Par Kerry McDonald.
Un article de Foundation for Economic Education
Notre liberté du choix de la scolarisation à domicile s’accompagne de la responsabilité de la protéger.
L’enseignement à domicile aujourd’hui ne rencontre pas d’obstacles. Beaucoup d’entre nous portaient encore des couches quand, en 1977, l’éducateur John Holt a créé Growing Without Schooling (Grandir sans école), le premier bulletin d’information, aux États-Unis, de mise en relation et d’encouragement des familles adeptes de ce mode d’éducation. Holt, et d’autres réformateurs sociaux ont fourni le support et créé les réseaux qui ont mené finalement à la légalisation de cette nouvelle pratique d’enseignement aux États-Unis à partir de 1993.
Je m’interroge parfois sur le courage qu’il a fallu à ces parents, partisans de la scolarisation à domicile, pour retirer leurs enfants de l’école avant que ce ne soit pleinement légal, et pour mettre en oeuvre une éducation alternative alors qu’ils étaient souvent seuls sur cette voie. Je me demande si j’aurais eu le même courage.
L’enseignement à domicile se généralise
Aujourd’hui, l’enseignement à domicile est officialisé, le nombre d’élèves en bénéficiant s’élève à environ deux millions à l’échelle nationale1. Les familles, de toutes races, classes, religions, ethnies, idéologies et philosophies l’adaptent en fonction de leurs besoins et de leur style de vie. Par exemple, les Afro-américains qui choisissent l’école à la maison sont de plus en plus nombreux, souvent sous l’effet du racisme institutionnel présent dans les écoles ; l’un des groupes connaissant la croissance la plus rapide serait celui des Américains musulmans.
L’enseignement à domicile étant devenu largement répandu, et reflétant davantage la diversité de notre société, il semble facile aujourd’hui de se reposer sur ses lauriers. La plupart d’entre nous ne se formalisent plus des visites de contrôles ou ne cherchent plus un environnement social respectueux de ses choix d’éducation en famille. Nous ne craignons plus le regard inquiet des passants devant le spectacle de nos enfants s’ébattant joyeusement à l’extérieur un jour de printemps, en pleine semaine. Nous exerçons notre choix parmi une vaste gamme d’approches pédagogiques, en sélectionnant les méthodes convenant le mieux à leurs besoins, et non au personnel scolaire.
Nous pouvons même en oublier à quel point il s’agit d’un privilège récent. Notre liberté de choisir l’instruction à domicile est due en grande partie à ces parents courageux qui nous ont précédés. Leur choix et leur activisme ont rendu possible et agréable la pratique de l’école à domicile.
Mais la liberté est fragile
Notre liberté contemporaine d’enseignement à domicile s’accompagne aussi de la responsabilité de protéger cette liberté. Bien que nous n’ayons pas eu à nous battre pour obtenir le droit de pratiquer l’école à la maison, nous allons devoir certainement nous battre pour le conserver. Plus l’enseignement à domicile se banalise au lieu d’être l’exception, plus le risque est grand de voir l’État s’efforcer de restreindre cette liberté, renforcer la réglementation et en accroître la surveillance.
Nous voyons cette tendance s’intensifier en Californie : le cas odieux de la famille Turpin, exemple flagrant d’abus de pouvoir, a conduit récemment cet État à renforcer l’arsenal législatif à l’encontre de l’enseignement à domicile. Le projet de loi actuel vise à mettre un frein à l’enseignement à domicile, exiger une supervision de l’Etat avec la création d’un comité consultatif chargé d’enquêter sur cette pratique et, éventuellement, de la réformer. Comme le relate la National Public Radio : « Cela pourrait s’étendre de l’inspection du domicile à l’accréditation des enseignants, et à l’établissement de programmes d’études spécifiques.»
Le moment est venu aujourd’hui, pour ceux d’entre nous pratiquant l’école à domicile, de prouver notre gratitude à l’égard de nos prédécesseurs en poursuivant leur lutte. Il nous incombe de préserver nos libertés d’enseignement à domicile de l’intrusion de l’Etat afin que nous puissions continuer à vivre hors du cadre de l’école.
Que nous ayons eu ou pas le courage d’initier cette liberté d’enseignement dont nous jouissons aujourd’hui, nous devons avoir le courage de la préserver.
—
Traduction par Contrepoints de Hard-Won Homeschooling Freedoms Are Under Threat and Must Be Defended.
- Aux Etats-Unis. ↩
Je ne partage pas cette opinion.
En effet, dans le monde où nous vivons avec la multiplication des communautés et la destruction de notre société européenne, ce système encouragerait le communautarisme à la base de la société anglo-saxonne et détruirait un peu plus notre vision d’une société harmonieuse et unie.
Mais pour cela, encore faudrait-il que le système d’éducation nationale privilégie la sélection des meilleurs et la recherche d’excellence. C’est évidemment loin de ce qui se passe aujourd’hui avec le tohu-bohu qui règne dans la plupart des classes d’école.
Aujourd’hui une part de plus en plus importante de notre population cherche à vivre à sa manière en pratiquant ses habitudes et ses mœurs. L’école publique est – encore – un endroit où cette pratique est rendue difficile. Encourager l’école à domicile, c’est encourager le communautarisme et détruire la société.
L’école publique n’est une solution au communautarisme qu’en théorie, et on ne peut pas dire si une école au choix à domicile ou en classe publique, accompagnée d’étapes régulières de contrôle des connaissances, ne montrerait pas que c’est cette validation à intervalles fixes qui compte, et non l’endoctrinement laïque au vivrensemble et à l’écologie politiquement correcte.
Il y a 50 ou 70 ans, l’enseignement religieux catholique était “interfacé” avec le cursus normal par des examens significatifs : certificat d’études, entrée en 6e, BEPC, Bac. A mon avis, ces étapes comptent bien plus que le reste.
Compte-tenu de l’ambiance qui règne dans certains collèges, l’école à la maison peut une solution indispensable, on ne peut demander aux enfants d’être plus courageux que les politiques et d’affronter seuls les renoncements des adultes.
… l,école à la maison peut « être » une solution indispensable, voire va devenir LA solution unique, les pouvoirs publics baignant dans le vivre ensemble acidulé.