Quand la France trafique ses comptes publics comme la Grèce

La vertueuse Cour des Comptes déclare que le budget 2017, présenté par Michel Sapin, était « insincère ». Faut-il se préparer à de nouvelles hausses d’impôt ?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Michel Sapin by Parti socialiste(CC BY-NC-ND 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Quand la France trafique ses comptes publics comme la Grèce

Publié le 3 juillet 2017
- A +

Par Simone Wapler.

Le budget 2016 préparé par Michel Sapin fait couler beaucoup d’encre. Est-ce vraiment grave ou une manœuvre pour nous préparer psychologiquement à de nouvelles hausses d’impôts ?

Hou le vilain Sapin.

Budget « insincère » jusqu’où ?

La vertueuse Cour des comptes déclare que le budget 2017, présenté par Michel Sapin, était « insincère ».

Insincère, c’est vilain comment ? Le Larousse nous dit « hypocrite ». Mais les fonctionnaires ont un langage bien à eux.

Un budget insincère est un budget voté en équilibre mais dont le conseil sait parfaitement qu’il ne tient pas la route (minimisation des dépenses par rapport aux ressources) et que des décisions budgétaires modificatives devront être votées en cours d’année pour enregistrer des ressources nouvelles ou pour annuler ou pour reporter à l’année suivante des dépenses initialement prévues. (Stefano Boffo, Pierre Dubois, Roberto Moscati, Gouverner les universités en France et en Italie, page 193, 2008.)

C’est vilain, moche. On prépare un terrain miné aux potes. Pas bon camarade, Michel Sapin.

Notre président Macron ne le savait pas, ne pouvait pas le savoir. Ce n’est pas parce qu’on a fait l’ENA, l’inspection des Finances et de la banque d’affaires, qu’on est un ex-ministre du Budget, qu’on sait flairer les « insincérités » des comptes publics.

Le déficit budgétaire rate son objectif de 2,8% sur lequel la France s’était engagée auprès de l’Union européenne. Il sera de 3,2%. Rater son objectif à 22,5% près, ce n’est pas une broutille.

Ce déficit, c’est aussi l’héritage du vilain Hollande. Avant de partir, Hollande a offert sa tournée à ses potes fonctionnaires au « bar des amis ». Mais il est parti sans payer en laissant la note à son successeur. Pas très gentleman, ça…

En effet, les dépenses de personnel et de fonctionnement de l’État ont bondi : sur quatre mois seulement le relèvement du point d’indice des fonctionnaires nous a déjà coûté 1,33 milliard d’euros. Ça devrait nous faire un petit 3,99 milliards d’euros en fin d’année car même en comptabilité publique 3×4 = 12 et 12 mois = 1 an et 3 x 1,33 = 3,99.

Source : L’Opinion

En attendant, il faut faire avec, comme on dit.

Où trouver 9 milliards ? Dans les impôts ?

Notre président Macron doit trouver 9 milliards d’euros (et non pas seulement 4 milliards d’euros ou 5 milliards d’euros comme estimé avant l’audit de la Cour des comptes). Même en faisant démanteler par Ségolène Royal ses disgracieux portiques écotaxes qui nous ont coûté 1 milliard d’euros, on est loin du compte…

Certaines mauvaises langues prétendent que tout cela n’est que mise en scène, que la situation ne serait pas si grave. Il s’agit simplement de préparer les esprits à une hausse des impôts à l’automne, époque où les feuilles (d’impôts) tombent.

Mais quand même, le nouveau gouvernement a prévu de « geler les points » des fonctionnaires. Plus d’augmentation.

C’est vrai qu’avec la nouvelle Assemblée, une telle mesure est plus facile à prendre que par le passé.

Composition de l’Assemblée nationale :

  • 186 cadres
  • 129 fonctionnaires
  • 88 professions libérales
  • 51 employés
  • 40 retraités
  • 14 agriculteurs
  • 11  artisans et commerçants
  • 58 « autres » (Source : La Voix du Sancerrois)

Seulement 129 fonctionnaires sur 577 sièges, soit 22%, c’est beaucoup moins qu’avant (37%).

Quant à l’avenir…

Des fonctionnaires qui devraient recevoir leur prime en dette française

Suggérons une réforme audacieuse : fonctionnaires et élus devraient recevoir leurs gratifications, primes et augmentations en dette de l’État français. Un genre d’intéressement ou de stock option, en quelque sorte.

Avec, évidemment, obligation de la garder jusqu’à maturité et interdiction de vendre, comme le prévoit la loi Sapin, si jamais il y avait un désamour pour la dette française.

Car évidemment, derrière ces questions de déficit, se pose le problème de la dette qui gonfle, des rendements dérisoires que perçoivent les porteurs d’obligations françaises notamment qui ont des contrats d’assurance-vie en euro. Le jour où plus personne ne voudra de ces papiers qui ne rapportent rien, que se passera-t-il ? Votre épargne est-elle à l’abri ? Prenez dès maintenant les précautions qui s’imposent.

Peut-être que M. Sapin nous fait des budgets insincères, mais rusé, il a préparé les arrières. En cas de « crise de la dette française », vous ne pourrez plus effectuer de rachats partiels ou sortir de votre assurance-vie.

Pour plus d’informations de ce genre, c’est ici.

Voir les commentaires (21)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (21)
  • macron fera comme les autres ; cet argent il le prendra aux retraités , aux classes moyenne , aux petits riches , peut être même augmentera t’il la TVA , mais on peut être sure que ce sont les mêmes qui vont cracher au bassinet ;

  • On peut mentir avec sincérité et c’est ce que font nos hommes politiques à longueur de journée .
    D’ailleurs mentent ils ? Pas vraiment ,ils se trompent dans leurs prévisions , n’est pas madame soleil qui veut !
    Par contre Macron,…….il va se faire sacrer roi des menteurs à Versailles aujourd’hui en annonçant avec le sourire qu’il abandonne toutes ses réformes parce que ses potes n’étaient pas sincères.

  • Comme chacun sait, quand votre budget est en déséquilibre, on peut agir sur deux leviers : baisser les dépenses (ce doit être le premier réflexe) et/ou augmenter les recettes.
    On peut en fait, augmenter les recettes sans augmenter les impôts ou taxes en augmentant les rentrées dues à une baisse du nombre de chômeurs. Exemple type: modifier les seuils sociaux: passer le seuil de 10 salariés à 50, celui de 50 à 250 et celui de 250 à 1000. Cela ne coûte rien et fera embaucher quelques -dizaines de- milliers de gens.
    Dans la baisse des dépenses, on peut faire le tour de toutes les agences étatiques ou para-étatiques et supprimer toutes celles qui ne sont pas impératives: au moins un ou deux milliards d’économie.
    Et, bien sûr, ne plus embaucher un seul fonctionnaire jusqu’à la fin de l’année, tout en préparant une restructuration profonde des missions de service public

  • Suggérons une réforme audacieuse : fonctionnaires et élus devraient recevoir leurs gratifications, primes et augmentations en dette de l’État français. Un genre d’intéressement ou de stock option, en quelque sorte.

    J’ai aussi bien : leur retraite 100% capitalisée en bons d’état français, exclusivement. Cocorico ❗

    • Votre commentaire suggère que les fonctionnaires sont des profiteurs, peu attentifs aux dépenses ? C’est cela ?
      C’est un peu idiot ces attaques anti-fonctionnaires…
      Si vous souhaitez les dégoutter, les payer peu et continuer à les déconsidérer, il ne faudra pas vous étonner si la fonction publique ne recrute plus que des tocards.
      Ca va dans ce sens déjà dans l’enseignement, notamment dans le domaine des sciences : profs de maths ou de sciences, plus assez de candidats…
      Un des profs de prépa (ecole d’ingenieur) de ma fille leur a déconseillé de se présenter à Normale Sup : boulot de prof trop déconsidéré, de chercheur trop mal payé, sans rapport avec leurs compétences…
      Bref, si la fonction publique dépense trop ou mal, c’est les décideurs (élus…) qu’il faut attaquer. Pas ceux qui bossent, le plus souvent en faisant de leur mieux…

      • Tout d’abord, les bons d’états français sont censés être très surs, puisque même les banques s’en gavent (au lieu de prêter) bien que forcées par la législation. L’état français est réputé pour sa capacité à lever l’impôt.

        Quant à la valeur de ces obligations, en douteriez-vous ? Dans un pays bien géré, une obligation devrait garder 100% de sa valeur, non ? Pour quelle raison ne pourrait-on pas leur faire confiance ? Parce que si le pays est mal géré, les fonctionnaires doivent s’écraser, et écraser les plus faibles pour avoir la panse bien pleine ? Et une autre solution collectiviste sera forcément meilleure ?
        Par ailleurs, il y a un impôt différent par jour, et la France sera bientôt plus célèbre par ses impôts que par ses fromages. Donc, aucune crainte à avoir. Cela poussera à ce que l’état soit bien géré à tous les niveaux, car il n’y a pas que l’état central. Fonctionnaire jardinier, fonctionnaire couvreur, longue liste, en voulez-vous en voilà.
        Si cela ne leur plait pas, ils peuvent très bien aller travailler dans le privé. Prenant conscience qu’ils sont liés pour leur retraitre, eh bien ils voteront moins pour des crétins de polytocards dispendieux de l’argent gratuit des autres. Car il semblent qu’actuellement les fonctionnaires votent volontiers pour des socialistes en tous genres.

        Et comment se fait-il qu’un fonctionnaire ne recommande plus son métier ? C’est bien parce que l’état s’occupe en premier de ce qui ne le regarde pas. Les caisses sont vides ? On gèle les crédits de l’armée. Il y a peu, c’était la police qui était visée, et maintenant, on fait marche-arrière en catastrophe. On brasse du vent avec les éoliennes, niant le droit de la propriété privée que l’on défend ardemment vis à vis des centrales nucléaires ou autres barrages. En même temps, on brasse l’argent gratuit des autres en faussant le marché, braillant que le PV et MAV sont rentables, que le nucléaire ne l’est pas et qu’il est subventionné.

        Et puis rien n’interdit à ces fonctionnaires de capitaliser librement des actions de leur choix avec leur traitement, ce qui facilitera le passage de ce même système pour le privé, grâce à l’égalité de traitement. Et autre avantage non négligeable, cela mettra hors de portée la mise en poste à haut traitement des copains des polytocards, le capitaine de pédalo en a nommé 3, dont 2 syndicalistes (CGT, FO) pour le modest coût de 21 millions d’Euros en argent gratuit des autres, sans l’immense cohorte de cheffaillons que l’on nomme à des hauts postes 6 à 2 mois avant leur départ en retraite, dans le but qu’ils aient une excellente retraite basée sur les 6 ou 2 derniers mois, financé par l’argent gratuit des autres, ceci pour complaire à des organisations polytocardes, partis, syndicats, et donc être réélu, et continuer à profiter des largesses de l’état.

        Conclusion : En Allemagne, madame Merkel doit justifier l’usage de sa carte de crédit. Nul besoin d’ajouter d’autre commentaire.

        • Vous décrivez vous même les problèmes. D’origine politique bien souvent. Et le fonctionnaire qui fait son boulot n’a le plus souvent pas son mot à dire lors des réformes, ni le temps de faire de la politique pour influencer le barnum. Comme bien d’autres gens d’ailleurs, entre boulot, enfants à élever, etc…
          Comme vous dites, les fonctionnaires peuvent partir. Et ils le font ! Parmi les jeunes recrues de l’Education Nationale, beaucoup de démissions cette année…
          Et comme je vous disais, quand il ne restera que les tocards, personne ne sera gagnant !

          • Quant à l’argent gratuit des autres…. savez vous que les fonctionnaires paient aussi des impôts ?

          • Et comme je vous disais, quand il ne restera que les tocards, personne ne sera gagnant !

            Avec les moyens qu’aura bientôt l’état, il ne pourra s’offrir que des tocards. Il récoltera les fruits de ce qu’il a semé.

            A part cela, on nous clame que les obligations d’état françaises sont sures. Vous ne semblez pas abonder dans ce sens. Y aurait-il un vers dans le fruit ❓

  • Mon souvenir est que l’assemblée précédente comportait 60% de fonctionnaires ou assimilés. 22% de fonctionnaires! J’ai de très gros doutes que confirme les 40 retraités (non ventilés entre public et privé) et les 58 « autres »…

    • pareille pour les « cadres », je paris que la majorité des « cadres » sont des fonctionnaires ou officient dans des entreprises dépendantes de l’état. Idem pour es agriculteurs dont les revenues dépendant à 100% de l’état comme pour une gande partie des professions dites libérales (qui ne sont en fait que des fonctionnaires avec liberté de tarification).

  • Une différence entre la France et Grèce : la France sait percevoir l’impot et est très efficace dans ce domaine. la Grèce non (et on le sait depuis le XIXe siècle…)

  • C’est la spécialité de la gauche de laisser des patates chaudes aux successeurs, ce fut déjà le cas sous Mitterrand et Jospin!

  • « Dans le privé » il y a longtemps que Sapin aurait  » quelques problèmes « d’ordre judiciaire

  • L’action de Hollande en fin de Mandat c’est du Nordhaus dans le texte: Il a assêché les comptes publics (déjà bien secs) pour tenter le tout pour le tout pour sa réélection.

  • @laurent, vous devriez argumenter un peu plus avant de dire des anneries, je ne vois déjà que peu de points communs entre un professionnel libéral et un salarié du privé, alors entre un libéral et un fonctionnaire …
    Quand au problème de fonctionnaire, un alignement du statut sur celui du salarié du privé serait salvateur. J’irai même plus loin, un alignement du statut fonctionnaire et du statut salariés du privé sur le statut des professionnels libéraux serait encore mieux

  • Article génial de réalisme et d’ironie mordante.

  • Une magouille récente du Trésor sur la dette :

    Au lieu d’emprunter 10Mds € sur 10 ans quand le taux du marché est de 2%, le Trésor a emprunté la même somme mais avec un taux de 7% et le prêteur lui a versé immédiatement la différence qui est de 3Mds.
    Il a donc emprunté 13Mds mais seuls 10 sont comptabilisés dans la dette.

    En effet l’annuité de remboursement d’un emprunt de 10Mds au taux de 7% est la même que celle d’un emprunt de 13Mds à 2% (environ, pour l’exemple).

    Les 3Mds sont allés au budget (dépenses) ou à la réduction de la dette, on ne sait pas trop pour l’instant.

    La dette n’a augmenté que de 10Mds mais au lieu de payer des annuités d’1.1Mds, on va rembourser 1.4Mds par an. Les suivants paieront.

    Le même principe si on ne paie que les intérêts tous les ans (0.4Md vs 0.1Md), et les 10Mds à l’échéance dans 10 ans

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Cela fait maintenant sept années que vous entendez parler de la loi Sapin 2, et de ses impacts sur votre assurance-vie.

Contrepoints avertissait ainsi dès le vote de la loi en 2016, sous la plume de l'économiste Jean-Pierre Chevalier et bien d'autres auteurs. Après plusieurs années de menace théorique, celle-ci devient maintenant une menace réelle, possiblement à court terme.

 

La loi Sapin 2

Mais déjà que dit cette loi Sapin 2 ?

L'avocat Gildas Robert le résume ainsi :

« Si le Haut Conseil pour la stab... Poursuivre la lecture

Par Pierre Farge.

La France a pour obligation de transposer la directive protégeant les lanceurs d’alerte d’ici la fin de l’année. Dans cette perspective, un rapport d’information vient d’être rendu à l’Assemblée nationale. Entendu dans ce cadre, Pierre Farge, avocat de lanceurs d’alerte, auteur d’un essai sur la question, fait le point sur les lacunes qui persistent. 

Si la législation française laisse croire que le lanceur d’alerte est protégé, sa pratique témoigne du contraire : manque de clarté des textes, dispositifs contra... Poursuivre la lecture

Par Pierre Farge.

En écho à la hausse de la lutte contre la fraude hissée parmi les revendications du Grand débat national, Maître Pierre Farge, spécialisé dans la cause des lanceurs d’alerte, témoigne du recouvrement sans précédent des fonds que leur protection effective permettrait aux caisses de l’État.

Ses propositions prennent ici la forme d’une note aussi didactique que technique à l’attention du Ministre du Budget, et du nouveau nommé Procureur de la République financier, Jean-François Bohnert.

Sur fond de course p... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles