Une interview par la rédaction de Contrepoints.

Une petite présentation ?
Je m’appelle Antoine, j’ai 30 ans, je suis célibataire, originaire de la banlieue parisienne (Hauts-de-Seine), actuellement en Autriche à Salzburg depuis deux ans après de multiples expériences dans d’autres villes germanophones.
Quel est votre parcours professionnel ?
Titulaire d’un bac STG, j’ai par la suite passé quelques concours dans des écoles de commerce post-bac et j’ai été pris à l’EBS (European Business School). Titulaire d’un master, j’ai effectué ma première expérience professionnelle dans une entreprise de transport /logistique à Vienne en tant qu’affréteur-commercial pour les clients français. Concrètement, cela veut dire s’occuper des départs des camions au départ de la France et trouver de nouveaux clients potentiels.
Cette expérience ayant été concluante, j’ai décidé de persévérer dans cette branche.
Pourquoi être parti ?
Au cours de ces 5 années passées à l’EBS j’ai vécu une année entière à l’étranger en Irlande et en Allemagne. Cela m’a donné envie de continuer. Je me suis toujours dit qu’ayant fait une école de commerce post-bac et non une école après prépa, cela serait plus facile pour moi de trouver du travail à l’étranger car les gens ne s’arrêtent pas à l’école que vous avez faite, comme cela peut être le cas en France.
Pourquoi ce pays ?
Mes six mois au cours de la troisième année de mon école de commerce en Allemagne à Cologne et Stuttgart m’ont énormément plu. J’ai découvert un pays où les gens sont assez accueillants, où les paysages notamment dans le sud du pays sont magnifiques. Je me suis dit qu’être bilingue avec l’allemand, cela pouvait être un plus sur mon CV pour un éventuel retour en France.
Après la fin de mon école de commerce, j’ai eu une opportunité en Autriche, à Vienne, et depuis je ne suis plus parti de ce pays. Le pays est assez folklorique pour nous Français, les traditions sont encore très vivantes, les Autrichiens s’habillent encore en costume traditionnel pour les grandes occasions comme les bals ou les mariages par exemple.

Maintenant je suis à Salzburg depuis deux ans au milieu des montagnes et dans la ville de Mozart, forcément ça motive pour rester !
D’un point de vue professionnel, les Autrichiens peuvent paraître assez rigides pour nous Français, mais au moins les choses sont claires et on sait où on va !
Avez-vous eu des doutes, et comment les avez-vous gérés ?
Ma deuxième expérience à Vienne n’a pas bien marché et je me suis posé la question d’un retour en France. Mon erreur avait été de prendre un job tout en allemand à cette période de ma carrière : en effet, même si mon niveau d’allemand est très bon pour un étranger, il n’atteint pas celui d’un locuteur natif (surtout à l’écrit) et en allemand, cela se voit encore plus, si je puis dire, du fait des différences de dialecte suivant les différentes régions germanophones. J’ai donc par la suite décidé de postuler “uniquement” pour des jobs dans mon domaine (commercial) où on recherchait un francophone, ce qui permettait d’entrer dans une société et par la suite de me faire ma place.
Cette expérience négative a eu au moins le mérite de me faire mieux cibler par la suite mes recherches d’emplois.
Finalement j’ai trouvé un emploi à Salzburg et je ne regrette pas mon choix. Mes doutes ont donc surtout été d’un point de vue professionnel, parce que pour le reste j’ai toujours su connaître des gens sur place relativement rapidement, donc je n’ai pas trop subi la solitude. Mais je pense que la solitude quand on part tout seul à l’étranger, c’est normal et il faut l’apprivoiser pour se sentir bien.
Un bilan aujourd’hui : que vous a apporté l’expatriation ?
Pour moi clairement de la confiance en moi. Me dire que je suis autant à l’aise en allemand qu’en français, forcément ça aide. Aussi, j’ai pu connaître de nombreuses personnes que je n’aurais pas connues si j’étais resté à Paris.

En ce qui concerne mes activités en dehors du travail, je fais partie de deux réseaux d’expatriés qui proposent énormément de rencontres autour d’un verre, au cinéma et autre. Grâce à ce réseau, j’ai pu assez rapidement connaitre des personnes de toutes origines (Autrichiens, Autrichiens ayant vécu à l’étranger, et autres). Autre exemple, des week-ends organisés dans les stations de ski aux alentours de Salzburg. Je suis un grand fan de sport et je me suis aussi inscrit aux clubs locaux de supporter de football et de hockey sur glace. J’ai été accueilli de manière très gentille et courtoise. Globalement, les Autrichiens sont très faciles d’accès quand on parle allemand et qu’on prend la peine de s’intéresser à leur culture. J’ajoute que l’accent français a aussi la cote chez les locaux…
Est-ce que vous vous sentez encore Français ? Pourquoi ?
Même si on se sent à l’aise dans une culture étrangère à la sienne, il y a des petites choses qui font que je reste Français au quotidien, notamment au niveau alimentation : la nourriture en Autriche est assez bonne mais assez grasse et copieuse, donc il faut faire attention ! Dès que je trouve quelque part des escargots par exemple, du bon fromage, je n’hésite pas à me faire plaisir et à faire partager cela à mes amis autrichiens !
De toute façon, de par mon travail, où je m’occupe des clients français de ma société, je reste en contact permanent avec la France et mon accent français quand je parle allemand me rappelle forcément d’où je viens. Je pense pour conclure qu’il faut être fier de sa « biculture », que c’est une chance de connaître une autre culture que la sienne.
Autre chose à ajouter ?
En Autriche, le chômage est faible, les paysages sont magnifiques… une bonne raison pour venir !
Bénin, Mexique, Allemagne, Texas, Luxembourg, etc. : découvrez le reste de la série Ma vie d’expat !
Ah l’Autriche, Vienne, un lieu chargé d’histoire et de beauté 😀
Merci pour votre Article. La critique qui suit ne vous est pas dirigée mais est une réflexion personnelle que je souhaiterais partager.
Je ne peux m’empêcher de sourire à chaque fois que je vois une personne se qualifier d’expat.
L’expat était jusqu’à récemment un individu envoyé par sa société pour une durée détermine dans un pays et généralement cette personne (dans les années 80/90) poursuivais son périple a travers d’autres branches de cette même société dans d’autres pays. Aujourd’hui derrière ce terme glamour on veut parler d’immigration terme devenu péjoratif utilise seulement à l’égard des populations peu qualifiées. Cependant, la finalité reste la même, offrir ses services dans un pays avec des conditions meilleures.
Les conditions du marche du travail sont telles aujourd’hui que rare sont les societes qui s’encombrent encore de ce statut couteux.
Tout à fait. Parler d’émigré serait plus logique.
Moi ce qui me fait sourire, ce sont les certitudes que les gens peuvent avoir.
Par définition, un expatrié est une personne vivant dans un pays autre que le sien. Le terme n’a pas de rapport direct avec le monde de l’entreprise. Une entreprise préparera un contrat donnant le statut d'”expatrié” à son salarié au sein de l’entreprise.
Il est certain que choisir de travailler à l’étranger dans un pays dont on parle la langue est un enrichissement personnel extraordinaire. Il permet ausi d’élargir son cercle d’amis et de voir la France différemment. Quant à se sentir Français, c’est une question bien difficile à laquelle répondre quand on a vécu dans différents pays étrangers que l’on a appréciés. De l’Autriche, je connais surout les stations de ski et les villages de montagne et je dois dire que c’est un vrai plaisir de descendre les pentes là-bas au milieu de gens expérimentés et respectueux des autres.
Bonjour, je suis a votre ecoute concernant d éventuelles remarques ou. Meme critiques
Un autre expat (ou émigré, pour ne pas dire migrant) a créé un site fort intéressant sur son expérience :
https://jsegalavienne.wordpress.com
Je connais son site il y présente surtout les défauts de l Autriche. Bien que je ne sois pas Tjs d accord avec ces idées il apporte un autre point de vue qui peut être intéressant