L’ordinateur le plus puissant du monde est… chinois !

Avec Sunway TaihuLight, l’ordinateur le plus puissant du monde, la Chine confirme sa position de leader mondial en matière de calcul haute performance.

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L'ordinateur le plus puissant du monde est chinois By: Mike Licht - CC BY 2.0

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L’ordinateur le plus puissant du monde est… chinois !

Publié le 24 juin 2016
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Par Thierry Berthier.

L'ordinateur le plus puissant du monde est chinois
By: Mike LichtCC BY 2.0

20 juin 2016 – Le supercalculateur chinois Sunway TaihuLight vient de détrôner Tianhe-2, l’ancien champion mondial du calcul haute performance (HPC), lui aussi Chinois, dans le classement TOP500 des 500 ordinateurs les plus puissants du monde. Construit en Chine à partir de technologies chinoises, Sunway TaihuLight affiche aujourd’hui une puissance de calcul record de 93 pétaFLOPS, ce qui représente 93 quadrillions d’opérations à la seconde soit 93 fois 10 à la puissance 15 (93 millions de milliards) opérations par seconde… Il améliore ainsi d’un facteur 3 l’ancien record de son cousin Tianhe-2 qui atteignait les 33,86  pétaFLOPS en 2013.

L’ordinateur le plus puissant du monde : comment ça se mesure ?

L’unité de mesure de la puissance de calcul des ordinateurs s’exprime en FLOPS, acronyme anglo-saxon de FLoating point Opérations per Second, opérations à virgule flottante par seconde. On notera que la puissance de calcul de Sunway TaihuLight reste 150 fois moins élevée que celle du réseau de minage utilisé pour le fonctionnement de la crypto monnaie Bitcoin.

La puissance de calcul de ce réseau de machines atteint les 15 000 exaFLOPS en juin 2016. Toutefois, cette puissance qui est obtenue à partir d’un grand nombre d’ordinateurs mis en réseau n’offre pas les mêmes fonctionnalités qu’une machine comme Sunway TaihuLight, nativement dédiée au calcul haute performance et à la simulation numérique. Sunway TaihuLight mérite donc son titre de champion du monde dans la catégorie HPC.

Installé au NSC – Wuxi (National Supercomputing Center – Wuxi) situé à deux heures de route de Shanghai, le Sunway TaihuLight a officiellement été présenté lors de la conférence ISC (International Supercomputing Conference) qui a eu lieu à Francfort les 17 – 23 juin 2016. Sunway TaihuLight a été développé par le Centre national de recherche des technologies et ingénieries des calculateurs parallèles (NRCPC) qui avait déjà placé la machine Sunway BlueLight en pôle position du classement HPC en 2011. Il devrait être utilisé pour des calculs de simulations numériques intervenant dans des études sur le changement climatique, sur la génétique et sur l’aérospatial.

Processeurs chinois et surprise stratégique

L’architecture de Sunway TaihuLight est dotée de 41 000 chips contenant chacun 260 cœurs (processeurs) ce qui représente un total de 10,65 millions de cœurs pour une seule machine ! Ce chiffre est à comparer aux quatre cœurs qui équipent nos ordinateurs grand public et qui suffisent largement à une utilisation standard, y compris pour le jeu vidéo toujours gourmand en puissance de calcul.

Sunway TaihuLight dispose de 1,3 pétabytes de mémoire RAM et est équipée des nouveaux processeurs ShenWei et d’un système d’interconnexion inédit. On notera que ces deux innovations technologiques sont de purs produits chinois contrairement à ce que certaines rumeurs laissaient entendre il y a quelques mois sur une nécessaire utilisation de technologies occidentales dans l’architecture de Sunway TaihuLight. Cette constatation intervient comme une première surprise stratégique dans le maintien de la Chine à la position de leader des moyens de calcul HPC depuis 2013.

La seconde surprise stratégique concerne les effets collatéraux de l’embargo américain sur les processeurs haute performance à destination de la Chine. Des tests fonctionnels viennent de montrer que les nouveaux processeurs ShenWei et les chips ShenWei font désormais jeu égal avec les processeurs américains « Knights Landing » Xeon Phi d’Intel.

En 2015, l’embargo américain sur les processeurs haute performance à destination de la Chine avait poussé cette dernière à développer ses propres processeurs HPC, atteignant par la même occasion une indépendance technologique forcée face aux constructeurs américains. On peut affirmer aujourd’hui que cet embargo a contribué très directement à l’actuelle souveraineté nationale chinoise dans le domaine des processeurs haute performance et qu’elle a conduit la Chine à la place de leader…

Une course à deux champions ?

Les rapides progrès des laboratoires chinois dans la conception d’architectures HPC doivent être soulignés, notamment au regard du concurrent direct américain et de l’absence européenne dans le top7 du classement HPC TOP500. Si les deux premières machines du classement mondial sont chinoises, les États-Unis placent tout de même quatre machines dans le top10.

Le premier supercalculateur français (Pangea – Total Exploration Production) occupe le 11ème rang du Top500 avec une puissance de calcul de 5,2 pétaFLOPS. En matière de calcul haute performance, la domination américano-chinoise devient préoccupante pour les autres nations. Loin derrière les deux géants qui font la course en tête, l’Europe doit s’engager plus intensément vers un développement de supercalculateurs capables de rivaliser en puissance avec Sunway TaihuLight.

C’est avant tout une question stratégique qui impacte très directement la souveraineté des pays membres. Les capacités de calcul haute performance d’une nation constituent aujourd’hui un marqueur fort du degré de développement d’une nation technologique. Pour se développer, l’intelligence artificielle aura besoin de grandes puissances de calcul. La France est en mesure de jouer un rôle principal dans le domaine en soutenant notamment Bull propriété du groupe ATOS qui reste aujourd’hui l’acteur national incontournable du calcul haute performance.

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  • Vous êtes mal informé : l’ordi le plus puissant est français signé Bull: exaflopique, 10 puissance 18 flops.
    À 64x 10^15 les chinois sont à la rue!

  • Ne pas confondre intelligence artificielle et conscience artificielle.

    • Oui, tout à fait, en tant qu’informaticien, j’affirme que la conscience artificielle est une utopie… Ce qu’on appelle IA n’est qu’une pâle copie de l’intelligence humaine. Les ordinateurs ne sont que des machines à calculer, impossible de programmer un ordi pour qu’il ait une conscience de lui même, pas plus qu’il est possible de leur faire éprouver des sentiment, émotions.
      La puissance de l’ordinateur n’y change rien. Les capacités réelles d’un ordi sont définies par sa programmation, pas par ses giga/peta/hexa/bidulaflops.

      • Sauf que la conscience et les émotions ne sont qu’une suite de calcul inconscient et de réaction biochimique, il suffit d’avoir le bon algorithme, mais personnellement pour une raison d’efficacité supprimer la partie émotion est essentiel, elle n’est nullement nécessaire à l’émergence d’une intelligence artificielle

        • Tout ça dépend de ce que vous entendez par « intelligence » qui peut, elle aussi, avoir des millions de formes différentes.

          On parle ici de calculs ou opérations mathématiques: ce la n’a rien à voir avec un phénomène biologico-physiologico-physico-chimique qui fait que votre cerveau « grossit » quasi du simple au double la première année de la vie et est capable, si on lui donne « humainement du lait, de retenir et d’oublier: vous pouvez donc vous en enorgueillir car il vous permet des sensations (grâce à vos 5 sens) et des émotions qui sont les 2 voies du plaisir dont une dose suffisante permet un temps de bonheur, avec surtout une variation dans le temps qui peut faire jouir d’un stress comme en vit un pilote de formule 1 ou le repos du guerrier qui suit où vous ne foutez rien.

          Tant que la machine ne pourra pas ressentir l’effet des sensations et émotions qu’elle deviendra un jour, peut-être, capable de calculer, elle pourra vous donner sans doute les statistiques des conséquences possibles sans pour autant rire ou pleurer, à votre place: elle ne vous donnera sans doute un résultat qu’elle pourra retenir sans pouvoir l’oublier, la pauvre!

  • Cray avec Intel et NVidia ont enfin trouvez un adversaire digne de ce nom … et ça c ‘est cool

  • Merci pour cet article, mais je me permets d’apporter quelques précisions pour mieux comprendre.

    Concernant les FLOPS, on ne peut pas comparer le benchmark principal du top500, hpl (ex-linpack), et bitcoin. Tout d’abord Bitcoin n’effectue pas
    d’opérations flottantes (avec des nombres « non entiers »), donc le nombre de FLOPS du réseau Bitcoin est 0. Ensuite, on compte les opérations utiles à
    l’algorithme, on ne peut donc pas comparer directement les FLOPS de deux benchmarks différents.

    Les progrès de la Chine sont spectaculaires mais il ne faut pas oublier que hpl est assez « simple » à exploiter pour obtenir de bonnes performances (de
    l’ordre de 80% de la puissance crête, c’est-à-dire du maximum théorique de la machine). Par contre, hpl est en général un indicateur assez mauvais pour
    comparer des architectures différentes. Par exemple, Roadrunner, la première machine Peta-flopique, munie de processeurs IBM Cell a été inexploitable pour la plupart des applications.
    D’autres benchmarks existent, en particulier hpcg, plus proche du comportement de la plupart des simulations numériques. Sur ce dernier, la machine chinoise a une efficacité de 0.3%, les machines en Xeon Phi 1% et les machines plus classiques 3%.

    Concernant l’intelligence artificielle, c’est actuellement un sujet complètement différent de ce genre de supercalculateurs.

  • Cocasse de constater que sur une publication qui se veut libérale on pousse à ce que la France ou l’Europe interviennent pour financer un secteur économique qui devrait être privé
    Quand on invoque France et Europe j’ai toujours l’impression qu’on évoque nos élites autoproclamées pour brûler du bon argent public
    Et cette impression est encore plus grande quand on lit la marque Bull qui est un bon exemple de capitalisme de connivence
    Il y aurait donc de la bonne intervention publique et de la mauvaise intervention publique

    • « Il y aurait donc de la bonne intervention publique et de la mauvaise intervention publique ? »
      Non, seulement un soutien stratégique national. Le HPC est considéré comme un domaine stratégique par l’ensemble des nations qui le produisent.
      Il est donc normal que l’Etat s’en soucie, au même titre que le nucléaire ou la cybersécurité…

      • Ce genre d’argument est celui qui a toujours été utilisé pour le plus d’État
        Faut savoir ce que l’on veut!

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