De leur voiture à leur cercueil, nos élus vous saluent bien

Députés et élus ont bien des facilités pour dépenser votre argent. Voici comment.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Hémicycle en 2012 by Parti socialiste (CC BY-NC-ND 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

De leur voiture à leur cercueil, nos élus vous saluent bien

Publié le 10 juin 2018
- A +

Par Nicolas Perrin.

Nous avons vu que rien ne rend plus heureux nos dirigeants que de disposer de votre argent pour organiser la société comme ils l’entendent : placements, retraites… tout doit y passer. Eux, par contre, s’abstiennent de jouer selon les règles qu’ils établissent spécialement pour vous.

Aujourd’hui, Je vous propose donc de poursuivre notre tour d’horizon des dernières évolutions législatives et réglementaires, ce qui va nous amener à inaugurer une nouvelle rubrique.

 

Auto-moto : vous reprendrez bien une petite louche d’impôts ?

Emmanuel Macron, alors candidat à la présidence de la République, avait laissé entendre qu’il était contre l’abaissement de la vitesse de circulation à 80 km/h sur les routes secondaires. Depuis, le gouvernement d’Emmanuel Macron a indiqué qu’il comptait entériner cette limitation sur les routes secondaires à double sens qui ne sont pas séparées par un rail ou par un muret, avec effet au 1er juillet.

Ainsi, le Premier ministre Édouard Philippe a-t-il adopté, début janvier, la posture du héros épris de rectitude morale pour justifier cette mesure qui permettrait de sauver jusqu’à « 450 vies par an ».

Officiellement, aucun rapport avec une hausse des rentrées d’argent frais consécutives au probable surcroît d’amendes à venir, dans la lignée du déploiement des mitrailleuses à PV que sont les voitures-radars banalisées. Soyez-en sûr, ces mesures sont pensées pour votre bien.

Depuis, le gouvernement s’est décidé à publier le rapport sur les tests de la baisse de la vitesse à 80km/h qui ont été menés entre juillet 2015 et juin 2016. Le problème, comme le rapporte BFM TV, c’est que « le rapport du Cerema ne livre aucun détail sur l’évolution du nombre de décès et de blessés sur ces trois tronçons, ni sur les causes d’éventuels accidents pendant la période de l’expérimentation ».

Voici ce qu’en conclut le magistrat Charles Prats :

Ajoutez à cela qu’Emmanuel Macron (le candidat) avait laissé entendre qu’il n’augmenterait que la taxation du diesel (afin de « réduire massivement la pollution liée aux particules fines ») et pas celle de l’essence, pour finalement augmenter dès le 1er janvier 2018 la fiscalité des deux types de carburants… et vous commencez à avoir de quoi remplir un tombereau de carabistouilles de campagne électorale.

Mais, bien sûr, ces hausses d’impôts frapperont l’ensemble de la population, peu importe que vous soyez un politicien ou un contribuable lambda.

À moins qu’Arnaud Montebourg et ses confrères ne prennent le volant que lorsqu’il s’agit de faire de la communication, par exemple pour mieux convaincre les électeurs que le gouvernement se démène en vue de mener à bien le « redressement productif » de la France.

Il est vrai que des impôts sont nécessaires… surtout si l’on veut continuer à gaspiller de l’argent public.

 

Gabegie : l’argent public, dépensé avec toujours plus de parcimonie

Le 6 décembre dernier, Édouard Philippe a profité de votre argent pour s’offrir un vol privé dont le coût est estimé entre 350 000 et 480 000 euros.

Peut-être l’avion privé utilisé par le Premier ministre disposait-il d’une technologie permettant de « réduire massivement la pollution liée aux particules fines », comme le voudrait notre bon président. Et puis, sans doute, Édouard Philippe devait-il se rendre à une réunion urgente du type colloque sur le manspreading avec Marlène Schiappa…

Je préfère ne pas creuser le sujet de peur d’être déçu ou agacé. D’ailleurs, pour vous parler franchement, j’en viens parfois même à me demander s’il ne faudrait pas que je m’offre quelques séances de méditation afin de pouvoir continuer à rédiger cette chronique dans de bonnes conditions.

Le problème, c’est qu’il faudrait que j’abonde de ma poche et qu’au prix de la séance avec un coach privé, je préfère pour le moment m’en passer… Heureusement, un espoir se fait jour : me faire élire député !

La Croix rapporte les propos du député LREM Pacôme Rupin :

« La méditation est recommandée pour les responsables politiques. […] Un travail sur notre intériorité peut nous aider à prendre du recul et à mieux gérer des situations tendues. »

Après tout, les contribuables britanniques offrent ce type de prestation à leurs parlementaires depuis 2004, alors pourquoi nos représentants n’y auraient-ils pas droit eux aussi, surtout si cela leur permet d’être moins stressés dans leur activité professionnelle ?

À propos de vos élus à l’Assemblée, j’espère que vous avez pensé à leur envoyer un message de soutien après la réforme de leurs frais d’obsèques, et de ce ceux des membres de leur famille.

 

Et même devant la mort, les députés ne sont pas comme les autres

Le plus croustillant, c’est que nos élus croulent à ce point sous les privilèges que Le Figaro précise qu’il s’agit d’ « un avantage parlementaire peu connu du grand public et parfois des députés et sénateurs eux-mêmes » !

Car cette allocation funéraire n’est pas spécifique aux députés. Prévue par les règlements des deux chambres parlementaires, elle couvre le décès des députés et des sénateurs qui viendraient à trépasser au cours de leur mandat… ou après celui-ci… ainsi que le décès de leur conjoint… et de leurs enfants à charge.

Le 14 mars, le bureau de l’Assemblée nationale a décidé de réduire le montant de cette allocation funéraire. Son homologue au Palais du Luxembourg n’a pas réagi à ce jour.

Espérons au moins que si elles sont décidées, les séances de méditation à venir permettront à nos députés de mourir détendus et l’esprit libre.

Parenthèse : si vous trouvez que ces mesures relèvent du gaspillage, sachez que Jacques Attali risque de hurler à l’amalgame. L’ancien conseiller d’État considère en effet que le gaspillage, c’est avant tout quand l’être humain quitte la planète bleue pour aller voir ce qui se passe un peu plus loin que chez lui…

Au final, en dépit du fait que nos dirigeants et nos élus se servent de notre argent comme s’ils tapaient dans un bol de punch à la garden party de l’Élysée, ils ne parviennent pas à dépenser autant qu’il le faudrait pour que la France maintienne son rang dans la compétition internationale de jetée d’argent par les fenêtres.

Comme les recettes fiscales de 2017 sont supérieures à ce qui avait été prévu – quoi qu’insuffisantes pour couvrir les dépenses de l’État – il s’est naturellement trouvé des députés de la majorité pour demander au gouvernement de redistribuer cette « cagnotte fiscale ».

Même si le président et le gouvernement ont une fâcheuse tendance à confondre baisse des dépenses et ralentissement de leur hausse, l’exécutif a heureusement coupé court aux aspirations de ces apprentis pyromanes. À l’Élysée et à Matignon, l’heure est plutôt à l’innovation fiscale et sociale, comme nous le verrons très bientôt.

Pour plus d’informations, c’est ici.

Voir les commentaires (10)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (10)
  • ainsi va la France ….déjà , au moyen age , les rois et leur entourage vivaient grassement avec l’argent public ; rien n’a changé …..et rien ne changera tant il est agréable de dépenser l’argent des autres …..

    • C’est faux. La fiscalité de l’ancien régime était très faible. Les impôts étaient collectés par des sociétés privées qui elles se gavaient. En revanche, l’endettement de l’Etat était gigantesque comme en témoignent les défauts de paiement souverains de cette époque.

  • Moi aussi, je suis pour la limitation à 80 !
    A 80 député macronistes aux prochaines législatives…

    Juste pour une petite satisfaction personnelle, car je sais bien que cet état est incurable.
     » L’Etat est un alcoolique gravement atteint qui souffre à présent de problèmes de manque. Il en est à un stade où son addiction le rend incapable de travailler et où ses maigres revenus en constante baisse ne suffisent plus à subvenir à sa consommation d’alcool en augmentation. Il n’arrive plus à acheter assez pour éviter les sueurs et les tremblements. Votre diagnostic consiste à dire que le problème est seulement causé par un manque d’alcool et qu’il suffit de donner un peu de vodka au patient pour que tout aille mieux dans le meilleur des monde…  » (lu sur libéraux.org)

    • Le problème n’est pas tant celui de l’Etat que celui de nos technocrates… Dans certains États, on roule à 100 sur les routes, voire no limit sur les autoroutes…
      Mais en France nos technos sont obtus, incapables de vrais dialogues ou négos, persuadés d’être dans le vrai. Et ils sont épaulés par des politiques à la fois retors (Macron sur le 80 en est un bon exemple) et stupides (car ils n’ont tjs pas compris qu’ils ont tt à perdre à balancer des mesures honnies et inefficaces)…

      • Ne séparez pas l’état et les technocrates, ils sont uns et indivisibles.
        Cela voudrait dire que l’état est bienveillant, mais que ses sbires sont mauvais, et ce n’et pas le cas.
        Aujourd’hui encore, pour caricaturer certaines situations politiques ou économiques, les Allemands citent une phrase attribuée aux soldat de la Wehrmacht décimés à Stalingrad : « Wenn der Führer das wusste !  » ( si le fuhrer savait ça).
        Cela sous entendait que le fuhrer bienveillant ne pouvait qu’ ignorer dans quel pétrin ils sont pas la faute d’un état-major incompétent.
        A interpréter aujourd’hui par : si les fonctionnaires font des conneries, c’est à l’insu du bon président …

  • La peau ou la carcasse d’un élu mort vaut plus cher au contribuable que celle d’un citoyen « lambda ».? Mais cette pratique en principe devrait remettre en cause la devise étalée au front de tous les établissements publics, celle de « l’Egalité ». Il est vrai que nous sommes tous égaux devant la loi mais qu’ il y en a de plus égaux que d’autres d’après ce que j’essaie de comprendre.

    • Les égaux plus égaux que d’autres, menés par un certain Napoleon, n’est une référence que pour les esprits anglo-saxons. Pour les Français, la ferme des animaux est une animalerie en ligne…

  • Ce que l’on oublie souvent c’est qu’à chaque fois que l’on impose une obligation administrative supplémentaire comme un diagnostic, une déclaration, un droit supplémentaire, c’est que cela à un coût systématiquement soumis à la TVA ou à des charges sociales ce qui de fait constitue un impôt supplémentaire tout en communiquant sur l’absence d’impôts supplémentaires.

  • Contrepoints ne pourrait-il pas lancer une PETITION pour un droit à la VITESSE ILLIMITEE sur certaines portions d’autoroutes en France ?

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Nommé ministre du logement jeudi 8 février, Guillaume Kasbarian avait accordé un entretien à Contrepoints en novembre dernier en tant que député Renaissance de la première circonscription d'Eure-et-Loir et président de la Commission des affaires économiques.

 

Contrepoints : Bonjour Monsieur le Député, merci d’avoir accepté de nous accorder cet entretien. Pour nos lecteurs qui ne vous connaissent peut-être pas, pourriez-vous nous parler de votre parcours et nous raconter ce qui vous a amené à vous engager en politique et à ... Poursuivre la lecture

Aujourd'hui 20 novembre, le septennat fête ses 150 ans. Bien qu'il ait été remplacé depuis plus de vingt ans par le quinquennat, il suscite toujours des nostalgies. Or, l'idée singulière de confier le pouvoir à quelqu'un pendant sept ans, ce qui est long dans une démocratie, est le résultat d'une loi conçue comme provisoire. Un provisoire qui devait durer 127 ans !

L'adoption du quinquennat en 2000 a pourtant laissé des inconsolables du septennat si on en juge par des propositions récurrentes de le rétablir sous la forme d'un mandat pr... Poursuivre la lecture

« Que d'eau, que d'eau ! »

C'est l'exclamation attribuée au président Patrice de Mac-Mahon à la vue de la crue historique de la Garonne, à Toulouse, le 26 juin 1875.

« Que d'air, que d'air ! » brassé à l'Assemblée nationale au sujet de l'eau et des « mégabassines », pourrait-on dire aujourd'hui.

Les dépressions – au sens météorologique – se suivent sur la France avec la régularité d'un métro parisien quand il fonctionne normalement. Elles apportent d'importantes quantités d'eau dont une partie réhumidifie les sols et rech... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles