Pour sauver la France, augmentons les taxes, trouvons-en de nouvelles

Alors que le moral des ménages plonge, le gouvernement propose très habilement d'augmenter les taxes sur les sodas et de créer une taxe pour les régions...
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Taxes By: GotCredit - CC BY 2.0

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Pour sauver la France, augmentons les taxes, trouvons-en de nouvelles

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 29 juin 2016
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Ah, ces Français ! Jamais heureux, même lorsqu’on leur dit que c’est la reprise et que le PIB va progresser à un rythme compris entre 1,4% et 1,6% cette année ! Normalement, voilà qui devrait les mettre en joie, mais non : en dépit de cette amélioration conjoncturelle, ils sont toujours inquiets, et l’indicateur synthétique de l’INSEE sur le moral des ménages continue de flancher. Heureusement, le gouvernement a trouvé une solution réjouissante : des taxes !

Or, dans le domaine, on ne joue pas chez les amateurs. Là où, dans les autres pays, on sent le petit artisanat et le bricolage approximatif dans l’élaboration d’une taxe voire la frappe chirurgicale et méticuleuse, en France, on a largement dépassé le stade manuel et artisanal pour passer au stade industriel productiviste, avec de la taxe en grande série et du pilonnage fiscal massif, véritable carpet bombing de la ponction étatique. Bref, on sait faire.

Et quoi de mieux pour remonter le moral des ménages français qu’annoncer une nouvelle taxe, tout de go, après quelques déconvenues majeures depuis la réforme constitutionnelle jusqu’à la loi Travail en passant par l’émotion suscité par le Brexit et les rebondissements tragi-comiques de l’aéroport de cambrousse ?

Comme d’habitude à l’annonce d’une nouvelle taxe, il faut absolument faire preuve d’une absence totale de subtilité et de précision (carpet bombing, je vous le rappelle), et malgré l’annonce fanfaronnante en 2014 – il y a donc des siècles de cela – d’une pause fiscale de la part du gouvernement, Manuel Valls a annoncé la création d’une nouvelle taxe, baptisée avec poésie Taxe Spéciale d’Équipement Régional.

Cette taxe sera incluse dans le prochain projet de loi de Finances pour 2017 ; au passage, on ne s’étonnera pas que la France dispose bien d’une loi de Finances même si cela paraît pour ce pays aussi incongru qu’une loi pour la gestion des puits de pétrole en Suisse. Selon les petits calculs de Bercy, cette taxe ne supportera apparemment pas d’effet Laffer et devrait donc rapporter 600 millions d’euros.

Le but de cette taxe est de créer un nouvel abondement aux finances des Régions pour financer le soutien aux TPE-PME et plus généralement l’accompagnement économique qui échoit à ces entités alors que ces sujets étaient naguère à la charge des départements. Simplification administrative, réforme territoriale et découpage régional sont passés par là valls minipour ajouter quelques couches au mille-feuille administratif et y redistribuer les incompétences au frais du contribuable.

Cette nouvelle taxe sera collectée auprès des ménages (dont la trésorerie est au plus haut) et des entreprises (qui, bien sûr, ne reporteront pas cette nouvelle ponction sur leurs prix payés in fine par les ménages, dont la trésorerie est au plus haut, doit-on le rappeler). On s’attend déjà à un succès retentissant, autant sur le plan économique que politique.

Maintenant, la vraie question, la seule qui vaille et que nos gouvernants se posent avec insistance et componction, est de savoir si cette nouvelle taxe sera suffisante.

Je vous rappelle que le but est de fusiller remonter le moral des ménages, pas trop haut actuellement. S’arrêter en si bon chemin taxatoire est peut-être une erreur. Taxer un coup de plus avec fermeté serait peut-être faire preuve de gourmandise. Un juste milieu doit être trouvé et à défaut de créer une nouvelle taxe ex nihilo, rien n’empêche de remanier de fonds en combles une ou plusieurs taxes existantes.

C’est précisément ce qui est proposé avec l’idée d’augmenter un peu la taxe soda.

Pour ceux qui n’auraient pas suivi les épisodes précédents, rappelons que le gouvernement français, n’ayant aucun scrupule à bobarder le peuple qui l’a placé là, entend lui faire croire qu’en taxant les sodas, il pourra lutter contre l’obésité (tout comme la taxation des cigarettes a permis la disparition des fumeurs, et la taxation du travail, la disparition des empl… oups pardon je m’égare). Accessoirement, n’oublions pas qu’en taxant ce que les gens achètent, on rapporte un peu plus de sous-sous dans la popoche de l’État qui en manque cruellement (par définition). En conséquence, depuis 2012 et sous Sarkozy, les sodas français participent à la lutte contre l’obésité non je blague à la lutte contre l’amaigrissement étatique.

Selon un rapport parlementaire, la taxe mériterait d’être augmentée. Représentant en effet seulement 2,51 centimes par canette de 33 centilitres, il y a certainement moyen de faire cracher un peu plus au bassinet ce gros richard de consommateur, en la faisant passer à 4,6 centimes par canette. Au passage, le même rapport envisage d’augmenter la taxe sur les barres chocolatées ou de surtaxer tous les produits sucrés qui dépassent un seuil prédéfini. Et pour mettre un peu de vaseline autour de la mesure qu’on pressent impopulaire, le rapport préconise d’en profiter pour supprimer quelques autres taxes alimentaires pour faire bonne mesure.

L’objectif affiché par cette manœuvre serait la simplification fiscale en supprimant d’autres taxes et en les concentrant sur un nombre restreint de produits. Il faut dire que, comme d’habitude en France en matière de fiscalité, la tuyauterie chromée aux multiples tubulures tintinnabulantes que Bercy a mis en place sur les produits alimentaires peut déclencher des cauchemars chez la plupart des contribuables normalement constitués : une demi-douzaine de tarifs différents pour les huiles, des modalités invraisemblables pour le chocolat suivant son poids ou sa taille, des taxes sur des produits locaux ou dont le bénéfice sanitaire par rapport à d’autres, moins taxés, est connu, la liste est longue, les tubes multiples, les petits boutons et les leviers nombreux.

Bref, l’idée serait d’élaguer vigoureusement ce foisonnement, de cogner de façon plus forte et plus précise sur les sodas, et, en définitive, de parier sur la capacité de nos parlementaires d’abord, puis de l’administration fiscale ensuite, à fournir un ensemble de textes lisibles, concis et applicables rapidement.

Vous avez bien lu : nos députés et l’administration derrière entendent nous faire croire qu’ils vont remplacer une myriade de taxes qui rapportent malgré tout des douzaines de millions d’euros à l’État par une simple augmentation de l’une d’entre elles, parvenant ainsi à une simplification fiscale effective.

Ici, il est plus que temps d’insérer un petit GIF animé.

gifa flute pipeau surprise

C’est bien sûr totalement grotesque.

Tout comme la nouvelle Taxe Régionale Spéciale d’Élargissement de Sphincters au Tractopelle, cette Augmentation Simplificatrice de la Taxe Soda se terminera en usine à gaz mortels pour le contribuable et les entreprises chargées d’une façon ou d’une autre de la collecter.

Décidément, le changement n’est pas pour maintenant, et tout comme l’austérité qui n’a jamais eu lieu en France, la simplification administrative, fiscale ou taxatoire est une chimère, et la pause fiscale n’a jamais autant ressemblé à un air de flûtiau joué en distorsion sur des amplis de plusieurs mégawatts.

socialisme magique
—-
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  • Taxe Régionale Spéciale d’Élargissement de Sphincters au Tractopelle … TaRéS ÉlaST ? TRèS ÉSTra ?

  • N’oubliez pas la Taxe Inondations qui arrive avec le prochain tsunami !!

  • domage que l’on ne puisse pas taxer la connerie des taxeurs ; parce que là , c’est des milliards que ça rapporterait ; pauvre france va ….

  • une taxe pour ne pas devenir obèse et pour payer… la marche a pieds..non, les transports mécanisés…hum , sont pas un peu dingos ?

  • Ça faisait tellement longtemps. Quel bonheur de voir une nouvelle taxe. Puis bien fait, ménages et entreprises. Puis bien ciblé, nos amies les régions vous savez, le truc à potes pour les potes avec les potes, mais oui le machin qui fusionne et qui devait faire des économies (c’est raté à priori).

    Notre président est au passage pris en flagrant délit de mensonge, la « pause » fiscale ayant été décrétée par ses soins. Logiquement, nous devrions avoir droit à de bonne gesticulations syntaxiques pour justifier tout ceci (prélèvement != taxe, contribution != taxe, hausse != nouvelle, remplacement != nouveau, une pause doit se terminer, blablabla).

    • Apparemment les impôts entrent en ligne de comptes auprès de Bruxelles et dans les pourcentages à ne pas dépasser. Les taxes non, c’est hors bilan. Voilà grossièrement l’idée… Magique le socialisme…

    • Pour les ménages et PME , une bonne nouvelle n’arrive jamais seule,

      Le kWh va baisser !

      http://www.boursorama.com/actualites/baisse-du-prix-de-l-electricite-au-1er-aout-811deea1e489863b48f36c2376a36f93

      Et notre facture d’électricité augmenter rétroactivement !!!

      http://www.boursorama.com/actualites/et-si-la-facture-retroactive-d-electricite-etait-finalement-plus-salee-qu-annoncee-d50a10a7f07e59f4b90b871224e53a53

      Sans compter sur la hausse des diverses taxes dont la trop fameuse CSPE , la « Nouvelle » CSPE sur la consommation de toutes les énergies confondues des ménages français ( fuel, gas-oil, charbon, gaz, essence…).

      Cette contribution acquittée majoritairement par les ménages et PME sert à financer en grande partie les énergies renouvelables, des énergies qui de par leurs productions aléatoires « ingérables » contribuent à une surproduction d’électricité.
      Cette surproduction est l’une des causes ( la cause ) de l’ effondrement des cours du marché de gros du secteur, et comble de l’ironie plus les cours sont bas et plus la CSPE appelée sur nos factures ( ou maintenant aux divers robinets ) augmente.

      Le chien qui se mord la queue en sorte.

      Et dire que les éoliennes en attente de raccordement vont doubler les capacités installées…

      D’ici à ce qu’elles soient toutes raccordées, il nous faudra remettre EDF et ses centrales en bon état de marche pour assurer la sécurité du réseau national, sortons les porte-monnaies !

      • J’ajoute que là aussi en matière de CSPE, une partie de cette taxe revient aux collectivités locales, raison pour laquelle les éoliennes ont le vent en poupe auprès des élus !

        • Oui le système tourne en boucle : les éoliennes alimentent le budget des communes qui autorisent leurs installations : pas besoin de business plan ni de pub, l’électricité est rachetée automatiquement… le rêve, l’argent qui vient du ciel.

  • On remarquera que c’est toujours pour « une bonne cause ». Ici pour les régions, euh pardon, les TPE-PME. On va donc taxer les entreprises pour aider les TPE-PME si j’ai bien compris…
    Alors depuis le temps que nos gouvernants accumulent les taxes et les bonnes causes qui vont avec, comment se fait-il que la France ne soit pas un pays paradisiaque???

  • Vous avez bien lu : nos députés et l’administration derrière entendent nous faire croire qu’ils vont remplacer une myriade de taxes qui rapportent malgré tout des douzaines de millions d’euros à l’État par une simple augmentation de l’une d’entre elles, parvenant ainsi à une simplification fiscale effective.

    C’est évident que c’est de l’enfumage de première. Les autres taxes ne subiront aucun changement, le mammouth serait en manque…
    Dites voir, vous seriez pour la disparition du dernier mammouth des fois par hasard, hum ❓

  • Bonjour
    Ben cette fois c’est décidé, je vais voter Follande ou si il n’est pas là, ce que je doute, au moins Soucialiste… NON pas que je leurs ferait confiance pour redresser le pays, les miracles je n’y crois pas, et de toutes façons on s’enfoncera encore qui que ce soit vu les mines que ces fossoyeurs enfouissent de partout, mais pour deux choses…
    La première pour voir ce qu’ils seraient capables d’inventer encore comme mensonges ???
    La deuxième, LA PLUS IMPORTANTE, pour qu’ils soient responsables, enfin, des KONERYS qu’ils font et feront encore, et pas leur successeur.
    OK nous morflerons encore et encore, mais comme je l’ai dit plus haut on va morfler de toute façon, donc, autant qu’ils prennent dans les 100 dents.
    Et les Franchouillards peut-être ouvriraient-ils les yeux et vers 2019, 2020 nous vireraient DEFINITIVEMENT ces kouillards.
    Ameenchalla

  • Je croyais qu’il existe une règle de finances publiques dite « de non-affectation » selon laquelle une recette particulière ne peut pas être affectée à une dépense particulière. Le budget de l’Etat forme un tout.

    • certes, mais ça n’interdit pas de dire le contraire, hein.
      Et puis cette règle (plutôt tordue, soit dit en passant) a pris tellement de coups qu’elle n’est plus à ça près.

    • Oui pour cette règle de non-affectation, mais on ne peut pas non plus voter une dépense sans mettre une recette équivalente en face.
      Mais ce n’est pas de l’affectation de dépenses juste un équilibre du budget général… et après ça permet d’augmenter la taxe lors de la loi de finance ou lors d’un autre cadeau fait aux copains de promo.

    • Gérard Dréan: « Je croyais qu’il existe une règle de finances »

      La compilation de toutes les règles de gestion ou de droit violée par l’état remplirait une bibliothèque entière.

  • Et on ose se moquer de l’absurdité des mesures débiles prises sur tout et n’importe quoi par l’Europe. C’est la charité qui se moque de l’hôpital.

    Les débiles sont aux commandes….

    • intéressant, mais apparemment pas mis à jour depuis 2006.

    • Whohohoho ! L’article de Robert le Brucio référence 214 taxes ! C’est énorme ! C’est clair qu’à ce nombre-là on n’est plus à une ou deux ponctions près !
      En France quand on a un problème on fait une loi et on pond une loi. Et comme toujours, ce sont toujours les mêmes qui écopent !

  • Quel bonheur de retrouver H16 au meilleur de sa prose.
    Jubilatoire!

  • Quoique, une usine à gaz pour une taxe soda, c’est un peu tautologique, non ?

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