Nigeria : l’urgence de rompre avec le statu quo

Le statu quo ne mènera nul part sauf aux inégalités flagrantes entre des dirigeants nantis et des populations miséreuses.

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Nigeria : l’urgence de rompre avec le statu quo

Publié le 13 février 2016
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Par J. Japhet Omojuwa
Un article de Libre Afrique

Village food seller in Nigeria credits ILRI (CC BY-NC-SA 2.0)
Village food seller in Nigeria credits ILRI (CC BY-NC-SA 2.0)

Pour sauver le Nigeria, se déroule une bataille entre le clan des partisans du statu quo et celui qui appelle aux réformes. Les partisans du statu quo ont gagné la bataille depuis plus d’un demi-siècle. Quant aux réformistes, ils ont l’opportunité de mener une nouvelle bataille même s’ils ont peu de chances. Les signes de la victoire du statu quo en vigueur sont tout à fait évidents : nous sommes l’un des pays les plus pauvres du monde malgré plusieurs cycles de boom pétrolier, nous avons la plus grande population mondiale et malgré cela nous avons l’un des plus haut taux de mortalité maternelle au monde, nos hôpitaux sont malades, nos écoles manquent de livres et d’enseignants lesquels ont besoin de formation. Les réalités de notre pays sont horribles.

Au Nigeria, on peut distinguer deux types de dirigeants politiques : ceux qui croient qu’il suffit de poursuivre les politiques actuelles et que miraculeusement les choses finiront par s’améliorer. Puis, il y a ceux qui travaillent dur pour redéfinir les règles du jeu et sortir du bourbier.

Pour les défenseurs du statu quo il suffit d’allouer plus d’argent à plus de Nigérians pour aller en pèlerinage, de fournir de la nourriture gratuite aux pauvres, de leur donner des coups de main pour leur permettre de se vêtir. Ils vont sur les marchés, dansent avec les pauvres, élèvent leurs poings et se présentent comme les défenseurs des pauvres. Après cela, à Abuja, ils descendent dans des hôtels dont le coût journalier d’hébergement suffirait à loger plusieurs pauvres pour un an, alors même qu’ils prétendent être comme eux. Ceci est une escroquerie qui fonctionne tout le temps à 100%. Ceux là ne se soucient pas du développement du pays.

De l’autre côté, il y a le camp qui croit en la puissance des idées, en la capacité implacable des créateurs et des innovateurs pour créer des solutions qui répondent, non seulement aux défis actuels de notre société, mais également aux défis de demain. Ils défendent l’idée que le gouvernement doit avoir un rôle de facilitateur au service du peuple et non en tant que fournisseur direct de nourriture. Ils préfèrent les gouvernements à taille limitée capables de définir et de mettre en place les règles du jeu nécessaires au bon fonctionnement du marché, et surtout de les faire respecter. L’objectif étant d’inciter les individus à créer et à innover, lancer de nouvelles idées et des entreprises, et créer de la richesse. Le monde d’aujourd’hui est un monde de créateurs où les Apple, Google et Amazon, etc sont plus riches que de nombreux pays dans le monde. Nous sommes dans un monde où les idées sont devenues plus influentes que les gouvernements. L’Afrique, et spécifiquement le Nigeria, sera toujours handicapée par la taille pléthorique de ses gouvernements. Nous devons sortir de ce modèle dépassé pour laisser notre peuple prospérer en redéfinissant les règles du jeu dans un environnement de liberté.

Quelles sont ces règles ? Le pouvoir doit revenir au peuple ! Le gouvernement doit commencer à œuvrer pour le bien commun, et non pas pour le bien exclusif des élites au pouvoir. Lorsqu’un gouvernement dépense davantage pour son propre train de vie que ce qu’il dépense pour développer des projets d’infrastructures, la situation devient intolérable. Nous ne pouvons pas avoir des ministres juste par souci des réalités géopolitiques. Nos États et pays sont devenus des économies de poids qui ont besoin de leaders capables de favoriser l’entrepreneuriat. On parlait autrefois de pays en développement mais aujourd’hui, ces pays sont appelés « marchés émergents ». Désormais, les temps ont changé, ils sont des entités économiques plus que des entités politiques. Lorsque nous votons pour élire nos dirigeants, nous devons tenir compte de cette réalité et élire de bons gestionnaires. Nous ne pouvons plus confier notre avenir à des politiciens qui n’ont d’autres compétences que de crier des slogans vides dans des rassemblements politiques pour légitimer ensuite leur pouvoir à travers des élections bâclées. Nous avons besoin de politiciens ayant avant tout une expertise et une expérience de terrain. Si nous rencontrons ce genre de politiciens, nous devons tout faire pour les défendre et les protéger contre les réalités malsaines du statu quo. Car c’est à travers eux que nous pourrons un jour espérer être réellement des pays émergents. Le statu quo ne mènera nul part sauf aux inégalités flagrantes entre des dirigeants nantis et des populations miséreuses. Il faut oser le changement !

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