Il s’en passe, des choses, chez Paul Employ ! Si certains croient encore qu’il ne s’agissait que d’un aimable établissement public normalement chargé de mettre en relation ceux qui proposent des emplois avec ceux qui en recherchent, ils omettent en réalité sa seconde mission : celle d’employer directement un nombre croissant de personnes à son propre fonctionnement. Et si le résultat de la première mission est assez peu probant, celui de la seconde laisse, là encore, à désirer.
On apprend en effet, au détour d’un Canard Enchaîné qui fera certainement date, que Paul Employ a ainsi contribué à alimenter la pente de la courbe du chômage dans le mauvais sens, en se séparant avec pertes (mais très peu de fracas) de son directeur informatique à la fin de l’année 2013, le pauvret venant ainsi ajouter une fiche numérique supplémentaire aux trop nombreuses données que son ex-équipe traitait alors.
Un directeur qui quitte l’institution, rien que de très banal, sauf lorsqu’on détaille le contexte de ce remaniement de ressources humaines.
D’une part, le directeur, avant d’être licencié dans le cadre d’une “rupture conventionnelle”, a été préalablement mis à pied à titre conservatoire : l’homme avait en effet utilisé son poste stratégique à la direction informatique de l’Unédic, la structure qui gère les fonds de Paul Employ, pour toucher, en plus de son salaire, une indemnité comme chômeur (assez rondelette, allant jusqu’à 4982,30 € d’allocation mensuelle).
D’autre part, il n’a été découvert que parce qu’un autre salarié, dans son équipe, est tombé sur le nom de son supérieur en poste, dans la liste de chômeurs indemnisés. Mésaventure fort gênante, parce qu’elle confirme, s’il était besoin, qu’il est parfaitement possible de se retrouver dans l’étrange position d’être salarié et de toucher malgré tout des indemnités chômages indues. Difficile ici d’évaluer l’ampleur de la fraude, mais cette mésaventure montre bien la légèreté des contrôles en place, qui semblent faits a posteriori, au petit bonheur la chance, mais surtout – et c’est le plus ahurissant – ne semblent même pas permis : l’employé n’avait pas l’autorisation de son supérieur hiérarchique pour effectuer cette consultation du fichier.
Ceci le conduira d’ailleurs directement à la case Paul Employ, de l’autre côté du guichet, une fois licencié pour cette faute, et entraînera probablement des frais pour cette institution lorsque les prud’hommes, saisis par le lanceur d’alerte, remettront l’Église au milieu de la piscine, comme d’habitude en France.
Enfin, l’affaire prend un tour carrément grandiose lorsqu’on apprend en plus que le directeur-fraudeur, dans le cadre de ses fonctions, était chargé d’encadrer l’équipe qui cherche les profils suspects, c’est-à-dire de débusquer les fraudeurs qui perçoivent des indemnités auxquelles ils n’ont pas droit.
Tout ceci est extrêmement rassurant pour les gens honnêtes qui, au mieux, comptent sur la bonne gestion de l’établissement public pour retrouver un emploi, ou, au pire, participent à son financement au travers des lourdes cotisations qu’on les oblige à payer.
Bien évidemment, nous sommes en France et une histoire pareille ne pouvait se terminer sans une belle apothéose de n’importe quoi. Rassurez-vous, elle y est puisque l’indélicat fraudeur a eu la présence d’esprit de négocier une “rupture conventionnelle” en quittant ses fonctions, … ce qui lui permettra de toucher la somme de 160.000 euros (après un peu plus d’un an de présence).
Bien entendu, cette fraude est scandaleuse à plusieurs niveaux.
Bien sûr, elle est scandaleuse parce l’individu peu scrupuleux a usé et surtout abusé de sa position pour taper dans la caisse, sans vergogne. On ne sait pas si les sommes indûment perçues seront remboursées, mais on peut raisonnablement imaginer que ce sera absorbé par l’indemnité de fin de contrat. Si ce n’est pas le cas,la perte sera totale pour les cotisants dont, il faut bien le dire, tout le monde semble se contrefoutre ici. Et si c’est le cas, il n’est même pas impossible d’imaginer que l’indemnité sera amplement suffisante et que notre indélicat fraudeur pourrait en ressortir avec un joli bénéfice. Tout ceci est délicieux.
Le scandale ne s’arrête pas là puisqu’il faut aussi noter qu’il a aussi utilisé, sans la moindre honte, le règlement interne à l’encontre de celui qui l’a dénoncé, pour le faire virer. On ne saura pas qui, du fraudeur ou de l’institution, a été le plus zélé à couvrir l’affaire – qui pour rappel s’est déroulée en 2013 – et éviter que tout ceci ne s’ébruite, mais on comprend le niveau de corruption et d’immoralité qui doit régner dans l’établissement pour qu’une telle manœuvre puisse s’opérer et que tout ceci reste à peu près secret jusqu’en 2016, plusieurs années après.
Le scandale atteint un niveau supplémentaire puisque, non content d’avoir joué le système contre lui-même, notre fraudeur a même fini par toucher des indemnités pour son brillant parcours.
Vous l’avez compris : nous avons ici un magnifique exemple de dévoiement total d’une fonction pour se servir de tous les avantages qu’elle procure, bien au-delà de tout ce que la décence permet d’imaginer. De près comme de loin, l’attitude des protagonistes de l’affaire, tant côté fraudeur que côté Pôle Emploi, démontre une hontectomie assez typique … des politiciens.
Oui, tout ceci n’est pas sans évoquer un précédent les concernant directement. Reportons nous il y a quelques mois, un an même avant que cette affaire ne fasse les choux-gras du Canard Enchaîné, et souvenons-nous de mars 2015, où on apprenait que les parlementaires venaient d’adopter (à l’unanimité, comme de bien entendu) un texte de loi prévoyant d’élargir les modalités d’indemnisation et de reclassement des élus en fin de mandat ou battus aux élections.
Et ceci n’est pas sans évoquer non plus le cumul des mandats dans lequel s’illustre assez régulièrement nos politiciens (coucou Cosse, coucou le Drian, coucou tant d’autres)…
Alors, oui, bien sûr, il y a une petite distance entre notre fraudeur patenté et nos habiles législateurs en culotte courte. Cette différence essentielle entre le premier cas et le second est bien sûr le couperet de la loi : notre fraudeur agit en parfaite illégalité pour commettre son forfait, et utilise ensuite la loi dans toute son extension pour réduire sa responsabilité, voire récupérer une belle mise au passage. Le second, le législateur, montre en revanche une bien meilleure compréhension du système puisque tout ce que les députés ont fait reste parfaitement légal, mais fournit in fine une belle “indemnité de licenciement” à ceux qui viendraient à perdre leur poste devant les urnes.
Autrement dit, s’il y a différence de légalité, il n’y a pas fondamentalement de différence de moralité entre les deux comportements qui reviennent, tous les deux, à commettre un acte simple, égoïste et bien compris : taper dans la caisse.
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Sur le web
Haha c’est savoureux.
bah , c’est pas pire que de se faire livrer des croissants dans l’appart de sa maitresse ou de faire sauter le PV de l’amie de sa femme. pour un fraudeur a pole emploi combien de fraudeurs chez nos amis politiciens de carrière (toujours en train de creuser un trou) avec 3 euros sur leur compte courant ?
1 fraudeur à paul empois ?
des milliers plutôt… comme dans toutes les administrations…
quand un pays est gouverné par des gens dont l’intégrité laisse plus qu’à désirer , il ne faut pas s’étonner que tout un chacun se croit permis de frauder ; aprés tout l’exemple vient d’en haut ;
La hontectomie est sans limite. L’intéressé se défend dans un article sur sillicon.fr, et la défense vaut son pesant d’or. Il ne nie pas les faits révélés par son subordonné, mais ce dernier n’a constaté la fraude que pour le mois d’octobre 2013. Réponse de l’accusé : il avait fait une erreur ce mois-là mais a remboursé la somme dès qu’il a constaté le trop perçu.
« par une mauvaise déclaration, j’ai perçu une indemnité que j’ai remboursée spontanément dès que j’en ai eu connaissance. Toute l’affaire se résume à 5 000 euros sur mon compte pendant une semaine. A partir de cet épisode, certaines personnes ont voulu, et manifestement souhaitent toujours, me faire passer pour un fraudeur d’envergure, ce qui est totalement faux. La présentation des faits vise à une inversion totale de la réalité : transformer une dénonciation calomnieuse en une « alerte ». »
Ah oui je connais bien la maison j’y suis resté 5 ans. Que vous dire … qu’effectivement de la fraude il y en avait, de la fraude répréhensible à la fraude foutage de gueule. Je parle au passé mais rien n’a changé.
Bien sûr celle des allocataires, mais que voulez vous faire, le système est fait pour assurer la paix sociale.
Je n’ai jamais pu radier quelqu’un d’indemnisé pourtant identifié comme abuseur patenté. Et oui il existe des recours, en premier le chef d’agence qui préfère justement la paix, au respect des règles, ensuite vous avez le recours auprès du directeur régional, et puis il y a le médiateur, bref…
Les radiations c’étaient pour les maladroits, les déprimés, ceux qui ne donnaient plus de nouvelles… ceux qui ‘n’avaient plus d’intérêt à rester inscrit.
Des fraudes il y a aussi celles des entreprises. Lorsque qu’arrivaient les fameux contrats aidés c’était la ruée. Je vous raconte le truc classique, embaucher sa compagne dans l’entreprise, spécialité du bâtiment. Embaucher son cousin, spécialité du petit commerce de proximité etc… Évidemment toutes ces personnes travaillaient déjà sans être déclarées.
Vous aviez aussi des agents pôle emploi et il y en a encore, qui faisaient payer certains employeurs pour prodiguer leurs conseils et trafiquer les dossiers (durée d’inscription du candidat notamment)
Vous aviez aussi les petits réseaux bénéficiant aux nombreux prestataires du pôle emploi, ces prestataires dépendants exclusivement du bon vouloir de quelques participants des fameuses commissions d’attributions de marché. Miam miam.
Vous avez bien sûr la fraude interne a l avancement. Et oui on pense que l on peut avancer grâce à son mérite, mais non il faut être sur la liste d attente du syndicat majoritaire sinon c est mort. C est comme cela que j ai vu des nullité notoire obtenir un avancement, avant retraite de préférence. Que j étais naïf à l’époque.
Vous aviez aussi les bons syndicats qui pendant les négociations au CE national allaient dans le bureau du DG pour révéler les stratégies syndicales afin d’obtenir des avantages pour eux ou leurs affiliés (FO était le spécialiste du genre)
Vous avez aussi la fraude au pointage. Le copain qui pointe à votre place sur Bodet, alors que vous êtes déjà loin. Vous avez les dossiers qui ne sont pas traités à temps pour les faire en heures sup payées doubles le samedi. Vous avez les arrêts maladies qui s’arrête pile poil à 45 jours pour ne pas perdre de salaire. Vous avez le temps syndical pour faire relâche avec les collègues. Et puis c’est pas grave on prend un CDD pour se taper l’accueil avec les gens qui gueulent et quand il est usé le CDD on en prend un autre. Et puis l’ambition c’est d’obtenir un poste à la direction pour ne plus voir la gueule des demandeurs…
Bon je vais m’arrêter là, mais je peux vous dire que le pays est foutu.
” l’affaire prend un tour carrément grandiose lorsqu’on apprend en plus que le directeur-fraudeur, dans le cadre de ses fonctions, était chargé d’encadrer l’équipe qui cherche les profils suspects, c’est-à-dire de débusquer les fraudeurs qui perçoivent des indemnités auxquelles ils n’ont pas droit.”
Et alors, le bagnard Vidocq n’est-il pas devenu un des meilleurs flics de son époque ?
Une sorte de Cahuzac de pole emploi…
Et bientôt il ne cherchera même plus de travail comme 1 chômeur sur 3 !
http://www.fierdetravailler.com/1_chomeur_sur_3_ne_cherche_pas_de_travail.html
Tant que les banques prèteront de l’argent aussi généreusement aux états la gabergie continuera. C’ est aussi simple que celà.
Tant que les gens continueront de voter pour des politiciens pourris mais appartenant à des partis classiques parce qu’ils ont peur de prendre des risques en votant, tant qu’il y aura une classe de politiciens et fonctionnaires privilégiés qui ne souhaitent aucun changement, la gabegie continuera. En fait, tant qu’il n’y aura pas assez de Français qui ont faim et donc tant que l’état providence pourra maintenir son acharnement thérapeutique financier, il n’y aura aucun changement. Pas d’espoir sans une révolution. Et pour les pressés, une seule solution : l’expatriation, ce qu’ont compris de plus en plus de Français.