Iran : la tragédie oubliée

Selon un ancien responsable du Renseignement du régime iranien, 33700 prisonniers ont été exécutés en moins de deux mois lors de l’accession de Khomeiny au pouvoir.

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Iran : la tragédie oubliée

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 4 août 2017
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Par Hamid Enayat.

Ces derniers mois à Téhéran, un tragique épisode du régime iranien à fait surface. Khomeiny a bel et bien donné une fatwa pour assassiner tous les opposants détenus fidèles à leurs convictions en 1988, vient de reconnaître lors d’une interview Ali Fallahian l’ancien ministre du Renseignement (1988-1997).

Les propos de Fallahian sur la pendaison de plus de 30 000 membres des Moudjahidine du peuple d’Iran, a même soulevé le vif étonnement du présentateur de la chaîne iranienne.

Tuer les opposants

L’ancien patron des services secrets précise que Khomeiny avait répondu à une interrogation : qu’il fallait tuer tous les opposants dans les prisons. Dans cette interview, le mollah Fallahian fait allusion à la fameuse « commission de la mort », chargée, selon lui, de parler avec tous les détenus pour se rassurer de leur fidélité envers les Moudjahidine du peuple (OMPI) avant de les exécuter.

L’un des trois membres de la « commission de la mort », Ebrahim Raissi, était le candidat favori du guide suprême de l’Iran pour la présidence au mois de mai. Le massacre des prisonniers politiques en 1988 était devenu l’une des questions les plus importantes de cette élection. Cette tragédie avait beaucoup influencé tout particulièrement la jeune génération iranienne.

Cessez le feu

À la fin de la guerre Iran-Irak en 1988, après huit ans de guerre, sous la pression internationale et le manque des ressources stratégiques et humaines d’une part et d’autre part par peur que l’opposition incarné par l’OMPI arrive, grâce au soutien populaire, à prendre le pouvoir, Khomeiny, le fondateur de la République islamique d’Iran, fut contraint d’accepter un cessez-le-feu.

La question qui se posait à lui était de savoir que faire des milliers de prisonniers politiques dont certains avaient même purgé entièrement leurs peines ?

Libérés, ces détenus vont canaliser l’ensemble des revendications économiques et culturelles, le mécontentement d’une population fatiguée d’une guerre inutile et mortelle, pour mettre le régime en danger.

Un choix incroyable

Khomeiny a alors fait un choix incroyable. Par un décret religieux il a établi un arrêt de mort à l’égard de tous les prisonniers demeurant loyaux à leur conviction politique et à leur idéologie, en opposition à son régime, à commencer par les militants de l’OMPI.

Ce massacre a été qualifié par Amnesty International de « crime contre l’humanité resté impuni ». Selon un ancien responsable du Renseignement du régime iranien, 33700 prisonniers ont été exécutés en moins de deux mois.

Quelques mois avant l’élection, après la divulgation d’un enregistrement audio qui a secoué la jeunesse iranienne, on entend le successeur de Khomeiny, Hossein-Ali Montazeri (aujourd’hui décédé), s’adresser aux exécutants de cette fatwa, membres de la « commission de la mort » – dont le candidat controversé, Raïssi et l’actuel ministre de la Justice du gouvernement de Rohani – leur dire : « Demain, l’Histoire ne pardonnera pas la République islamique pour ces crimes ».

Destruction des fosses communes

La question du massacre continue d’embarrasser le régime iranien même après l’élection et a forcé Khamenei de prendre ouvertement position en disant : « Certains veulent changer la place du bourreau avec la victime ».

Suite à ces propos, dans le but de calmer les esprits, le régime a procédé à la destruction des fosses communes des prisonniers exécutés en 1988.

«En tentant de détruire la fosse commune d’Ahvaz, les autorités iraniennes veulent manifestement détruire de façon délibérée les preuves concernant des crimes qu’elles ont commis par le passé, et priver les familles des victimes des exécutions massives de prisonniers de 1988 de leur droit à la vérité, à la justice et à des réparations. Il s’agit d’un coup terrible porté à la justice et qu’il faut immédiatement stopper », a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

Tout récemment, en réponse à l’intérêt que porte la population à cette tragédie et au mouvement qui réclame justice pour les victimes qui prend de l’ampleur en Iran, l’un des responsables du régime de la faction de Khamenei avait déclaré : « ce massacre va finalement nous déraciner, même si nous nous dotons des plus grandes caches de missiles balistiques. »

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Cet article est republié de The Conversation. Lire l’article original.

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