Caterpillar qui ferme en Belgique : la faute à l’État ?

Le drame de la fermeture de l’usine Caterpillar en Belgique a au moins le mérite d’unir les responsables politiques dans un souci d’assistance aux travailleurs dramatiquement et injustement privés de leur emploi.

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Caterpillar qui ferme en Belgique : la faute à l’État ?

Publié le 8 septembre 2016
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Par Thierry Afschrift.

Caterpillar Belgique : l'impasse de l'État-providence
By: davocanoCC BY 2.0

On a même vu côte à côte le Premier ministre et le ministre président wallon et on attend avec impatience que le chef du gouvernement fédéral annonce l’union sacrée avec le chef par intérim du syndicat socialiste.

Le Premier ministre a ainsi annoncé, dans des termes que ne désavouerait sûrement pas la FGTB : « nous allons nous battre contre Caterpillar ». Voilà un bel avertissement pour les entreprises étrangères qui s’aventureraient, suite à un quelconque road show du gouvernement fédéral, à investir quelque chose en Belgique : si les choses tournent mal, le gouvernement les combattra. Si elles vont bien, il se contentera de les taxer…

Ces travailleurs qui voulaient travailler

On oublie un peu vite qu’il y a à peine un an, après 28 jours de grève en 18 mois, des centaines de travailleurs, excédés, de cette entreprise, manifestaient à Charleroi parce qu’ils voulaient travailler et en étaient empêchés par des piquets de grève. Le bourgmestre de la ville ne les avait à l’époque pas reçus et personne ne les avait soutenus pour combattre le syndicat. La direction de l’usine avait alors annoncé qu’il ne faudrait pas s’étonner si un tel climat social était un jour perçu, outre-Atlantique, comme un élément de poids pour provoquer la fermeture du site de Gosselies.

Si une grande entreprise décide aujourd’hui cette fermeture, ce n’est sûrement pas par sentiment anti-wallon, ni par parti pris en faveur des travailleurs chinois et français, qui, eux, bénéficieront du transfert de l’activité de Gosselies. Il n’est pas facile, pour une telle entreprise, d’abandonner un site de production gigantesque comme celui dont elle dispose en Wallonie, et qui, dans ses comptes, est encore valorisé après amortissements à une centaine de millions d’euros.

Si elle accepte le risque de perdre cet actif important, devenu improductif en raison de la fermeture, c’est tout simplement parce qu’elle considère que, même en assumant cette perte, il est préférable pour elle de produire ailleurs, non seulement dans un pays, comme la Chine, où les salaires sont beaucoup plus bas qu’en Belgique, mais même en France, qui n’est pas réputée être un enfer social.

Le PTB a justement fait remarquer qu’une autre société du groupe, son centre de coordination, ne payait, en raison des intérêts notionnels, qu’un très faible taux effectif (moins de 5 %) d’impôt des sociétés. Mais ce centre peut fonctionner sans que l’on produise quoi que ce soit en Belgique, et la société qui donnait jusqu’à présent du travail à plus de 2.000 personnes subissait, elle, une imposition élevée. Surtout, comme tous les employeurs de Belgique, elle payait des montants de charges fiscales et sociales gigantesques sur les salaires de son personnel.

Le drame de la fiscalité belge

C’est là tout le drame de la fiscalité belge : le travail est à ce point imposé que l’on pousse les entreprises à partir, et en tout cas à ne pas s’installer ici. Il ne sert à rien, comme le font certains responsables politiques aujourd’hui, à affirmer qu’il faut « réindustrialiser » : le système social que tous les partis politiques protègent, celui de l’État providence, fait exactement le contraire.

Ce système, ce « modèle social » sanctionne délibérément le travail, sur la base de l’argument cynique que les revenus du travail sont quantitativement les plus importants. C’est ce système qui crée le chômage, auquel sont confrontés, outre ceux qui perdent aujourd’hui leur emploi, des centaines de milliers de personnes. À force de les « protéger » dans toutes les hypothèses de la vie où il peut leur arriver quelque chose, comme la perte de leur travail, on a créé une énorme machine extrêmement coûteuse, qui dissuade patrons belges et étrangers de donner du travail.

Les dirigeants en ont alors été réduits à jouer les voyageurs de commerce, pendant des années, non pas même pour inciter des entreprises étrangères à investir dans notre pays, mais à promouvoir des centres de coordination et des intérêts notionnels, qui créent très peu de richesses en Belgique, et ne donnent de travail à presque personne, tandis que les gens qui travaillent, et les entreprises qui créent vraiment de la richesse, restaient soumises aux impôts, et aux cotisations sociales parmi les plus élevés au monde.

Ce n’est pas en proposant aujourd’hui encore plus d’assistanat, encore plus d’ « aides » que cela peut changer. Mettre encore plus de quelque chose qui n’a pas fonctionné n’a jamais été une voie vers le succès. C’est ce système, celui de l’État Providence qu’il faut remettre ne cause, en réduisant d’un même élan les charges des entreprises et le rôle des pouvoirs publics pleurnicheurs et inefficaces.

  • Cet article est paru à l’origine sur Trends

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  • Allez au fond, SVP.

    Pourquoi Caterpillar a fermé une usine, et celle-là en particulier ?

    Si vous lisiez des vraies sources d’infos macro économiques comme ZeroHedge vous sauriez que les ventes de Caterpillar dans le monde… baissent depuis 43 MOIS consécutifs !

    http://www.zerohedge.com/news/2016-07-25/caterpillar-retail-sales-decline-43-consecutive-months

    Mais oui. En toute simplicité.

    Et que cela constitue bien entendu ce qu’on appelle un « canari dans la mine de charbon »… La récession mondiale est une réalité (cachée), le sur et mal investissement ont fait des ravages.

    La fête du slip est terminé depuis longtemps.

    Mais cela vous ne l’apprendrez pas en lisant les Echos, le Figaro ou le Monde (voir le Soir en Belgique).

    Alors mettez-vous à la place de Caterpillar ? Il faut supprimer des sur-capacités ?

    On va bien entendu choisir le site avec l’environnement fiscal le plus difficile, avec les syndicalistes les plus bornés et les politiciens les plus obtus… Bingo ! La Belgique remplit tous les critères.

    Voilà, cette histoire est… bête comme chou.

    Les Belges sont victimes d’eux-mêmes, bien entendu, de leurs politiciens (qui ont menti) mais également de la récession mondiale.

    Rien ne peut plus les sauver.

    Et si l’économie redémarrait (rien ne le montre), il est bien évident que Caterpillar… irait ailleurs pour monter une nouvelle usine. Mais certainement pas en Belgique.

    • Choisir ses sources reste une forme subtile d’informer OU son contraire : ici avec blog « ZeroHedge » (*).
      Oui, les chiffres mondiaux du manufacturing lourd ne sont pas flamboyants. Chez CAT et ailleurs !!!

      Ce que ne révèlent pas les écrivassiers « Liberals » de ZH … est le contexte social détestable entourant le fonctionnement de cette belle usine depuis les années ’70s (c-à-d peu de temps après son installation en BE !). Fonctionnement aux mains de syndicalistes qui exploitèrent sans vergogne le succès premier du secteur manufacturing d’alors. Mais le marché mondial est bouleversant et les New Entrants furent ravageurs !

      Même destin dans nombre de secteurs industriels de la même région (se souvient-on encore des ACEC et de quelques autres entreprises subissant les mêmes pressions « social(ist)es » ? Heureux que pendant longtemps les gars de la CSC (…) se montrèrent plus constructifs que leurs frères rouges …
      Le drame social y est une conclusion vraiment navrante, car les compétences des cadres et travailleurs de la région sont indéniables.
      Restent les mentalités. Ici, le sens des réalités a souvent fait place à de l’obscurantisme !

      (*) WIKIPEDIA : « L’écriture du blog est assurée par une équipe de blogueurs qui écrivent sous le nom de Tyler Durden, en référence au héros de Fight Club. Ce sont des salariés ou d’ex-salariés sur Wall Street, souhaitant apporter un point de vue propre à l’industrie financière, contrastant avec le point de vue des journalistes extérieurs. »

    • J’adore ces graphiques à la zéro hedge qui sont construits uniquement pour manipuler l’auditoire.
      Je pense qu’il doit y avoir des écoles et des diplômes dans ce type de manipulation.

      Le CA de Caterpillar est-il plus élevé en 2014 qu’en 2008 : OUI ! ($55.184Mds vs $51.324Mds)

      Les net profits sont-ils plus élevés en 2014 qu’en 2008 : OUI ! ($3.695Mds vs $3.557Mds)

      En fait l’activité avait énormément baissé après 2008 (comme partout) et les années 2011-2012 ont vu le chiffre d’affaires exploser, presque fois 2!, par rapport à 2009-2010 et ce à titre de rattrapage. On appelle cela l’effet de l’élastique et le graphique de ZH ne fait que montrer le résultat de l’amortissement des amplitudes.

      Concernant la fermeture de cette unté en Belgique, Caterpillar ne fait qu’appliquer sa politique de punition des grèves, politque qu’elle a même appliqué aux USA quand les « unions » ont pratiqué des lockouts généralisés : Caterpillar avait alors délocalisé sa production dans des états pratiquant le « open shop » (voir wiki) c-a-d sans contrôle de l’emploi par les syndicats.

  • La Belgique n’a , decidement rien a envier a la france les mêmes syndicats bornés les mêmes interventions étatiques et les mêmes résultats économiques, la même naîveté quand aux islamistes, la même justice pas bonne a grand chose;france Belgique c’est bonnets blancs et blancs bonnets

  • Citation : « …mais même en France, qui n’est pas réputée être un enfer social. »
    J’imagine que l’auteur a voulu écrire « qui n’est pas réputée être un paradis social ». Car dans le cas inverse, ça veut dire que vu de Belgique notre pays est paradisiaque, ce qui le fait chaud au coeur…

  • Caterpillar Shrugged.

  • La faute DE l’état, nom de Zeus….

  • Les commentaires sont fermés.

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