Par Bill Bonner.
Nous vivons sans le moindre doute une époque miraculeuse. Même ici, dans un coin reculé des Andes, nous pouvons allumer notre ordinateur portable et recevoir des messages de partout dans le monde – avec des photos !
Nous pouvons monter dans notre camionnette avec climatisation intégrée et, sans nous soucier du vent ou de la météo, rouler pendant quelques heures… pour venir nous garer, quelques heures plus tard, devant un bon restaurant où est servi du poisson tout frais pêché dans l’Océan Atlantique.
Les miracles de la science économique moderne
Voici un autre miracle. Pendant des milliers d’années, le meilleur prix était découvert par des vendeurs et des acheteurs de leur plein gré.
C’était désordonné. C’était imprévisible. Et tous ces gens se trompaient tout le temps, parce qu’ils changeaient d’avis toutes les minutes.
Eh bien… voilà qu’un groupe d’universitaires, à des milliers de kilomètres de là , a trouvé une meilleure solution.
Lorsque les prix des actions ont chuté en janvier 2000, par exemple, ils savaient que ces nouveaux prix n’étaient pas les bons. Ou du moins qu’ils n’étaient pas ceux qu’ils voulaient. Ils se sont donc mis au travail pour les faire évoluer.
Puis, en 2008-2009, ils en savaient à nouveau plus long que tous les analystes, traders et investisseurs de la planète : ils savaient que les actions auraient dû s’échanger à des prix plus élevés !
Et quelques mois de travail plus tard… c’était bien le cas ! Miracle !
À présent, ils savent – à deux décimales près – combien les emprunteurs devraient payer leurs prêts. Littéralement.
Ils ont conçu – et mis en place – tout un programme pour augmenter les taux d’intérêt. D’ici la fin de l’année, ils se débarrasseront des obligations US au rythme de 600 milliards de dollars par an – pour que les rendements prédominants reviennent au niveau déterminé par ces experts.
Ils savent aussi de combien les prix à la consommation devraient évoluer… et dans quelle direction.
Si, si ! Selon eux, le taux d’inflation devrait être de 2% par an.
Pas -2%. Pas 2,2%. Deux. Pour. Cent. Et puis c’est tout. Miracle !
Et voici qu’arrive l’équipe Trump, qui commet encore plus de miracles.
Comment est-il possible qu’une star de la téléréalité, avec l’aide d’un économiste fêlé et d’un escroc de la sidérurgie, sache où les Américains devraient acheter leur acier – au Canada, c’est bon… En Chine, non – et combien ils devraient le payer ?
Un miracle de plus !
Les miracles des prix et quantités régulés
Autrefois, les acheteurs et les vendeurs devaient s’en tenir au meilleur accord qu’ils puissent passer.
À présent, les génies arrivent – et proposent un meilleur accord. Enfin, meilleur… pour certains, du moins.
Qu’en est-il des gens qui achètent des voitures et autres véhicules ? Avant, il fallait qu’ils déterminent eux-mêmes le prix. L’acheteur recherchait la meilleure offre existante… et l’acceptait.
Mais les faiseurs de miracles sont parmi nous. Forbes nous en dit plus sur l’accord passé par l’administration Trump avec la Corée du Sud :
« L’accord lui-même n’a pas été publié, mais selon les rapports :
Les États-Unis maintiendront leur tarif douanier de 25% sur les camions légers pendant 20 ans encore ; il sera progressivement éliminé, jusqu’à disparition complète en 2041.
La Corée du Sud augmentera son quota annuel d’automobiles remplissant les critères de sécurité américains mais non les critères coréens à 50 000 par constructeur, contre 25 000 à ce jour ».
Grâce à des milliers d’années d’expérience, les gens ont appris qu’ils ne peuvent pas faire mieux que les accords gagnant-gagnant à l’ancienne. Les acheteurs et les vendeurs se débrouillent entre eux.
Mais ça, c’était avant l’Ère des Miracles. À présent, il y a mieux !
(Nous n’en avons pas encore vu la moindre théorie pratique ni la moindre preuve… mais c’est bien ce qui rend la chose si miraculeuse).
Personne ne sait en quoi c’est mieux.
Personne ne sait pourquoi c’est mieux.
Et tous ceux qui se sont donné la peine d’y réfléchir plus de deux secondes pensent que c’est pire.
Mais c’est bien là l’avantage des miracles : comme l’Immaculée Conception ou la victoire de la France en Coupe Davis en 1991, ils n’ont pas besoin d’être logiques.
Pour plus d’informations, c’est ici
Comme il n’y avait plus de calcul économique en URSS, les planificateurs décidaient des prix avoir consulté les catalogues de produits fournis par les pays non communistes.
Le problème, c’est qu’aujourd’hui nous n’avons le choix qu’entre l’économie dirigée par les uns et l’économie dirigée par les autres. On peut toujours conspuer les uns (ou les autres), mais les autres (ou les uns) n’apportent aucune garantie de mieux faire. Et quand les uns ou les autres se plantent manifestement, personne n’en attribue la cause à leur refus de laisser s’appliquer ces lois d’équilibre naturel de l’économie. Je trouve que c’est encore plus net avec la succession Hollande-Macron en France qu’aux USA…
L’auteur peut défendre la réalité du marché contre les croyants de l’économie dirigée, il n’empêche que les illustrations qu’il donne montre soit son incohérence soit qu’il défend plutôt son propre intérêt.
Prenons le cas de la « star de la TV réalité » que tout le monde aura reconnu.
Les dernières mesures de Trump, de nature tarifaire et quota d’importation sont qualifiés par B.Bonner d’économie dirigiste. Or, Trump a mené aussi une politique de libéralisation ! 2 exemples :
– la fin de la neutralité du net, qui était en fait un cadeau d’Obama pour ses amis du GAFAM, mais pire un contrôle étatique possible,
– le démontage en règle de toutes les normes de la lutte contre le RCA.
Ainsi, Trump a mis fin à l’obligation des administrations de diminuer impérativement leur production de CO2. Obama avait signé une telle mesure dans le plus parfait esprit dirigiste le plus hypocrite : Évidemment, le gain en CO2 ne sera pas une vertu, mais une activité artificielle en lieu et place de l’objectif, et payée par les poches sans fonds des contribuables !
En fait, Trump est libéral dans le cadre de ses frontières et dirigiste à l’extérieur. B.Bonner peut être contre, mais il aurait été plus cohérent s’il s’était présenté comme libéral sans frontière, soucieux de ses intérêts financiers, sans égard pour ceux (la classe moyenne) qui n’ont pas les mêmes moyens mobiles, et dépendent d’un cadre économique national…