Congrès : ce qu’il faut retenir du discours d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a donné ses orientations politiques générales en Congrès à Versailles devant les députés et les sénateurs. Que faut-il en retenir ?

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Congrès : ce qu’il faut retenir du discours d’Emmanuel Macron

Publié le 3 juillet 2017
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Par Frédéric Mas.

L’observateur de la politique française de ces dernières années pourrait relever comme une américanisation de ses institutions : après la désignation des candidats de droite comme de gauche à travers des primaires internes, le président nouvellement élu Emmanuel Macron a décidé de présenter les orientations de son gouvernement « progressiste » – qu’il oppose à conservateur – par convocation du Congrès. Cela n’est pas sans rappeler la pratique du discours à la nation du président américain, au cours duquel il présente aux représentants de la nation l’esprit de son mandat.

L’esprit du mandat Macron

Du discours d’Emmanuel Macron, il est possible de retenir plusieurs lignes directrices qui dessinent à la fois une ambition réformatrice, social-libérale et réaliste. Le maître mot du nouveau locataire de l’Élysée semble être efficacité. À plusieurs reprises, il a insisté sur son attachement à l’esprit des Lumières et à l’autonomie individuelle et, en contraire, sur son aversion contre la société de rente et de privilèges.

Emmanuel Macron a souligné plusieurs fois la nécessité de retisser les liens de confiance entre citoyens et élus, mais aussi entre citoyens eux-mêmes, rappelant le célèbre livre d’Alain Peyrefitte sur la nécessité d’établir moralement les conditions de la coopération sociale pacifique.

Emmanuel Macron a également placé son mandat sous les auspices du principe de réalité, estimant que le débat public a souvent été victime de son contraire, le déni de réalité. Sans doute faut-il ici comprendre la volonté du nouveau président de clore définitivement une campagne présidentielle où les propos démagogiques ont largement contaminé les formations à droite comme à gauche.

Comme pour répondre aux accusations de n’être que le représentant d’une fraction étroite de la bourgeoisie, celle des gagnants de la mondialisation, Emmanuel Macron s’est présenté comme accomplissant le mandat du peuple, mandat reçu directement par l’élection et indirectement par celle des parlementaires.

Si le discours du président ne nous épargne pas certains poncifs sur la transition énergétique et ne dit pratiquement rien sur la nécessité de réduire les dépenses publiques, il convient tout de même de relever certaines orientations intéressantes.

Les réformes à mettre en œuvre

Emmanuel Macron veut mettre en œuvre plusieurs réformes institutionnelles.

Emmanuel Macron entend lutter contre l’inflation législative, l’empilement de lois inefficaces et mal construites en multipliant les évaluations, mais aussi en adaptant le rythme de leur adoption en fonction de leur correspondance à la vie sociale.

Le président de la République compte réduire d’un tiers le nombre de parlementaires, le tout afin d’améliorer l’efficacité du travail des députés.

Par respect du pluralisme social, Emmanuel Macron entend instaurer une dose de proportionnelle à l’assemblée nationale. Il compte également limiter le cumul des mandats dans le temps et favoriser le droit de pétition. Notons que ces mesures prises ensemble pourraient aider au renouvellement du personnel politique, problème essentiel d’un régime dont les élites sont pétrifiées depuis ces 40 dernières années.

Emmanuel Macron n’a pas eu le courage de supprimer le Conseil économique et social, souvent perçu comme un comité Théodule sans utilité sociale profonde : il a préféré en proposer le renouvellement. Peut-être cela amorcera-t-il aussi la suppression des multiples autorités indépendantes censées représenter la société civile mais qui coûtent des milliards chaque année au contribuable.

Bonnes nouvelles pour l’État de droit

En matière de justice, Emmanuel Macron a décidé de supprimer la Cour de justice de la république, estimant que la juridiction d’exception ne respectait pas le principe d’égalité devant le droit. Il tient également à clairement séparer le judiciaire de l’exécutif, en impliquant le conseil supérieur de la magistrature dans la nomination des magistrats du parquet. Ces deux réformes sont d’excellentes nouvelles pour l’État de droit et la protection des libertés fondamentales. Peut-être faut-il voir un premier pas vers une plus grande indépendance de la justice en France.

Il faut redonner sa place à l’intelligence française.

Emmanuel Macron assume aussi son élitisme républicain et a rappelé la nécessité de mettre en valeur la culture et la production intellectuelle française au sein de la mondialisation, ce qui permet peut-être d’entrevoir une amélioration dans le domaine de l’éducation, l’enseignement supérieur et la recherche.

En matière de politique étrangère, le nouveau président a défendu une vision du monde réaliste, condamnant implicitement le néoconservatisme de ses prédécesseurs, et insistant sur le rôle traditionnel de la diplomatie et la nécessité de dialoguer avec toutes les grandes puissances pour protéger la paix. Il a également plaidé pour un retour aux sources de l’idéal européen malmené par les circonstances du moment. Dans ces derniers domaines, Emmanuel Macron semble avoir pris de court certains de ses soutiens les plus atlantistes.

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  • Dans l’ensemble c’est positif mais y a t il une seule mesure capable de rendre la France moins folklorique dans le concert des nations ?
    Non , rien que du vent ou des demi mesures..diminuer d’un tiers les députés /senateurs….pourquoi pas des trois quart voir les supprimer ,de toutes les façons ils suivent les desideratas du gvt et de leur parti

    • Il faut supprimer le sénat qui ne sers à rien. Hell! même l’assemblée nationale ne sers à rien actuellement. Si on veut faire des économie il suffit de désigner par tirage au sort un citoyen par département se sera bien suffisant pour constituer une chambre d’enregistrement pour le pouvoir.
      Sinon je ne vois rien de positif dans ce déballage de moraline par tonneaux entier. Si chaque fois que j’avais vu un politicien faire de belle promesses la main sur le cÅ“ur on m’avait donné un 1 € je serais riche!

  • “les liens de confiance entre citoyens et élus” il ne pourra y avoir confiance que lorsque les “élus/fonctionnaires” arrêteront de s’occuper de ce qui ne les regarde pas c’est à dire presque tout en fait. Lorsque l’on sera bien certain que cette armée d’apprentis tyran est soigneusement circonscrits à quelques secteurs telle que la défense du pays et des libertés alors on pourra respirer un peu et commencer à faire confiance…
    “adaptant le rythme de leur adoption en fonction de leur correspondance à la vie sociale.” comprend pas…

    • @Laurent
      Bonsoir,
      “les liens de confiance entre citoyens et élus » il ne pourra y avoir confiance que lorsque les « élus/fonctionnaires » ”
      Les citoyens ne peuvent qu’avoir de la méfiance envers leurs élus.
      – “Le Peuple n’a qu’un seul ennemi, son gouvernement.” – Antoine de Saint-Just.
      – “Quand le Peuple craint son gouvernement, il y a tyrannie. Quand le gouvernement craint le Peuple, il y a liberté.” – Thomas Jefferson.

    • “en adaptant le rythme de leur adoption en fonction de leur correspondance à la vie sociale.”

      Ca doit vouloir dire que la loi ne doit pas précéder l’acceptation sociale : cf le mariage pour tous.

  • “Ne le dites pas, faites le” !

  • en impliquant le conseil supérieur de la magistrature dans la nomination des magistrats du parquet.

    Vu comme le CSM est politisé, ce n’est pas vraiment rassurant…

  • La “rente” : 5 millions de fonctionnaires !! on commence quand à réformer le statut du fonctionnaire ? Est ce que notre président saura mettre les c…..es sur la table pour réformer ?!?!

  • Le discours de Macron fût une prestation de salon littéraire, où l’on disserte aimablement sur des considérations institutionnelles, historiques, philosophiques, éthiques ou littéraires. Pas inintéressant en soi pour les amateurs mais totalement décalé et hors sujet par rapport à ce que requiert la situation actuelle de la part des dirigeants politiques du pays.

    La question centrale du moment, qui domine et conditionne toutes les autres, est celle de la prospérité en berne, de l’accumulation inouïe et totalement inédite en temps de paix de dettes à un rythme bien plus rapide que la production de richesses qui permet d’en assurer le service, du sous-emploi massif et qui risque de l’être encore plus si par malheur les pertes capitalisées en dettes venaient un jour à être reconnues et actées.

    Cette situation fondamentalement instable et potentiellement explosive concerne la France, l’Europe et la plupart des pays du monde.

    Elle requiert des dirigeants politiques un diagnostic cohérent ayant une valeur explicative de la situation et un plan d’actions ayant une portée opérationnelle susceptible de remédier à la situation aux niveaux national, européen et International.

    Rien de tout cela dans le discours de Macron : aucune valeur explicative, aucune valeur opérationnelle. Rien qui permettrait de se mettre en marche. Le gamin continue de brasser de l’air.

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