Par Farid Gueham.
Un article de Trop Libre

Le Louvre-Lens semble avoir trouvé l’outil imparable pour séduire les jeunes publics : un smartphone qui intègre un outil de visualisation 3D, ainsi qu’un jeu interactif. Pour les parents, l’application est un outil pédagogique intéressant. « Le numérique c’est aussi un gain d’autonomie, les enfants parcourent le musée sans moi, je n’ai plus besoin d’être derrière, et de leur expliquer les œuvres » confesse un parent visiteur. Pour faire découvrir les œuvres d’une façon innovante, le musée s’appuie sur un guide multimédia qui a demandé près de trois ans de travail.
Pour Guilaine Legeay, chargée de conception multimédia au Louvre-Lens, la démarche se veut délibérément participative « le visiteur muni du guide multimédia se présente devant le podium, il va avoir une vision en 3D de la galerie du temps, il peut trouver le podium sur lequel se trouve l’œuvre, une fois l’œuvre retrouvée, en cliquant sur Marc Aurèle, il verra un commentaire audio, un descriptif, une interaction qu’il pourra écouter pendant sa visite ».
Depuis l’ouverture du Musée fin 2012, un visiteur sur deux s’équipe du guide
Depuis l’introduction de ces nouveaux dispositifs, le musée enregistre un taux de satisfaction de près de 98%. Pour Xavier Dectot, ex-directeur du Louvre Lens, « l’idée d’une approche multimédia découle d’une démarche sur le long terme du Louvre, pour aller au delà de l ‘audio-guide de départ, vers quelque chose de plus interactif, qui permette d’apporter un vrai supplément au visiteur, parce que l’audio guide, ce n’est, ni plus ni moins qu’un guide enregistré, alors que le guide multimédia permet d’apporter de l’image, de la qualité, de la contextualisation, d’orienter son regard sur l’œuvre, tout en soulevant de vrais enjeux.
Il ne faut pas que le guide vienne masquer l’œuvre, il faut vraiment apprendre à l’utiliser ou à le concevoir, pour que le visiteur regarde l’œuvre, en étant aidé par ce guide multimédia. C’est là , tout l’enjeu de notre démarche ». Pour être au rendez-vous de cet objectif, le Louvre-Lens s’est associé au groupe Orange, « Orange est un mécène du Louvre Lens, nous leur avons proposé de nous accompagner, pas seulement financièrement, mais aussi par un partage d’expérience, de bonnes pratiques, dans le domaine de la recherche et développement, qui nous permettait aussi d’avoir un regard sur l’avenir ».
Un avenir en préparation avec de nombreux projets en cours
« Nous sommes en train de concevoir la version application mobile, dont l’usage s’étendra en dehors de l’espace du musée, à domicile ou à distance, nous allons déployer d’ici quelques mois, de façon un peu plus pérenne, l’outil favori, c’est à dire que les visiteurs à travers leurs tickets pourront enregistrer des œuvres qu’ils mettront dans leurs favoris, via le guide multimédia, par la suite sur le site du Louvre Lens, ils pourront retrouver cette liste de favoris, pour avoir des éléments complémentaires, des articles ou des commentaires audio, qui vont venir enrichir la suite de la visite » ajoute le directeur. Plus visionnaire encore, la piste des lunettes 3D, pour une expérience de réalité augmentée, est actuellement en test pour le musée.
Le numérique dans les musées : plus qu’un gadget, une tendance de fond
Voilà plus de 15 ans que les nouvelles technologies et les nouveaux moyens de communication sont déployés pour une nouvelle expérience des visites au sein des musées. Les années 2000 ont introduit l’adoption de nouveaux outils, qui redéfinissent l’expérience du visiteur. Applications mobiles, réseaux sociaux, sites internet, expositions virtuelles sont autant d’outils qui permettent d’amplifier l’expérience interactive d’une exposition. Dès 1975, le ministère de la culture signait la création d’une base de données pour répertorier les références majeures de la peinture, dans les musées français.
Les initiatives se sont depuis multipliées et de nombreux musées se sont adaptés aux nouveaux usages de consommations, culturels ou non. Selon une étude du « CLIC », le Club innovation et culture France, 81% des lieux culturels considérés comme « importants » disposent d’un site Internet et au moins 45% sont présents sur les réseaux sociaux.
Longtemps, la gratuité était présentée comme le seul levier d’une démocratisation de l’art et des établissements culturels. Mais le numérique s’affirme aujourd’hui comme un vecteur efficace, au service de l’enrichissement des contenus et d’une nouvelle médiation culturelle.
En 2011, l’initiative lancée par le Cultural Institute de Google proposant d’offrir aux internautes, la découverte depuis leur ordinateur ou leur mobile de plusieurs collections du monde entier, était encore une entreprise audacieuse. Une expérience qui a fait des émules.
Le géant du web s’est associé à plusieurs centaines de musées, d’institutions culturelles ou d’archives issus des quatre coins du monde. La plateforme permet aux internautes d’accéder à des photographies haute résolution, ou d’explorer l’intérieur de monuments du Musée d’Orsay, de la Maison Blanche à Washington ou encore du Musée national de Tokyo.
Les prescriptions numériques contraignent les institutions patrimoniales à proposer de nouvelles médiations
Le numérique impacte de façon irréversible les relations entre les musées et leurs publics. Des apports technologies font désormais partie intégrante des critères de performance des établissements, dans un contexte de valorisation politique et économique du patrimoine contraint. Du point de vue de la médiation muséale, le virage numérique introduit également un paradoxe, celui de l’autonomie des visiteurs et de la prescription des médiateurs. Un nouveau challenge dans la redéfinition de la frontière, entre interactivité, rapprochement, tutelle technique, autonomie et mise à distance critique du visiteur.
Pour aller plus loin :
– « La révolution digitale s’invite au musée du Louvre-Lens », Les Echos.
– « La révolution digitale du Louvre-Lens », Smartlink.fr
– « Les tops et les flops du Louvre-Lens », La Tribune.
– « Le Louvre-Lens prolonge l’expérience client par le numérique », Orange business.
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Sur le web
Il va leur en falloir des idées pour faire venir du monde dans ce gouffre financier qu’est ce Louvre Lens .Il y a plus de personnel que de visiteurs