Ségolène Royal, la très coûteuse méritocratie « à la française »

Ségolène Royal, c'est l'archétype de la méritocratie à la française qui accumule bourdes et catastrophes et finit toujours par trouver un place au chaud.
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Ségolène Royal champagne (Crédits : H16, tous droits réservés)

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Ségolène Royal, la très coûteuse méritocratie « à la française »

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 29 mars 2017
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Ah, Ségolène Royal ! Plus qu’une histoire, cette politicienne – incrustée dans la vie politique française depuis un demi-siècle comme un gravier dans un fruit trop mûr – est un véritable poème qui a su faire rimer dépense avec insouciance et qui, à en juger les dernières actualités la concernant, n’a pas fini de nous occuper.

Ségolène, c’est une habituée de ces colonnes : véritable ressort comique dès que la période s’essouffle en vaines analyses sur des politiques désastreuses, elle a toujours su rebondir, d’un poste à l’autre, volant d’une polémique ridicule à une citation consternante avec le brio que seuls les meilleurs humoristes savent déployer.

Alors que son mollasson de concubin est longtemps resté dans son ombre, elle a su se faire une solide réputation en politique dès sa sortie de l’ENA : jouant des coudes et de promesses subtilement démagogiques en assurant – je cite« aux paysans qu’elle [va] leur donner des cours d’anglais dans les villages pour qu’ils puissent exporter leur chabichou », elle finit par se faire élire député des Deux-Sèvres, mandat qui la propulsera dans le parcours politique qu’on lui connaît depuis.

Cette élection sera l’occasion pour elle de tester son influence puisqu’à sa demande insistante, le président Mitterrand lui accordera une subvention de 50 millions de francs, pour les communes du Marais poitevin des Deux-Sèvres : jeune mais rapidement dans le moule, elle vient alors d’amorcer cette vigoureuse habitude de dépenser l’argent des autres dont elle ne se débarrassera plus jusqu’à nos jours.

Et avec quelle ferveur, quel appétit notre nouvelle député se sera lancée dans cette distribution !

De poste en poste, elle aura à chaque fois compensé ses échecs politiques et ses plantages électoraux mémorables par une aptitude toujours renouvelée à laisser derrière elle de gros cratères fumants en termes de finances, à tel point qu’on en vient même à se demander si elle n’a pas utilisé cette gestion catastrophique des finances publiques comme vengeance subtile de chacune de ses vestes électorales.

Désolé Ségo. Encore raté.

Il ne faudrait pas, en effet, oublier ses résultats plus que douteux en Région Poitou-Charentes qui provoquent maintenant des migraines à foison chez le nouvel exécutif régional. La facture semble bien salée pour le contribuable local puisque des dettes de plusieurs douzaines de millions d’euros ont été contractées le temps de son passage sur la Région. L’ouragan Ségolène a soufflé en tempête.

Ses interventions dans la vie de certaines entreprises, régulièrement marquées de l’agitation médiatique, se sont soldées – avec là encore une constance qui force l’admiration – par des faillites et la mort du petit cheval. Là encore, plusieurs millions de la poche du contribuable auront été « ventilés » dans les hauts fourneaux de la dépense publique.

Doit-on revenir sur les histoires de routes solaires, typique d’un projet mal conçu, mal pensé, mal mis en pratique mais très très bien financé à fonds publics perdus, et poussé de toutes ses forces par une Dame Aux Caméras quasi-hystérique sur la question alors qu’absolument tout indique, dès le départ, un échec cuisant ?

Son acharnement dans la transition énergétique ou l’organisation, aux forceps, d’une COP21 aussi ridicule que stérile, auront coûté et coûtent encore par leurs effets délétères un maximum d’argent au contribuable qui avait pourtant d’autres postes de dépenses plus importants à pourvoir. Las, il devra faire avec de nouvelles contraintes énergétiques traduites d’ailleurs dans une loi ALUR illisible et qui aggrave une crise de logement déjà trop prégnante en France. Ce n’est pas grave, c’est lui qui paye, après tout.

Bref, si l’on doit additionner les retombées des actions de la député, la ministre ou la présidente de région, la facture totale pour le contribuable qu’il soit local ou national, doit rapidement grimper au-delà du milliard d’euros, qui ne seront jamais recouvrés d’une façon ou d’une autre.

Mais voilà : en France, ce genre d’erreurs coûteuses n’est pas un handicap et pourrait même passer pour un atout tant il semble qu’à chaque nouvelle catastrophe financière, à chaque nouvelle branlée électorale mémorable, elle se soit retrouvée propulsée encore plus haut.

Car Ségolène, c’est aussi une politicienne qui a toujours été droit dans le décor : elle aime ce qui l’entoure, elle chérit l’environnement au point d’avoir commencé sa carrière de ministre ainsi (sous Bérégovoy), jusqu’à culminer avec son récent poste au titre pompeux de Ministre de l’Environnement, des Petits Oiseaux et des Petites Fleurs, de l’Énergie et de la Mer, chargée des Relations internationales sur la pluie, le beau temps, les températures qui changent et les vents qui tournent. Eh oui : peu importe les échecs du parcours, chaque étape semble toujours plus haute.

On pourrait croire ici à une erreur de casting, une faille dans le système qu’elle aurait exploité avec talent.

Du talent ? Il n’en est rien.

Cette application très particulière de la méritocratie à la française est tout à fait habituelle et se traduit jusque dans son étape ultime, à savoir le recasage des rebuts de la politique dans les institutions internationales diverses et variées. On a déjà vu, à de nombreuses reprises, l’un ou l’autre cacique usé poussé à la sortie dans une retraite dorée, depuis Delors à la Commission en passant par DSK au FMI ou, plus récemment, Moscovici, comme commissaire inodore, incolore et sans saveur.

Pour Royal, il en va de même : pour bons et loyaux mauvais et coûteux services rendus à la Nation, Ségolène se voit maintenant enquillée dans les listes de prétendants au poste d’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), une institution internationale comptant plus de 6500 fonctionnaires et disposant d’un budget d’un peu plus de 5 milliards de dollars par an, soit tout juste assez pour l’ambition catastrophique et la puissance des fléaux que compte nous infliger notre impétueuse ministre.

On lui souhaite bien du plaisir dans cette candidature (notamment à apprendre l’anglais ou user de diplomatie), et beaucoup, beaucoup de lucidité pour le panel d’experts qui devra désigner le meilleur candidat au poste afin d’éviter le passage de l’ouragan Ségo sur une institution encore en bon état.

En attendant, pour les Français, la catastrophe sera dure à éviter : désignée au PNUD, la France gagnera de nouveaux points au Bingo international de la nation la plus moquée ; recalée, la politicienne ne pourra pas s’empêcher de revenir au pays qui a pourtant déjà largement trinqué.

Pourtant, 63 ans, c’est le bon âge pour partir en retraite et laisser le monde tranquille, ne trouvez-vous pas ?

Retraite : il est temps !
—-
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  • Dommage qu’un tel constat, aussi édifiant, ne soit pas plus souvent exposé dans nos médias…?
    On peut rêver, non ? ?

  • Là ou Ségolène passe, l’herbe trépasse :mrgreen:
    Si ce n’est pas un talent ça ❓
    Édito mordant à souhait 🙂

  • C’est dommage que vous ne citiez pas l’énorme gâchis financier de l’arrêt de l’écotaxe qui nous coute près d’un milliard d’euros en indemnisations !!!

    • Attention à pas faire trop de zèle quand même, c’est Sarkozy qui a lancé cette couteuse taxe jamais appliquée. C’est certes Hollande qui en a hérité ensuite (et qui a choisi de taxer les français sur le Diesel à la place), mais les contrats avec des entreprises privées et le coût global de cette catastrophe sont pour Sarko 😉

    • Difficile de lui mettre ça sur le dos. C’est le gouvernement précédent qui a engagé ce projet d’écotaxe. Pas sûr qu’il n’aurait pas plié lui aussi face aux bonnets rouges s’il avait encore été en place à ce moment là.

    • mais qui rapporte des non paiement de taxes…

  • Et après qu’on ne dise plus que les personnes diplômées de l’ENA sont brillantes….svp….

  • ce qu’il y a de bien dans la politique , c’est que même quand ils sont nuls , ils ont un poste grassement payé et ce durant des décénies ; même quand ils sont malhonnêtes , ils ne font pas de prison ….et trouvent à se recaser par dessus le marché ;

  • Je ne sais ce qui l’emporte, le comique de l’article ou le tragique de la situation.
    Il est bien dommage que ces questions soient exposées dans un média aussi confidentiel.
    N’avez vous pas quelqu’un pour vous pistonner a France Inter ? En alternance avec les tres mauvais animateurs de service public, vous feriez une euvre utile et un carton.
    Espérons. …

  • « doit rapidement grimper au-delà du milliard d’euros »..
    Le milliard est très allègrement dépassé ne serait ce que suite a son passage a la BPI (entre autres, malheureusement).
    C’est vraiment la définition du tique, ce bidule. De temps en temps, ca explose, mais la tête est tellement profondément ancrée dans la chair qu’il vaut mieux la laisser in situ plutôt que risquer l’infection.
    Ceci dit, le problème n’est pas Ségolène, ou cette tique en particulier , mais le nombre répulsif de tique et l’état de la bête, bien malade j’en ai peur. J’ai du mal a en vouloir aux parasites, a force. Ils font ce qu’ils savent faire. Bien d’accord avec  » « une constance qui force l’admiration ». Rien ne l’arrête. Le ridicule ne tue pas.

  • Pour Ségolène « there is no bad buzz ». Quelle que soit la connerie qu’elle dit, on parle d’elle est ça lui plait.
    Pour info, le trou de la région Poitou Charentes, c’est à peu près le double de ce qui est annoncé officiellement…
    Et en plus c’est une véritable harpie pour ses collaborateurs.
    Si elle n’avait pas existé il n’aurait surtout pas fallu l’inventer !

  • Comme disait son copain Jack aux mauvaises langues qui essayaient de lui expliquer que 70 ans passés, c’était peut-être un peu beaucoup pour briguer un nouveau mandat de député, ce qui compte c’est la jeunesse dans la tête. On peut la mesurer à la taille des rayures laissées par sa dentition sur le parquet. Ces gens là, pour notre malheur, savent rester jeunes trèèèèès longtemps…

  • Bah ,cette femme est très gentille ,elle fait tout ce qu’on lui dit de faire…Enfin, pas nous mais quelques escrocs bien placés. Vous avouez que ses conseillers camionneurs étrangers sont très fiers d’elle, les chinois heureux de sa transition énergétique et Toyota la trouve fantastique !

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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