Par Eric Verhaeghe.

Au jeu des prédictions, les sondages d’opinion sont-ils encore des instruments fiables ? Google peut-il les remplacer ? Un petit focus sur le sujet n’est pas sans intérêt, et permet d’instiller le doute sur quelques habitudes de pensée diffusées par les médias subventionnés.
Google avait-il prédit la victoire de François Hollande ?
Un retour en arrière sur 2012 illustre la corrélation forte qui existe entre les tendances Google et les résultats électoraux. Voici à quoi ressemblait la courbe des requêtes cette année-là, sur le thème « recherche d’actualités » dans la catégorie « individus et sociétés » :
Comme on le voit, François Hollande a dominé la préoccupation des internautes français dans les quatre mois précédant le premier tour de la présidentielle sur les sujets politiques, devant Nicolas Sarkozy. Jean-Luc Mélenchon était alors arrivé troisième devant Marine Le Pen.
On le voit, Google peut donner des indications fortes sur les résultats finaux de l’élection, même si la corrélation n’est pas absolue. Dans le cas de Mélenchon et de Marine Le Pen, on peut estimer que l’inversion des résultats sur Google par rapport aux résultats réels tient à la moindre appétence pour Internet au Front National.
Dans la pratique, il est en tout cas exact d’établir un lien entre les recherches Google dans la catégorie « politique » et les résultats des élections. Ce lien n’est pas arithmétique, il est complexe, il doit être analysé. Mais il existe.
La situation des candidats en 2017
Pour 2017, la même requête adaptée aux candidats en lice donne les résultats suivants :
Par commodité, j’ai choisi de régler la question du candidat socialiste en retenant Manuel Valls, mais cette décision est évidemment contestable, dans la mesure où rien ne garantit que Valls sera le vainqueur de la primaire.
L’analyse du tableau montre en tout cas que François Fillon est aujourd’hui en tête de tous les candidats connus. Toutefois, il est talonné de près par ses rivaux, notamment par Manuel Valls. Emmanuel Macron apparaît, dans cet ensemble, comme le troisième larron, juste devant Mélenchon et Marine Le Pen.
Là encore, ce classement dans un mouchoir de poche ne dit pas que Marine Le Pen est « sur-pronostiquée » par les sondages d’opinion. Il souligne plutôt que la compétition, à ce stade, entre les candidats, est loin d’être finie.
Macron et l’effet « meeting »
Une autre remarque mérite d’être faite sur la situation d’Emmanuel Macron. Alors qu’il se présente comme le candidat de la modernité, son impact sur les requêtes Google est largement inférieur à celui de ses rivaux en dehors de ses meetings largement relayés par les médias. Sur ce point, on peut s’interroger sur l’existence du « phénomène Macron » sans un appui massif de ces médias.
On notera aussi que cet effet a tendance à s’amenuiser avec le temps.
Un indicateur à suivre dans les mois à venir
Si l’intérêt suscité par les candidats sur Google ne peut constituer une religion, ce paramètre constitue toutefois un indicateur utile qui mérite d’être suivi avec attention. Il permet en effet de bien diagnostiquer la portée des événements et incidents qui émaillent la campagne.
On voit en effet qu’en 2012 comme en 2017 la courbe des requêtes suit efficacement les discours de campagne demeurés par la suite comme les moments essentiels de chaque candidat. Pour reprendre la courbe de 2012, on y voit clairement le manque de souffle de la campagne de Nicolas Sarkozy et les « cliquets » que François Hollande avaient pu franchir.
Cette courbe risque d’être particulièrement instructive à l’occasion de la primaire de la gauche.
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très intéressante cette analyse…il y a à mediter.sur la manipulation des masses, ..je pense à Macron et sa surreprésentation dans les medias…une courbe au jour le jour à comparer avec son exposition mediatique serait interessante…
On peut imaginer une corrélation surtout entre la position dans les sondages et les recherches sur internet. Qu’en est-il lorsque les sondages se trompent ?
J’allais dire “ah enfin un article intéressant qui ne remet pas Macron en sujet principal” et pof raté… l’auteur est dans l’éternel confrontation avec Macron. Faire un apparté sur MAcron pour dire que c’est le candidat des médias, du système ou je ne sais quoi est une idiotie puisqu’ils le sont tous. Actuellement certains médias soutiennent Valls d’autres Montebourg, et il y a quelques jours c’était plus Peillon. Pendant les primaires Republicaines, c’était très clairement Fillon le chouchou des médias, ou on arretait pas de dire “il fait une remontée impressionnante”, “son programme veut remettre l’économie d’aplomb”,… pas un jour sans parler de Fillon… Et Marine Lepen, on en parle pas, puisque son acolite Philippot etait le politique le plus invité des matinales l’année dernière, bref des candidats des médias, ils le sont tous, ca dépend juste de la chaine ou vous vous mettez, le journal que vous ouvrez.
Vous connaissez un seul meeting de politique pas relayé par les médias vous ? Bref… vous savez Sarko a perdu, il a disparu, vous allez vous en remettre un jour. Encore une fois, l’article était interessant, meme si il manque tout de meme cette analyse sur la primaire de droite, ou il aurait été interessant de voir la remontée “surprise” du candidat Fillon, mais voila il faut refaire de la politique dans la politique… ou sinon ca ne serait pas drole.
Bon j’ai regardé la tendance Fillon pour la primaire, on voit l’interet pour Fillon qui s’est déclenché a partir du 14 novembre, soit 6 jours avant le 1er tour de la primaire. https://g.co/trends/7su41
En ce moment de mouvances et d’agitations, il est intéressant d’avoir des indications sur la “médiamétrie” appliquée aux habitants de ce pays.
La gauche est actuellement sur la sellette et, ceux qui prétendent la représenter, sont des hommes politiques intelligents qui démontrent qu’ils savent surfer sur l’évolution sociologique des français de souches, des assimilés et de ceux qui font semblant d’être assimilés.
En France, le concept d’appartenance à une nation est un sentiment qui se délite au fil des ans: l’individualisme outrancier et irresponsable devient la règle.
Les français se déterminent en fonction de leurs intérêts individuels et catégoriels bien avant de prendre en compte l’intérêt de leur nation.
Finalement, quel est l’intérêt de se déplacer voter quand les sondages/enquêtes d’opinion/requêtes Google prétendent décider à notre place? À croire que rien ne changera jamais et que les médias ne comprennent pas les leçons qu’on leur donne.
C’est comme la grippe : Google a renoncé à vous dire que vous l’aviez attrapée.
Très intéressant, cependant sur le graphique de 2012 j’ai l’impression que la barre moyenne de Mélenchon est au dessus de celle de Sarkozy. Donc il peut y avoir de réelles différences entre ces stats et la réalité quand même.
Je pense d’ailleurs que Macron fera effectivement un flop lors de l’élection.