pour les grands axes par exemple. Le plan vélo c’est parler de capilaires au milieu d’artères, au mieux, ou boucher ces artères au pire.

  • Le pays finira par avoir un coup de pompe avec tous ces déplacements (pas souvent pompeux) à vélo. Les polytocards finiront par recevoir leur dû, soit quelques coups de pompe judicieusement placés.

  • Excellent article ; pour les conséquences sur le 11ème arrondissement, on pourra consulter http://nouveau75011.fr/

    • @Bernard Beauzamy
      Bonjour,
      Votre blog est très intéressant et instructif. Les bobos-écolos sont des socialistes : ils n’aiment pas le travail, mais ils aiment l’argent des autres. Là, du coup, l’argent des autres, ils en auront moins.
      Ce serait drôle que toute cette clique d’huluberlus perchés teste ses idées qu’elle trouve géniales, pendant le temps de son mandat. Juste pour voir en combien de temps ils tiendraient sans « touner de la carte » (expression entendue en région stéphanoise).

  • j’attends de voir nos ministres, élus et autres fonctionnaires montrer l’exemple et sillonner la France à force de mollet…..et pensons à enlever les stabilisateurs du président voir s’il sait faire du vélo et si son entrejambe supportera la chauffe.

  • « Plan pauvreté », « plan vélo », « décroissance programmée (obsolescence de la France ?) restent des « plans misère pour tous ». C’est la punition pour avoir « abusé » de Gaïa, et de ses habitants moins bien lotis. Ca mettra fin à l’immigration, et on commencera une émigration massive (mais pour où ?). Non ?

  • Le plan vélo, c’est la France dans toute sa splendeur de cancre ! Nous pédalons dans à la choucroute avec un petit 3 %, la moyenne européenne est à 6 % ; au lieu de se la jouer raisonnable, en visant 6, voilà que nous voulons nous retrouver en tête du peloton, avec 9 %. Le tout avec un dopage financier très insuffisant. Franchement, ça m’étonnerait qu’on gagne le maillot jaune !

    • Tout objectif est arbitraire…à 6% c’est « bien » car les autres sont à 6%??????
      Autrement dit les gens ne rouleraient pas à vélo comme ils le désirent sans le savoir?

      si une municipalité ne veut pas de voitures thermique elle met des péages sur les voies qu’elle contrôle.

      là on a un « objectif » complètement arbitraire décidé par un couillon dans un bureau pour des raisons de communication..et en face des mesures…

    • 9% ? Mouais, ils voient plutôt mal nos zélites. Ce serait pas plutôt 9o/oo ❓
      Quand les autres font 6%, c’est jouable, non ❓

    • « Le tout avec un dopage financier très insuffisant. »

      Quelle révélation ! C’est évidemment le manque de moyens qui est responsable de tous les échecs publics. Depuis le temps que les socialistes et les syndicats nous alertent sur ce grave problème…

    • @ Jean Manchzek
      « En dépit de votre plein gré », sans doute!

  • Et s’ils arrêtaient de faire des plans?

  • il est incompréhensible que le port du casque ne soit pas obligatoire pour des raisons sécuritaire !! c’est une évidence si celui-ci l’était, il y aurait moins de pratiquants…
    il ne reste plus qu’ à trouver une formule pour de future taxe, contributions ,leur cerveau est fertile ..d »ailleurs que savent ils faire d’autres !!

    • Absolument. L’obligation du casque diminue la pratique. On l’a observé par exemple en Australie, quand le casque est devenu obligatoire : « Par contre, la Fédération des cyclistes australiens a enregistré une baisse de 30 % du nombre de déplacements faits à vélo dans les mois qui ont suivi la loi rendant le casque obligatoire. Cette baisse a été particulièrement importante dans la tranche d’âge des jeunes adultes et des adolescents ».
      Ce ne serait pas si grave si le casque remplissait son office, me direz-vous. Hélas : « Les études étrangères qui se sont intéressées aux modifications de comportements suite à l’obligation du port du casque concluent toutes à une diminution du nombre de cyclistes. Ce fut le cas au Canada, en Australie et Nouvelle-Zélande. En revanche, le nombre de blessés ne diminue pas autant que l’on s’y attendait (Espagne, Suède). Au contraire, en baissant le nombre de cyclistes, on réduit l’effet de « sécurité par le nombre ». Le nombre de blessés reste souvent le même avant et après la mise en place de la mesure. Le casque n’est donc pas le bon critère pour changer significativement les chiffres de sécurité routière ».

      On pourrait aussi évoquer le concept d’homéostasie du risque : en gros, la capacité à prendre plus de risque si vous vous croyez protégé.

      Conclusion de la FUB : « Comme le démontre l’Observatoire régional de santé Ile de France (étude 2012), le bénéfice de la pratique du vélo est plus de 20 fois supérieur aux risques encourus. Ce ratio très important en faveur du vélo est essentiellement dû aux bénéfices de l’activité physique qui l’emportent largement, à la fois sur les autres bénéfices et sur l’ensemble des risques. Plus la part modale du vélo est élevée, plus ce ratio est important, allant de 19 avec une part modale du vélo de 4 % jusqu’à 27 avec une part modale du vélo de 20 %. Donc les gouvernements devraient se polariser sur l’encouragement à la pratique plutôt que d’effrayer les usagers en donnant au risque d’accident une importance qu’il n’a pas dans la réalité. »

      Apparemment, l’Etat-nounou a du être sensible à ces arguments, car le casque n’a été rendu (récemment) obligatoire que pour les -12 ans.

  • Les pays nordiques, Pays-bas, Danemark, en tête, seraient-ils à la traine ? Je n’en ai pas l’impression. Pourtant leur politique en faveur du vélo à très bien fonctionné.
    Quel rapport entre le dynamisme d’un pays et le vélo ? Le plaisir de critiquer les écolos/bobos était plus fort, il fallait donc faire des raccourcis hasardeux

    • La politique néerlandaise en faveur du vélo, c’est d’abord de rendre les routes bien plates. Nous, on pourrait commencer par la flat tax. 🙂

    • @ Tricky
      Il est probable que l’avènement du « vélo électrique » (« vélo à motricité complémentaire d’origine électrique ») élargisse la clientèle cycliste pour ceux qu’emm… les embarras chronophages de la circulation, en ville, fût-ce en complément, au moins les jours sans pluie! Les autos aussi électriques pourraient avoir un effet semblable, gaz d’échappement en moins. Les voitures à énergie gazeuse utilisant le « GNV », comme dit en France, pourrait aussi jouer. Restera le problème des chaudières à fuel de l’immobilier. Alors, peut-être, Paris sentira-t-il moins mauvais!

      • Je ne suis pas sûr qu’une file de voitures derrière un vélo électrique qui monte à 10 à l’heure une côte à 15% que le cycliste n’aurait jamais emprunté s’il avait dû compter sur ses seuls mollets représente un gain de pollution.

  • Journée à Paris sans voiture 25 % de pollution en moins ..formidable !
    Donc la voiture représente 1/4 de la pollution .Donc qui pollue à 75 % ,et comme par hasard qui on taxe c’est plus facile, la voiture!!! Alors les écolos, l’on ne vous entend plus !!!

  • Les commentaires sont fermés.

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