Donald Trump : l’imprévisible

Donald Trump est devenu le porte-drapeau de l’anti-politiquement correct au service d’une défiance populaire qu’il entretient par une opposition perpétuelle au conformisme.

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Donald Trump By: Mark Taylor - CC BY 2.0

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Donald Trump : l’imprévisible

Publié le 21 septembre 2016
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Par Guillaume Richard-Sadowski.
Un article de Trop Libre

Donald Trump : l’imprévisible
By: Mark TaylorCC BY 2.0

Donald Trump est l’archétype du rêve américain. Multimilliardaire, il vient du monde des affaires new-yorkais et s’est imposé dans le paysage politique grâce à son influence économique. Celle-ci lui a permis de maintenir une certaine indépendance vis-à-vis des réseaux politiques, qu’ils soient Démocrates ou Républicains. Véritable exception de l’establishment américain, il est aussi précurseur d’un discours provocateur et décomplexé qui choque l’opinion publique internationale, qui dérange l’ensemble des institutions et qui défie les analyses politiques.

Une jeunesse aisée

C’est dans le quartier new-yorkais du Queens qu’il grandit au sein d’une famille de riches promoteurs immobiliers. Son grand-père paternel a fait fortune en exploitant des hôtels, restaurants et maisons closes pendant la ruée vers l’or du Klondike à la fin du XIXème siècle.

Donald Trump sera éduqué avec ses deux frères et ses deux sœurs dans l’esprit de la réussite. Être le meilleur devient alors pour la famille un objectif de vie et crée chez Donald Trump un tempérament de farouche meneur. Afin de canaliser son énergie, il intègre à l’âge de treize ans l’académie militaire de New York, un lycée pour enfants de bonne famille. Ses anciens camarades le décrivent comme un leader naturel qui s’imposait de force afin d’obtenir la fierté de ses parents. Par la suite, il rejoint l’université Fordham, avant d’obtenir son diplôme en économie à l’université de Pennsylvanie.

L’Empire Trump

C’est en 1968 qu’il débute officiellement sa carrière d’homme d’affaires au sein de l’entreprise familiale. Son père lui offre un million de dollars afin qu’il puisse faire ses preuves. Très rapidement, il devient une référence dans le monde du business new yorkais car il est l’un des premiers à investir lourdement à Manhattan avant le début du boom immobilier des années 70. Sa fortune se décuple lorsqu’il achète des terrains à bas prix pour y construire des tours de plus en plus hautes.

Ses investissements sont d’ailleurs une des raisons de l’augmentation de l’immobilier new-yorkais depuis ces 40 dernières années. Les prix montent en flèche et offrent au fils de Fred Trump un véritable empire économique au sein même de Manhattan, estimé dès 1971 à plusieurs dizaines de millions de dollars. Cette réussite lui permet de s’affirmer dans l’entreprise de son père ; il en sera par la suite le dirigeant et renommera la société The Trump Organization. S’ensuit alors une expansion dans tout le pays ; il investit dans des buildings, casinos et hôtels de luxe dans les plus grandes villes américaines. Dans les années 90, son empire économique connaît une véritable récession en raison de la faillite de son projet immobilier d’Atlantic City. Il construit des édifices démesurés dans cette station balnéaire de 40 000 habitants afin d’en faire le Las Vegas de la côte Est américaine. La plupart de ces casinos ont aujourd’hui fermé et 8 000 Américains ont perdu leur travail. Atlantic City est ainsi l’une des villes les plus touchées par le chômage aux États-Unis.

Donald Trump restructure son groupe et ses activités afin d’éviter une faillite totale. C’est à ce moment-là que le multimilliardaire se tourne vers le divertissement audiovisuel. Il entame une carrière d’animateur télévisé, et rencontre le succès à partir de 2004 à travers son émission « The Celebrity Apprentice ». Aujourd’hui le magazine Forbes estime sa fortune à plus de 4,5 Md$, le plaçant à la 113ème place des plus grandes fortunes des États-Unis.

Le candidat de l’anti-bipartisme

Les affinités politiques de Donald Trump étaient à l’origine tournées vers le Parti démocrate. Cependant il devient un fervent soutien de Ronald Reagan, et le suivra jusque dans le parti Républicain. Il s’engage politiquement en 1987 et songe à se présenter l’année suivante aux primaires Républicaines. Le vainqueur de cette investiture, Georges H.W. Bush, aurait d’ailleurs réfléchi à se présenter à ses côtés afin de le nommer vice-président en cas de victoire.

Donald Trump est certes milliardaire, mais il ne fait aucunement partie des diplômés des grandes écoles et encore moins des clubs étudiants les plus prisés de l’élite américaine. Il rejoint les souverainistes du « Parti de la réforme des États-Unis d’Amérique », fondé par Ross Perot, un milliardaire et homme politique issu de la société civile, qui souhaite se présenter aux élections de 1992 contre les deux grands partis. Cet événement marque les consciences dans la mesure où ce mouvement représente les prémisses d’une défiance vis-à-vis du bipartisme américain. L’élection de 1996 réaffirme la présence du Parti réformateur avec 8% des voix. Cela reste une défaite importante en dépit d’une campagne électorale extrêmement coûteuse, mais cet événement marquera une scission entre une partie de l’électorat américain et les deux partis traditionnels.

Donald Trump comprendra alors que cet électorat hétéroclite peut lui permettre de s’immiscer dans le tandem Républicains-Démocrates à condition qu’il le fasse dans l’appareil Républicain, en raison du coût exorbitant que demande une telle campagne. Il se présente alors aux primaires Républicaines de 2016 avec sa vision « Make America Great Again ! » (utilisée jadis par Ronald Reagan) et en se positionnant comme le candidat anti-système. Le candidat n’hésite pas à choquer par des prises de paroles sulfureuses dans le seul but de se dissocier des ténors Démocrates et Républicains. À croire que son but consiste à mettre fin au bipartisme américain, qui jusqu’à présent était intouchable pour l’ensemble des citoyens.

Donald Trump est devenu le porte-drapeau de l’anti-politiquement correct au service d’une défiance populaire qu’il entretient par une opposition perpétuelle au conformisme. Alors qu’il ne fait pas l’unanimité au sein des Républicains, il représente une alternative au bipartisme pour les couches sociales qui ont subi de plein fouet les conséquences de la crise des sub-primes.

 

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  • « Donald Trump est l’archétype du rêve américain. »

    Bah non… le rêve américain, c’est de réussir en partant de rien. Pas de naître avec une cuillère d’argent dans la bouche.

  • « Donald Trump est devenu le porte-drapeau de l’anti-politiquement correct… »

    Il est surtout l’exemple canonique de ces populistes qui pourrissent la vie politique ces dernières années. Qu’ils soient de gauche ou de droite.

  • Trump n’est pas que l’antipolitiquement correct. Ou bien il l’est, en voulant rompre avec la politique américaine d’hégémonie qui n’apporte rien au citoyen américain, au contraire. Le commandement des médias officiels de détester Trump (et d’autres) doit inviter à chercher un peu plus d’informations. La caricature est toujours trop simple pour qui veut réfléchir un peu aux enjeux.
    Par exemple, un article toujours d’actualité: http://arretsurinfo.ch/2014-paul-craig-roberts-la-guerre-des-etats-unis-contre-la-russie-est-deja-en-cours/

  • les américains , tout comme les français , en ont peut être raz le bol d’avoir en ordre de bataille les mêmes partis pour le pouvoir , avec les mêmes résultats décevants pour la population une fois le trône acquis ; trump , tout comme le pen chez nous , n’existent que parce que les autres partis n’ont pas été capable de prendre en compte les sollicitations et inquiétudes de leur électeurs ;

    • @ marie

      Je ne sais pas ce que vous en pensez mais Je croyais connaitre Hilary Clinton et j’ai découvert au long de la campagne, qu’elle n’était pas vraiment aussi parfaite que je croyais. Je suppose que des électeurs « démocrates » doivent penser la même chose.

      Alors D.Trump, populiste, oui, sans doute! Déclaré candidat perdu dès le début, il a, pour le moment, vaincu les oppositions! Fera-t-il tout ce qu’il a évoqué? Non, évidemment! Il n’est pas le seul! Mais il a gagné jusqu’ici! Bien sûr, il devra s’entourer de compétences mais si il gagne, il aura fait le job! Et il en sera fier et satisfait!!

  • « Donald Trump est certes milliardaire, mais il ne fait aucunement parti des diplômés des grandes écoles et encore moins des clubs étudiants les plus prisés de l’élite américaine »

    Pardonnez moi, mais vous vous trompez. L’université de Pennsylvanie est l’une des plus prestigieuses du pays. Surtout que Trump, comme toute sa descendance, a étudié à la Wharton School, une très grande école.

  • « Donald Trump est devenu le porte-drapeau de l’anti-politiquement correct… »

    Tel que je l’avais expliqué il y a quelques mois :
    Quand vous êtes face à un « rebelle politiquement incorrect », après lui avoir demandé ce qu’il pense du libéralisme, essayez de voir s’il a une vision large ou étriquée de la masculinité, en lui demandant par exemple ce qu’il pense des hommes créateurs de vêtements féminins, des maïeuticiens, des pères au foyer, ou des hommes qui, dans leur couple, acceptent que leur femme ait d’autres partenaires sexuels (exactement comme dans le passé certaines épouses japonaises acceptaient publiquement, sans la moindre jalousie, que leurs maris partent avec d’autres femmes durant le week-end.)

    Je vous fais le pari que, d’une part, votre « rebelle politiquement incorrect » vous répondra qu’il est anti-libéral ou alors « libéral mais » (exemples : libéral mais contre l’immigration, libéral mais contre la libéralisation des drogues), et que, d’autre part, il vous répondra qu’il est opposé à l’abominable-horrible-terrifiante « féminisation » des hommes.

    Autrement dit : votre « rebelle politiquement incorrect » n’a en réalité rien d’un rebelle, il ne fait que hurler avec les loups. Malgré les apparences il ne dérange personne réellement étant donné qu’il répète exactement ce que dit déjà l’écrasante majorité des gens : NON au libéralisme trop « extrême », et NON à la « féminisation » des hommes.

    Conclusion : Trump sera un rebelle le jour où il cessera de hurler avec la meute des loups anti-libéraux et virilistes. En attendant ce jour hypothétique, il faut considérer que l’ambition des gens comme Trump est exactement la même que celle des gens comme Hillary Clinton : faire de vous des esclaves et de la chair à canon.

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