Par Éric Verhaeghe.

Les entreprises françaises manquent-elles de capital ? Une étude de l’INSEE parue la semaine dernière le laisse entendre. Cette enquête quadriennale permet de faire le point sur les créations d’entreprises en France.
Les entreprises sont sous-capitalisées
L’étude met en évidence que 54% des entreprises démarrent avec moins de 8.000 euros, et 68% avec moins de 16.000 euros…
En poussant l’analyse plus loin, on remarquera même que près du tiers d’entre elles commencent avec moins de 2.000 euros. Cette proportion a augmenté de 50% en 4 ans.
On remarquera qu’en 2010, 60% des entreprises seulement démarraient avec moins de 16.000 euros.
En quelques années, un phénomène de paupérisation des projets entrepreneuriaux s’est donc produit, avec une explosion de « lumpen firms » ne bénéficiant pratiquement d’aucun moyen pour démarrer.
Le commerce toujours en tête
L’étude de l’INSEE souligne par ailleurs les évolutions curieuses dans les projets de créations. Structurellement, le commerce reste le premier des projets, mais sa « domination » s’érode au profit du secteur de la construction.
On le voit : plus d’une création sur cinq se fait dans le commerce, alors que cette proportion était d’une sur quatre en 2010. Progressivement, le secteur de la construction génère autant de créations d’entreprises que celui du commerce.
La poussée la plus forte depuis 2010 a toutefois lieu dans le domaine de la santé humaine et de l’action sociale.
Les activités les plus gourmandes en capital (assurances, finances) sont les moins prisées…
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Inutile d’être grand clerc pour comprendre qu’une entreprise sous capitalisée, qui plus est dans un contexte de marché difficile et avec des contraintes sociales et fiscales fortes a beaucoup moins de chance d’être pérenne que celle bien pourvu de fonds propres.
Et pourtant aujourd’hui, cette tendance est à la hausse comme l’indique l’article. Même nos doctes dirigeants (sous le mandat de SARKOZY) ont eu la riche idée “d’imaginer” la création d’une entreprise sous la forme de société avec 1 euro. Cette “c……..” est bien “entendu partagée par les dirigeants actuels dont le grand leader ne peut que cautionner la démarche puisqu’il n’aime pas les riches. Au moins une chose est quasi sûre, c’est que ces entreprises ont peu de chances de s’enrichir dans ces conditions.
Il n’en reste pas moins vrai que l’argent, honni par HOLLANDE (sauf pour lui et ses sbires) restera le nerf de la guerre et que sans lui il n’y a pas d’affaires possibles…
Je vois pas le problème à réduire les barrières à la création d’une entreprise. Comme toutes les barrières, elles doivent sauter, à charge ensuite à celui qui monte son entreprise de juger de la viabilité de son projet. Des projets viables n’ont pas besoin de plus d’1€ de capital de départ.
J’ajouterai que les emplois qui vont être créés aujourd’hui, demain et après-demain seront majoritairement des emplois de services, et très certainement dématérialisés (donc un besoin réduit en capital de départ) ex: tout ce qui est blogging, PR, SEO, etc.. On note également que les sociétés qui se forment sont également des sociétés souvent unipersonnelles (donc encore un besoin réduit en capital, puisqu’il n’y a pas d’employés à payer) SASU EURL, etc..
Grosso modo, aujourd’hui avec 1€ de capital, un ordinateur et une connexion internet, vous pouvez générer potentiellement des dizaines de milliers d’euros par an de CA, ce qui est suffisant pour vivre. Alors de quoi se plaint-on?
Vous avez raison quand vous dites que la barrière du capital minimum doit sauter, comme toutes les autres barrières. Mais faut rester lucide quand même : avec 1 € de capital vous ne pouvez absolument rien faire, même pas louer le matériel dont vous avez besoin (même si il se limite à un ordinateur ), vous utilisez forcément des ressources que vous ne comptez pas : un bureau dans votre logement, votre connexion internet personnelle, …
Oui evidemment, sauf qu’entre payer un huissier qui vient évaluer votre matos (en informatique la valeur est déjà divisée par deux rien qu’au moment de l’achat), et utiliser votre matos sans le faire passer en apport en capital, le calcul est vite fait. Ajoutez à cela le fait qu’à la fin le fisc vient vous refaire payer une grosse partie de ce que vous déclarez en frais (logement utilisé comme bureau, connexion internet personnelle) car ils sont “trop” confondus avec une utilisation personnelle, qui fait qu’au final les premières années vous ne tapez même pas dans votre capital mais vous vous contentez de payer de votre propre poche ce genre de chose comme vous le faisiez avant de monter votre boite (loyer, ordi, internet, déplacement, etc.).
Du coup, le 1€ sert simplement à monter la structure pour pouvoir exercer, pas à la financer concrètement. Seulement dans un deuxième temps, lorsqu’on sait que l’entreprise ne va pas couler, on peut commencer à optimiser ses dépenses et les faire passer sur les comptes de l’entreprise.
Vous dites une chose et son contraire : 1 euro de capital ne suffit pas à acheter un ordi. et tout le petit équipement.
Par expérience, (je pratique) toute entreprise est d’entrée en difficulté sans fonds propres (comment financez vous le BFR entre autres ?)
Par expérience aussi beaucoup de porteurs de projet ont énormément de mal à juger de la viabilité de leur projet. Beaucoup ne voient pas l’utilité d’étudier le marché (par exemple) sur lequel ils veulent aller. Ceci étant je salue le courage (peut-être de l’inconscience aussi mais il en faut…) de ceux qui entreprennent dans un pays socialo communiste.
Les choses sont bien plus complexes que vous l’imaginez.
Non il ne suffit pas à acheter un ordi, mais pourquoi acheter un ordi quand 90% de la population en possède déjà un? Ce n’est pas parcequ’on monte une entreprise qu’il y a forcément un investissement à faire. Si vous avez déjà le matériel, vous avez plus qu’à travailler et advienne que pourra.
Comme je l’expliquais précédemment, de plus en plus d’entrepreneurs montent leur société en solo. De fait, rien ne les empêche d’allonger leur argent personnel sans passer par l’entreprise le temps de commencer à rentrer dans leur frais. Et les frais, dans la plupart des branches fondées sur internet et le dématérialisé, se résument à une ou deux licences informatiques (que les gens ont déjà en général), un accès internet (que les gens ont déjà en général), et à la rigueur un hébergeur de site web (15€/mois en gros, et que certaines personne auront déjà car ils avaient une activité qui requiéraient un site internet avant de se lancer), et un lieu de travail (souvent le domicile, donc qu’ils paient déjà depuis longtemps).
Mais la viabilité d’un projet n’est pas inhérente à l’apport en capital. Exemple : l’Etat, avec un “apport en capital” (nos taxes) incroyable et un projet de société en échec constant. D’où l’intérêt de permettre la création d’entreprise avec une limite basse de capital “inexistante” (1€)
Personnellement j’ai monté mon entreprise il y a 1 an avec un capital de 1000€ dans lequel je n’ai quasiment pas tapé puisque je possédais déjà mes licences et équipements informatiques en amont. Mon projet professionnel était flou mais sur une branche que je savais porteuse. S’il avait fallu que je débourse mettons 8000€ minimum pour monter ma boîte (le tout en sachant pertinemment que je n’aurais pas besoin d’autant), je l’aurais tout simplement pas monté. Et au vu du CA prévu pour cette fin d’année, c’aurait été vraiment dommage.
A moins d’être en auto-entrepreneur, il est impératif de disjoindre totalement ses comptes personnels de ceux de sa société, sans prêts informels de ressources de l’un à l’autre et vice-versa. Tant que ça se passe bien, vous n’en voyez peut-être pas la nécessité, mais si ça se passe mal, votre société vous entraînera dans sa mort.
Tout à fait d’accord. De toute manière on ne peut monter une SASU légalement sans avoir de compte professionnel. Toutefois, le fait que je soulevais est que, dans mon cas, le besoin en capital était nul (d’où l’intérêt de permettre légalement la création d’une société avec un capital extrêmement faible). Et que ce cas a tendance à se généraliser de nos jours puisque les nouveaux entrepreneurs ont tendance à travailler dans des structures unipersonnelles dans des domaines dits “dématérialisés”.