Les députés et leur indécente complainte de Noël

Cette année, oublions les orphelins de Madagascar ou les enfants malades du Bangladesh, car c’est en France que ça se passe : les laissés pour compte sont… des députés !

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Forgive me by girl afraid (CC BY-NC-ND 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Les députés et leur indécente complainte de Noël

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 24 décembre 2017
- A +

Par Nathalie MP.

Évidemment, les plaisirs que j’anticipe pour vous et moi ne sauraient nous faire oublier qu’on rencontre encore trop de malheur, trop de pauvreté et trop d’injustice dans ce monde de brutes.

Mais cette année, oublions les orphelins de Madagascar ou les enfants malades du Bangladesh, car c’est en France que ça se passe, sous nos yeux, à deux pas de chez nous, et dans une indifférence aussi totale que scandaleuse quand on songe que nous avons l’immense privilège de vivre dans LA patrie de l’égalité et des droits de l’homme.

Par bonheur, nos médias résolument engagés pour le meilleur de l’info auprès de notre belle République en marche française, se sont empressés de tirer le signal d’alarme, nous enjoignant d’ouvrir nos portefeuilles (ratures subtiles, clin d’oeil !) nos coeurs compatissants au cas infiniment émouvant et trop peu connu d’une catégorie de compatriotes qui se débattent depuis quelques mois dans la misère la plus noire et les difficultés personnelles insolubles : Mesdames et Messieurs, les Macron’s Boys & Girls n’y arrivent plus, il sont au bord de la crise de nerfs !

Ces députés qui mangent des pâtes

On découvre en effet avec stupeur et affliction la triste histoire de ces nouveaux conseillers, députés, ministres… qui, pour avoir emboîté avec enthousiasme le pas du pétulant Macron, se retrouvent purement et simplement exploités au travail pour des salaires de misère et des horaires dignes d’un ultra-capitalisme d’un autre âge.

À lire nos journaux, leur vie est devenu un enfer synonyme de burn-out généralisé, divorces en pagaille, baisse dramatique du pouvoir d’achat et malnutrition préoccupante.

La première alerte est venue d’un député LREM qui n’a même plus les moyens de se loger, se nourrir et se vêtir correctement tant le service de l’État ne paie pas :

 Je vais moins souvent au restaurant, je mange pas mal de pâtes, j’ai ressorti des vêtements de la cave et je vais devoir déménager.

C’est vrai quoi ! De nos jours, avec 5 782,66 € net par mois, plus quelques petites indemnités par-ci par-là et une rallonge récente de 1 200 € pour se loger à Paris, on ne s’en sort pas !

Les Restos du Coeur devraient réfléchir à ouvrir une cantine et un centre d’hébergement pour parlementaires en détresse. Voilà qui serait citoyen et solidaire. On ne peut laisser les hommes et les femmes en charge du législatif de la Nation coucher sous les ponts et dépérir d’inanition.

Des députés qui n’ont plus de vie personnelle

Mais il y a plus grave encore. Après l’inanition, l’aliénation : nos malheureux élus et autres conseillers, députés, de LREM ne s’appartiennent plus. Séduits par un Emmanuel Macron vert printemps pendant la campagne présidentielle, tout de pourpre et d’éclat régalien maintenant, ce sont non seulement leurs jours mais aussi leurs nuits, non seulement leur temps ordinaire mais aussi leurs vacances qu’ils doivent consacrer au bien de la France et des Français.

Regardez ce pauvre Castaner. Il n’en voulait certes pas, de ce poste de chef de parti ! Et ce n’est certainement pas lui qui aurait dit que la politique, c’est se placer « au bon endroit et au bon moment, sans forcément savoir ce que sera l’après. » En tout cas, s’il l’a dit, c’était probablement sous les effets de la drogue ou de l’émotion, ou alors dans une autre dimension. Car le voilà maintenant confronté à la dure perspective d’être avalé tout cru par le job :

J’ai disparu de ma vie privée. C’est dur, confie-t-il, je me suis effacé derrière une cause. Et cette cause, c’est lui.

Pour certains, cette « disparition de leur vie » pour « lui », Macron, va même jusqu’à créer des complications sentimentales tellement aiguës que l’inimitable Closer, habile à faucher le politicien au creux du lit, s’est intéressé au sujet. Les menaces de divorces rôdent dangereusement dans les cabinets ministériels et l’esprit de Noël semble absent, malgré le beau sapin qui trône dans la cour de l’Élysée :

À Noël, il va y avoir beaucoup d’ultimatums familiaux, genre Si tu y retournes (au taf avec Macron), je te quitte.

Tout ça… pour ça !

C’est horrible. D’autant plus horrible que toute cette abnégation matérielle et sentimentale s’est accompagnée d’un travail remarquable qui n’avait jamais, je dis bien jamais, été fait auparavant. D’ailleurs Macron l’a proclamé lui-même lors de son interview avec Delahousse : jamais depuis 20 ans, jamais depuis 40 ans, je suis le premier à l’avoir fait, le premier à l’avoir proposé, le premier à m’y être engagé etc. etc.

Bref, le gouvernement a tellement réformé, retaillé, reclassé et réarrangé, là où ça fait mal, là où tout le monde reculait, jours et nuits et vacances comprises, que dans le budget 2018 nos dépenses publiques, nos prélèvements obligatoires, notre déficit public et notre dette publique … sont tous en recul augmentent tous ! Français-zezé-Français, Joyeux Noël !

Alors ayons une douce pensée émue et reconnaissante pour ces vrais déshérités de l’engagement, pour ces « belles personnes » extraordinairement méritantes que leur dévouement sans faille à une tâche suprême auprès d’un chef jeune, beau, brillant et charismatique – mais exigeant because La France ! Mon Peuple ! etc.. – tient éloignées des réveillons gastronomiques, des comptes en banque rebondis et de la chaleur familiale.

Indécente complainte de Noël

C’est justement le moment d’entourer nos députés surmenés, abandonnés et sous-alimentés de toute la sollicitude dont nous sommes capables. Reconnaissons que leur prodigieux désintéressement est admirable et mériterait une récompense vraiment à la hauteur.

N’allons pas nous imaginer sans raison qu’ils cherchent à se faire plaindre et à passer pour les injustes victimes de leur sens du devoir. Et quoi qu’il nous en coûte, ne nous laissons surtout pas aller à la facilité mesquine de voir dans cette triste complainte de Noël une indécence aussi pleurnicheuse que grotesque. Amen.

Mais trêve de contes et fariboles à dormir debout ! Revenons sur Terre.

Pour vous, je souhaite que ce Noël imminent rejoigne ces moments simples et pourtant précieux où l’on oublie tout ce qui pèse et sépare pour se laisser aller au plaisir d’être bien ensemble, entre confection de bons petits plats, jeux idiots et amusants, rires, bavardages et joutes taquines qui font les grands moments des réunions familiales insouciantes et heureuses.  Très joyeux Noël 2017 à tous !

Sur le web

Voir les commentaires (22)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (22)
  • Nos chers députés au nombre de 577 ne touchent point 1 indemnité mais 3, dont seule la 1ère est imposable !

    Ces braves en sus sont absents, des lois, des budgets sont votés avec une petite cinquantaine de députés !!!!! Est-ce normal ? Assurément NON !

  • les pauvres choux ; pour un peu j’en aurai la larme à l’œil……mais trève de plaisanterie ; ces gens là on fait un choix , qu’il l’assume et cessent leurs pleurnicheries ; c’est indécent , d’autant que les députés de ce gouvernement ont la réputation de beaucoup moins travailler que ceux des autres partis ; je ne leur souhaite pas de passer de bonnes fêtes , ils ne le méritent même pas ;

  • c’est lamentable !!

  • pour les ramener à un peu plus de modestie, je propose la réforme suivante :
    – tirage au sort des députés dans des circonscription de 200 000 habitants, pour représenter la population française et en réduire le nombre à 350 environ,
    – tirage au sort des sénateurs dans des circonscriptions de 3 000 km2, pour représenter le territoire français et en réduire le nombre à 230 environ.

    • …….vous proposer la vrai démocratie………
      j’y crois pas!

    • Petit problème si le tiré au sort a mieux à faire que de la politique et ne veut pas d’emmerdements. N’accepteront alors que des citoyens représentatifs des laissés pour compte. Pas vraiment idéal comme système. Mais les députés Macron n’ont il pas justement un tel profil ?

  • Bravo Nathalie pour votre populisme et anti parlementarisme. Les députes manquent cruellement de moyens pour exercer réellement leur mission de législateur et de controle de l’exécutif: on est géré par les fonctionnaires qui sont ravis de votre anti parlementarisme!

    • 518 millions de budget en 2017 (soit 74 000 €/mois et par personne) rien que pour les députés et vous venez sans honte insulter ceux qui vous entretiennent ?

  • Quand même! avoir mis ses vieux vêtements à la cave au lieu de les donner à la Croix-rouge, quel égoïsme!

    Bon, sérieusement: certains parlementaires gagneraient plus dans le privé. Si on veut autre chose que des brêles ou des corrompus au Parlement, il faut y mettre le prix.
    Mais, plutôt que de se plaindre comme elle l’a fait, la députée aurait mieux fait de donner le détail de ses dépenses pour que nous puissions juger. C’est sûr que la grande masse des gens a du mal à comprendre.

    • Il y a beaucoup de gens très compétents (j’oserai dire plus compétents que nous députés) qui gagnent nettement moins que ça. Chercheurs et universitaires en tête qui n’arrivent à ce genre de salaires qu’en toute fin de carrière. Les entreprises comptent aussi beaucoup de cadres de bon niveau gagnant moins (ça dépend des secteurs et des entreprises, mais… ) et surtout s’ils ont choisi de faire députés c’est deux choses et deux choses seulement : soit ils gagnent plus qu’ils ne pourraient gagner ailleurs, soit ils ont plus de pouvoir plus de « prestige social » et dans tous les cas ils estimaient qu’ils seraient mieux comme députés qu’autement.

      Donc soit ils se foutent de notre gueule, soit ils sont nuls et ont été incapables de juger correctement les gains et coûts associés à un mandat parlementaire, soit les deux… Dans tous les cas ils méritent des quolibets plus que notre compassion.

  • Ben, ils ont choisi, il.le.s n’ont pas été forcé.e.s que je sache.
    Ils peuvent très bien choisir un nouveau métier plus rémunérateur.
    De quoi regarder un tel spectacle d’un œil gogue.nard ❗

  • La misère en résumé, les 3 indemnités représentent 7 smic et une imposition que d’une partie …..merci la république
    Un jour sur trois sans utilité….. et beaucoup d’absences pour occupations en circonscriptions
    La réduction 1/3 du nombre de ( – 192 ) ferait une belle économie pour les contribuables Supprimons la multitude de lois inutiles crées par les fonctionnaires (bercy) et malheureusement adoptées par quelques dizaines d’élus présents en séance
    Et les députés auront une belle situation bien payée

    • J’ai écrit une fois à mon député au sujet d’une loi qu’il avait votée mais qu’il refusait d’appliquer, il n’a pas daigné me répondre. Ces enfoirés osent ensuite venir de voter pour eux.

  • Pouvoir et abus de pouvoir sont des frères siamois. La nature humaine est telle que beaucoup d’élus se croient autorisés à s’accorder des avantages auxquels les gens ordinaires, normaux, n’ont pas droit.

    Il manque à nos élus le sens de l’abnégation, du dévouement, du service et du … résultat. Pour ce qu’ils font, il y en 550 de trop.

    En fait, ils ne servent à rien de plus que les courtisans de l’ancien régime : lécher les bottes du souverain, sous peine d’exil et de privation des faveurs accordées par le système.

    à dégager tout ça : les citoyens seraient mieux représentés par une assemblée telle que le conseil économique, social et environnemental, pourvu que ses élus soient effectivement élus par chacune des différentes catégories sociales et économiques de ce pays, qui disposeraient d’un nombre de sièges déterminé en fonction de leur nombre de personnes qui accepteraient d’y adhérer et de s’y reconnaître par une cotisation symbolique déductible des impôts

  • Nos députés sont nos représentants légaux et moraux. Ils véhiculent les messages que nous leur transmettons. Leur misérabilisme n’est pas plus indécent que celui des 60 millions de consommateurs pauvres qui tirent à boulets rouges sur leurs médecins obligés de mendier leurs honoraires. Le grand principe du socialisme est l’égoïsme collectif dont Marx faisait l’apologie. Un député pour être élu doit avoir démontré des qualités d’intelligence, de culture, d’empathie, d’organisation, de leadership, de combativité qui sont des qualités rares au pays de la médiocrité. Si vous avez ces qualités vous pourrez certainement, dans un autre domaine gagner autant que lui.

  • Votre article est un superbe cadeau de Noël! Joyeuses fêtes à vous.

  • Autre solution: les députés, – en nombre inférieur à 200 – ne seraient pas payés du tout.
    Devant puiser dans leur cassette personnelle, ils feraient peut-être moins de bêtises.

    • Je préfère une solution aujourd’hui équivalente, mais plus pleine de promesses : les payer à la vraie valeur du travail qu’ils accomplissent.

      • @MichelO
        Pourquoi ne pas les payer en rapport du salaire moyen ou médian français ? Plus ce dernier serait haut, mieux rétribués ils seraient.

        • Peut-être, mais méfions-nous des perversions. Il ne faudrait pas, par exemple, que ce soit le salaire avant impôts qui serve à l’indexation, mais bien le net de net…

          • @MichelO
            Bonjour et bonnes fêtes.
            Si on devait se méfier des perversions, il faudrait éviter que cette bande de voleurs patentés mettent ses mains dans le grisby public. Et surtout pas qu’ils décident eux-mêmes de leur rétribution.
            Il est vrai que je ne me suis pas posé la question de savoir si le salaire médian ou moyen français était calculé avant ou après ponction. Pour eux, ce serait en rapport du salaire médian/moyen net. D’ailleurs, on pourrait additionner médian+moyen ce qui donne en ce moment : 1772+2202=3974. Mieux le pays se porterait, mieux ils seraient payés. (aucune des autres sommes ne sera perçue)

  • « Art. 1 Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. »
    Art. 2. Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression.

    Tant que chacun d’entre eux se permettra de marcher ces deux aricles, ce sera le cirque démocratique en France, avec des clowns qui se plaindront de ne gagner « que » 5000€.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
7
Sauvegarder cet article

Notre nouveau et brillant Premier ministre se trouve propulsé à la tête d’un gouvernement chargé de gérer un pays qui s’est habitué à vivre au-dessus de ses moyens. Depuis une quarantaine d’années notre économie est à la peine et elle ne produit pas suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins de la population : le pays, en conséquence, vit à crédit. Aussi, notre dette extérieure ne cesse-t-elle de croître et elle atteint maintenant un niveau qui inquiète les agences de notation. La tâche de notre Premier ministre est donc loin d’êtr... Poursuivre la lecture

Le fait pour un gouvernement de solliciter et d’obtenir la confiance de l'Assemblée contribue à la prévisibilité, la stabilité et la sincérité de l’action publique, et cela devrait être reconnu comme indispensable.

Le 30 janvier dernier, Gabriel Attal a prononcé son discours de politique générale, sans solliciter la confiance de l’Assemblée, avant qu’une motion de censure soit soumise, puis rejetée le 5 février. Le gouvernement Attal, comme le gouvernement Borne avant lui, a donc le droit d’exister, mais sans soutien de la chambre.

... Poursuivre la lecture
8
Sauvegarder cet article
« Je déteste tous les Français »

Le 3 février dernier, un immigré malien de 32 ans, Sagou Gouno Kassogue, a attaqué au couteau et blessé grièvement des passagers de la Gare de Lyon. Finalement maîtrisé par l’action conjuguée des passants, des agents de sécurité et des membres de la police ferroviaire, l’homme en garde à vue a été mis en examen pour tentative d’assassinat aggravée et violence avec armes aggravée.

Les premiers éléments de l’enquête dévoilés par le préfet de police de Paris révèlent les discours conspirationnistes d’un in... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles