Par Marc Crapez.

« Dans les journaux de partout, tous les salauds ont leur photo. Ça fait mal aux honnêtes gens et rire les malhonnêtes gens », fredonnait Jacques Brel dans les années 1950. De nos jours, un tel propos passerait pour moralisateur, populiste, voire d’extrême-droite.
Pourtant, il suffit de regarder autour de soi. Les exemples d’anomalies abondent. La très médiatisée Nuit debout ? Après une dure journée de travail, le commun des mortels préfère nuit couchée ! Autre exemple, l’un des terroristes impliqué dans les attentats de Paris et Bruxelles était apparu dans un documentaire suédois sur l’intégration réussie. La presse de droite n’ose pas toujours investiguer, de peur de passer pour fasciste. Le logement pas cher de Taubira ? C’est Marianne qui enquête et se fait traiter de populiste. Les contrats miraculeux qui boosteraient la carrière de la femme de Valls ? C’est le Nouvel Obs qui creuse la question et personne n’en entend parler.
Corruption à tous les étages
On songe aussi au scandale récent des permis de conduire frauduleusement délivrés par des agents de préfecture à des « people ». En fait, la corruption touche toutes les strates de la société : il y a quelques années déjà , un reportage en caméra cachée montrait des pompiers impliqués dans un trafic de triche sur l’examen du précieux viatique. Pendant ce temps, les grands de ce monde ne se montrent guère exemplaires : Hollande recase Ayrault comme ministre des Affaires étrangères, Dilma Rousseff redonne un poste à Lula et Hillary Clinton vient de déclarer que, si elle était élue présidente, elle octroierait un poste à Bill. Des élites au-dessus des lois ?
La France a connu son apogée de développement démocratique, d’essor économique et d’épanouissement républicain dans les années 1980. On pouvait rire de tout, la violence politique s’était tarie, les ghettos étaient résorbés, la nation était souveraine. On se moquait des Italiens un peu filous, avec leur travail au noir et leurs Fiat qui déboîtaient pour doubler au mépris des lignes continues.
Le règne de la loi
Las, nous ne savions pas alors qu’avait été atteint le faîte de notre gloire. Deux siècles après la Révolution, se trouvaient accomplis les idéaux de prospérité et la devise originelle « Liberté, égalité » (la fraternité est une greffe postérieure). 1789 voulait mettre un terme aux lettres de cachet, à l’arbitraire, au deux poids deux mesures. Les devises qui ornent alors les gravures monétaires, les frontispices des monuments, ou l’iconographie du temps, illustre le diptyque Liberté-égalité : « règne de la loi », « la loi est la même pour tous », « les hommes sont égaux devant la loi ». Sur le bâtiment du département américain de la Justice figure cet aphorisme « when law ends tyranny begins ». Avec une légère variante, c’est la phrase de John Locke « là où la loi s’arrête commence la tyrannie ». Le pays du libéralisme sacralise les fonctions régaliennes de la loi et confère à l’empire de celles-ci toutes ses prérogatives.
Cet édifice, dont la loi est la clef-de-voûte, fut parachevé, en ce qui concerne la France, au seuil des années 1980. Mais déjà quatre facteurs se conjuguaient pour brader cette méritocratie républicaine : immigration massive, fonctionnarisme débridé, obsessions européistes et lubies gauchistes. S’ensuit une régression néo-féodaliste caractérisée par : inflation normative conjuguée au renoncement à faire appliquer la loi dans certains cas ; dérogations, exemptions, clientélisme et favoritisme pour promouvoir des catégories de citoyens surprotégés ; économie parallèle tolérée comme soupape ; paradis artificiels mollement combattus ; retour de la pratique du bakchich ; perte de confiance en la pérennité des solidarités inter-générationnelles et des garanties sociales ; système D destiné à pallier les carences d’un État impotent, tatillon à mauvais escient mais veule dès qu’il s’agit de défendre son autorité.Â
la france est gangrénée par le haut ; partant du principe qu’il ne nous est pas possible de couper ” le morceau le plus pourris ” il ne faut pas s’étonner que la gangrène continue son travail de pourrissement ;
Le poisson pourrit toujours par la tête…
La France est effectivement une société féodale, mais pas exactement comme l’auteur l’indique. Ce qui fait la société féodale, ce n’est pas le clientélisme ou la corruption, ni les petits arrangements entre amis. Ce qui fait la société féodale et que la révolution avait spécifiquement aboli, c’est le corporatisme, les statuts protégés des uns et des autres, les restrictions à l’exercice d’une profession, tous ces petites choses qui font de la France (et d’autres pays) une société de privilèges. De privilèges médiocres, mais de privilèges quand-même, où chacun défend le sien sans voir que l’abolition de tous ces avantages, droits acquis, etc. profiterait finalement à tous. Qui disait que ce pays était foutu?
Le féodalisme est la principale caractéristique du socialisme. Le florentin a été un exemple patent de cette perversion.
le manifeste du parti communiste est une nostalgie du féodalisme
Les quatre facteurs dégagés à la fin de l’article conviennent très bien.