Par Johan Rivalland.
Noël approche… le moment de trouver des idées de cadeaux aussi.
Présentation de quelques-unes des créations d’un auteur bien singulier et hors norme dans l’univers de la Bande dessinée. D’une originalité incroyable et une imagination sans pareil.
Jules Corentin Acquefacques, prisonnier des rêves (6 tomes)
Comme pour Le dessin, ici encore nous avons affaire à une histoire absolument originale, dans un style incomparable par rapport à tout ce que j’ai pu lire dans la bande dessinée auparavant. Une capacité de l’auteur à vous surprendre, à créer l’inédit et l’inattendu.
Plongés dans une atmosphère kafkaïenne oppressante (le nom du personnage est d’ailleurs une sorte d’anagramme ou métathèse de Kafka), où l’espace vital extrêmement limité et le noir et blanc renforcent le caractère de l’absurde, on suit les interrogations du personnage principal, employé au ministère de l’Humour.
Où l’on remarquera ici ou là quelques références en forme de clin d’œil, tel ce grand tableau intitulé “Le serment du jeu de mots”.
La page de préface elle-même ouvre l’énigme, puisqu’elle indique, en caractères blancs sur fond noir : “L’humour a ses raisons que la raison ignore” (sous la forme du célèbre “le cÅ“ur a ses raisons que la raison ne connaît point” de Blaise Pascal).
Le titre du premier tome, L’origine, constitue à lui seul une énigme à part entière. Mais ceux des suivants n’en sont pas moins tout aussi mystérieux et originaux : La Qu…, Le processus, Le début de la fin, La 2,333ème dimension, Le décalage.
Un univers fascinant
Et à chaque volume, Marc-Antoine Mathieu parvient à nous surprendre, en faisant preuve d’une créativité sans pareil, du jamais vu dans l’univers de la BD. Par des effets totalement inattendus dont je ne peux trop vous dévoiler la teneur, afin de ne pas gâcher l’effet de surprise.
Variant les effets, jouant à la fois sur les espaces, les dimensions, les volumes, ainsi que sur la tonalité particulière du noir et blanc, on se trouve véritablement transporté à travers les pages de cette histoire un peu folle aux contours diaboliques. De manière éblouissante. Chaque album est une surprise à lui tout seul, voire confine à l’œuvre d’art.
À la lisière entre le célèbre Prisonnier et La réalité de la réalité, nous sommes plongés dans une dimension intermédiaire entre la bande dessinée classique, dont la représentation habituelle est en deux dimensions (hauteur / largeur) et la réalité, en trois dimensions (sans oublier La quatrième, dans laquelle on a l’impression de se retrouver parfois à la lecture de ces six volumes).
Perdus dans les lignes de perspective, quelque part dans “l’inframonde” et à la recherche de la “réalité relative”, nous voilà en présence de personnages devenus plats, que l’on peut même envisager de plier, égarés dans des univers où évoluent des mondes parallèles qui se rejoignent parfois de manière surprenante, jusque dans un “trou gris”, après avoir franchi des débris dont certains peuvent s’apparenter à de véritables tableaux.
Un monde imaginaire aux frontières élastiques
Bienvenue, donc, dans ce monde imaginaire aux frontières élastiques et aux dimensions spatio-temporelles sans limites, si le cœur vous en dit. Marc-Antoine Mathieu, auteur éminemment original, semble disposer d’une imagination sans limite.
Entre effets saisissants, jeux de mots étudiés, propos philosophiques qui errent dans la sphère la plus improbable, scenarii à tiroirs et surprises inattendues, l’auteur fait preuve d’une ingéniosité sans égal qui ne peuvent que ravir ceux qui recherchent quelque chose qui sort des sentiers battus.
Marc-Antoine Mathieu, Jules Corentin Acquefacques, prisonnier des rêves, Delcourt, janvier 2004 – mars 2013, 6 tomes.
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