Par Patrick Coquart.

L’Euro 2016 de football qui se déroule en France jusqu’au 10 juillet donne lieu à un déferlement d’images à la télévision. Sans doute les Français espèrent-ils y trouver un ou des héros. Franchement, est-ce raisonnable ?
Nous avons tous besoin de héros
Nous avons tous besoin de héros. Ils sont nécessaires à notre construction. Ils accomplissent des actes extraordinaires. Ils font face au danger. Ils surmontent les obstacles. Ulysse est un héros. Saint-Georges terrassant le dragon en est un autre. On s’identifie à eux, on s’imagine à leur place. Ils nous font rêver. Et comme le dit Boris Cyrulnik, « une vie sans rêve est une agonie psychique ».
Le psychiatre, qui, enfant, admirait Tarzan et Oliver Twist, précise : « Ces héros me donnaient de la force et grâce à eux le savais où je rêvais d’aller ».
La fiction – littérature, cinéma ou maintenant jeux vidéos – sont là pour nous fournir les héros dont nous avons besoin. Tintin ou Superman, Luke Skywalker ou Bob Morane, le comte de Monte-Cristo ou Harry Potter ont ainsi accompagné nombre d’enfants, d’adolescents et même d’adultes.
Les héros réels, les meilleurs ?
Cela dit, il n’est pas interdit de les trouver en chair et en os dans la vie quotidienne. Je pense, par exemple, aux retraités qui se sont portés volontaires pour nettoyer le site de Fukushima après la catastrophe. Je songe aussi à Malala Yousafsai qui combat l’obscurantisme des talibans et défend l’éducation des jeunes filles au Pakistan, et maintenant partout dans le monde.
L’écrivain François Taillandier confesse qu’il est bouleversé par l’histoire de Maximilien Kolbe, ce franciscain polonais qui s’est offert de mourir à la place d’un père de famille dans le camp de concentration d’Auschwitz.
Dimitri Payet, nouvel héros du football français actuel
Si l’on en croit les commentateurs sportifs, Dimitri Payet est le nouvel héros du moment. Tout cela parce qu’il a marqué deux buts au premier tour de l’Euro 2016. On verra cet après-midi, lors du match de 8ème de finale ce qu’il adviendra de cette gloire subite.
Vous avez compris, je crois, que je trouve tout cela un tantinet exagéré. Certes, le football est aujourd’hui l’opium du peuple. Certes, les Français ont besoin de victoires pour se remonter le moral. Mais enfin, faire la Une du journal télévisé avec le but de Payet, puis réaliser des reportages à La Réunion pour aller à la rencontre de ses anciens camarades de jeu, de son entraîneur et de sa famille, est un manque total de discernement de la part des médias, télévisuels en particulier.
Ces vrais héros qu’on ne reconnaît pas
Il est vrai que la télévision est désormais l’aune à laquelle on mesure toute chose. Si vous passez à la télé ou si vous faites partie du sérail, alors vous comptez. C’est ainsi que Michel Galabru ou Jean-Pierre Coffe récemment disparus, pour ne prendre que deux exemples, ont été largement célébrés. Grand historien, académicien, Alain Decaux, mort le 27 mars, a eu droit à un hommage car il avait été homme de radio et de télévision.
En revanche, André Brahic décédé le 15 mai dernier, n’a eu droit qu’à quelques secondes à la fin du journal. Pourtant, astrophysicien français de renom, expert mondial du système solaire, et découvreur des anneaux de Neptune, il aurait mérité un hommage plus grand.
Quant à Jean-Claude Decaux, mort le 27 mai dernier, « inventeur » de l’Abribus et du Vélib, il n’a pas eu droit à tant d’égards. Sans parler de Roland Peugeot, à la tête de l’entreprise familiale d’automobiles de 1972 à 1998, décédé le 7 janvier.
Et pourtant, Roland Peugeot et Jean-Claude Decaux n’ont-ils pas apporté autant, sinon plus, à la société, que Michel Galabru et Dimitri Payet ?
Sans doute est-il exagéré de prétendre que les entrepreneurs sont les héros d’aujourd’hui. Quoique si l’on considère les embûches de toute sorte qu’ils trouvent sur leur chemin, on pourrait y songer… Mais il est certain que les célébrités ne le sont pas non plus.
Carlos Ghosn, tant décrié pour sa rémunération jugée « exorbitante », ne vaut-il pas Karim Benzema ? Et Thibaud Simphal, le directeur général d’Uber France, ne rend-il pas davantage de services que Nabila ?
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Le foot : un des plus performants opiums du peuple
Desproges avait raison
en sport professionnel ou autre produit artistique il n’y pas de héros mais des hommes sandwich , pourquoi pas Payet si il n’y pas mieux pour le moment .
C’est très irritant d’entendre des commentateurs l’appeler Paillette ( on est en France et la terminaison en et se dit è aux dernières nouvelles académiques; :peut-être ont ils installé un bidette près de leur lampe de chevette !
Payet est un nom réunionnais et se prononce “paillette”.
http://www.clicanoo.re/526468-maintenant-ils-savent-que-ca-se-prononce-paillettes.html
C’est plus qu’irritant de vous entendre changer la prononciation du nom de quelqu’un. Avec vous les mousquetaire s’appellent donc “ato, porto et arami”, “lui fernandé” est un ancien footballeur célèbre, le gardien de l’équipe de France s’appelle “Lori”, on pourrait multiplier ces exemples à l’infini.
C’est encore plus irritant de vous entendre utiliser le “on est en France” pour justifier vos propos. La France ne s’arrête pas au frontières de l’hexagone.
La prononciation d’un nom de famille relève de l’histoire, de la tradition et pas des règles académiques, c’est même pour ça qu’on a inventé les catégories de “nom commun” , “nom propre”, “nom de famille”..
Il me semble qu’il faut au contraire féliciter les commentateurs qui prennent le temps de vérifier la phonétique d’un nom de famille.
Parceuqe avant de dire n’importe quoi, la moindre des chose et de demander à Dimitri Payet comment se prononce son nom et en bon réunionnais il vous dira que Payet se prononce “Payette” (graphie utilisée au Quebec plutot que “paillette”).
Le simple fait que ce patronyme soit prononcé Payette à la fois au Quebec et à la Réunion me fait dire qu’il doit sans doute s’agir de la prononciation originelle qui s’est modifié en France métropolitaine.
En me basant sur quelques chiffres fournis par l’INSE, en 1990 la réunion comptait plus de 9654 Payet, soit plus que l’ensemble de l’hexagone (seulement 2754). Pour restez dans une logique proche de la votre i’l m’arrive de me demander si il ne faudrait pas que l’on prononce “Payette” pour la minorité de Payet que compte la France métropolitaine.
Je ne fais aucune confiance aux commentateurs, qui prononcent la terminaison des noms croates “ique”, et qui disent “Train-Duc” alors que celui-ci a pris la peine d’ajouter un “h” Ã “Trin”.
Vous avez raison, mais les efforts des commentateurs me semblent tout à fait insuffisants. Pour ma part je ne confierais le poste de commentateur qu’à celui qui est capable de prononcer correctement “Toby Alderweireld”.
Ce point m’avait frappé dans un roman d’anticipation de l’humoriste Cami, de mémoire “Le Jugement Dernier — Roman Prématuré“.