Logement : les APL font monter les loyers et pénalisent les étudiants

Le principe même des APL est dangereux et pénalise ceux qu’elles sont sensées aider. Mais comment faire alors ?

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Logement : les APL font monter les loyers et pénalisent les étudiants

Publié le 30 juillet 2017
- A +

Par Eddie Willers.

C’est le sujet politique du moment avec la nationalisation des chantiers STX de Saint-Nazaire. Celui que la France Insoumise a choisi comme cheval de bataille au point de déballer son panier de course en plein Hémicycle.

Le gouvernement a décidé de diminuer les Aides Personnalisées au Logement (APL) de 5 euros par mois.

 

Les APL, un débat émotionnel mais irrationnel

Jouer sur la corde émotionnelle est un très bon moyen de remporter un débat, et de nombreux politiques et chroniqueurs de tous bords l’ont bien compris au point de dramatiser celui sur l’APL. Pourtant, loin d’être une aide pour les plus pauvres, elle est en réalité une subvention cachée pour les propriétaires. Voyons pourquoi.

Comme souvent, l’enfer est pavé de bonnes intentions : des politiques se rendent compte que de nombreuses personnes ont du mal à se loger du fait de prix à la location élevés. La solution la plus simple est alors de leur donner chaque mois un chèque afin de les aider à payer leur loyer.

Maintenant imaginez que vous êtes propriétaire d’un appartement et vous apprenez que le gouvernement va verser une aide aux plus démunis pour qu’ils se puissent se loger. Vous mettez à la location votre bien, vous savez que de nombreuses personnes vont postuler, et vont bénéficier d’une certaine somme d’argent en plus. Que faites vous naturellement ? Vous augmentez votre loyer.

Poussons le raisonnement à l’extrême.

Que se passe-t-il si demain, tous les Français recevaient 1 000 000 euros sur leur compte ? Ils auront l’impression que leur pouvoir d’achat a augmenté et seront donc prêts à allouer davantage d’euros pour leur consommation, la demande augmentera sans que l’offre ait été modifiée. Résultat inévitable : les prix augmenteront.

Les subventions à la production (par exemple dans l’agriculture) permettent à un nombre plus élevé de producteurs de proposer leurs services, alors que la demande n’a pas bougé. Il en résulte une baisse des prix. Les subventions à la consommation (par exemple l’APL) ont l’effet opposé. Elles augmentent artificiellement les loyers, et donc le rendement d’un bien immobilier.

De plus, les logements pour lesquels le locataire bénéficie d’une APL sont souvent des logements accueillant des étudiants ou de jeunes travailleurs. Ils sont donc soumis à une rotation élevée, ce qui permet aux bailleurs de s’adapter aux modifications de la demande (plus forte du fait des aides). L’APL a donc un effet totalement neutre pour leurs récipiendaires, mais elle est une aide déguisée aux propriétaires immobiliers.

 

L’immobilier, un secteur déjà massivement bénéficiaire d’aides

Or le secteur immobilier est déjà un secteur ultra-favorisé.

De par les nombreuses réglementations qui s’y appliquent, l’immobilier présente de très fortes barrières à l’entrée. Il est de plus en plus coûteux de construire un immeuble ou une maison (voire impossible dans certains endroits comme Paris avec la réglementation locale). De fait, la demande augmentant, en particulier dans les centres-villes, il en résulte une augmentation énorme des prix de l’immobilier. Ajoutez à cela ces dernières années, des taux excessivement bas, et vous obtenez une gigantesque bulle alimentée par nos gouvernants.

Loin de moi l’idée de nier le fait que se loger est coûteux en France, j’en fais également l’expérience en habitant Paris. En revanche, la solution proposée jusqu’à présent est comme d’habitude simpliste et repose sur la même dialectique : les propriétaires sont des profiteurs, les locataires sont gentils, il faut aider ces derniers. Malheureusement elle se révèle inadaptée. Libéraliser le marché de la construction, mettre fin à l’empilement de réglementations dans tous les sens sur la hauteur des bâtiments ou leur efficience énergétique et mieux reconnaître les droits des propriétaires seraient à coup sûr de bien meilleurs moyens d’assurer la construction de nouveaux bâtiments qui répondront à cette demande croissante.

Ces propositions sont évidemment absentes d’un débat qui a choisi la voie de l’émotion au lieu de la rationalité. Assainir le marché immobilier passe par l’arrêt des subventions aussi bien à la location qu’à la construction et par une réduction drastique de l’inflation normative.

 

Immobilier : des solutions existent, en voici une

Un bon exemple à suivre serait certainement celui de Houston aux États-Unis.

Grâce à sa faible imposition et ses faibles réglementations, la ville a réussi au cours des vingt dernières années à attirer de nombreuses entreprises (entre 2008 et 2014, 219 entreprises ont déménagé de la Californie vers Houston à titre d’exemple) et donc de nombreux travailleurs sont venus nourrir les rangs d’une industrie florissante. Ainsi, entre 2014 et 2015 près de 160 000 personnes sont arrivées dans la ville texane.

À la différence des villes de la côte ouest comme Portland ou San Francisco, Houston a fait le choix de très peu réglementer la construction (des chercheurs de Wharton ont même évalué que Houston est une des villes qui réglemente le moins l’utilisation de la propriété foncière aux États-Unis) et de ne pas distribuer de subventions ni encadrer les loyers. Bilan : entre 2014 et 2016, là où la valeur d’une maison à Portland augmentait de 188 000 dollars, à Houston, la hausse se limitait à… 9000 dollars.

Houston a permis à l’offre de s’adapter en construisant de nouveaux biens. Le prix des maisons et des loyers n’a donc que très peu augmenté à la différence de Paris où l’offre ne peut pas s’adapter du fait de la réglementation.

Moralité : au lieu de s’écharper sur ce que l’on peut s’acheter avec 5 euros, nos élus devraient plutôt regarder ce qui se pratique du côté du Texas et s’en inspirer afin d’engager des réformes qui permettront réellement de baisser le coût du loyer pour les plus pauvres.

Pour aller plus loin :

  • N. GRAY (2017). « How Spontaneous Order Keeps Houston Affordable ». FEE.

Sur le web 

Voir les commentaires (9)

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  • Alors que dire des logements hm, accompagnés d’apl. Être propriétaire en province et attendre 6 mois avant d’avoir un locataire. Quelque soit le prix du loyer, ils ont droit à l’apl, au regard de leurs revenus. Nous savons que la solution est l’allocation unique. Faire croire aux gens de droite qu’ils essaient de faire des économies en prenant 5 euros à chacun est une bonne idée, j’appellerai cela un « gag ».

    • « …’ils essaient de faire des économies en prenant 5 euros à chacun est une bonne idée »

      Prenant ! MDR… Ne pas donner c’est prendre ?
      Perso je trouve intéressant le signal donné….

      70% des aides au logement partent dans des hausses de loyer et l est donc logique de penser que les loyers vont baisser (ou du moins, moins augmenter) c’est ça l’utilité du signal.

      Et quoi que vous en pensiez, moins dépenser c’est moins de taxes et d’impôts… même si ce n’est pas cette dépense qui était la pus urgente à mettre en oeuvre…

      « Nous savons que la solution est l’allocation unique. »
      Ne prenez pas votre cas pour une généralité, parlez pour vous.

  • éxellente idée ,probleme les memes qui débattent aujourd’hui de ces apl ,sont les memes qui ont (ou qui on continuer) a les appliquer

  • J’ai, durant 40 ans, visité les entreprises et les institutions pour vendre du bois et dérivés. J’affirme haut et fort que les 1000 offices HLM et leurs foncières finançant les syndicats sont la cause de la hausse des prix du logement et de la crise par TRES mauvaise gestion. La solution : privatiser ces usines à gaspillage et corruption ou et électoralisme

  • Oui, mais laisser le marché jouer librement, c’est se mettre à dos toutes les assoces marxisantes. Et subventionner, c’est se faire bien voir des électeurs… Il n’y a donc pas à hésiter un seul instant ! 😉

  • Vision très parisienne du marché immobilier !
    Il manque un ratio intéressant de la répartition de l’APL entre le secteur public et le privé…
    En province, c’est le marché qui définit le prix du loyer du secteur privé ! Il existe des bailleurs sociaux qui se livrent une concurrence acharnée pour louer leurs logements à la suite d’investissements très importants ces dernières années. Les bailleurs privés s’adaptent en baissant leurs loyers pour éviter la vacance, qui reste très importante !
    La « politique » du logement menée par l’Etat, ne fait pas exception à la gabegie…
    La réduction de 5€ par mois est un pis aller qui en dit long sur le manque de vision et de stratégie globale…
    Vincent Benard a livré des analyses très pertinentes sur le marché immobilier et les remèdes à opérer d’urgence… ceci depuis une décennie ! Pour quels résultats ???
    C’est désespérant !…

  • Le choix des APL est aussi très populaire et donc électoraliste même si dans le fond cela reste une arnaque… et la suppression des APL ne peut se faire que progressivement avec une excellente comm et des mesures compensatoires qu’il n’y a pas actuellement. Par ex :
    1- Bloquer le loyer quand le locataire perçoit des APL
    2- Alléger les réglementations qui pèsent sur le propriétaire (en remplaçant par exemple des obligations par des recommandations)
    3- Campagne de communication pour préparer les esprits
    4- Baisse des APLs (par ex : 10€/mois tous les ans)
    Ainsi on peut dégonfler progressivement la bulle …

  • Depuis les Etats unis, j’ai hérité avec mes deux soeurs de trois appartements à EVREUX, dont deux des locataires ne payaient pas leur loyer A mon défunt père . Mon père n’arrivait pas A les expulser, il en est mort du reste ! Pourtant ces deux locataires touchaient l’APL mais ne versaient pas leur loyer et nous avions une agence immobiliere qui m’avait fait l’inventaire depuis lA France en disant que tout etait merveilleux . Quelle ne fut pas ma surprise de recevoir le petit mot de ma soeur qui habite en France et que je vous partage, lisez bien la locataire touchait l’APL !!!!
    « Le syndic nous assigne au tribunal car l’appartement que la locataire a laissé avec ses affaires (il est immonde) est rempli de cafards et de rats et l’immeuble est contaminé. Les copropriétaires se joignent au syndic. «
    , j’attends toujours le syndic depuis des mois maintenant. aucune nouvelle, rien.. !!!!et la locataire touchait l’APL.. regardez comment elle s’est servie de l’Etat généreux de France,! je compte vendre ces appartements avec mes soeurs, vous pensez bien!!!!!!!!!! les locataires sont vus comme des VICTIMES!!

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