Comment dynamiser l’économie ?

Comment j’ai compris que le cœur d’une économie compétitive reposait sur les coûts de transaction, et qu’alléger la réglementation permettait de les réduire.

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Comment dynamiser l’économie ?

Publié le 18 février 2017
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Par Iain Murray.
Un article de Libre Afrique

Comment dynamiser l'économie ?
By: Serge SaintCC BY 2.0

Je parcours un long trajet en bus pour aller travailler. Chaque jour je suis absorbé par la lecture des dernières nouvelles ou par un article académique, mais l’autre matin, je pensais à un épineux problème et je réfléchissais en regardant par la fenêtre. La réponse au problème m’est venue en regardant sous mes yeux tous ces véhicules utilitaires et commerciaux engagés, d’une manière ou d’une autre, dans une transaction économique. J’ai réalisé que l’économie repose avant tout sur les coûts de transaction.

Le prix Nobel Ronald Coase avait attiré notre attention sur les coûts de transaction dans les années 1930. Dans son article intitulé « La nature de l’entreprise », il a examiné le rôle de ce que l’on appelait alors les «coûts de commercialisation» pour rendre possible une transaction économique et le rôle particulier du contrat de travail dans la réduction de ces coûts.

Un coût de transaction est, dans sa définition la plus simple, le coût encouru pour effectuer une transaction économique (comme acheter d’un nouveau téléphone, obtenir des conseils juridiques ou se déplacer en avion). Si les coûts de la transaction sont trop élevés, la transaction n’aura tout simplement pas lieu. Pourtant, ce sont ces transactions qui sont à la base de la création de richesse. Comme le dit David R. Henderson : «La seule façon de créer de la richesse consiste à transférer des ressources à faible valeur vers un usage à valeur supérieure » de manière à ce que les deux parties gagne dans l’échange.

Faire baisser les coûts de transaction

Donc, si les coûts de transaction sont trop élevés, les ressources sont moins attractives. Ainsi, pour reprendre nos exemples, je préférerais garder mon argent dans ma poche plutôt que d’acquérir un nouveau téléphone, l’investissement que l’avocat consacrera à sa formation ne sera pas rentable, et les avions voleront avec un faible taux de remplissage.

Dès lors, il est de notre intérêt de réduire les coûts de transaction. La technologie y a grandement contribué dans les décennies qui ont suivi l’article évoqué plus haut écrit par Coase en 1937. Pourtant, il y a d’autres aspects qui sont négligés, tels que l’état de droit qui permet de réduire la corruption et donc de réduire d’autant les coûts de transaction.

En effet, la large richesse de l’Amérique, par exemple, peut s’expliquer par la baisse des coûts de transaction. L’invention et l’adoption de l’automobile, par exemple, a baissé le coût de transaction en facilitant le transport. Tous ces véhicules utilitaires que j’observais de mon autobus étaient engagés dans des transactions économiques qui n’auraient pas été possibles il y a cent ans.

Dans son deuxième grand article (1960), Coase a examiné «Le problème du coût social». Selon Coase, les «externalités» économiques n’étaient pas seulement l’affaire d’une partie infligeant un préjudice à une autre, mais un conflit d’intérêts qui pourrait être résolu par une transaction économique, si les coûts de transaction étaient suffisamment bas.

Vers une économie plus compétitive

Nous vivons maintenant dans un monde où une application telle que « Venmo » nous permet de régler plus facilement nos achats via mobile. D’évidence, les problèmes de nuisances environnementales pourront eux aussi être résolus rapidement et facilement par des mécanismes appropriés de partage des coûts. Nous n’en sommes pas encore là mais nous avançons dans ce sens. La technologie a permis de créer des plateformes mettant les gens en contact les uns avec les autres ce qui a entraîné l’essor du partage de maison ou encore du covoiturage. Ces nouveaux marchés ont émergé grâce à la baisse des coûts de transaction.

Par extension, il est tout à fait possible d’imaginer la création de nouveaux marchés environnementaux. Vous voulez par exemple sauver la chouette tachetée ? En utilisant une plate-forme de crowdfunding, vous pourriez mobiliser des fonds destinés à l’indemnisation du propriétaire de la forêt qui, pour préserver l’habitat de la chouette, ne sera pas en mesure de récolter du bois de sciage.

Malheureusement, alors que la technologie pourrait permettre une diminution drastique des coûts de transaction, les lourdeurs réglementaires plombent le système et font exploser les coûts à la hausse. Les réglementations sur les plateformes de paiement telle Venmo pourraient faire perdre tout intérêt à cette innovation.

De même, les réglementations sur les permis de travail pourraient entraver une embauche par des exigences de licences couteuses. La réglementation environnementale empêche la possibilité de mener une campagne de crowdfunding pour sauver la chouette tachetée (l’argent va plutôt aux groupes de pression qui incitent à toujours plus de réglementations).

C’est problématique car la lourdeur réglementaire bloque la création de richesse. Ce n’est pas un hasard si la stagnation du revenu en Amérique a commencé au moment où la réglementation a commencé à s’alourdir. Si nous supprimons ce fardeau, les coûts de transaction vont diminuer, et de la fenêtre de mon bus, il y aura encore plus de véhicules commerciaux assurant les échanges, la création de richesse. Finalement, toute cette dynamique commerciale repose sur les coûts de transaction.

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  • Merci pour cet article. Il a le mérite de présenter un argument économique qui vaut à la fois contre l’excès de réglementations et contre la corruption.

    Pourtant l’argument économique aujourd’hui est plutôt en faveur de l’accroissement des lourdeurs réglementaires. Les contraintes qu’elles imposent sont en effet très pratiques pour rendre obligatoires des intermédiations qui multiplient les points de captation de la valeur. Elles augmentent ainsi le nombre des transactions.

    Sauf que, si les transactions principales sont grevées de coûts abusifs pour les transactions secondaires, ceux qui ont le pouvoir de décision peuvent y renoncer. Comment lever ce blocage qui paralyse l’économie? La solution évidente est de supprimer les abus de réglementations (comme la corruption) pour réduire les coûts des transactions.

    Cependant, il y a une autre solution que vous n’avez pas évoquée : pour lever le blocage qui empêche de réaliser le formidable potentiel économique d’une hyper réglementation (ou d’une hyper corruption, et c’est pareil), il suffit de supprimer le libre choix du décideur de chaque transaction en le privant de ses droits de propriété (sous prétexte de le libérer de ce pesant fardeau).

    Si plus rien ne lui appartient, chacun sera obligé de rentrer dans le jeu de transactions de plus en plus parcellaires, multipliées à l’infini, qui finiront par devenir nécessaires aux gestes les plus élémentaires de sa simple survie. Quelle qu’en soit l’absurdité et quel qu’en soit le prix. Il sera piégé dans une situation infernale.

    A l’occasion des élections présidentielle en France, la deuxième solution est une option possible. En théorie, cela peut se décliner en un programme de gouvernement qualifié de disruptif, progressiste et émancipateur, En pratique, cela conduit à créer les conditions d’un sous-développement très sophistiqué.

    Finalement, pour dynamiser l’économie, en France comme en Afrique, la suppression des réglementations abusives et/ou de la corruption ne va pas de soi. Ici et là-bas, pour créer et maintenir les conditions d’un développement économique appréciable, nous avons en commun de devoir garder le cap de la défense des libertés fondamentales qui définissent un état de droit (liberté, propriété, sûreté, résistance à l’oppression).

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