Par Chloé Lourenço.
Un article de Trop Libre
Ce n’est pas la première fois que la Catalogne essaye d’obtenir son indépendance. En 2014, 2,3 millions de personnes avaient voté pour exprimer leur opinion sur l’avenir de la communauté autonome.
Ce vote devait être semblable à celui qui avait lieu la même année en Écosse. Il avait finalement pris la forme d’un processus de participation civique, et n’était donc pas contraignant.
Le gouvernement espagnol avait catégoriquement refusé d’accepter un tel référendum et avait formellement interdit la Generalitat d’utiliser les listes électorales.
La question posée à tous les Catalans de plus de 16 ans était la suivante : « Voulez-vous que la Catalogne soit un État ? Si oui, voulez-vous qu’il soit un État indépendant ? ». Environ 8 électeurs sur 10 s’étaient prononcés en faveur de la sécession.
Catalogne vs État central
Trois ans après, les positions de Madrid vis-à -vis de la Catalogne et de ses velléités d’indépendance n’ont pas changé. Le 27 mai dernier, Mariano Rajoy avait assuré que, tant qu’il serait au gouvernement « cela ne se produirait pas ».
Le gouvernement central considère en effet qu’un tel référendum enfreindrait la souveraineté espagnole garantie par la Constitution de 1978. L’État a d’ailleurs le pouvoir d’intervenir directement dans la gouvernance de la région, jusqu’à la contraindre d’abandonner l’idée d’un référendum.
Cela n’a pas arrêté Carles Puigdemont, qui a déploré dans son discours que le gouvernement madrilène ne se préoccupe pas plus de la Catalogne. « Toutes nos demandes ont été systématiquement déboutées. Nous leur avons expliqué dans toutes les langues, cela n’a rien changé. Nous n’avons jamais eu une réponse positive. »
Par conséquent, le chef du gouvernement catalan a fait savoir qu’il tenait à convoquer un référendum en raison de « l’exercice légitime du droit à l’autodétermination auquel a le droit une région millénaire » comme la Catalogne.
Il a d’ailleurs assuré qu’il s’engageait à faire appliquer le résultat qui sortirait des urnes le plus tôt possible. « C’est le moment pour les Catalans de décider de leur futur. » a-t-il déclaré.
L’ancien maire de Gérone n’a pas encore signé le décret de convocation interdite par le Tribunal Constitutionnel, mais il a d’ores et déjà donné l’intitulé de la question : « Voulez-vous que la Catalogne soit un Etat indépendant sous forme de République ? ».
Les Catalans qui se rendront à la consultation –et qui, par conséquent, se mettraient en délicatesse avec la loi- pourront voter dans les trois langues officielles de la région : le catalan, le castillan et l’aranais.
Jordi Sanchez, président de l’Assemblée nationale catalane a expressément demandé à Carles Puigdemont de ne pas négocier avec le gouvernement central, estimant que cela n’était pas nécessaire. « Les urnes ne négocient pas » disait-il dans un article du journal El PaÃs.
Des Catalans divisés sur la question
Dans la région la plus riche d’Espagne, les indépendantistes ont toujours été en nombre important. En 2012, lors des élections parlementaires, les deux partis en faveur d’une séparation –Junts pel Si et CUP– obtiennent presque 80% des voix et 107 sièges sur 135.
Mais avec la reprise de la croissance espagnole et la crise qui devient petit à petit un lointain mauvais souvenir, le mouvement indépendantiste s’essouffle.
Les Catalans semblent divisés sur la question : 44% d’entre eux sont pour que leur région devienne un État indépendant de Madrid, mais ils sont toujours 49% à vouloir rester dans le giron de l’Espagne, selon un dernier sondage. Toutefois, tous s’accordent à dire qu’ils souhaitent être consultés sur leur avenir. *
Beaucoup de citoyens catalans sont sceptiques sur la capacité d’une seule région à faire face à toutes les dépenses faites d’ordinaire par un État, mais la Generalitat assure qu’elle saura gérer.
Une autre inquiétude règne quant au maintien ou non de la Catalogne dans l’Union européenne.
La question s’était posée pour l’Écosse en 2014 et Bruxelles avait fermement expliqué à Edimbourg qu’elle devrait faire les mêmes démarches que le Monténégro ou la Serbie pour devenir membre. Une longue procédure qui avait sans doute fait pencher la balance en faveur du non à l’indépendance écossaise.
Sur ce point, Barcelone assure que quitter l’Espagne ne signifie pas quitter l’UE. Rien n’est moins sûr…
—
La plupart des nations européennes se sont formées par la volonté de monarques, au gré d’une histoire violente. L’indépendantisme en est une forme de refus. Mais est-ce un avantage pour les habitants, en cas de succès? Entre la perte d’avantages liés à la taille, et le risque d’un autre pour les partis extrémistes, la déception ou le malheur font partie des suites. La raison est toujours meilleure qu’une passion.
Une région riche….de corruption des elus , m’étonne pas qu’ils demandent leur indépendance tout en souhaitant ne pas l’obtenir ?http://catalanindependance.blog.lemonde.fr/2016/03/12/corruption-les-differences-entre-lespagne-et-la-catalogne/
Cette région est bien trop honnête sur le papier pour que cela soit la réalité !
Quitter l’Espagne revient de facto à quitter l’UE. Plus de monnaie légale, plus de subventions européennes, rétablissement des frontières et des postes de douane (hors Schengen), nécessiter de créer l’infrastructure attestant de l’identité et de la nationalité, intégrations progressive aux traités UE. Désintégration du système bancaire et financier.
En contrepartie, un sous-ensemble d’habitants d’un État souverain qui fait sécession, mais qui revendique la création d’une république. Jusqu’à ce qu’un sous-ensemble du Nouvel État fasse à son tour sécession…
Bref, c’est pas gagné…