Ebrahim Raïssi, figure éminente de l’élite politique, exerçait une influence considérable sur les politiques intérieures de l’Iran. Sa mort soudaine ouvre un vide politique dans un contexte de défis intérieurs, régionaux et internationaux cruciaux.
Ali Mamouri est chercheur en études du Moyen-Orient à l’université Deakin.
Cet article est republié de The Conversation. Lire l’article original.
Ebrahim Raïssi, figure éminente de l’élite politique, exerçait une influence considérable sur les politiques intérieures de l’Iran. Il a également joué un rôle central dans les récentes mesures prises par le pays pour améliorer ses relations avec ses rivaux dans la région.
Compte tenu de son influence considérable, quelles seront les conséquences de son absence sur les affaires intérieures du pays ? Et quel sera l’impact sur les relations du pays dans la région ?
La stabilité à un moment périlleux
Le gouvernement de M. Raïssi était très conservateur et entretenait des relations étroites avec le Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei. Il n’y a pratiquement pas eu de conflits ou de désaccords entre les deux parties, ce qui contraste avec les gouvernements précédents, dont la plupart avaient une certaine distance, ou des tensions avec le dirigeant.
Raïssi était également considéré comme l’un des principaux candidats à la succession de Khamenei, âgé de 85 ans, qui occupe le poste de guide suprême depuis 35 années. Sa grande influence au sein des cercles conservateurs du pays a fait de lui un personnage important dans l’élaboration de l’avenir du leadership iranien.
Son décès, survenu un an avant la fin de son second mandat, s’inscrit toutefois dans un contexte de grands défis nationaux, régionaux et internationaux.
L’Iran reste soumis à des sanctions sévères imposées par les États-Unis pour son programme nucléaire, qui ont causé des dommages considérables à l’économie, et ont eu un impact profond sur la vie des gens.
Le pays a également connu l’un des mouvements de protestation les plus importants de son histoire à la suite de la mort de Mahsa Amini, 22 ans, en septembre 2022, après son arrestation par la police des mœurs.
Des manifestations locales ont également eu lieu dans différentes régions du pays, principalement en raison de la crise économique et de certaines politiques intérieures du gouvernement.
En outre, les élections législatives de mars dernier ont connu l’un des taux de participation les plus faibles de l’histoire du pays. Par conséquent, la tenue de nouvelles élections, qui doivent avoir lieu dans les 50 jours suivant la mort de M. Raïssi, représente un défi de taille pour le régime, à un moment où sa légitimité publique est au plus bas.
En outre, l’escalade récente de la guerre de l’ombre avec Israël a suscité de graves inquiétudes en matière de sécurité et donné lieu à une multitude de théories du complot. Des rumeurs ont gagné le public, suggérant que l’accident d’hélicoptère du président était le résultat d’une guerre électronique, d’une attaque de drone, ou même d’un assaut terrestre d’Israël. (l’agence de presse gouvernementale IRNA a déclaré que le crash était dû à une « défaillance technique »).
Malgré ces difficultés, il est peu probable que le transfert de pouvoir ait un impact significatif sur la stabilité du pays en raison de la nature de la dynamique du pouvoir en Iran. Le système politique iranien se compose de multiples cercles interconnectés sous la direction du Guide suprême. La perte d’un acteur principal n’entraînerait pas de perturbation majeure si plusieurs autres sont prêts à combler le vide.
Le vice-président Mohammad Mokhber doit assurer l’intérim jusqu’à la tenue de nouvelles élections. On s’attend à ce que le cercle intérieur conservateur proche du Guide suprême choisisse son candidat préféré pour le scrutin, afin d’assurer une transition en douceur avec un minimum de difficultés. Comme l’a indiqué M. Khamenei sur le site X :
La nation n’a pas besoin d’être inquiète ou anxieuse, car l’administration du pays ne sera pas perturbée.
Cependant, une analyse historique du leadership dans la République islamique suggère un modèle récurrent de changement de pouvoir entre les conservateurs et les réformistes, qui crée un sentiment d’équilibre dans la politique iranienne et renforce la légitimité publique du régime.
Par conséquent, même si le successeur de M. Raïssi sera désigné et soutenu par un cercle conservateur, il pourrait incarner une position quelque peu modérée. Des personnalités comme l’actuel président du Parlement, Mohammad Bagher Ghalibaf, ou l’ancien président Ali Larijani, qui sont tous deux des conservateurs modérés, correspondent à cette description.
Quelles seront les conséquences pour les voisins de l’Iran ?
Au cours de son mandat, M. Raïssi a davantage orienté la politique étrangère du pays vers le Moyen-Orient, dont il a fait sa priorité absolue. Il s’est ainsi démarqué de son prédécesseur, Hassan Rouhani, qui avait donné la priorité au renforcement des relations avec les pays européens et à la normalisation des liens avec d’autres nations occidentales.
Pendant la présidence de M. Raïssi, par exemple, l’Irak a accueilli cinq cycles de négociations entre l’Iran et l’Arabie saoudite, qui ont abouti à la normalisation historique des relations entre les deux pays au début de l’année 2023.
En tant qu’ancien conseiller en communication stratégique du Premier ministre irakien de l’époque, il m’est apparu évident que l’Iran souhaitait sincèrement établir une relation stratégique, solide et à long terme avec ses voisins.
Le résultat de ces négociations a marqué la fin d’une longue guerre civile au Yémen, a facilité la normalisation des relations des pays arabes avec la Syrie et a contribué à renforcer la stabilité en Irak.
En outre, l’Iran s’est récemment engagé dans des négociations substantielles avec la Jordanie et l’Égypte, facilitées une nouvelle fois par l’Irak. Ces initiatives ont offert une chance de dépasser les conflits sectaires qui ont longtemps dominé la région et de jeter les bases d’une plus grande coopération.
L’Iran s’est également rapproché de la Chine et de la Russie au cours de la présidence de M. Raïssi, reflétant ainsi le pivot stratégique à long terme vers l’Est approuvé par le Guide suprême. Toutefois, l’Iran a également poursuivi les négociations avec les puissances occidentales sur son programme nucléaire, en employant des tactiques différentes de celles utilisées pendant le mandat de Rouhani.
La politique étrangère de l’Iran devrait rester inchangée avec le nouveau président. La nomination d’Ali Bagheri Kani au poste de ministre des Affaires étrangères par intérim à la suite de l’accident d’hélicoptère (qui a également coûté la vie au ministre des Affaires étrangères) renforce cette continuité.
Kani, qui a joué un rôle clé dans la conduite des négociations nucléaires sous la présidence de M. Raïssi, s’aligne sur l’orientation établie de la politique étrangère du pays.
En outre, les relations plus étroites de l’Iran avec ses voisins sont le signe d’une rupture plus permanente avec l’isolement. La situation devrait continuer à s’améliorer à court terme.
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Ça voudrait dire que le régime est tellement verrouillé que 80 millions de personnes dont la moitié de femmes, vont continuer à subir une dictature digne d’un régime nazi sans rien dire?
Sincèrement, je ne le pense pas. Les iraniens ne sont pas des arabes, ce sont des perses, tôt ou tard ça va s’enflammer. Et je pense que c’est l’armée qui fera la révolution. Pour le moment, elle est noyautée par les gardiens de la révolution mais les soldats ont des femmes et des filles qu’ils considèrent comme des citoyens à par entière.
Le régime des mollahs a 45 ans. La répression féroce de la moindre manifestation montre que le régime ne reculera devant aucun violence vis à vis des iraniens
Quand se régime s ecroulera…..personne ne le sait même si tout le monde de le souhaite…..