Par Rodolphe Airelle, depuis Cuba.

En 2018 Raul Castro cédera le pouvoir, sans que l’on sache encore qui lui succédera, ni par quel procédé celui-ci sera désigné. À Cuba, la démocratie semble encore un artefact bourgeois qui n’a pas sa place en terre castriste. Les fresques aux coins des rues et au bord des routes appelant à continuer la révolution socialiste sont là pour le rappeler. Et peu importe si Fidel lui même avait l’intention de conquérir le pouvoir par les urnes, avant le coup d’État de Batista.
Pour les Cubains donc, la vie ne va pas changer. Dans les galerias commerciales, des petites supérettes tristes où les rayons sont à moitié vides, les produits de première nécessité n’ont qu’une seule référence. Le gouvernement cubain choisit pour les Cubains ce qui est bon pour eux. Ces produits ne sont pourtant pas abordables pour tous, selon William, un Espagnol habitant Trinidad depuis près de 8 ans.
À Cuba, les seuls produits qui ne coûtent pas cher sont le riz, le rhum et le tabac. Pour l’électroménager, un seul modèle de robot mixeur ou de gazinière en magasin. Et si vous souhaitez vous acheter un réfrigérateur (chinois), il vous en coûtera l’équivalent de 600 dollars pour un modèle d’entrée de gamme (au mieux) selon les standards européens. Pour un petit téléviseur à tube cathodique, comptez 200 dollars.
L’échec du régime communiste cubain
Et ce, si ces produits sont disponibles. Le régime communiste contrôlant les produits qui entrent et sortent du territoire, les pénuries sont monnaie courante. Lorsqu’un restaurateur propose une douzaine de plats, il n’est donc pas rare que deux ou trois d’entre eux ne puissent être préparés.
Pour pouvoir espérer vivre confortablement, les Cubains ruraux n’ont pas beaucoup d’alternatives. Le gouvernement fixe les prix d’achats des productions agricoles, ainsi que les salaires. Une des victimes est l’industrie du café : autrefois réputée, celle-ci voit ses volumes de production chuter, car à 15 dollars par mois, les jeunes préfèrent abandonner les champs, partir à la ville et conduire les touristes en bicitaxi.
Hors le tourisme, point de salut
D’autres investissent dans des casemates pour en faire des casas particulares et ainsi accueillir les touristes qui souhaitent éviter les hôtels d’État. Mais hors de l’industrie du tourisme, point de salut. La fonction publique représente encore une large partie de la population active, et ceux qui y accèdent ne la choisissent pas pour ses opportunités de carrière : le salaire mensuel ne suffit pas, et le bagagiste de Viazul, la compagnie d’autocars d’État vous demandera un CUC (soit un dollar) pour charger votre valise en soute.
Ce n’est pas juste un pourboire, mais bien un paiement obligatoire pour pouvoir récupérer le reçu de son bagage. Les Cubains les plus chanceux, eux, sont dans les cuisines des hôtels d’État, puisqu’ils ont accès aux réserves de nourriture qu’ils peuvent ainsi revendre aux casas particulares.
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