La Chine sacrifie sa croissance pour la dictature

L’optimum économique peut-il être atteint si les responsables du parti contrôlent les propriétés d’État, donc les maintiennent pour convertir leur pouvoir en gains personnels ?

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La Chine sacrifie sa croissance pour la dictature

Publié le 22 septembre 2017
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Par Yves Montenay.

La « miraculeuse » croissance chinoise est-elle réelle et solide ? En fait ce grand pays revient à la normale après 30 ans de maoïsme en utilisant intelligemment l’avance occidentale. Mais n’oublions pas qu’elle cumule les handicaps d’un régime politique rigide, d’une démographie vieillissante, de son endettement et de la pollution. Son « empereur » saura-t-il relever ces défis ?


En janvier 2014, en pleine sinomania, je publiais « Quand la Chine s’effondrera », qui m’a valu des remarques ironiques. Depuis, les problèmes chinois sont apparus au grand jour, et j’ai fait à intervalle régulier le point de la situation chinoise dans plusieurs articles. Je vous en propose ici une synthèse actualisée en 2017.

La Chine, une réussite de développement, mais…

Nous avons perdu de vue à quel point Mao avait détruit la Chine, tant économiquement qu’intellectuellement.

À sa mort, la priorité était de s’alimenter, puis d’avoir « les 3 qui tournent » : le vélo, la machine à coudre et la montre. Je rappelle l’excellente et très factuelle BD Une vie chinoise, récit autobiographique du dessinateur chinois Li Kunwu. On y remarque notamment que l’immédiat « après Mao » se passe souvent autour d’une table, car on peut enfin manger !

Mon grand-père communiste me répétait : « On peut dire ce qu’on veut de Mao, mais il a donné à chaque Chinois un bol de riz par jour. » Ayant grandi, je me suis aperçu qu’il récitait la propagande maoïste, alors que sévissait la plus grande famine qu’a connu l’humanité.

Après la catastrophe de « la révolution culturelle », un simple rétablissement de l’ordre public permit déjà une grande amélioration. Puis on donna un début de sécurité aux paysans en leur donnant un droit d’usage de leurs terres, ce qui permit de nourrir normalement la population. Les réformes très progressives autorisant un secteur privé et l’ouverture sur l’étranger ont permis d’aller plus loin.

Une partie de la croissance chinoise est réelle et concrète : on mange à sa faim, on a en général un logement et souvent une voiture, du moins pour les natifs de la ville, les migrants internes étant bien moins lotis. L’amélioration est vertigineuse depuis une génération. Mais ce n’est pas un miracle.

Rappelons le calendrier :

  • 1978 : début des réformes, donc il y a 40 ans ! La Corée, Singapour et Formose ont fait mieux.
  • 1980 : zones économiques spéciales
  • 1989 : Tien An Men
  • 1992 : proclamation de l’économie socialiste de marché
  • 2001 : la Chine rejoint l’OMC
  • 2008 : crise mondiale dont la Chine sort par « le financement du n’importe quoi » par la dette
  • 2015-17 : essoufflement du modèle de développement

N’oublions pas qu’être en retard permet à un gouvernement sérieux de progresser très vite : les investisseurs étrangers apportent les méthodes d’organisation, les techniques, le matériel et en enseignent l’usage. Mais quand le retard diminue, le modèle s’essouffle, comme au Japon. Remarquons que cet essoufflement arrive à un niveau de développement très inférieur à celui de ce dernier pays, une démocratie libérale.

Où en est la Chine en 2017 ?

Ces 50 ans de progrès (ou de retour à la normale) n’ont mené le pays en parité de pouvoir d’achat (PPA) par tête qu’à 12 000 $ contre 53 000 $ aux États-Unis et 79 000 $ à Singapour (FMI 2015). Si l’économie privée a fleuri, les entreprise d’État restent prédominantes, l’État contrôle le foncier et les grands flux financiers. Le politique prime : un bureaucrate peut toujours tuer une entreprise.

Avec une consommation privée de 38 % du PIB en 2014, seul un gros tiers de l’économie est au service de la population, le reste étant largement gaspillé dans des investissements inutiles, dont une partie n’est pas perdue pour tout le monde : on évoque la très grande richesse des « princes rouges », dont certains ont réussi à mettre une partie de leur fortune à l’étranger (cf. notre article « Chine d’en bas contre Chine d’en haut »).

En outre, ces chiffres de l’économie ne prennent pas en compte les impacts grandissants du vieillissement, de l’endettement et de la pollution.

  • La démographie chinoise : pire que prévue !

Le recensement de 2010 a révélé un taux de fécondité de 1,19 (source Zhigang Guo and Baochang Gu, pour l’INED) alors que les chiffres couramment cités auparavant étaient de 1,4 à 1,5 (le chiffre officiel depuis est variable selon les sources et la probable réintégration d’enfants « noirs »). D’ici 2050 la population d’âge actif devrait ainsi décroître de 250 millions, tandis que le nombre de plus de 60 ans explosera : un quart de la population en 2030, contre 16 % aujourd’hui.

À ce taux de fécondité déjà très bas s’ajoute le manque de femmes, conséquence des avortements sélectifs générée par la politique de l’enfant unique. Et ces femmes déjà rares restent souvent célibataires ou retardent leur mariage.

Il faudrait donc, comme en Europe, relever massivement l’âge de la retraite (60 ans pour les hommes, 50 pour les femmes). Pour l’instant, le pouvoir veille à ne pas prendre des décisions désagréables qui multiplieraient encore les manifestations dues à la pollution et à la saisie des terres agricoles au profit des autorités locales.

La conséquence la plus immédiate de cette crise démographique sera la chute de l’immobilier. Elle sera suivie d’une contraction d’ensemble, sauf si la Chine parvient à un très fort accroissement de sa productivité. En attendant, l’immobilier, le charbon, l’acier, les panneaux solaires voient se multiplier les stocks d’invendus. Ce qui n’arrange pas le problème de la dette.

  • La dette et la chute de la productivité en Chine

La contrepartie des investissements inutiles ou sous-utilisés est bien entendu un endettement à tous les niveaux, et la masse de ces créances douteuses pèsera un jour ou l’autre, directement ou indirectement, sur les performances économiques.

La dette dépasse 260 % du PIB, contre 140 % avant la crise de 2008, soit largement plus que les États-Unis, la zone Euro ou le Japon.

L’inquiétude croît d’un « choc économique et financier » (agence Fitch). Si la prévision de croissance pour 2017 a été relevée par le FMI à 6,7 %, ce dernier regrette de voir privilégier la croissance à court terme au détriment des réformes structurelles : suppression du soutien aux entreprises d’État « zombies » et renforcement du rôle du marché dans l’économie.

Pour l’instant, en effet, les entreprises publiques bénéficient d’un accès privilégié au crédit, aux ressources naturelles et au foncier. (cf. notre article « Chine : fausse croissance donc fausse crise ? »)

Tout cela alimente des industries vieillissantes et/ou en surcapacité. Cela diminuera la productivité de l’ensemble de l’économie et sa capacité à rembourser les dettes. L’action « volontariste » du pouvoir s’ajoutant au « copinage » a généré les bulles de l’immobilier, du charbon, de l’acier et aujourd’hui des panneaux solaires.

Verrons-nous demain celles des robots et de la voiture électrique ? M. Xi avait promis de laisser le marché faire le tri mais semble l’avoir oublié.

  • La pollution nourrit la contestation chinoise

Le doublement de la consommation de charbon en une décennie (2004-2014) a généré une pollution dramatique. Certes l’air de la capitale chinoise s’est amélioré en 2015, avec une concentration de particules fines retombée à 80,6 microgrammes par mètre cube contre 93 en 2013, première année de publication sous la pression des réseaux sociaux.

Mais rappelons que Paris était à 15 en 2014 d’après Airparif, et que son maire juge ce niveau dangereux. Les sols et l’eau ne vont pas mieux, avec notamment les multiples « villages du cancer ».

La contestation grandit à la campagne avec des milliers de conflits chaque année contre des pollutions localisées, et dans les métropoles avec les manifestations géantes de Xiamen en 2007, Dalian en 2011 et Ningbo en 2012.

Comment le régime chinois tente de répondre à ces nouveaux défis

Pour faire face à ces enjeux, le régime cherche à écouler ses surplus chez ses voisins et tente de pallier le déclin démographique en augmentant les qualifications et en robotisant.

  • Les Nouvelles Routes de la soie : une machine à exporter les surcapacités

Ce projet promu par Pékin inclut des projets d’infrastructures gigantesques (cf. le dossier du Monde « Nouvelles routes de la soie : les ambitions planétaires de Xi Jinping »).

Ainsi, le seul corridor économique qui doit traverser le Pakistan depuis la frontière chinoise du Xinjiang jusqu’à l’océan Indien représente un investissement de 46 milliards de dollars, principalement en barrages, centrales thermiques, parcs éoliens, fermes solaires, liaisons ferroviaires, routières et à l’aménagement du port en eaux profondes de Gwadar. Bref de l’acier (donc aussi du charbon), et des panneaux solaires… c’est-à-dire tout ce dont la Chine ne sait plus quoi faire !

  • Robotisation et numérisation, mais blocage intellectuel

L’augmentation des qualifications est en cours avec l’explosion du nombre d’étudiants et notamment d’ingénieurs. Une partie d’entre eux doit développer la robotisation.

La Chine est devenue le plus grand marché de robots industriels du monde dès 2013.

Elle rachète les entreprises occidentales du secteur, tel l’allemand Kuka. Elle a 80 parcs technologiques répartis sur le territoire et 6 universités dans le Top 10 mondial des détenteurs de brevets robotiques. (Les Échos du 5/9/17).

Elle a créé des géants du numérique comme Alibaba ou Tencent. Elle se lance à coup de dizaines de milliards dans la voiture électrique.

Tout cela est a priori excellent pour contrebalancer la diminution du nombre d’actifs et diminuer la pollution, mais va probablement être compliqué par le blocage politique et donc intellectuel en cours : les cadres devront être créatifs professionnellement, mais passifs politiquement, et ne retenir des contacts avec l’étranger que l’aspect strictement technique.

Ce blocage a été récemment illustré par la pression sur les universitaires « idéologiquement impurs », la censure des maisons d’édition étrangères et la réécriture de l’histoire en modifiant les archives elles-mêmes : leur numérisation est l’occasion d’effacer des articles de journaux chinois des années 1950, « les cent fleurs » de la critique, dont les auteurs ont vite disparu !

Cet épisode vient de se répéter début 2017 avec la suppression du site pourtant très nuancé du Unirule Institute of Economics et la prise en main par des « durs » du magazine de protection des droits de l’homme Yanhuang Chunqiu.

  • En Chine, aujourd’hui comme hier, tout est politique

La partie « facile » de l’efficacité chinoise vient du passage à une productivité industrielle normale des jeunes quittant la campagne où ils avaient une productivité marginale quasi nulle. Elle bute sur ses limites démographiques.

Or la crispation dictatoriale de l’oncle Xi va freiner la mise en place de l’économie de marché pourtant objectif officiel, détourner des vrais problèmes et freiner le bouillonnement des idées nécessaires pour gagner en efficacité à personnel constant.

Un ingénieur peut-il être parfaitement créatif si la moitié de cerveau n’a pas le droit de fonctionner ? L’optimum économique peut-il être atteint si les responsables du parti contrôlent les propriétés d’État, donc les maintiennent pour convertir leur pouvoir en gains personnels ?

L’Occident a un pilote qui est le marché. C’est imparfait, mais tous les autres systèmes se sont révélés pires.

Quant à la pollution, si elle diminue nettement en Occident, et si elle a brusquement chuté en Europe orientale après la chute du mur, c’est parce que la démocratie ne permet pas aux responsables, et notamment aux maires, d’être réélus si elle dure. Faute de démocratie, la Chine empoisonne toute la planète

Marché et démocratie sont de proches cousins. En leur absence, la Chine a un « empereur » qui se veut efficace. Le sera-t-il autant que le marché et que la démocratie ? L’histoire le dira. Mais jusqu’à présent c’est le desserrement progressif de la poigne maoïste du parti qui a apporté le progrès aux Chinois. La voir se refermer n’est pas rassurant.

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  • Ouais ,mais ce que l’on doit craindre est…le retour de l’Empire chinois , que celui ci arrête de commercer avec l’Occident , il n’en aura bientôt plus besoin..que sera notre niveau de vie à ce moment là , quel pays pour se substituer à 1 milliard de chinois ?
    l’Inde , l’Afrique…..l’Occident est en voie de dépopulation intensive ,elle ne pèsera bientôt plus rien dans le commerce mondial parcequ’il n’a rien à proposer à la vente que son histoire . On est à l’époque d’avant la conquête de l’Amérique et du vol de ses richesses….quelques siecles aura suffit pour en épuiser le fruit !

    • Reac: Vous ne comprenez rien à l’économie… La Chine qui arrête de commercer avec l’occident ça n’arrivera pas. Ce genre de chose se produit quand on est massivement importateur et que la balance des paiements devient problématique pour le despote local. C’est pas du tout le cas de la Chine. Notre niveau de vie dépend de notre capacité à innover das les process et les produits.

      Quant a la dépopulation elle a aussi du bon.

      En fait vous analysez l’économie comme un mauvais mercantil. C’est non seulement faux comme analyse mais c’est philosophiquement assez caractéristique de votre négation de l’individu devant l’idée vous vous faites de la France telle qu’elle devrait être. En fait vous êtes un tyran dans l’âme.

  • Excellent résumé sur ce qu’il faut penser de la Chine et de son économie. On peut craindre que le durcissement interne se traduise par une agressivité renforcée vis-à-vis de l’étranger, ce qui nous promet une géopolitique agitée pour les années à venir. La Corée du Nord, pantin de Pékin, en est un premier aperçu.

    • @ Cavaignac

      J’ai toujours trouvé fascinants les Occidentaux donnant des leçons à la Chine, comme si nous savions, nous, comment gouverner un pays d’ 1 300 000 000 habitants au niveau de vie, d’instruction, de satiété alimentaire, pour le moins disparate.

      Pour ma part, je n’en sais foutre rien et ne suis pas honteux de le reconnaitre! Et je suis très loin d’être sûr que nos « recettes » occidentales soient applicables telles quelles à ce méga-pays! C’est une question d’échelle, de mentalité et de temps. La réalité est souvent bien plus complexe que ce qu’on trouve dans les livres et les idéologies.

      • on n’en sait d’autant plus rien que la Chine n’est pas un modèle de transparence.

      •  » J’ai toujours trouvé fascinants les Occidentaux donnant des leçons à la Chine, comme si nous savions, nous, comment gouverner un pays d’ 1 300 000 000 habitants au niveau de vie, d’instruction, de satiété alimentaire, pour le moins disparate.  »

        Parce que l’inde qui a une population presque égal à la chine et qui dans les années 60 était un symbole de la famine dans le monde n’est pas devenu pour autant une dictature comme la Chine mais une démocratie.

        Faudrait un peu arrêter de jouer les idiots utiles des dictateurs ou des régimes autoritaires comme en Russie sous prétexte que l’on ne peut pas appliquer des politiques démocratiques parce que se sont de grands pays.

         » Et je suis très loin d’être sûr que nos « recettes » occidentales soient applicables telles quelles à ce méga-pays!  »

        Détrompez-vous. La Chine s’occidentalise sans demander notre avis en reprenant les recettes de l’occident. Capitalisme, internet, management, urbanisation, médecine universitaire, programme spatial etc… Les chinois s’habillent à l’occidental, écoutent de la musique occidental, mangent chez Mac Donald et pratiquent des sports occidentaux foot, Baseball, basket.

        • Vous résumez trop vite. Ceci ne concerne que les métropoles côtières et ne s’applique pas à tout le pays dans son ensemble. Ce qui ne veut pas dire que vous ayez tort, loin de moi l’idée.
          La Chine est un pays complexe, où son histoire moderne a connu des phases très troubles, depuis l’époque coloniale, puis l’occupation japonaise, la révolution, jusqu’à l’accession au pouvoir des réformistes.
          De plus le pouvoir central doit gérer les diverses ethnies qui composent le paysage du pays.
          Plus de 56.
          Nos recettes ne peuvent pas s’appliquer à ce pays.
          Par contre, le libéralisme peut s’appliquer à ce pays, à condition que les étatistes ne soient pas majoritaires.

        • Pour l’Inde, je ne suis pas sûr que la comparaison soit en faveur de sa « démocratie » assez respectueuse aujourd’hui encore du système pas très libéral des castes, et qui lui vaut un PIB par habitant, en parité de pouvoir d’achat, deux fois inférieur à celui de la Chine. Il me semble indéniable que la Chine a subi sous Xi un tour de vis, mais l’effet sur le niveau de vie des Chinois et sur la croissance reste à expliciter. La corruption, les arnaques, les excès qui ont fleuri à la chute de l’URSS menacent la Chine. J’ai du mal à croire que la menace soit telle qu’il n’y ait pas d’alternative à la persistance de la planification dictatoriale et au recours à une présidence autoritaire, mais cela n’en justifie pas moins de demander un peu plus de propositions concrètes à ceux qui pensent que supprimer simplement l’héritière de l’administration impériale serait une mesure suffisante.

          • Il ne faut pas oublié que jusque dans les années 90, l’Inde était un pays quasi communiste. C’était un pays très socialiste. Il a fallu attendre que le pays soit au bord du gouffre économiquement pour que le gouvernement décide de libéraliser. Et le pays a connu depuis cette époque des formidables progrès économiques (diminution de la pauvreté,….). Le problème c’est que ce pays reste très socialiste et a besoin de se libéraliser plus. Ce pays est moins libéral économiquement parlant que la Chine (qui n’est pourtant pas un modèle de libéralisme). C’est cela qui explique les différences de performances économiques entre les deux pays. Ce n’est pas la démocratie

          • Je me permets de remettre ici une partie de ma réponse adressé à mikylux:

            « Ce qui est un frein à la démocratie ce n’est pas tant la démographie ou la culture que le niveau d’éducation et l’absence de classes moyennes. En effet, une démocratie libéral a besoin que le pays ait atteint un certain niveau de développement, que la population soit suffisamment éduquée et qu’il existe des classes moyennes. Je suis assez réticent pour la démocratie dans les pays pauvres qui sont rarement des démocraties dans le sens occidental. Oui, il peut avoir des élections mais on est loin d’une démocratie libéral. Et dans ces pays pauvres, la démocratie peut être un frein au développement »

            Pour en venir au cas de la Chine, il est très clair que ce pays a atteint un niveau suffisant de développement pour avoir une démocratie. Pour l’Inde, on peut se demander si la démocratie à la base n’a pas été instaurée trop tôt. Car à la fin des années 40, l’Inde était très pauvre. Et ce pays était loin de remplir les critères qu’il faut permettre une démocratie efficace.
            Dans un pays pauvre, je pense qu’il faut mieux avoir une démocratie censitaire ou capacitaire. Seuls les gens avec un certain niveau d’éducation pourraient voter. Ce que l’on a eu en Europe. Puis quand ces pays se développent, on passe au suffrage universel

      • J’interprète cet article, peut-être à tort et vous allez me corriger, comme étant à destination des Occidentaux, pas des Chinois. Il ne s’agit pas de donner des leçons à qui que ce soit, juste les empêcher de nous nuire. Les empêcher de nous nuire commence par la prise de conscience de la réalité chinoise, afin d’éviter d’être piégé par la désinformation de son régime vindicatif et dangereux. Si cela avait été le cas, jamais nous n’aurions accepté la Chine à l’OMC et le yuan dans les DTS. Toutefois, il n’est pas trop tard pour corriger ces deux erreurs majeures.

      • C’est ridicule. Il s’agit pas tant de donner des lecons juste de dire la vérité. Aujourd’hui, très clairement le capitalisme d’état nuit au développement chinois et la Chine gagnerait à devenir plus libéral, à passer à un modèle de capitalisme libéral. Ne vous en déplaise, en matière de développement, il y a des vérités qui s’applique à tout le monde quelle que ce soit la culture, la démographie,….Notamment, l’importance des institutions (plus particulièrement de l’état de droit) dans le développement, le fait que le capitalisme d’état devient un frein pour permettre à un pays en voie de développement de devenir développer,…
        « au niveau de vie, d’instruction, de satiété alimentaire, pour le moins disparate » Heu c’est le cas des USA qui sont pourtant une démocratie. Culturellement, les USA sont très divers. Il existe plusieurs nations. https://minarchiste.wordpress.com/2017/05/15/les-11-nations-damerique-du-nord/
        Certes, il n’y a pas un milliards d’habitants mais 315 millions. Cependant, je ne vois pas en quoi la démographie empêcherait la démocratie.
        C’est au niveau des modalités que la culture ou la démographie ont une influence. Comment mettre en oeuvre la démocratie en Chine ? Il est évident que le système démocratique en Chine serait différent d’un pays européen comme le Luxembourg qui compte 590 667 habitants. Comment mettre en oeuvre le capitalisme libéral ?
        Le fait que la Chine ait 1 milliards d’habitants et soit varié n’est en rien une excuse pour justifier le capitalisme d’état ou l’autoritarisme.
        Votre commentaire est ridicule. La démocratie et le capitalisme libéral sont possibles en Chine. C’est les modalités du système démocratique et libéral qu’il faudra adapter aux spécificités du pays.
        Ce qui est un frein à la démocratie ce n’est pas tant la démographie ou la culture que le niveau d’éducation et l’absence de classes moyennes. En effet, une démocratie libéral a besoin que le pays ait atteint un certain niveau de développement, que la population soit suffisamment éduquée et qu’il existe des classes moyennes. Je suis assez réticent pour la démocratie dans les pays pauvres qui sont rarement des démocraties dans le sens occidental. Oui, il peut avoir des élections mais on est loin d’une démocratie libéral. Et dans ces pays pauvres, la démocratie peut être un frein au développement

  • Il ne faut pas oublier que la modernisation trop rapide d’un pays va entraîner des défis. Par exemple, l’Arabie Saoudite, qui est passée de paysans nomades à la société nucléaire en moins de 50 ans. Ce qui va causer des chocs entre les vieille génération et la nouvelle.

  • Expatrie en Chine, je ne suis absolument pas d’accord avec l’article.
    Sur les 38% de consommation, les français consomment sans penser au lendemain (la retraite), les systèmes de retraites sont tout nouveau en Chine, mais les chinois habitue a se démerder seuls ne font pas confiance au gouvernement pour la retraite, donc ils épargnent au lieu de consommer, par rapport a notre retraite systeme de ponzi.

  • Sur la démographie attendons de voir ce que donne l’assouplissement du 2eme enfant. De ce que mes yeux voient, je vois des femmes enceintes partout, des magasins pour bébés aussi nombreux que des magasins de telephonie mobile. Dans ma ville, ils sont passes pour le recensement il y a 2 jours, attendons de voir les résultats.

  • Quand au marche, je pense que certaines parties doivent être réglementé pour assurer l’auto-suffisance alimentaire, énergétique … ou du moins servir le pays donc le peuple. Que se passerai t’il si les Chinois achetais EDF en faillite ?
    Entre le marche (les lobby qui dictent leur loi en face du parlement européen) et le système des Chinois, je pense que le système chinois est meilleur, car même une entreprise avec des milliards comme google ou facedebouk ferme leur clapet.

  • Quand a la route de la soie, quand on fait de l’import-export, c’est très important, le cout du transport étant une composante importante, surtout quand ça dépend du pétrole, et encore plus quand il y aura plus de pétrole. Le transport par train permet un prix stable, encore une fois les Chinois prévoient a 20-30 ans a l’avance, alors qu’en France on vit au jour le jour.

  • Le modèle de la Chine c’est le capitalisme d’état. Le capitalisme d’état fonctionne quand il s’agit de transformer un pays du tiers monde en pays en voie de développement mais c’est intenable pour un pays développé. Aujourd’hui très clairement, le capitalisme d’état est un frein à la Chine pour permettre de faire de ce pays qui est un pays en voie développement un pays développé.
    Après Mao, la Chine a adopté le capitalisme (d’état mais cela reste du capitalisme) ce qui a permis d’améliorer la situation car avant, il n’y avait pas de capitalisme. Le capitalisme d’état est préférable à pas de capitalisme mais le capitalisme libéral est préférable au capitalisme d’état. Comme le capitalisme d’état permets d’améliorer la situation dans un premier temps (grâce à la partie capitaliste du système et non à l’étatisme), les gens peuvent penser que le capitalisme d’état est un bon système mais quand le pays commence à se développer, le capitalisme d’état devient un frein. On voit de plus en plus les effets négatifs (corruption, renforcements des inégalités en faveur des élites proches du pouvoir,…) et de moins en moins les effets positifs.
    La situation qui se passe en Chine peut être comparable à d’autres pays (je pense au Rwanda). Le pire c’est que dans les deux pays, les autorités ont adoptés les mêmes attitudes: renforcement de l’autoritarisme et truquage des statistiques. Cela me désespère tous ces experts parlant des statistiques du Rwanda ou de la Chine comme des chiffres vrais alors que tout le monde sait pertinemment que dans ces pays, les autorités truquent leurs chiffres.

    • La Cour des Comptes nous explique qu’en France aussi, les autorités truquent leurs chiffres, donc il ne faut pas leur accorder une importance excessive mais l’image générale qu’on peut obtenir en observant le nombre de touristes, de clients et de fournisseurs d’un pays venus chez nous, leur mode de vie et leurs dépenses, reste en gros celle des chiffres statistiques publiés. Pour qui est allé régulièrement en Chine depuis 25 ans, peu importe que la croissance ait été de 6% quand les autorités l’annonçaient bien au-dessus de 8 avant même que les données soient compilées, et qu’elle ne soit que de 4 quand les autorités l’annoncent à 6. Vous ou moi ne savons pas plus faire la différence que pour les 0.5 ou 1.8 chez nous, nous pouvons seulement constater que les touristes chinois se comptent en millions là où ils se comptaient en petites centaines, qu’ils dépensent des fortunes en achats de plaisir et de fantaisie là où ils rentraient dans leur chambre d’hôtel pour faire des économies, et que les ressources de nos propres parents leur laissent au contraire de moins en moins d’argent de poche une fois payée la maison de retraite.
      Je crois que les Chinois sont bien conscients des limites du capitalisme d’Etat, et que la prise de conscience n’a pas encore gagné la France, sa BPI, son RFF, et son logement social. Le problème est ailleurs, du côté du culte de l’ « universel » totalement inefficace dont les Français sont depuis des décennies les ardents défenseurs, fusse au prix de rester les pieds dans le fumier, tandis que les Chinois privilégient un culte pragmatique du résultat qu’ils peuvent mesurer au niveau de leur famille ou de leurs associés, quand bien même il serait obtenu par le biais d’un despotisme modérément éclairé et d’une administration modérément corrompue.
      En résumé, je suis bien d’accord avec vous que le capitalisme libéral serait préférable au capitalisme d’Etat, mais en Europe et en France, nous en sommes au moins aussi éloignés qu’en Chine. Pour les Chinois, l’Etat siège dans sa cité interdite à des milliers de kilomètres et ses décisions parviendront via une multitude de mandarins dont on pourra bien corrompre l’un ou l’autre avant que ça ne tourne à l’aigre. Pour le Français, il importe que l’Etat soit présent partout pour corriger les velléités que pourrait avoir leur voisin de s’affranchir de la règle commune et de se constituer une situation matérielle enviable plutôt que de râler avec eux.

  • m’en fous, suis pas chinois…serais je chinois, je pourrais être de ceux qui préfèrent la dictature à la croissance, idée très en vogue quoique repeinte en vert chez nous.
    N’y a t il pas un continuum entre la démocratie et la dictature surtout comme la chinoise où il n’y a pas une incarnation du dictateur ?
    De la dictature de la majorité à la dictature d’un homme ( concept douteux c’est nécessairement un groupe)…

    On peut aussi rappeler que la croissance est un but collectif,
    la croissance n’est pas la conséquence mathématique de la liberté..

    Ce qui pose problème en soi c’est le recul des libertés individuelles.. incluant la liberté de ne rien faire.

  • Merci pour tous ces commentaires de bon niveau.`
    Je ne commenterai pas ceux avec lesquels je suis d’accord.
    Pour le reste je ferais observer à Marc2223 que la retraite n’est pas une question d’argent mais de prélèvement sur les actifs quel que soit le système, répartition ou capitalisation (voir https://yvesmontenay.fr/2013/08/21/la-fable-du-roi-et-des-retraites/ ou des articles plus techniques sur le même site), et qu’en ce domaine la Chine est mal partie : la forte épargne chinoise devra acheter des biens et des services qui ne seront plus suffisants ou ne pourront plus être importés si ses exportations baissent faute d’actifs.

    Pour le deuxième enfant après la réforme, tout le monde attend effectivement de voir, mais en démographie on ne comble pas un trou avec une bosse : une hausse éventuelle de la fécondité aura son effet dans les 20 à 70 ans, qui viennent, alors que la dénatalité passée fait sentir ses effets maintenant et pour longtemps

    • Je ne suis pas d’accord vous, je raconte ce que je vois de mes yeux en Chine.
      Les parents de ma femme, sont des paysans, ils ont 50 yuans de retraite verse par le gouvernement (soit 7 euros), ils ont leur terre qui a été donne par le gouvernement chinois. Sur leur terre ils ont construit une maison, cette maison est définie par la surface au sol, et non par la hauteur (oui, on est libre en Chine). Donc avec ma femme nous avons verse 4000 euros pour la construction du 3eme étage, le frère de ma femme a fait la même chose pour le 2eme étage, et ils reste des fers a béton pour construire un 4 eme étage si besoin est. lls produisent du riz, de l’huile d’arachide, poulets et canards, œufs a profusion, ils savent plus quoi en faire. Les enfants vont travailler a la ville pour gagner de l’argent, mais n’ont qu’un seul vœux revenir dans leur région de naissance. L’argent gagne sert a acheter les biens de la maison, frigo, télé, climatiseur, panneau solaire…, les grands parent servent aussi de nounou, vous renter le soir, vous n’avez pas a vous soucier de cuisiner, tout est prêt. Et tout le village au milieu des risieres est comme ça, je le vois de mes yeux, les chinois ne sont pas des fainéants comme chez nous .
      En ville 91% des chinois sont propriétaires, c’est obligatoire si on a des enfants et qu’on veux les mettre a l’école, si vous n’êtes pas propriétaires. les enfants vont dans l’école d’où les parents ont leur hukou.
      Quand a la démographie, je dis ce que je vois de mes yeux, c’est moi qui m’occupe de ma fille de 3 ans, je connais donc au jardin d’enfants toutes les mamans, je vois des ventres ronds partout.
      Pour les retraites, les chinois ne font pas confiance au gouvernement, ils économisent, font fructifier leur argent, on les vois tous sur leur tel portable en train de boursicoter.
      Je ne vois aucuns soucis dans l’économie chinoise, de par leur nombre, ils ont des volumes de construction qui fait que leur prix est imbattable. Qui a le meilleur prix celui qui construit des rames métros pour Paris ou Lyon, ou celui qui construit des rames de métro pour 100 villes de plus d’un million d’habitants, et pour tout les industries cela sera pareil, solaire, éolienne, TGV, nucléaire.
      Avez vous vu des ouvrages scolaire en Chine ?, on y apprends l’addition et la soustraction a 3 ans, leur programme a minimum 3 ans d’avance sur nous. Pas la peine de rester 1 an sur la préhistoire, et la mythologie grecque comme chez nous.
      J’ajoute que je prends des photos de tout ce que je vois en Chine pour preuve, contre la propagande des ODS et HdD.

      A 70 kms de la 3eme plus grande ville chinoise,e je pourrais vivre avec 200 euros/ mois, en payant mon loyer, mon électricité, mon internet, eau, la nourriture, mon téléphone…. et quand on vit a plusieurs (famille) les coups sont réduits, les familles en Chine sont soudées contrairement a nous. (c’est pour ça que la tontine fonctionne chez eux, et pas chez nous).

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