Par Johan Rivalland.
C’est en rédigeant mes récents articles sur la dictature de la transparence et sur Black Mirror que j’ai repensé à cet ouvrage maintenant ancien, qui a connu son heure de gloire. Retour sur un essai intéressant et distrayant.
Réalité ou illusion ? Qui peut prétendre cerner la réalité ? Qu’est-ce que la réalité ? Est-elle une ou multiple ? Existe-t-elle même tout simplement ? Telles sont quelques-unes des questions que l’on se pose régulièrement, depuis au moins Platon avec son mythe de la caverne.
Ici l’auteur, s’appuyant sur de multiples démonstrations et surtout expériences passionnantes, s’intéresse à tout ce qui peut résulter des effets de la communication, pour mieux démontrer à quel point la réalité ou la perception que l’on en a demeure chose fragile.
L’ouvrage, qui se conçoit avant tout, aux dires de l’auteur, comme un divertissement, est composé de trois parties : la première s’intéresse aux situations de confusions que peuvent provoquer parfois les modes d’échange de l’information, depuis les pièges de la traduction jusqu’aux multiples situations de paradoxes dont quelques exemples historiques délivrés ici à titre d’illustration ne manquent pas de piquant. Le cas de Hans le malin, un cheval qui savait prétendument compter, est particulièrement amusant et instructif.
Dans la seconde partie, Paul Watzlawick s’attache ensuite à illustrer différentes situations dans lesquelles la désinformation exerce une influence sur les perceptions de la réalité. D’expériences sensorielles simples ou en laboratoire aux phénomènes de rumeurs (voir notamment « la rumeur d’Orléans ») en passant par les phénomènes d’hystérie collective (« le mystère des pare-brise ») ou l’étude de scénarii du célèbre dilemme du prisonnier (pour ceux qui ont étudié la théorie des jeux en économie notamment), jusqu’aux mystifications dans le travail de renseignement, l’auteur en tire des conclusions sur ce qu’il appelle « les deux réalités ».
Dans une troisième partie, enfin, l’auteur étend les situations de communication à l’échange humain-animal, à travers en particulier les expérimentations qui ont pu être menées avec les chimpanzés (dont nous avons pu voir par la suite des reportages concordants à la télévision, cet ouvrage étant paru il y a déjà assez longtemps) ou les dauphins, pour enfin considérer le cas de la communication extra-terrestre (revenant notamment sur les tentatives de l’humanité pour entrer en communication avec une vie intelligente en dehors de notre planète, avec toutes les difficultés, hypothèses et interrogations qu’elle comporte) et celle qu’il qualifie d’imaginaire, fondée sur d’autres paradoxes encore (à l’image du paradoxe de Newcomb) ou encore les raisonnements sur le voyage dans le temps, quelque part entre les raisonnement sur le hasard et la nécessité ou le libre-arbitre et le déterminisme.
Une lecture, en définitive, à la fois ludique et instructive, distrayante et philosophique, durant laquelle on ne s’ennuie pas.
- Paul Watzlawick, La réalité de la réalité, Points Essais, 1978, 237 pages.
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