Par Fabio Rafael Fiallo.
Au siècle dernier, époque où les dictatures militaires de droite semaient la désolation en Amérique latine, les mouvements de gauche jouèrent un rôle majeur dans le combat contre la perpétuation au pouvoir (continuisme) des caudillos du moment et les coups d’États militaires, ainsi qu’en faveur du respect des droits humains.
Inspirés d’une idéologie marxiste qu’ils croyaient scientifique, ils se proclamaient, en outre, hérauts d’une société juste et égalitaire.
Pour une si louable attitude, ses membres (ni moins ni plus que les porte-drapeaux d’idéaux libéraux, antitotalitaires et donc anticommunistes) payèrent un lourd tribut en termes d’emprisonnements, de tortures et d’assassinats.
Silence face aux violations des droits de l’homme
Aujourd’hui, à la lumière de l’indolence complice de la gauche radicale latino-américaine et de ses alliés européens (Podemos, le Monde diplo et autres Mélenchon) face aux violations des droits humains commises par les régimes en place à Cuba et au Venezuela, force est de constater qu’il ne reste aucun principe de ceux brandis autrefois par la gauche radicale qu’elle n’ait trahi et adultéré.
À commencer par la dénonciation du continuisme. Tout comme hier, ils s’insurgent contre les tentatives de réélection des dirigeants politiques placés à droite ou même au centre de l’échiquier politique.
En revanche (et là réside l’incohérence), ils comprennent, justifient, et vont jusqu’à applaudir, la plus longue et tragique perpétuation au pouvoir connue en Amérique latine, celle de la gérontocratie castriste, ainsi que le continuisme des mégalomanes du « socialisme du XXIe siècle », tels Hugo Chavez (aujourd’hui défunt), Evo Morales (Bolivie) et Daniel Ortega (Nicaragua).
L’autoritarisme de Maduro
Ils comprennent et justifient également que le Président du Venezuela, Nicolas Maduro, détesté par la population selon tous les sondages, essaie de se maintenir au pouvoir en convoquant – sans respecter la procédure prévue à cet effet par la Constitution léguée par Hugo Chavez – une assemblée constituante qui n’a pour but que de remplacer l’Assemblée nationale (élue par le peuple et dans laquelle l’opposition est largement majoritaire) et de permettre à Maduro de réprimer encore plus aisément le mécontentement populaire.
Il convient de signaler que l’assemblée constituante concoctée par Maduro est rejetée, non seulement par l’opposition vénézuélienne, mais aussi par un nombre croissant de figures importantes du chavisme.
Ainsi, pendant que des chavistes de la première heure se démarquent de leur président, la gauche radicale de l’Amérique latine et ses alliés européens ferment les yeux devant les dizaines de tués, les centaines de blessés et de torturés et les milliers de détenus par le régime vénézuélien pour avoir pris part aux manifestations de rue qui, depuis déjà plus de 100 jours, réclament le départ de Maduro et la tenue d’élections libres.
La gauche aveugle
La nature despotique du régime vénézuélien est dénoncée même par la procureure générale de la Nation, Luisa Ortega Diaz, en rupture avec Maduro à cause des méthodes dictatoriales employées par ce dernier. Mais la gauche radicale opte pour ignorer avec dédain les graves accusations lancées par cette figure clé du chavisme.
Même ambivalence à l’égard des coups d’État. Pour la gauche radicale, les putschs sont bons tant qu’ils proviennent des « forces progressistes ». Cela fut le cas, à la fin des années 1960 du siècle dernier, des coups d’État du général Velasco Alvarado au Pérou et du général Omar Torrijos au Panama, puis de la tentative de putsch d’Hugo Chavez en 1992.
Par contre, cette gauche moralement hémiplégique aura crié haro sur la tentative de renversement du président Hugo Chavez en 2002, ainsi que sur l’éviction du pouvoir (faite pourtant en conformité avec les procédures constitutionnelles) des alliés du castrochavisme Manuel Zelaya (Honduras) et Fernando Lugo (Paraguay).
Rien sur la bolibourgeoisie
Le deux poids, deux mesures de la gauche castrochaviste a aussi fait voler en éclats les prétentions égalitaristes de celle-ci. Ses membres saisissent toutes les occasions, comme à l’accoutumée, pour condamner les inégalités dans les sociétés capitalistes ; mais ne disent pas un mot sur la nouvelle classe corrompue du Venezuela (la bolibourgeoisie ou bourgeoisie bolivarienne), dont les fortunes sont placées sur des comptes bancaires à l’étranger ou investies dans des entreprises ou des immeubles luxueux dans « l’empire » haï, les États-Unis.
Entretemps, au Venezuela (le pays ayant les plus grandes réserves de pétrole au monde), le peuple est aux prises avec l’hyperinflation, les pénuries d’articles de première nécessité, l’effondrement de la monnaie nationale, et en fin de compte la misère.
Puis, quand les scandales de corruption concernant les dirigeants du castrochavisme sont dévoilés – comme cela a été le cas avec les Panama Papers et avec l’enquête menée par la justice brésilienne sur les pots de vin payés par l’entreprise Odebrecht – la gauche radicale préfère regarder ailleurs, paraît-il pour ne pas faire le jeu des « ennemis de la révolution », et va jusqu’à qualifier de telles dénonciations de « schémas politiques interventionnistes. »
Silence de la gauche sur la corruption
C’est ainsi que ces gauchistes, si prompts à condamner les liens d’Odebrecht avec les gouvernants d’autres pays, et à réclamer des sanctions exemplaires contre ces derniers, se taisent sur le fait que le pays où les pots de vin payés par cette entreprise brésilienne ont atteint leur niveau maximum (après le Brésil) n’est autre que le Venezuela chaviste.
Non moins sidérant est le silence des adorateurs du castrochavisme à l’égard des inégalités à Cuba, où le standing des caciques du régime castriste (qui seuls ont le pouvoir d’achat nécessaire pour se payer des articles et des services offerts dans le très luxueux hôtel Manzana Kempinski, récemment ouvert à La Havane) est en flagrant contraste avec les déboires du Cubain de la rue, obligé de consacrer chacune de ses journées à chercher, sans garantie de trouver, de la nourriture, des médicaments et autres articles de première nécessité.
Silence de la gauche sur la violence envers les femmes
La gauche radicale montre également une indolence époustouflante à l’égard des violences envers les femmes que l’on observe dans plus d’un pays membre de l’arc castrochaviste.
En effet, les « révolutionnaires » de l’Amérique latine et d’Europe n’ont jamais rien dit sur les arrestations violentes et les tabassages récurrents que subissent à Cuba les Dames en Blanc dont le seul crime est celui de réclamer la libération des prisonniers politiques de leur pays.
Comme ils n’ont jamais rien dit sur les innombrables propos misogynes du président bolivien Evo Morales
Ces gauchistes impénitents ont aussi le toupet de continuer à louer, pour sa rhétorique antiimpérialiste, un Daniel Ortega (président du Nicaragua) que seul le pouvoir aura sauvé des accusations d’abus sexuel formulées à son encontre par sa belle-fille Zoilamerica.
Au Venezuela, la femme est en train de payer le prix fort pour avoir le courage de prendre part aux manifestations de protestation contre le régime. Plus de 300 ont subi des arrestations arbitraires, parfois même la torture.
Et cinq parmi elles ont dénoncé avoir été victimes de fouilles corporelles humiliantes au cours de leur détention. Mais de cela, la gauche radicale de l’Amérique latine et d’Europe se moque éperdument.
Humiliation des opposants
La complicité de la gauche radicale atteint dans ce domaine des magnitudes innommables. Car comment est-ce possible que les membres de cette gauche soient demeurés impassibles devant l’opprobre subi par Lilian Tintori– épouse du prisonnier politique Leopoldo Lopez – à qui, plus d’une fois, les geôliers du régime vénézuélien ont fouillé les parties les plus intimes du corps avant de l’autoriser à rendre visite à son mari ?
Arrêtons-nous un instant et posons-nous une simple question : est-ce que ces gauchistes indolents – dont un bon nombre avaient connu directement ou par parent interposé des sévices de tout ordre dans les prisons des dictatures de droite d’antan – auraient aimé que leurs mères, épouses, filles ou tantes eussent reçu ce genre de traitement quand elles rendaient visite à un être aimé dans telle ou telle prison des régimes militaires qu’ils combattaient ?
Pour justifier leur silence à l’égard des atrocités commises par les régimes castrochavistes, nos gauchistes aiment à sortir de leurs poches le sempiternel joker de l’anti-impérialisme. Contre toute évidence, ils rétorqueront qu’il s’agit de mensonges ou tout au plus d’exagérations utilisées par l’empire honni et ses complices dans le but, poursuivent-ils, de discréditer, et finalement renverser, des gouvernements qui se battent avec courage pour défendre le droit à l’autodétermination de leurs peuples face aux ingérences impériales.
Argument fallacieux s’il en est. Car si ces gauchistes tenaient vraiment à soutenir le droit à l’autodétermination des peuples, la première chose qu’ils devraient faire, c’est exiger que les dictatures castrochavistes permettent à leurs peuples le droit de choisir librement leurs dirigeants.
Après une telle dénaturation de valeurs et de principes, la gauche castrochaviste (Podemos, le Monde diplo et autres Mélenchon inclus) n’a aucune, mais aucune, autorité pour donner à quiconque des leçons de morale.
Cet article a été publié une première fois le 22 juillet.
« Ils » ne peuvent rien dire, car ils seraient obligés d’admettre que leur conception de l’homme est fausse.
Qu’attendre d’un Mélenchon, révolutionnaire en peau de lapin, qui soutient encore les régimes les plus antidémocratiques de l’Amérique latine ? Qui pleure un Chavez prétendument bolivarien ?
L’extrême gauche — et à présent une bonne partie de la gauche — est prise à son propre piège : comme elle se rend compte que sa conception rousseauiste de l’homme et de la société ne tient plus face à l’Histoire et la sinistre réalité des régimes » révolutionnaires » prétendant créer un homme nouveau dans une société nettoyée de l’humanisme petit bourgeois, elle se crève les yeux pour ne pas devoir reconnaître ses erreurs — sauf Badiou et sa sinistre engeance pour qui le communisme a échoué par manque d’encore plus de communisme.
Leur logique est du modèle religieux. Une Vérité détermine l’erreur, tout ce qui n’en fait pas partie. Si nos gauchistes défendent, bec et ongles, ces régimes, c’est qu’ils comptent bien nous les appliquer s’ils parviennent à recevoir, ou prendre, le pouvoir.
Le constat est dramatique , mais comment pourrait on imaginer une sortie de ce système pour entrer dans notre système de corruption à visage plus humain et à port de cravate identitaire obligatoire ?
L’hypocrisie de la gauche ne date pas d’aujourd’hui: ils critiquaient les régimes militaires de droite en Amérique latine mais dans le même temps, ils soutenaient les mouvements de guérillas qui ne valent guère mieux. Rappelons que ces mouvements de guérillas se sont rendu coupable de nombreux exactions contre des civils innocents. D’ailleurs, la violence des dictatures militaires de droite s’expliquait en grande partie par la violence des guérillas. C’était une sorte de cercle vicieux: les guérillas d’extrême gauche poussait l’armée à se rendre violent et à commettre des exactions ce qui poussait les guérillas à devenir encore plus violentes et ainsi de suite. Soit on condamne à la fois les violences des régimes militaires et des guérillas soit on la ferme. La gauche ne condamnait que la violence des régimes militaires et justifiait (et minimisait) la violence des guérillas. C’est très hypocrite. On ne peut pas comprendre la violence des régimes militaires sans prendre en compte la violence des guérillas. Et inversement. Les deux phénomènes sont fortement liés en Amérique latine. Un livre à lire c’est Les années Condor de John Dinges. On peut difficilement accuser Dinges de sympathie avec les dictatures militaires que du contraire. Ce livre est intéressant car il ne se contente pas de parler des exactions commises dans le cadre du plan Condor mais il montre que ce plan a été mis en oeuvre en réaction aux groupes révolutionnaires marxistes qui voulaient imposer leur loi en Amérique latine.
Une preuve de plus de l’hypocrisie des gauchistes: le régime militaire pour qu’il voue le plus de haine c’est sans aucun doute le chili de Pinochet (alors que soi disant en passant il y a eu d’autres régimes militaires bien pires en Amérique latine mais bon passons). Le Chili est devenu une dictature militaire à cause du fanatisme de la gauche chilienne qui agissait de manière antidémocratique. La gauche a tenter d’instaurer une dictature du prolétariat ce que refusait une majorité de chiliens. Cela a poussé l’armée à intervenir (rappelons que c’est le parlement chilien qui a demandé à l’armée d’intervenir contre Allende en raison de son refus de respecter la démocratie). Alors voir les gauchistes hair Pinochet tout en rendant hommage à Allende c’est très hypocrite. On ne peut pas critiquer Pinochet si dans le même temps on soutient Allende.
A lire les commentaires en dessous de cet article qui explique plus en détail ce qui s’est passer au Chili: http://ordrespontane.blogspot.be/2017/04/non-salvador-allende-netait-pas-le.html
Le pire avec les gauchistes c’est lorsque vous leur rappelez l’histoire (du chili et de l’amérique latine) ils vous accusent de sympathie avec les dictatures militaires. Ce qui n’est pas du tout mon cas. Je condamne les exactions de ce régime. Expliquer et remettre les choses dans leur contexte ne signifie pas justifier.
Encore un autre exemple de l’hypocrisie de la gauche (ici plus précisément l’hypocrisie de la gauche latino américaine). Quand cela les arrange la gauche au pouvoir n’a aucun mal à couvrir les militaires qui se sont rendus coupable dans le passé d’exactions. L’exemple le plus significatif c’est César Milani (mais il y en a pleins d’autres). César Milani lors des années de plomb s’est rendu coupable d’exactions (enlèvements, meurtres, tortures,…). Pourtant cela n’a pas empêché Cristina Kirchner de le nommer chef de l’armée argentine alors que sa situation était connu. La gauche argentine a fermement défendu César Milani malgré sa situation. Au moins ce cas emblématique a permis de clarifier la situation parmi les ONG combattant les crimes de la dictature militaire: d’un côté, ceux non politisées qui ont dénoncé cette nomination et les autres ultra politisées (comme les Mères de la place de Mai) qui se sont tus pour ne pas gêner la gauche au pouvoir.
C’est quand même amusant de voir Kirchner protéger un militaire responsable de tant d’exactions alors qu’elle a passé son temps à réécrire l’histoire et à l’utiliser à des fins politiques. Kirchner n’est pas la seule responsable de gauche à faire cela en Amérique latine ils sont nombreux. Kirchner a instauré une politique mémorielle révisionniste en incombant toute responsabilité d’atrocités aux militaires. Avant, c’était la théorie des « deux démons », (consistant à renvoyer dos-à-dos les militaires responsables d’un terrorisme d’Etat et les groupes d’extrême-gauche ayant usés de méthodes terroristes contre l’Etat) qui dominait. La théorie des « deux démons » est historiquement bien plus juste que la politique mémorielle de Kichner qui est fausse et politisée.
On ne peut pas oublié les atrocités commis par l’extrême gauche. Pourtant c’est ce que fait la gauche en Amérique latine.
Cristina Kirchner c’est bien celle qui a été abondamment soutenue par notre pasionaria Castriste, à savoir notre nouvelle Reine des Glaces comme l’a surnommée H16.
La Reine des Glaces a aussi fait l’apologie de Castro et prétendu qu’il n’y a ni prisonnier politique ni répression à Cuba! C’est dire si la cruche est gauchiste!
Maduro a déjà tué plus de 100 personnes en 1 an, mais silence absolu de la gauche dans son ensemble, qui ne s’en prend qu’aux israéliens attaqués au couteau!