Par Jeffrey Tucker.
Les politiciens se battent entre eux concernant la version du passé qu’ils veulent remettre en place grâce à l’usage du pouvoir. Pendant ce temps, des entrepreneurs construisent un futur pour tous les gens qui veulent y participer.
Voici certains des développements les plus excitants du monde digital qui changent la façon dont nous travaillons et nous vivons, et qui font du monde un endroit plus libre – et le tout sans diviser les citoyens et sans avoir recours au législateur.
Open Bazaar
Les services commerciaux qui échappent à toutes les formes de contrôle de l’État ont reçu une certaine attention il y a quelques années grâce à l’émergence de Silk Road sur le Darknet. Son fondateur a hérité d’une peine de prison d’une durée supérieure à deux vies humaines. Après cette tragédie, des esprits innovants se sont posé la question suivante : qu’est-ce qui s’est mal passé ? Le problème était en fait la présence d’un point central de défaillance. S’il était possible de construire une plateforme de commerce totalement décentralisée, une telle killer application serait une hydre qu’aucun État ne pourrait démolir.
Et donc, après deux ans de déploiement, voici Open Bazaar, une plateforme de commerce distribuée qui vient de sortir en version beta. N’importe qui peut la télécharger et devenir un nœud du réseau, l’application fonctionnant en peer-to-peer. Elle n’est pas destinée à servir des usages malfaisants. Elle est uniquement destinée à connecter acheteurs et vendeurs dans le but d’améliorer la richesse humaine à travers des échanges volontaires mutuellement bénéfiques. Cette plateforme remplit cette mission au-delà des frontières et d’une façon qui ne peut pas être contrôlée par les régulateurs.
Open Bazaar a été soutenue par les spécialistes du capital-risque Andreessen Horowitz (Mosaic et Netscape) et le business angel William Mougayar (investisseur dans les applications basées sur la blockchain). Leurs apports de capitaux ont donné aux équipes d’Open Bazaar le temps, les ressources et la légitimité nécessaires pour amener le projet jusqu’à son ouverture commerciale. Les médias vont hurler concernant la vente de produits illicites qu’elle permet mais son vrai potentiel sera d’apporter une place de marché viable à toute la planète, et à n’importe qui disposant d’une connexion internet et désirant faire du commerce.
La plateforme est à la fois libre et gratuite. Elle ne coûte rien aux utilisateurs qui la téléchargent. Il s’agit d’un exemple d’innovation sans autorisation et d’une forme de nouveauté extrême. Le terme « disruptive » n’est même pas suffisant pour décrire son potentiel.
Ethereum
Un des aspects du protocole Bitcoin, qui a été repoussé à des développements futurs, a le potentiel de créer un système de gestion de contrats peer-to-peer alternatif et totalement privé. Les contrats intelligents (« smart contracts ») en sont l’exemple habituel, mais il a toujours été possible avec Bitcoin de créer une grande variété de services dans le domaine des contrats. Cette absence de développement est due au conservatisme des développeurs du cœur du Bitcoin. Ces derniers n’ont pas ouvert le système pour le rendre suffisamment robuste et lui permettre de devenir son propre système de gouvernance alternative.
Il y a quelques années, des développeurs ont commencé à travailler sur une plateforme alternative qui utilise la technologie blockchain, mais totalement en dehors du réseau Bitcoin. Le résultat s’appelle Ethereum, une plateforme distribuée qui permet la création d’une grande variété de services de Droit et qui opère en peer-to-peer. Vous pouvez par exemple regarder certaines des premières applications disponibles ici : services de messagerie, de pari, de mise sous séquestre, de documentation, de réputation, et plus encore.
Une des caractéristiques les plus intéressantes d’Ethereum tient au fait que la plateforme reprend les idées principales de Bitcoin mais s’en écarte entièrement sur le sujet de la monnaie. À la place, les modifications du « grand livre général » sont rendues possibles grâce à une nouvelle unité d’échange appelée l’Ether. Celle-ci n’est techniquement pas une monnaie mais plutôt un jeton de propriété dans l’environnement de programmation. Ce jeton a aussi un prix de marché, qui a évolué de 0,0$ à 10,50$ en quelques mois. Les premiers investisseurs sont des gens heureux aujourd’hui.
Ethereum a le potentiel pour contourner tous les systèmes légaux actuels – avec leur inefficacité, leur friabilité et leur lenteur –et pour installer un système qui reflète la demande des utilisateurs de disposer de traces écrites et de certitudes contractuelles sous une forme inaltérable. Il ne peut y avoir ni censure, ni fraude, ni interférence d’une tierce partie. Comme les autres plateformes présentées dans cet article, Ethereum ne tient pas compte des frontières, des races, des religions, des genres ou des statuts sociaux. Il s’agit tout simplement de faire du commerce. La plateforme n’est pas encore prête pour les utilisateurs finaux, mais dans quelques années, vous serez inexorablement attiré par les services construits sur la plateforme.
Slack
L’email a toujours été compliqué à utiliser pour le travail en équipe. Vous perdez des traces. Vous devez vous souvenir de certains éléments. Vous finissez par chercher vos emails dans votre boite de réception, et une boite de réception remplie peut vraiment être intimidante. Bref, c’est un problème de classe mondiale. Néanmoins, j’attends son remplaçant depuis 25 ans. J’ai essayé tous les logiciels de collaboration en groupe disponible sur le marché, mais la courbe d’apprentissage était trop raide à chaque fois. Si un outil cause trop de problèmes, les gens ne l’utiliseront pas et il mourra.
J’entends parler de Slack depuis quelques années, mais je n’avais jamais essayé jusqu’à récemment. Il y a quelques nuits, j’ai participé à une rencontre sur la data science au cours de laquelle le modérateur demanda au public combien de personnes utilisaient Slack. Deux tiers ont répondu positivement et cela m’était suffisant pour lui donner une chance.
En résumé, j’ai été épaté. Slack est le genre de technologie qui semble inévitable une fois que vous commencez à l’utiliser. Il s’agit d’un système de messagerie qui permet de créer des équipes, d’envoyer des messages privés, de partager des éléments en public ou en privé, d’envoyer des pièces jointes de toute taille. L’ensemble est totalement extensible et permet également de faire des recherches. De plus, Slack propose des applications de bureau pour tous les environnements. Enfin, le service est entièrement gratuit pour les utilisateurs basiques.
Je n’avais pas imaginé qu’il remplacerait l’email – personnellement, je n’imaginais même pas que cela puisse arriver — mais ensuite, à mon grand étonnement, j’ai soudainement réalisé que c’était tout à fait possible. Après un quart de siècle qui a vu défiler des milliers de personnes brillantes travaillant sur ce problème, une solution a finalement vu le jour, non pas en faisant un meilleur système d’emails mais en repensant totalement la structure de collaboration et de communication d’une équipe.
Certes, ce site est présent dans le paysage depuis un moment mais il y a une raison à ce qu’il soit un des sites internet les plus fréquentés au monde. Il s’agit du meilleur outil de l’histoire pour l’avancement des travailleurs. Tous les participants au marché mondial peuvent uploader un CV, un catalogue de compétences, collecter des soutiens, poster des témoignages personnels, et plus encore. La clé n’est pas totalement évidente ici : vous pouvez faire tout cela sans ennuyer votre employeur actuel !
Ce point est saisissant : les travailleurs peuvent toujours rester sur le marché de l’emploi. Au lieu de paniquer et de chercher un travail quand votre emploi actuel prend une mauvaise tournure, vous pouvez toujours afficher votre disponibilité devant de potentiels futurs employeurs. LinkedIn trace ensuite un réel marché de l’emploi. Il libère d’une dépendance servile ceux qui travaillent au profit d’employeurs possédant des capitaux.
Une des conséquences terribles de l’intervention du gouvernement dans le travail est l’enchaînement des travailleurs à leurs emplois. Les assurances de santé, la comptabilité des impôts compliquée à traiter, et toute sorte d’autres mandats ont rendu le marché du travail bien moins fluide qu’il y a un siècle. En effet, après la Seconde Guerre Mondiale, les systèmes sociaux et légaux furent structurés pour qu’une personne décroche un emploi à la sortie de l’école et le garde jusqu’à la retraite. Passer d’un employeur à un autre était considéré comme étant une mauvaise idée.
Nous ne vivons plus dans ce monde-là. Avec la technologie et la structure industrielle changeant aussi rapidement, les employés doivent rester en mouvement pour rester frais, continuer d’apprendre, et atteindre leur valeur maximale. Ils doivent quitter les institutions stagnantes et prendre des risques chez celles qui innovent. La période pendant laquelle vous devez chercher votre prochain emploi est précisément celle pendant laquelle vous êtes le plus heureux et le plus productif dans votre emploi actuel. L’indépendance pour les travailleurs ! LinkedIn est arrivé à temps pour rendre cela possible.
UpWork
Quelques plateformes puissantes, dont l’objet est de faciliter les embauches en free-lance, ont fusionné l’année dernière pour créer une plateforme plus efficace et homogène dont le but est désormais de trouver des talents dans le monde entier. Des emplois qui coutaient auparavant des milliers de dollars peuvent en fait être accomplis pour une petite fraction de ce prix via une externalisation internationale. UpWork est l’outil qui rend cela possible.
Pour quel genre d’emploi ? Construction de sites web, création de graphiques, dépannage de base de données, relation clients, comptabilité, et tout autre compétences digitales que vous pouvez imaginer. Vous publiez votre offre de travail sur UpWork et choisissez parmi des douzaines de candidats qui présentent chacun leurs arguments, seulement quelques heures après avoir posté votre offre. Ici aussi, l’utilisation de la plateforme est gratuite. Vous reversez seulement une partie du prix à la plateforme une fois que le travail est réalisé et que vous en êtes content.
UpWork fournit d’innombrables opportunités aux gens du monde entier de gagner de l’argent en servant les autres. Il a connecté des talents à des employeurs qui, sinon, n’auraient jamais su qu’ils existaient. Dans un monde de spécialisation grandissante, et spécifiquement dans des conditions financières serrées, cette plateforme est une véritable aubaine. Étant quelqu’un qui recrute souvent sur UpWork, je ressens également un sentiment merveilleux en passant des contrats de travail avec des gens talentueux issus de pays en développement qui ont un grand talent mais qui avaient auparavant peu d’opportunités.
La liberté sans autorisation
Notez bien qu’aucune de ces innovations n’a nécessité de loi. Aucune n’a dû être signée par le Président. Aucune n’a nécessité des affiches ennuyeuses et des débats télévisés. Toutes participent à apporter plus de liberté dans le monde. Toutes affectent profondément le futur de l’humanité dans la manière dont nous vivons et travaillons dans nos vies.
Les construire étaient des actes capitalistes mais également profondément bienveillants. Leurs créateurs sont nos vrais leaders : des pionniers du futur. À l’inverse, les candidats à la Présidentielle qui plombent notre capacité de concentration sont des militants réactionnaires du passé.
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Oua vraiment genial cet article ! Savez-vous comment acheter l’ether ?
une solution parmi d’autres https://bity.com/
Merci beaucoup DA ! je viens d’essayer le service Bity c’est facile d’utilisation et très rapide ! Le plus compliqué était de trouver un portefeuille ether, j’ai regardé l’article sur blog.bity.com, myetherwallet me convient bien pour débuter …
Génial merci à tous les deux !
On verra à l’épreuve du temps. Les concepts et les idées datent bien d’il y a 20 ans, leurs implémentations commerciales sont à la merci de la versatilité des utilisateurs.
Slack n’a rien d’innovant, IRC existe depuis 1988 – oui, plus vieux que le protocole HTTP.
C’est du vernis marketing sur la messagerie instantanée, à part qu’on est obligé d’utiliser un site centralisé et propriétaire. De plus c’est une énième startup de San Francisco qui n’existe que grâce à l’argent illimité de la réserve fédérale américaine.
Dans les innovations, il faudrait également parler d’ IPFS (The InterPlanetary File System) qui change la donne en matière d’accès au contenu digital.
IPFS transforme le réseau internet en une sorte de disque-dur global. Par exemple, cette page que nous sommes en train de lire sur ce site « contrepoints.org », avec IPFS, cette page ne sera plus localisée. On ne cherchera plus « où » mais « quoi ». Non seulement l’accès sera plus rapide car on accèdera à la copie du lecteur le plus proche, mais également la page en question n’aura plus de « propriétaire localisable », ce qui rendra l’édition de documents, images ou vidéos moins risquée d’un point de vue légal.
https://ipfs.io/
Digital? Vous voulez dire « numérique »?
Le journaliste fait de l’économie avec les doigts! Cela est pourtant clair!
Tout cela est extrêmement positif , cependant , l’open bazar …. Les trafics illégaux d’humains , d’armes etc restent inquiétant