Les Belges trahis par leurs élus

Si la Constitution belge ne prévoit que trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire), c’est un autre type de pouvoir, extrêmement structuré et omniprésent, qui domine la scène belge, le pouvoir politique.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Les Belges trahis par leurs élus

Publié le 14 janvier 2017
- A +

Par Thierry Godefridi.

Les Belges trahis par leurs élus
By: Les HainesCC BY 2.0

Non, André, tu n’es pas tout seul, eût chanté Jacques Brel. La preuve en est que Les Belges trahis par leurs élus, le plaidoyer d’André Schorochoff en faveur d’une Belgique d’union, a été publié par le Cercle d’Étude et de Réflexion Politique (CERP) qui fut créé en 2014 à Bruxelles par un groupe de Belges « déterminés, résistants et volontaires » mais surtout déçus par les querelles politiciennes et l’incapacité du pouvoir politique à gérer le pays au profit et dans le respect de ses citoyens, sans égard pour leur appartenance politique ou leur communauté linguistique.

André Schorochoff débute son livre par le constat que, si la Constitution belge ne prévoit que trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire), c’est un autre type de pouvoir, extrêmement structuré et omniprésent, qui domine la scène belge, le pouvoir politique. « Les citoyens en sont conscients, prétend-il ; ils en sont mécontents, le clament haut et fort, mais rien ne change ! » Que faire ? Par où commencer ?

Tous les pouvoirs émanent de la nation

La réponse, selon l’auteur, Docteur en droit et ancien avocat, se trouve dans la Constitution belge dont l’article 33 prévoit : « Tous les pouvoirs émanent de la Nation ; ils sont exercés de la manière prévue dans la Constitution ». Qui doit prendre le problème en charge ? À défaut des politiciens dont il est douteux qu’ils s’attaquent aux problèmes qu’ils ont eux-mêmes créés « par inconscience, incompétence, irresponsabilité, voire malhonnêteté », c’est « à chaque citoyen qu’incombe la charge puisqu’il détient une partie du pouvoir de la Nation dont il fait partie ». N’est-ce pas le principe de la démocratie ?

D’ailleurs, ajoute Schorochoff, le monde politique n’est pas seul responsable de la déliquescence de la société belge, laquelle souffre aussi des abus commis par l’Administration ainsi que par d’autres centres de pouvoirs bien réels, non repris par la Constitution, d’ordre économique, financier, syndical, médiatique, philosophique et religieux. Entre ces différents vecteurs de pouvoir, c’est le « chacun pour soi, il n’y a aucune synergie, les conflits sont permanents ».

Démocratie à la belge

Se réjouissant de la création de nouveaux centres de réflexion et partis politiques qui s’insurgent contre « l’incapacité des partis traditionnels à gérer le pays » et se référant à Stéphane Hessel qui, dans son essai Indignez-vous ! insistait sur le besoin de s’engager personnellement, Schorochoff milite, c’est le sens de son livre et le mérite de son auteur, pour la primauté des intérêts du citoyen et pour l’interdépendance et la coopération dans l’union, de préférence à l’indépendance et au conflit dans la désunion.

L’acte d’accusation que dresse et détaille Schorochoff à l’encontre de la « démocratie à la belge » est sévère. « La classe politique ne défend pas les intérêts des Belges ; le coût de ladite classe politique est injustifiable et prohibitif ; le système fédéral résulte d’une véritable manipulation intellectuelle et politique ; les aberrations y foisonnent ; le monde politique s’est arrogé des pouvoirs exorbitants ; les six dernières réformes de la Constitution ont passé sous silence les vrais centres de pouvoirs ; le monde politique méconnaît la réalité et les atouts de la société belge et entretient les préjugés et les faux problèmes ; les conflits politiques ternissent l’image de la Belgique à l’extérieur ».

Constitution bafouée pour mieux la modifier

L’auteur de Les Belges trahis par leurs élus va au bout de son raisonnement. Il propose, ni plus ni moins, d’intenter un procès à la classe politique pour haute trahison en vertu de ses actes déloyaux à l’égard du pays (incitation au conflit communautaire, atteinte à la continuité de l’État belge, abus et détournements divers et multiples, corruption, etc.). De l’avis même d’un ancien ministre, l’on a bafoué la Constitution pour mieux la modifier : le crime (politique) est signé ! Et, la collusion régnant, selon lui, entre les trois pouvoirs constitutionnels, Schorochoff suggère d’introduire un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme.

Nombre de griefs émis par André Schorochoff dans Les Belges trahis par leurs élus sont légitimes. Que les niveaux et centres de pouvoirs multiples, divers, disparates et diffus représentent un coût économiquement insupportable pour la Belgique est un fait dont témoignent les dérapages incontrôlés de son budget et de sa dette, ses prélèvements boulimiques au travers de tous les rouages de la société belge et la rigidité du marché du travail.

Que la société civile élise des experts afin d’y mettre un ordre orwellien en appliquant des mesures verticales inspirées par des principes de management relève, par contre, de l’utopie. Si une révolution avait lieu, il est à craindre qu’elle ne soit ni libérale, ni éclairée. Or, ce dont la Belgique et la plupart des autres pays de l’Union européenne ont besoin, c’est de relancer l’économie et, donc, d’en affranchir les forces vives du joug réglementaire et administratif qui les étouffe, de laisser chacun vaquer librement à son industrie et à son commerce et mener son existence, travailler, consommer, épargner, donner, contracter, comme il l’entend.

Sur le web

Voir le commentaire (1)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (1)
  • On a au moins autant mythifié Stéphane Hessel qu’on a caricaturé les Belges divers et variés mais au moins unis par l’amour de la Bonne bière … et des frites et du piccalilli

    Outre-Quiévrain ou non les politiciens restent des politiciens et les idéalistes voulant réformer l’inexistante, sinon l’impossible démocratie aussi.

      » Dès que nous disons le mot « démocratie » pour nommer notre mode de gouvernement qu’il soit américain, allemand ou français, nous mentons. La démocratie ne peut jamais être qu’une idée régulatrice, une belle idée dont nous baptisons promptement des pratiques très diverses. Nous en sommes loin, mais encore faut-il le savoir et le dire »(A.E)  

    « Nous sommes victimes d’un abus de mots. Notre système (les « démocraties » occidentales) ne peut s’appeler « démocratique » et le qualifier ainsi est grave, car ceci empêche la réalisation de la vraie démocratie tout en lui volant son nom. »  (S-C.K)

    « La démocratie, c’est le nom volé d’une idée violée » (J-P.M).

     » L’erreur ne devient pas  vérité parce qu’elle est approuvée par beaucoup » (M.G)

    « Ce n’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont forcément raison » (M.C)

    «  Ceux qui regardent le vote universel comme une garantie de la bonté des choix se font une illusion complète. » (A.T)

    « Qui trouve globalement rationnelles et louables nos organisations et pratiques sociétales, en particulier sur le plan politique et économique et a fortiori environnemental, ne l’est guère » (I.I)  

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le fait pour un gouvernement de solliciter et d’obtenir la confiance de l'Assemblée contribue à la prévisibilité, la stabilité et la sincérité de l’action publique, et cela devrait être reconnu comme indispensable.

Le 30 janvier dernier, Gabriel Attal a prononcé son discours de politique générale, sans solliciter la confiance de l’Assemblée, avant qu’une motion de censure soit soumise, puis rejetée le 5 février. Le gouvernement Attal, comme le gouvernement Borne avant lui, a donc le droit d’exister, mais sans soutien de la chambre.

... Poursuivre la lecture

Avec le retour de la volonté présidentielle d’inscrire l’IVG dans le texte fondamental qu’est la Constitution du 4 octobre 1958, certaines critiques sont revenues sur le devant de la scène, notamment venant des conservateurs, qu’ils soient juristes ou non.

Sur Contrepoints, on a ainsi pu lire Laurent Sailly, à deux reprises, critiquer cette constitutionnalisation en la qualifiant de « dangereuse et inutile » ou plus récemment, Guillaume Drago dans le « Blog du Club des juristes », critiquer ce projet, reprenant pour ce dernier une publ... Poursuivre la lecture

https://twitter.com/EmmanuelMacron/status/1718553142164377814

 

Après le « en même temps », le  « quoiqu'il en coûte », l’heure est au « à tout prix ». Le président de la République veut sa réforme constitutionnelle « à tout prix », aussi inutile soit-elle !

La Tribune a dévoilé que le président de la République déposera cette semaine au Conseil d’État un projet de loi visant à inscrire dans la Constitution l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

 

Pourquoi le président de la République a-t-il d... Poursuivre la lecture
Voir plus d'articles