Par Bérénice Moustial.
Un article de Trop Libre

Huit jours. C’est le temps qu’il a fallu pour dépouiller les votes des élections australiennes du 2 juillet et connaître le nom du vainqueur, Malcom Turnbull. Chef d’une coalition divisée entre libéraux et nationaux, il demeure le Premier ministre du pays malgré sa modeste victoire (perdant une quinzaine de sièges à la Chambre des représentants).
Rejet de la vieille politique et montée du cynisme
Alors que les Australiens bénéficient d’un des standards de vie le plus élevé au monde – ils ont évité la plupart du crash financier de 2008, jouissent d’une croissance économique de près de 3,1% et d’un taux de chômage de seulement 5.7% – ils demeurent profondément insatisfaits par la politique menée en Australie. Hugh Mackay, chercheur en sciences sociales, critique la détérioration de la campagne politique, dans laquelle les citoyens incarnent des consommateurs et les politiques de véritables marques de consommation tels Coca Cola ou Pepsi. La crédibilité de la classe politique est fortement remise en question et la montée du cynisme continue son cheminement. Perçus davantage comme des « hommes de scènes », les dirigeants des deux partis majoritaires (la coalition libérale-nationale et le parti conservateur) se sont succédé à la place de Premier ministre : 5 Premiers ministres en 6 ans.
Le peuple australien, lassé par ce perpétuel changement de leadership, est à la recherche de nouvelles alternatives. Il demande un changement de gouvernement culturellement et économiquement consistant. Tout comme en Espagne, on observe un profond rejet de la traditionnelle classe politique qui demeure dans l’incapacité de proposer des mesures nouvelles et efficaces, avec la montée de nouveaux partis comme Podemos. La légitimité de la démocratie australienne est fortement remise en question, le niveau de confiance dans les institutions australiennes est au plus bas (n’atteignant que 20%, soit nettement en dessous du niveau de confiance attribuée aux médias, aux banques, aux universités ou encore aux institutions policières).
La coalition plus que jamais fragilisée
Ceci explique l’ascension des petits partis indépendants, remportant près de 23% des votes lors des élections fédérales du 2 juillet. Porteurs de nouvelles idées, ces partis et leur considérable progression témoignent du profond rejet de la vieille classe politique australienne, auparavant marquée par la dualité libéral-nationale et travailliste. C’est le cas du parti fondé en 2013 par Nick Xenophon, un sénateur centriste indépendant du sud de l’Australie, préconisant une « populist policy mix. » La montée de ces partis s’explique d’autant plus par le ralentissement économique du pays en 2015 : chute du dollar australien et chute des cours de charbon et de minerais de fer contribuant à une nette baisse sur les exportations australiennes. Cette dernière est renforcée par la baisse de la demande chinoise sur les exportations, suite à la hausse des prix des matières premières.
L’augmentation du déficit public des comptes courants, atteignant près de 5% du PIB australien en 2016, la baisse d’échanges commerciaux avec la Chine (le plus grand partenaire commercial et le plus large marché d’exportations de l’Australie), l’incertitude politique causée par les législatives pourraient faire perdre le triple A à l’île continent et peser lourdement sur les investissements. Alors que les trois précédents chefs de gouvernement ont été renversés au sein de leur propre parti, et de ce fait n’ont pas réussi à terminer leur mandat, le même sort pourrait être réservé à Malcom Turnbull, chef d’une coalition fragilisée et dépassée.
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“les dirigeants des deux partis majoritaires (la coalition libérale-nationale et le parti conservateur) ” je crois que vous voulez dire: les dirigeants des deux partis majoritaires (la coalition libérale-nationale et le parti travailliste)