Stratégie pour le combat des idées, par Ron Paul

Ce que l’engagement de Ron Paul peut nous apprendre sur la défense de la liberté.

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Stratégie pour le combat des idées, par Ron Paul

Publié le 24 mai 2018
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Par Damien Theillier.


Ce texte est librement adapté de divers discours de Ron Paul, ancien candidat à l’élection présidentielle américaine (2008 et 2012), aujourd’hui à la retraite. On me demande souvent s’il vaut la peine de s’impliquer en politique. Je réponds qu’il ne suffit pas de voter ou d’espérer gagner le pouvoir. L’enjeu est d’abord intellectuel et moral, avant d’être politique, au sens militant du terme. Il s’agit de formuler un ensemble de principes simples, applicables dans tous les domaines pour atteindre l’harmonie sociale, la prospérité et la justice. C’est un processus de réflexion qui a préoccupé les philosophes tout au long de l’Histoire. Et certains y sont parvenus avec succès. De nos jours, s’il est un homme politique qui a su fonder son action sur ces principes, c’est Ron Paul. Il est pour moi, comme pour beaucoup, une source d’inspiration permanente. 

Ce que signifie vraiment la liberté

La majorité de nos concitoyens approuve l’idée fausse que le gouvernement est censé prendre soin de nous, qu’il est censé nous protéger et nous apporter le bien-être. Elle accorde sa confiance au gouvernement et lui délègue toutes ses responsabilités.

Pour quel résultat ? Nous avons un complexe militaro-industriel, un complexe médico-industriel, une industrie de la finance et une industrie de la communication. Ils contrôlent le gouvernement avec des centaines de millions de dollars. C’est un contrôle que je qualifie de forme douce, mais redoutable, de fascisme.

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En apparence nous continuons à être riches parce que nous imprimons du papier-monnaie. Pourtant beaucoup commencent à se rendre compte que c’est le chemin le plus sûr vers la servitude.

Il est donc important que nous fassions comprendre exactement ce que signifie la liberté. La liberté est individuelle. Cela signifie que chacun doit être tenu pour responsable des ses actes. Vous avez droit à votre vie et aux fruits de votre travail. Vous pouvez les utiliser comme bon vous semble à condition d’en assumer personnellement les conséquences. En bref, vous êtes libre de mener votre vie comme vous le souhaitez si vous n’empêchez pas les autres de faire de même.

L’élément le plus important d’une société libre, où les droits individuels sont tenus en haute estime, est le rejet de l’initiation de la violence. Toute initiation de la force est une violation des droits de quelqu’un d’autre, qu’ils soient initiés par un individu ou l’État, au profit d’un individu ou d’un groupe d’individus. L’usage légitime de la violence ne peut être que celui qui est requis en légitime défense.

Comment convaincre ?

Pour faire la différence il faut changer la mentalité du peuple. Dans une démocratie, c’est seulement par là que nous pouvons espérer, à terme, changer l’élite au gouvernement.

Nous devons convaincre les gens que c’est l’exercice de la responsabilité personnelle qui est dans leur intérêt. Or je suis convaincu que les gens votent avec leur ventre. Ils ne votent pas avec leur cœur ou leur cerveau. Ils votent avec leur ventre, parce qu’ils votent pour ce qu’ils pensent être dans leur intérêt économique.

Pour convaincre la majorité, il faut donc procéder en plusieurs temps. Il faut d’abord plaider en faveur de la liberté elle-même, c’est-à-dire en faveur de la primauté de l’individu sur l’État.  La liberté ainsi comprise est la réponse à nos problèmes car elle rend chacun responsable de ses propres choix et de ses conséquences.

Ensuite, il faut plaider en faveur de la plus grande prospérité pour le plus grand nombre de personnes, la classe moyenne. Et enfin nous pouvons plaider pour l’excellence dans la vertu.

Les gens se découragent parce qu’ils s’impliquent dans la politique mais en même temps ils se disent qu’un bulletin dans l’urne n’a aucune chance de changer les choses et qu’il y a trop de raisons de perdre courage. Mais la vérité est que nous n’avons pas à nous inquiéter du pourcentage d’opinions opposées à la liberté.

Ce qui compte beaucoup plus, c’est ce que les leaders d’opinion pensent : dans les universités, les médias, la culture, sur Internet. C’est à ce niveau-là qu’il faut agir. Si nous avons les bonnes personnes aux bons endroits, alors la majorité suivra… et les politiciens suivront la majorité.

De la nécessaire tolérance dans une société libre

La liberté dans une société ne peut subsister sans tolérance à l’égard de la façon dont les gens font usage de cette liberté. Or il y a un problème avec ce concept. Nombreux sont ceux qui disent : « Je crois en la liberté tant que vous ne faites pas des choses stupides ou que vous ne faites pas des choses que je considère comme immorales ».

Toutefois la tolérance ne signifie pas nécessairement que vous approuviez les choix des autres, mais seulement que vous approuviez leur droit de faire ces choix. Si vous permettez à quelqu’un d’avoir un style de vie que vous désapprouvez, cela ne signifie pas que vous devez l’endosser. Beaucoup de gens sincères ne comprennent pas bien cela. Ils pensent que légaliser la liberté de choix signifie approuver ce que les gens font.

Inévitablement certaines personnes dépenseront leur argent d’une façon que nous désapprouvons. D’autres auront des habitudes sociales que nous condamnons. Mais la règle est que nous n’avons pas le droit d’agresser les autres, ni de les voler. Pour le reste, il faut laisser les gens libres d’opter pour le mode de vie qui leur convient. Le système de la liberté n’est pas parfait mais il est juste. Il y aura toujours des problèmes, il y aura toujours des défis mais je suis absolument convaincu qu’il y aura moins de pauvres et une plus grande paix sociale.

Les principes de non-agression et de tolérance doivent s’appliquer également aux relations internationales. En effet, les relations entre les États n’échappent pas aux principes éthiques qui s’imposent entre les individus. Une bonne politique étrangère doit être fondée sur la Règle d’Or : ne pas faire aux autres nations ce que nous ne voulons pas qu’elle nous fassent. Nous bombardons sans cesse des pays, nous chassons leurs dirigeants et nous nous demandons pourquoi ils se retournent contre nous ? Nous devons simplement cesser de prétendre dire au monde comment il doit vivre.

La liberté personnelle et la liberté économique ne peuvent être séparées

Le système à base d’argent-papier de la Banque centrale est la source majeure de nos soucis économiques. Il explique pourquoi le Congrès ne peut contrôler ses dépenses, pourquoi il peut financer ses guerres et l’État policier. Le monopole de l’argent papier fausse les signaux économiques, il crée des cycles de boums et d’effondrements. Il vole les citoyens avec cette taxe cachée qu’est l’inflation.

En manipulant la masse monétaire pour fixer les taux d’intérêt, la Banque centrale est engagée dans la fixation des prix. Après tout, les taux ne sont rien de plus que le coût de l’argent. Comme tous les prix, ils communiquent aux acteurs des marchés des informations à propos des conditions économiques. Les tentatives de la Banque centrale de remplacer les taux de marché par ses taux faussent les signaux envoyés aux entreprises, aux investisseurs et aux consommateurs. Le résultat de cette distorsion est une succession de pics et d’effondrements économiques.

Les contribuables et les épargnants sont ainsi pillés quotidiennement à des niveaux sans précédent pour maintenir en vie toute une série de banques zombies, des créances douteuses, un taux de chômage élevé, des faibles créations d’entreprises et un gouvernement en faillite. C’est pourquoi de nombreux jeunes n’ont aucun espoir pour leur avenir.

Comment changer les choses ?

La monnaie doit être rendue au peuple des mains du gouvernement et de l’appareil de planification de la Banque centrale. Malheureusement, mais sans surprise, de nombreux gauchistes qui critiquent les politiques économiques actuelles ne souhaitent pas un marché libre de la monnaie. Ils veulent plutôt une Banque centrale plus démocratique. Ils pensent que le système des Banques centrales pourrait fonctionner à coups de réglementations monétaires.

Ces gauchistes pensent que les classes moyennes et ouvrières bénéficieraient de politiques monétaires « stimulantes » (soit inflationnistes). Penser que l’inflation est positive pour le citoyen moyen est un déni de réalité. Ce sont les citoyens moyens qui souffrent le plus lorsque les bulles créées par les politiques inflationnistes de la Banque centrale finissent inévitablement par éclater. Les véritables bénéficiaires de l’inflation sont les capitalistes de copinage et les politiciens dépensiers.

Au lieu de dépenser de l’énergie inutile à réformer la Banque centrale, ceux qui souhaitent la restauration véritable des marchés libres, la réduction des inégalités et la promotion de la paix et de la prospérité, devraient œuvrer pour la suppression des Banques centrales et la restauration d’une concurrence entre des monnaies privées.

Personne ne semble vouloir considérer la monnaie saine et le libre échange comme une alternative. Le système de la Banque centrale et de la monnaie papier conduit aux cycles économiques et au chômage. Il nous apporte également des crises mondiales et des guerres. Pour atteindre la paix et la prospérité, il nous faut accepter l’idée de marché libre et de monnaie saine.

Toute intervention de l’État dans le commerce, tant intérieur qu’extérieur, doit être abolie, pour des raisons à la fois pratiques et morales. Même si d’autres pays maintiennent leurs barrières protectionnistes, nous se souffririons pas, mais bénéficierions, d’une suppression unilatérale des nôtres. Nous améliorerions notre productivité, transférerions les ressources vers les secteurs dans lesquels nous avons quelque avantage, nous deviendrions plus prospère et fabriquerions davantage de produits peu chers à notre population.

Et nous contribuerions ainsi à assurer la paix, tout en donnant un exemple au monde pour qu’il nous suive dans cette voie. « Quand les personnes et les biens traversent les frontières » aimait à dire Ludwig von Mises, « les armées ne le font pas ». Un commerce libre, étendu, et non subventionné, entre tous les peuples de la Terre, diminuerait les tensions et nous rendrait tous plus prospères. Tant moralement qu’économiquement, c’est là la seule politique convenable.


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