Pourquoi la France va faire faillite, de Simone Wapler

À l’heure de l’euphorie sur les marchés financiers, et en ce début d’année 2017, peut-on penser que l’économie française est sortie d’affaire, que « ça va mieux » ?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Pourquoi la France va faire faillite, de Simone Wapler

Publié le 3 janvier 2017
- A +

Voici un livre bien inquiétant, et en même temps on ne peut plus avisé.

Pourtant, un peu plus de quatre ans après sa sortie, on pourrait penser que l’auteur s’est trompée, puisque la France ne semble pas, en apparence, avoir (encore) fait faillite.

Pour autant, peut-on en conclure que la situation est meilleure, que les réformes espérées ont eu lieu, que les principaux indicateurs se sont redressés durablement et sont au beau fixe ? Pas du tout, loin de là. Simone Wapler, d’ailleurs, persiste et signe dans ses analyses et nous alerte régulièrement sur les dangers de la léthargie persistante actuelle.

Un excès de pessimisme ?

Répondant par avance à ceux qui la qualifieraient de pessimiste, l’auteur utilise l’image suivante :

« Supposez que vous soyez un géographe observant le cours d’une rivière, enregistrant la topographie des lieux, mesurant le bruit ambiant et que vous déclariez  « attention danger, chutes droit devant ». Si vos auditeurs vous taxaient de pessimisme, vous trouveriez cela absurde »,

précisant que cette observation n’a rien de pessimiste ou d’optimiste, puisqu’elle se base sur des observations rationnelles. De la même manière, une observation fine de tous les indicateurs économiques, comme dans le présent ouvrage, conduit à des conclusions aussi sombres mais réalistes.

Vers une hausse des taux d’intérêt

Ainsi que l’on pouvait déjà le lire dans Ricardo reviens ! ils sont restés keynésiens de Jean-Marc Daniel, Simone Wapler commence ainsi par nous expliquer comment l’excès d’épargne qui prévalait jusque-là et permettait de financer nos dettes va se tarir sous l’effet de la fin du salarié low cost qui se profile en Asie. Il s’en suivra une hausse des taux d’intérêt, qui accélérera notre faillite. Le schéma est le suivant :
Jusque-là, les pays pauvres produisaient à bas coût ce que les pays riches achetaient à crédit.
Eux épargnaient et finançaient ainsi ce que nous leur achetions à crédit.
Désormais, les Chinois vont davantage consommer et auront donc moins d’argent à nous prêter. D’où la hausse inéluctable des taux d’intérêt, prévisible dans un horizon proche (et tout ce que cela entraîne).

Le risque croissant d’une crise de solvabilité

Face aux dettes colossales qui nous submergent, plusieurs États européens surendettés avalent d’ores et déjà des potions amères (Espagne, Italie, Irlande, Portugal…) ou d’autres (comme la Grèce) sont secourus (y compris par le concours d’une France qui n’en a plus les moyens), tandis que la crise semble s’être, selon la juste expression de l’auteur, « comme le nuage de Tchernobyl, arrêtée à nos frontières ».
Et c’est ainsi que les gouvernements français recourent à l’impôt, sans véritablement s’attaquer sérieusement au train de vie public, qui nous enfonce dans le gouffre.

Or, c’est non pas une crise de liquidité qui nous mine, mais de solvabilité.

Les mauvaises solutions sont donc mises en oeuvre actuellement, nous montre Simone Wapler.
Ainsi, rien que début 2012 (rappelons que l’ouvrage date de cette année-là), ce sont 1 000 milliards d’euros supplémentaires ne correspondant à aucune création de richesse réelle qui ont été créés artificiellement, dans l’espoir de sauver le financement de l’économie européenne via les banques commerciales, sans en mesurer pleinement les conséquences.

Ce qui s’ajoute, pour la France, aux près de 800 millions d’euros qu’il faut chaque jour parvenir à emprunter rien que pour assurer le remboursement des emprunts passés arrivés à échéance (une machine infernale).

Une présentation pédagogique des ressorts de la faillite étatique

Dans le but de nous expliquer le plus clairement et simplement possible ce qui échappe au plus grand nombre par méconnaissance de la science économique, Simone Wapler nous propose ainsi une présentation très pédagogique des grands agrégats de l’État et des mécanismes de la monnaie et de la finance. Qui permet d’y voir plus clair et de mieux comprendre ce qui se cache derrière les chiffres et les arguments des politiques et pourquoi nous ne nous rendons pas compte que la France va faire faillite.

Constat, certes, peu joyeux et qui peut paraître pessimiste, comme nous l’avons vu, mais qui correspond hélas tout à fait à la réalité, et à une réalité probablement inéluctable.

Trente années de montée de l’État-Providence, de surendettement et de conversion des banques en bailleurs de fonds de l’État, avec toutes les déconvenues et les risques que cela représente et les renvois d’ascenseur respectifs, au détriment des entreprises, épargnants et contribuables. Une « machine devenue folle », comme le dit et le montre Simone Wapler.

Et surtout, un constat édifiant sur l’incapacité des médias ou grandes institutions financières à nous informer correctement, comme nous le révèle l’auteur avec force humour et de multiples exemples précis (et à la fois simples à comprendre, grâce à son sens de la pédagogie).

La France au bord du gouffre

Avec beaucoup de bon sens et des exemples à portée de tous, l’auteur nous explique pourquoi la France va bel et bien faire faillite, dans un contexte où la croissance est redevenue modérée, la croissance forte des Trente Glorieuses étant l’exception, selon la norme historique (rappel utile).

Un essai honnête, concret, efficace, et souvent drôle, grâce au style de l’auteur, malgré la gravité du sujet.
Sauf que…

Lorsqu’on en arrive au chapitre 8 (« Que va-t-il se passer exactement ? »), on n’a plus du tout envie de rire, ni même de sourire. Ce que nous annonce l’auteur est véritablement effrayant, cataclysmique… Bien pire encore que ce que connaît actuellement la Grèce… Une atmosphère de fin du monde.

L’auteur nous donne d’ailleurs, le plus sérieusement du monde, des conseils, dans les chapitres suivants, sur la manière de préparer notre kit de survie… C’est dire ! De quoi ne plus en dormir la nuit.

Mais, pour finir sur une note optimiste, souhaitons que 2017 sera l’occasion d’un premier véritable tournant dans nos orientations politiques habituelles. Même timide. Que la prise de conscience débouche enfin sur de premiers actes véritablement concrets et significatifs. Qu’il ne soit tout simplement pas trop tard…

Voir les commentaires (2)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (2)
  • Avant que la France ne fasse faillite, l’état n’aura aucun mal à aller confisquer l’épargne (assurance-vie) et les biens (immobiliers) des Français. Rien que pour l’épargne, le bas de laine représente plus de 4000 milliards d’euros. Ils nous trouveront bien un petit truc générique, à base de solidarité ou de terrorisme pour nous expliquer une fois de plus que nous ne sommes que des crétins juste bons à dépouiller.

  • Oui, c’est un scénario vraisemblable. Ma conclusion: transférez (au moins en partie) votre épargne hors de France, en espérant que cela suffise à la mettre hors de portée de Bercy…

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
6
Sauvegarder cet article
Inflation et plus-value dans l’immobilier

En règle générale, les calculs du prix de l’immobilier publiés dans les journaux et revues, ou cités sur les sites internet ou les chaînes de radio-télévision sont effectués sans tenir compte de l’inflation. Les interprétations des résultats qu’ils présentent n’ont guère de sens.

La hausse des prix de l’immobilier est de toute évidence incontestable, mais il est nécessaire de rétablir une mesure rationnelle et réaliste de cette augmentation.

Cette mesure est déduite de deux indices défin... Poursuivre la lecture

Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

L’INSEE vient de publier un bilan démographique pour l’année 2023 qui met en évidence un affaissement de la natalité française. Selon des sources concordantes, celle-ci n’est plus guère soutenue que par la fécondité des femmes immigrées. Ce qui laisse entrevoir à terme une diminution de l’effectif global de la population, et une nouvelle configuration de sa composition ethnique et culturelle.

Faut-il s’en inquiéter ? Pour la plupart de nos concitoyens, cette question n’a pas de conséquence directe et immédiate, encore moins pour les re... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles