Cette sympathique Initiative sur le Service Public en Suisse

Pas un parti ne défend l’initiative populaire pour le service public en Suisse ! Pourtant, elle permettrait de remettre certaines choses à plat.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Cette sympathique Initiative sur le Service Public en Suisse

Publié le 20 mai 2016
- A +

Par Stéphane Montabert, depuis la Suisse.

Pas un parti ne défend l'initiative populaire pour le service public en Suisse ! Pourtant, elle permettrait de remettre certaines choses à plat.
By: Joeri CornilleCC BY 2.0

L’initiative populaire « En faveur du service public » lancée par divers magazines de consommateurs romands et alémaniques réussit le tour de force de faire l’unanimité contre elle. Pas un seul parti ne la soutient ! Seules quelques sections cantonales laissent la liberté de vote à leurs membres, et c’est à peu près tout.

Il faut se lever tôt pour voir UDC et PS main dans la main sur un objet soumis au vote. Pareille opposition de la classe politique toute entière aurait tôt fait de renvoyer les initiants à leurs magazines, mais voilà, second paradoxe, les sondages lui sont pour l’instant tout à fait favorables ! S’il fallait une illustration de la puissance de la société civile en Suisse, nous l’avons ; et s’il fallait une preuve de la non-représentativité de cette société civile au sein de la classe politique, nous l’avons également.

Bien sûr, l’issue du 5 juin reste incertaine. Les initiatives passent rarement la rampe et, même si l’idée est plaisante, on ne peut pas compter pour rien l’effet sur l’électorat d’une alliance sacrée de tous les partis. La vérité se trouvera une fois de plus au fond des urnes. Malgré tout, ces considérations ne doivent pas faire perdre de vue le vrai problème, la perception par le grand public des services publics helvétiques.

Et si cette initiative était simplement en phase avec le sentiment populaire ?

Le service public en Suisse, c’était mieux avant, forcément

Le quotidien 24Heures pose précisément le doigt sur ce problème – en tout cas, qui apparaît comme tel pour les états-majors politiques : quand l’idéal devient désamour. Les Suisses seraient en quelque sorte frappés par un désir d’idéal irrationnel lorsqu’ils pensent à leurs services publics. L’irrationalité est en l’espèce toute relative, comme l’admet Claude Béglé, conseiller national PDC et président de la Poste suisse de 2008 à 2010 :

À Berne, on baigne dans les statistiques. On nous dit que nos services publics sont les meilleurs, ce qui est probablement vrai. Ce qu’on oublie, c’est que les gens ne comparent pas l’offre en Suisse avec celle de l’étranger, ils la comparent avec ce qu’ils avaient avant.

Bingo ! Aucune comparaison internationale, aussi valide soit-elle, ne pourra dépasser des souvenirs ancrés dans la mémoire collective d’une époque encore récente. Les guichetiers aimables. Les trains à l’heure. Les postiers qui distribuent le courrier plutôt que de s’en débarrasser… Ce monde a disparu, chacun en a bien conscience, mais personne ne sait exactement pourquoi. Ce n’est même pas une question d’économies : la population doit endurer des prestations régulièrement abaissées pour des tarifs toujours plus onéreux !

Profit et autres fâcheries

L’accroissement de « l’efficacité » des services publics s’est fait dans un objectif de rationalisation bien compréhensible, mais aussi, et surtout, de profit. De fait, les entreprises concernées réalisent de jolis bénéfices : 2,45 milliards pour les CFF, 645 millions pour la Poste, 1,3 milliard pour Swisscom en 2015, par exemple. De ces bénéfices, 1,22 milliard reviennent alimenter les caisses fédérales sous forme d’impôt. On peut se réjouir de cette manne. On peut regretter qu’elle soit soutirée à des consommateurs captifs par des tarifs surfaits.

Ce débat ouvre ainsi un front inattendu à gauche, car diminuer la rentabilité des régies publiques reviendrait à priver l’État de quelques juteuses recettes. Voilà comment l’initiative désarçonne le soutien naturel qu’elle aurait dû obtenir de la gauche, une gauche qui, au pied du mur, préfère largement défendre ses fonctionnaires plutôt que la masse amorphe des consommateurs.

N’est pas efficace qui veut. Les top-managers de ces entreprises publiques ou semi-publiques jouent dans un environnement concurrentiel et ont bien compris les avantages du « marché ouvert » en termes salariaux. Mme Suzanne Ruoff, de la Poste, touche ainsi 985 000 francs annuels ; Andreas Meyer des CFF, plus d’un million par an, ce qui lui laissera largement de quoi payer un abonnement général modulable, Urs Schäppti de Swisscom tutoie les deux millions.

Pareils salaires choquent les gens normaux. L’initiative draine beaucoup de sympathie auprès de ceux qui verraient la rémunération annuelle des Conseillers fédéraux – 445 000 francs par an – comme une limite naturelle aux salaires des entreprises dont la Confédération est propriétaire ou actionnaire, une sorte d’initiative Minder restreinte pour les sociétés de cette catégorie.

Jeu de dupes

Je surprendrai sans doute quelques lecteurs mais, bien que libéral authentique, je vois d’un bon œil l’initiative Pro Service Public. Elle remet à plat un débat faussé depuis bien trop longtemps.

Le modèle du monopole d’État est intrinsèquement injuste et inefficace. S’il procure de nombreuses rentes de situation à ses serviteurs, il prive les consommateurs de toute alternative et finit fatalement par s’effondrer sous sa propre incompétence, offrant un service à la fois déplorable et coûteux. Ce n’est pas pour rien que ce modèle n’est plus guère défendu que par quelques cercles de la gauche radicale.

La Suisse a abandonné ce modèle dans sa plus grande partie, mais le semi-monopole d’État, ou encore l’ancien monopole d’État amené dans un secteur concurrentiel, n’est pas tellement meilleur.

Si on imagine le marché comme une sorte de championnat de football géant où des clubs (analogie des entreprises) s’affrontent, le rôle de L’État est parfaitement clair : il est arbitre. Il connaît ou établit les règles et les fait respecter. Les meilleurs clubs décrochent les places internationales et les moins bonnes formations sont reléguées en division inférieure.

Fort logiquement, une entreprise dont l’État est actionnaire devient immédiatement suspecte. Dans notre exemple ci-dessus, qui croira que l’arbitrage puisse rester impartial si la corporation des arbitres possède des parts dans un des clubs du championnat ? Dans le domaine des transports (avec les CFF), des colis et du courrier (avec la Poste) ou des télécommunications (avec Swisscom) le jeu est complètement faussé. L’addition est pour le consommateur.

L’initiative Pro Service Public a le mérite de vouloir lever cette ambiguïté. Si des entreprises sont possédées par la Confédération, elles doivent jouer avec des règles différentes. Ces règles les rendront peut-être moins profitables, certes, mais elles sont la contrepartie d’avantages indus concédés par les autorités. On en revient à la véritable définition de ce que doit être un service public où le profit n’est pas une fin en soi. Cette remise à plat est un préalable à une saine remise en question de l’implication de l’État dans certains secteurs économiques en tant qu’acteur du marché plutôt qu’arbitre.

L’État ne pourra jamais mettre en place des règles qui favorisent réellement la concurrence au bénéfice du consommateur tant qu’il aura un intérêt financier direct à faire le contraire. Témoins coutumiers de ces dérives, les magazines de défense des consommateurs l’ont bien compris.

Sur le web

Voir les commentaires (43)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (43)
  • « L’État ne pourra jamais mettre en place des règles qui favorisent réellement la concurrence au bénéfice du consommateur »
    pas très libérale cette phrase !
    le consommateur ‘roi’ est la même chose qu’une dictature du prolétariat, c’est le début du communisme et on sait comment cela se termine et comment la suisse finira ..comme la France où l’électeur/consommateur est un roi nu

    • La citation correcte est « L’État ne pourra jamais mettre en place des règles qui favorisent réellement la concurrence au bénéfice du consommateur tant qu’il aura un intérêt financier direct à faire le contraire. ».
      Et c’est une phrase qui relève de l’évidence, alors la qualifier de libérale (ou pas) n’a pas grand sens…

    • @ reactitude :

      maiiiiiiiis oui, le consommateur roi, c’et la même chose que le communisme, bien sur, et la liberté, c’est l’esclavage, la paix c’est la guerre etc etc etc …

    • le consommateur ‘roi’ à l’évidence, vous n’aimez pas les consommateurs… 🙁 Allez vivre dans le désert :mrgreen:

  • Belle analyse des services publics suisses, qui sont, par expérience, largement plus efficients que les français et tout aussi peu souriants. Quant aux services faussement privatisés ce ne sont qu’une remise à niveau de leurs variables d’exploitation par cost killing et au détriment du service. Pour tous les services publics et parapublics du monde: à quand une analyse objective du service attendu/service rendu?

    • Le service attendu est toujours un grand n’importe quoi maximaliste, genre je veux que mon lycée du coin soit de niveau à préparer aux grandes écoles, Dr House dans l’hôpital du coin, le bus et le train au pas de ma porte, le chemin rural déversant trois maisons goudronné comme une autoroute, etc. Et tout ça sans que ça me coute un sou. Comme c’est pas le client qui paye, il en veut toujours plus, forcément

  • « Je surprendrai sans doute quelques lecteurs mais, bien que libéral authentique ».

    C’était la blague du jour par Stéphane Montabert. Sans rires, j’ai failli m’étouffer.

    Même si on peut te féliciter d’avoir le courage d’être un UDC engagé à Renens (c’est un peu comme d’être un chrétien dans l’arène romaine sous Néron ou Marc-Aurèle), il ne suffit pas d’être libéral en économie pour être libéral « authentique » (si on arrive à se mettre d’accord sur ce que cela veut d’ailleurs). Il faut l’être aussi sur le reste. Je te concède que par rapport à nombre de tes coreligionnaires de parti, tu es largement plus libéral que la plupart d’entre eux. Mais de là à dire que tu es libéral, tu pousses le bouchon un peu loin Maurice…errrr…Stéphane.

    Le test du jour pour le petit Stéphane, spicilège de questions:

    1. Le droit de porter un voile intégral en public, pour ou contre?

    2. Le droit de construire des minarets pour les musulmans, pour ou contre?

    3. La nouvelle loi de procréation assistée (en Suisse), pour ou contre?

    4. Le droit des couples homosexuels à adopter des enfants, pour ou contre?

    5. Le droit à la polygamie (donc au mariage civil à plus que deux), pour ou contre?

    6. La prostitution complètement libre, pour ou contre?

    7. Le droit à l’avortement pour ou contre?

    8. Les allocations familiales pour ou contre?

    9. Les crèches subventionnées pour ou contre?

    10. La fin des congés obligatoires calqués sur les fêtes catholiques (pâques, noël, ascension, etc)?

    11. Les subventions fédérales aux paysans?

    12. L’AVS, en l’occurrence prélèvements obligatoires et rentes pas vraiment proportionnées aux montants cotisés mais solidaires?

    Si tu réponds pour aux questions 1-7 et contre aux questions 8-12 tu marques un point.

    Ton total?

    Le mien c’est 12.

    • Ah la leçon de libéralisme, ça faisait longtemps.

      • Pas du tout. C’est juste que de voir un UDC dire qu’il est libéral authentique, me fait réagir. Le fait est que les contenus sont typiquement ceux sur lesquels un UDC ne sera pas libéral. Tu peux avoir 6-8-10 ou 12, on peut avoir des variations, peu m’importe tu seras libéral. Un UDC par contre fera facilement moins que 6, et un vrai de vrai fera même moins de 3. Là cela devient difficile de prétendre être libéral et encore moins être « authentique ».

        • Vous auriez du rajouter une treizième question sur la libéralisation du commerce et de la consommation des drogues.

          D.J

        • Tiens des « droit à… » un paquet même…

          J’ai bien aimé le « Seul un couple marié peut recourir à un don de sperme. » dans votre loi sur la procréation médicalement assistée.

          Au hasard : droit de construire des minarets : encore faudrait-il que le terrain soit régulièrement acquis au prix du marché par exemple, ce qui n’est jamais le cas, surtout que ce terrain est généralement cédé à vil pris par une collectivité.

    • Euh? si on n’a zéro au test mais que l’on respecte la liberté des autres intégralement, on n’est pas libéral? et si on n’a douze en ayant de cesse que d’imposer ce que l’on pense aux autres, on est libéral?
      Perso, question 10, mon anniversaire est toujours férié pour moi.

      •  » Euh? si on n’a zéro au test mais que l’on respecte la liberté des autres intégralement, on n’est pas libéral?  »

        par exemple comme de savoir si un communiste serait libéral parce qu’il respecterait mes points de vues de libéraux ou qui respecterait mes choix d’aller faire mes courses ou bon me semble?

        D.J

    • 1 ) Pour, mais on autorise aussi le naturisme et le sex en public (c’est mon identité !!! j’entend qu’on la respecte elle aussi!)
      2 ) Pour, mais j’ai le droit de construire un cochon géant juste en face (sans recevoir de menaces de mort).
      3 ) Pour.
      4 ) Contre, adopter un enfant n’est pas un droit, il ne s’agit pas d’un objet.
      5 ) Pour.
      6 ) Pour.
      7 ) Pour.
      8 ) Contre.
      9 ) Contre.
      10 ) Contre, les fêtes traditionnelles ne font de mal à personne. (ps : je suis athée)
      11 ) Contre.
      12 ) Je sais pas ce que c’est.

      •  » Contre, adopter un enfant n’est pas un droit, il ne s’agit pas d’un objet.  »

        En quoi un enfant deviendrait un objet en étant adopté par un couple de gays et ne le serait plus en étant adopté par un couple hétéro?

         » Contre, les fêtes traditionnelles ne font de mal à personne. (ps : je suis athée)  »

        Mais on pourrait laisser le libre choix de ses jours fériés selon sa confession ou juste selon ses disponibilités pour le athées.

         » Je sais pas ce que c’est.  »

        L’AVS c’est la retraite publique par répartition en Suisse.

      • 1) Entièrement d’accord.
        2) Entièrement d’accord aussi.
        4) Partiellement d’accord, mais je pense qu’il y a un quiproquo. A partir du moment où les études montrent massivement que le développement cognitif et mental des enfants n’est pas altéré par le fait d’avoir deux parents homosexuels en comparaison à des parents hétérosexuels, leur droit d’adopter devrait être le même que celui des hétérosexuels. C’est à cela que je faisais référence. Là je pense que tu seras d’accord.
        10) Faux. Il y a des gens qui veulent pouvoir prendre leurs vacances à d’autres moments, les jours imposés sont une réduction d’utilité pour eux. L’idéal ce serait que chacun puisse fixer ses jours complètement librement sans être contraint par une religion.
        12) C’est la caisse de retraite générale en Suisse, dite de 1er pilier (comme Stéphane Montabert je suis en Suisse).

      • 13 ) Chèque éducation pour ou contre ?

    • Pour ce qui est du port du voile intégral je vous rappelle juste que dans tout le monde occidental il est de coutume de se présenter en public à visage découvert et par conséquent il est de bon ton de faire respecter cette coutume et si les coutumes occidentales sont un problème pour certain ils sont libres d’aller vivre ailleurs.

      Concernant la polygamie vous êtes un piètre libertarien en considérant que l’état est autorisé à prononcer un mariage.

      • Pour ce qui est du port du voile intégral, il y a quantité de gens qui se promènent avec barbes, lunettes de soleils, foulards, chapeaux, cagoules, casques, etc, et personne n’est jamais venu demander une loi. On comprend que tous ces arguments de visage découvert, de sécurité, etc., c’est juste des prétextes et que ce qu’on vise avec la loi c’est le symbole musulman et rien d’autre, mais comme on ose pas le dire on invente des excuses.

        •  » ce qu’on vise avec la loi c’est le symbole musulman et rien d’autre, mais comme on ose pas le dire on invente des excuses.  »

          Exact et je rajouterais que c’est surtout pour certains responsable politique une façon de vouloir cacher la merde au chat en se donnant bonne conscience dans la lutte contre l’intégrisme islamique.

          D.J

        • Ce débat sur le voile et tout ce qui masque le visage est biaisé par la notion d’espace public qui est un concept fumeux.

      •  » et par conséquent il est de bon ton de faire respecter cette coutume et si les coutumes occidentales sont un problème pour certain ils sont libres d’aller vivre ailleurs.  »

        Respecter les coutumes des autres c’est pas de faire pareil que les autres. C’est comme si l’on vous disait de vous déguiser en sioux ou en apache avec les plumes et tout le tintouin quand vous allez visiter les réserves indiennes.

        D.J

      • « il est de bon ton de faire respecter cette coutume et si les coutumes occidentales sont un problème pour certain ils sont libres d’aller vivre ailleurs. »

        C’est exactement la même réponse que donnent les socialistes: ils veulent nous collectiviser de force, et si on refuse ils répondent qu’on peut aller vivre ailleurs.

        Cet argument a une portée nulle et reflète juste une incapacité à te décentrer intellectuellement.

        Regarder: je suis occidental, je suis athée, apparemment mes coutumes et mes valeurs ne sont pas les mêmes que les tiennes. Je peux aussi te demander de partir vivre ailleurs?

        Autrement dit, pourquoi est-ce moi qui devrait partir? Décentre toi coco.

      • Je n’ai jamais dis que faire respecter la coutume devait se faire par la loi.

    • @ Libertarien :

      je peux faire le test ?

      1 : pour un libéral, il n’y a pas d’espace public, que des endroits privés, sinon c’est la tragédie des communs : alors, droit de porter le voile ou pas ? c’est le possesseur du lieu où l’on veut porter le voile qui décide, c’est tout.

      2 : même réponse que 1

      3 : l’état n’a pas à légiférer sur ce sujet qui ne le regarde pas

      4,5, 6, 7, 10 : même réponse que 3

      les autres questions : ce sont des impôts déguisés, donc du vol organisé, donc contre.

      Je suis quand même libéral ?

      🙂

      • Quand je demande pour ou contre une loi, pour moi l’état n’a pas à légiférer sur toutes sortes de sujets. Compte tenu de ce qu’il le fait, la question c’est de savoir si on veut que la loi autorise (ou n’interdise pas) ou si on veut le contraire. Dans le premier cas on a le même effet que s’il n’y a pas de loi, ce qui in fine est ce que tu veux. Moi aussi.

        Tu es plus que libéral.

        Bienvenu chez les libertariens. 🙂

      • « pour un libéral, il n’y a pas d’espace public, que des endroits privés, sinon c’est la tragédie des communs : alors, droit de porter le voile ou pas ? c’est le possesseur du lieu où l’on veut porter le voile qui décide, c’est tout. »

        contre pour l’espace public je ne suis pas complètement d’accord avec toi: la propriété privée implique la liberté d’organiser la nature juridique de la propriété. Des propriétaires peuvent sans problème se mettre d’accord sur une propriété commune. Ce n’est pas interdit par le libéralisme, bien au contraire. Ce qui est inacceptable, c’est de fonder une propriété commune (l’espace public au sens où on l’entend aujourd’hui) sur la base d’une spoliation d’espaces individuels privés.

        Pour un libéral il peut y avoir un espace public, commun, partagé, etc, avec une propriété commune plutôt qu’individuelle, tant que la propriété commune a été constituée sur la base d’échanges libres et volontaires.

        Et si c’est la tragédie des commons, tant pis pour les propriétaires collectifs, ils n’avaient qu’à organiser volontairement leur propriété autrement.

    • Démonstration qu’il existe déjà beaucoup de libéraux dans le cercle du pouvoir en France…

  • Cette initiative si sympathique pour notre ami libéral Montabert ne va pas renforcer pour autant la libéralisation des services publiques en Suisse. Si il est légitime pour le contribuable de remettre en cause les hauts salaires des dirigeants d’entreprises publiques, le problème de cette initiative c’est qu’elle remet en cause le principe de rentabilité des services publiques comme de remettre en cause la suppression de secteurs non rentable comme certains bureau postal en pleine campagne déserté par les usagers. . L’initiative demande que l’entier des bénéfices devra soit financer tout ce qui n’est pas rentable et financer les investissements. Et ça c’est un jeu dangereux. A force d’éponger des pertes cela va un jour se ressentir sur les investissements et c’est les consommateurs qui vont en faire les frais.

    D.J

    • « Cette initiative si sympathique pour notre ami libéral Montabert ne va pas renforcer pour autant la libéralisation des services publiques en Suisse »

      Je pense que c’est exactement ce qu’elle entraînera.

      L’Etat n’aura plus aucun intérêt à préserver des monopoles, ou pseudo ex-monopoles, ou anciens monopoles, simplement parce qu’ils ne lui rapporteront plus rien. Comme les services publics redeviendront une charge, l’Etat sera amené à les réduire au périmètre minimum. La Poste s’occupera du courrier et de plus rien d’autre, les CFF des trains et non plus d’un parc immobilier…

      L’Etat retrouvera donc son rôle d’arbitre neutre dans le jeu économique et fera jouer à plein la concurrence pour ses propres fournisseurs (imaginez les économies pour les uns et les autres si l’administration fédérale n’était plus « obligée » d’être cliente de Swisscom!)

      Il cessera de placer des copains politiques à la tête de ces entreprises.

      Il devra se serrer la ceinture sur l’argent qu’il soutirait au grand public via ces entreprises.

      Le marché n’étant plus dominé par des ex-régies publiques protégées avec des tarifs surfaits (c’est à toi que je pense Swisscom) une véritable baisse des prix pourra enfin avoir lieu.

      •  » Je pense que c’est exactement ce qu’elle entraînera.  »

        Quand vous dites:  » mais, bien que libéral authentique, je vois d’un bon œil l’initiative Pro Service Public « . Cela suppose plutôt que comme libéral vous soutenez une initiative qui ne l’est pas.

         » Comme les services publics redeviendront une charge, l’Etat sera amené à les réduire au périmètre minimum. La Poste s’occupera du courrier et de plus rien d’autre, les CFF des trains et non plus d’un parc immobilier… »

        C’est une drôle de logique que vous soutenez. Rendre les services publiques plus coûteux à l’état pour qu’il les réduise au périmètre minimum. Mais c’est aussi parce que la poste a diversifié ses activités et supprimé ses boulets de bureaux postaux non rentable que l’initiative voudrait aimerait mettre un frein qu’elle affiche des bénéfices. Je vous rappel que quand la poste était du monopole des PTT jamais elle n’était bénéficiaire. C’était les bénéfices de la régie des téléphones qui épongeaient les pertes de la poste.

        Vous parlez de tarifs surfaits des télécoms; mais les tarifs du téléphone fixe étaient bien plus élevé lors du monopole des PTT. Ils ont bien baissé avec l’ouverture du secteur au marché en étant plus obliger d’éponger les déficits de la poste. Raison entre autres de augmentations des tarifs du courrier et pour d’autres services.

        Quand au tarifs surfait de la téléphonie mobile ça se discute. En Suisse pour les prix en général on ne fait que de comparer avec ce qui se fait à l’étranger. Alors qu’un prix de vente ça se calcule ( salaire, CS, FG, marchandise utilisé, TVA etc… ) et c’est avec le résultat de la calculation que l’on peut savoir si un prix est trop élevé ou non sur la marché.

        On a assez accusez swisscom et les autres opérateurs d’avoir des tarifs surfaits dans les communications roaming en les comparant avec ceux de l’UE bien moins cher alors qu’ils était moins cher uniquement par des directives européennes qui plafonnait les tarifs dans ce genre de communication.

        Maintenant il est probable que les tarifs des télécoms pourraient être moins élevés. Ils ont quand même été à la baisse. Les secteurs des télécoms en Suisse n’est pas vraiment libéral puisque c’est l’état qui impose le nombre d’opérateurs qu’il peut y avoir sur sur le marché. Mais l’initiative ne prévoit pas de libéraliser encore plus se secteur.

         » L’Etat retrouvera donc son rôle d’arbitre neutre dans le jeu économique et fera jouer à plein la concurrence pour ses propres fournisseurs (imaginez les économies pour les uns et les autres si l’administration fédérale n’était plus « obligée » d’être cliente de Swisscom!)

        Avec l’initiative le problème est que l’état devra s’assurer que les bénéfices réalisés par les services publiques devra financer tout ce qui n’est pas ou plus rentable. Si votre souhait est que la poste redevienne ce qu’elle était à l’époque des PTT c’est a dire un gouffre financier c’est pas la logique des fournisseurs moins cher qui va arranger les choses. Si une entreprise privée s’amuse à faire ça elle finira par couler.

        D.J

        • Visiblement, vous êtes contre. Pas de problème, mais il serait trop long de répondre à chacun de vos arguments.

          Histoire de se concentrer sur le plus symbolique, vous dites que l’initiative « n’est pas libérale ». Je ne suis pas d’accord: elle fait reculer l’Etat de certains secteurs de l’économie en lui retirant l’influence qu’il y exerce à travers ses régies publiques. Quand tous les partis viennent s’opposer à l’initiative au nom de l’argent que l’Etat ne gagnerait plus, c’est pour moi la démonstration de l’effet positif de ce texte.

          Allez, un second pour la route: « les tarifs des télécoms pourraient être moins élevés. Ils ont quand même été à la baisse. Les secteurs des télécoms en Suisse n’est pas vraiment libéral puisque c’est l’état qui impose le nombre d’opérateurs qu’il peut y avoir sur sur le marché. Mais l’initiative ne prévoit pas de libéraliser encore plus se secteur. »

          N’avez-vous pas compris que ces restrictions à la concurrence ont été aménagées spécialement pour protéger Swisscom? Si la Confédération n’a plus de raison de soutenir Swisscom parce que la vache a lait s’est tarie, alors ces restrictions artificielles n’auront plus lieu d’être et finiront par tomber. Voilà comment le secteur se libéralisera encore davantage.

          •  » N’avez-vous pas compris que ces restrictions à la concurrence ont été aménagées spécialement pour protéger Swisscom?  »

            L’initiative ne cherche aucunement à lever ces barrières restrictives.

             » Je ne suis pas d’accord: elle fait reculer l’Etat de certains secteurs de l’économie en lui retirant l’influence qu’il y exerce à travers ses régies publiques.  »

             » Si la Confédération n’a plus de raison de soutenir Swisscom parce que la vache a lait s’est tarie, alors ces restrictions artificielles n’auront plus lieu d’être et finiront par tomber. Voilà comment le secteur se libéralisera encore davantage.  »

            L’initiative serait libérale si elle demandait à l’état de se désengager complètement des entreprises publiques en les privatisant tout en les ouvrant à une vraie concurrence.
            Ce qui n’est pas le cas puisque les services publiques auront avec le texte de loi ( donc de l’état ) une marge de manœuvre réduite dans le choix de leurs dépenses notamment celles qui consistera à financer ce qui n’est pas rentable comme de financer l’ouverture de bureaux de poste devenu non rentable faute de clientèle. Ce n’est pas libéral de faire des lois qui obligent à une entreprise de financer ce qui n’est pas rentable même si d’autres pistes permettent de faire des économies et de dégager des profits. Il y aura toujours une vache à lait. Celle qui devra financer des déficits chroniques. Un jour ou l’autre ça va coincer et ce sera pour la pomme des consommateurs.

            L’initiative met en cause l’argent que la Confédération récupèrent des bénéfices que dégagent ses services publiques. Si cette initiative s’arrêtait à cela pourquoi pas. Mais c’est pas le cas car c’est le principe même de gestion de rentabilité calqué sur le privé qui est remis en cause par les auteurs de l’initiative. Cette initiative demande que les bénéfices des services publiques soient entre autres utilisés à remplir des tonneaux qui sont percés indéfiniment.

            De plus pour que la confédération se désengage de Swisscom, de la poste ou des CFF cela devra passer par d’ autres votations populaires puisque c’est la constitution qui devra être modifiée. Et je doute que ceux qui auraient accepté l’initiative en question accepterons un désengagement total de l’état.

            Je reste toujours dubitatif de vous entendre dire soutenir cette initiative que vous estimez libérale en disant:

             » Je surprendrai sans doute quelques lecteurs mais, bien que libéral authentique, je vois d’un bon œil l’initiative Pro Service Public « .

            Pour moi cela veut bien dire que c’est le libéral qui exceptionnellement déroge à la règle. C’est votre droit d’être pour même si vous êtes un libéral, mais c’est un peu bizarre cette sorte de contradiction.

            D.J

            • comme de financer l’ouverture de bureaux de poste devenu non rentable faute de clientèle.

              Bien des des commerces dans les zones reculées seraient heureux de servir de point relais poste. Et le service en est bien meilleur, par exemple avec les heures d’ouvertures.

        • Avec l’initiative le problème est que l’état devra s’assurer que les bénéfices réalisés par les services publiques devra financer tout ce qui n’est pas ou plus rentable

          Inexact. Le texte dit :

          Dans le domaine des prestations de base, la Confédération ne vise pas de but
          lucratif, ne procède à aucun subventionnement croisé au profit d’autres secteurs de
          l’administration et ne poursuit pas d’objectif fiscal.

  • Il me semble qu’il y a une erreur dans l’énoncé et donc le raisonnement.
    Dans la situation actuelle l’état tire des revenus des activités de services publics et donc l’auteur de l’article en déduit qu’il ne faut plus faire les comptes.

    C’est une erreur. Le service public peut bien évidemment faire des bénéfices et c’est même la solution de sa survie : s’il ne fait pas de bénéfice, il ne peut pas investir et en appellera à l’état pour ses investissements. C’est là d’ailleurs que l’auteur rit en coulisses en se disant que l’état lâchera le service public.
    Mais là c’est vicieux et c’est du torpillage.

    Il vaut mieux laisser le service public fixer lui-même ses tarifs et ses orientations mais ne pas prélever d’impôts sur ses bénéfices non distribués (ça devrait d’ailleurs être une règle générale pour toutes les entreprises): l’état n’a pas à tirer de bénéfices d’une activité de services publics.

    (le présupposé de ce commentaire est que les services publics soient nécessaires, ce que je ne partage pas)

    • Dans la situation actuelle l’état tire des revenus des activités de services publics et donc l’auteur de l’article en déduit qu’il ne faut plus faire les comptes.

      faux. Le texte dit :

      3 La loi règle les modalités; elle distingue en particulier les prestations de base des
      autres prestations, assure la transparence des coûts dans le domaine des prestations
      de base et garantit un emploi transparent des recettes provenant de ces prestations.

      Comment faire de la transparence en l’absence de comptes exacts ? En Suisse, peut-être le polytocard joue-t-il aussi sur les mots ❓
      Pour faire accepter une mesure, on la qualifie de … provisoire … ❗ On ne dit pas que le provisoire va durer mille ans… 🙁

  • L Etat ne devrait même pas s’occuper de la Concurrence, car non légitime voire inutile et malséant. En revanche la protection du consommateur pourrait être un sujet central arbitré par des OBG concurrentes…

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
0
Sauvegarder cet article

Il n’y a pas lieu de chercher à substituer à la démocratie représentative une forme de démocratie supposée supérieure que serait la démocratie directe. Il suffit de voir comment votent généralement la Suisse francophone ou la Californie pour comprendre que la démocratie directe en France se traduirait par un recul significatif de la liberté.

En contrepoint de l’article de Jacques Legrand : Français, savez-vous ce que vivre en démocratie directe voudrait dire ?

Régulièrement, aussi bien du côté de l'extrême gauche que de l'extrêm... Poursuivre la lecture

0
Sauvegarder cet article

Par Jacques Garello. Un article de l'aleps.

La démocratie directe et son accompagnement concret, le referendum d’initiative populaire, sont de nature à rendre la parole au peuple et à briser les chaînes dans lesquelles la société politique a tenu la société civile depuis plusieurs siècles.

 

La démocratie à la Suisse

Prenons quelques exemples spectaculaires de ces « votations » qui marquent la volonté des citoyens helvétiques de contrôler le pouvoir politique.

En juillet 2001, un nouvel article constitutionnel,... Poursuivre la lecture

Dans un quartier populaire de Dijon, le président en campagne s’est trouvé confronté à une foule à qui la moutarde était montée au nez :

"J’étouffe avec les prix du gazole."

"Mon salaire n’a pas bougé depuis six ans, toutes mes factures ont augmenté."

"Je suis père de famille, j’ai quarante-six ans, je n’arrive plus à vivre de mes revenus."

 

Pourtant, en 2017, le candidat Macron assurait aux électeurs qu’il saurait doper le pouvoir d’achat.

Le Monde du 7 mai 2017 sur ce sujet :

"L... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles