Vous avez aimé la crise de 2008 ? Vous allez adorer la suivante…

Êtes­-vous prêt pour une réforme en profondeur du système ou attendez-­vous son effondrement ?

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Vous avez aimé la crise de 2008 ? Vous allez adorer la suivante…

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 3 février 2016
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Par Patrick Smets.

C'est la crise credits Cpakmoi (CC BY-NC-ND 2.0)
C’est la crise credits Cpakmoi (CC BY-NC-ND 2.0)

Lors d’un récent forum, le financier George Soros a exprimé ses craintes à propos de l’économie mondiale et les spéculations sur la dette.

Les marchés financiers ont commencé dans le rouge vif cette année, le modèle chinois étant mis à mal par des indicateurs décevants. L’Europe peine à sortir de sa léthargie. Si les États-Unis affichent des chiffres positifs, ils sont à relativiser compte tenu des performances historiques à ce stade du cycle économique.

 

Plus jamais les subprimes…

Revenons huit ans en arrière. En 2008, le monde semble être au bord du gouffre. Le système bancaire menace de s’effondrer et les États sauvent les grandes banques. Ceci était le résultat d’une politique moné­taire où le cash abondait sous le monopole de la banque centrale diffusant son crédit via les banques privées qui en démultipliaient la portée.

Mais la monnaie nouvellement créée (il ne s’agit pas d’or ou d’argent extrait à la sueur du front des banquiers) devait trouver un emploi. Les politiques laxistes en matière d’octroi de crédits aux États-Unis ont permis de cibler des emprunteurs à risque.

L’idée était que le bien hypothéqué s’apprécierait pour rembourser le créancier en cas de défaut. C’étaient les emprunts subprimes diffusés via des titrisations (transfert du rendement et du risque sur des tiers). Une fois les emprunteurs en défaut, les biens saisis sont venus inonder le marché entraînant une chute brutale des prix. On se souviendra de la faillite retentissante de Lehman Brothers ainsi que des nombreuses saisies hypothécaires.

En 2008, nombreux furent les acteurs qui saluèrent les sauvetages ainsi que la politique « courageuse » des banques centrales. Elles étaient en fait les pompiers pyromanes car à l’origine de la création de la bulle spéculative. En ont­-elles tiré des leçons pour autant ? Loin de là.

 

Un modèle insoutenable

Glorifiés, les banquiers centraux sont entrés dans une nouvelle ère d’inflation monétaire en se positionnant à la reprise d’actifs aussi pourris que des obligations grecques ou encore des emprunts municipaux. On relève même des actions dans leurs bilans (est-­ce bien le rôle d’une banque centrale ?).

Il est à noter que la banque centrale, organe financé par des fonds publics, agit en tant qu’agence de nationalisation de l’économie, s’appropriant des actifs au fil du processus de création monétaire tout en en faisant supporter le risque par la communauté. Est-­ce bien moral ?

Le credo des banquiers centraux repose sur leur haine des taux d’intérêt, symboles selon eux d’un frein à la croissance et d’une rémunération injustement perçue par l’épargnant (même si ce dernier a travaillé dur et a payé impôts, taxes et dépenses de consommation).

C’est une conception erronée de l’économie qui, dans son énonciation correcte, doit naturellement accepter l’accumulation de l’épargne, qui prendra la voie de l’investissement vers les entreprises rentables. A contrario, la monnaie imprimée par les banques centrales ne constitue qu’une épargne fictive prête à tout moment à s’effondrer comme un château de cartes.

Le monopole de l’émission de monnaie permet aux emprunteurs les plus proches de la source de bénéficier de taux bas, accroissant leur endettement. Les banques privées préfèrent financer les États via des sommes colossales plutôt que financer l’économie réelle. PME et indépendants ne trouvent pas de crédit tandis que les grandes entreprises proches des banques privées profitent de conditions ultra­favorables. Ceci est le résultat d’un monopole d’État : celui de la création monétaire confiée à un organisme étatique telle que la banque centrale. Ce modèle n’est pas soutenable.

 

La suite…

La suite, essayons de l’envisager ensemble.

Les États au bord du gouffre, incapables de respecter leurs budgets et de financer leurs dépenses, n’auront pas d’autres choix que d’envisager une confiscation indirecte de l’épargne réelle via la procédure de bail in (recapitalisation des banques par saisie des dépôts). D’ailleurs, le mouvement vers la dématérialisation de la monnaie les aidera en ce sens.

Dans une situation de détresse, les banques centrales tenteront à nouveau de « sauver » l’économie en créant de la monnaie. Mais dès que la demande de monnaie fiduciaire s’effondrera sur fond de méfiance du public, l’inflation partira à la hausse et enverra les taux d’intérêt vers des niveaux stratosphériques.

Vous pensez que c’est impossible ? Les descendants des Allemands vivant dans les années 1920 en ont encore les récits effrayants.

Les habitants actuels du Zimbabwe le vivent en direct. Êtes­-vous prêt pour une réforme en profondeur du système ou attendez-­vous son effondrement ?

Sur le web

Lire sur Contrepoints notre dossier spécial banques centrales

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  • « Les États au bord du gouffre, incapables de respecter leurs budgets et de financer leurs dépenses, n’auront d’autres choix que d’envisager une confiscation indirecte de l’épargne réelle via la procédure de ‘bail in’ (recapitalisation des banques par saisie des dépôts). »

    Le bail in est une procédure spécifique de faillite bancaire. Il sert à refinancer les banques en faillite. Quel rapport avec les difficultés de l’Etat ? Le bail in ne permet en aucun cas à l’Etat de confisquer l’argent des épargnants.

    • Le bail-in pour les états, c’est chaque année, impôts et taxes 😀

      Sinon, l’auteur de l’article voulait peut-être évoquer une crise des dettes souveraines, la fin d’une bulle obligataire et son retentissement bancaire, les états sauvant leurs fesses en renflouant les banques en autorisant un bail-in, banques qui continueraient ainsi à acheter des obligations d’état ?

    • Peut-être que si les banques n’étaient pas contraintes par la loi d’investir dans des obligations souveraines qui ne vaudront plus rien, et pouvaient gérer leurs risques à leur guise, avec une simple obligation de transparence et de sincérité, elles feraient moins faillite. Là, on sent bien que c’est « Banques, souscrivez à la dette publique, et si ça tourne mal, rattrapez vous sur les comptes de vos clients ! »

  • Les « 62 » laisseront-ils arriver la GAF (Grande Apocalypse Financière) sans la faire éviter grâce à une nouvelle impression de monnaie et de nouvelles frappes de clavier par les politiciens qu’ils manipulent.

    Même s’ils sont à l’abri du besoin.

    Dans le même contexte : un Napoléon, très prisé de beaucoup de petits épargnants, pourrait-il doubler de valeur ?

  • Savez-vous dans quel lieu se réfléchissent les réformes ?

    Même question pour la mondialisation économique, dont Klaus Schwab, dans LES ECHOS du 20 janvier 2014 déclarait qu’elle était un échec collectif.

    Si personne ne sait (ce que je crains) , ne sommes-nous pas de vant une puère folie ? Une énegie folle sur les35 heures (que les entreprises sapeuvent se dépatouiller, et l’abandon total du cadrre juridique de la mpondilisaitn à des acteurs inconnuys ?

  • Savez-vous (ou l’un de vos lecteurs sait-il) dans quel lieu se réfléchissent les réformes, et à quel point nous en sommes ?

    Même question pour la mondialisation économique, dont Klaus Schwab, dans LES ECHOS du 20 janvier 2014 déclarait qu’elle était un échec collectif, sans jamais que l’on trouve une seule réaction à cet aveu.

    Si personne ne peut répondre à ces questions (ce que je crains), ne sommes-nous pas devant une pure folie ? En France, une énergie folle sur les35 heures (que les entreprises savent tout de même gérer), et l’abandon total du cadre juridique de la mondialisation économique et financière à des acteurs inconnus ?

    Si tel est le cas, il faudra bien avouer que la génération des baby boomers n’aura pas été à la hauteur des défis de son époque, et aura laissé un héritage peu reluisant à ses enfants.

    J’ai posé la question au Forum de Davos. Réponse : nous ne sommes qu’une plate forme d’échanges et nous n’avons pas vocation à proposer des solutions. J’en ai déduit qu’ils avaient juste vocation à pratiquer un lobbying forcené tout en laissant les politiques en assumer les conséquences.

    Espérons que ces sujets seront évoqués lors des primaires en 2016, car ces deux sujets sont des problèmes de chefs d’Etats.

  • Bien sur que les Français sont prêts pour les réformes, encore faudrait-il que les dirigeants aient le courage de les faire…Trop préocupés à sauver leur pouvoir et leurs privilèges, ils n’ont que faire du monde qui s’écroule autour d’eux tant que la vague ne les atteint pas au sommet de leur montagne ! Quoique …?

  • « Les politiques laxistes en matière d’octroi de crédits aux États-Unis » l’auteur oublie de préciser que ces politiques laxistes sont le fait du gouvernement qui a fait voter les lois pour ça. Et de fait le couple etat/banque centrale est bien plus responsable de la crise que les banques elles mêmes.

  • Contrairement à ce qui est écrit, les banques centrales ne sont pas toutes publiques.

    La FED contrairement à ce que son nom indique n’a rien de Fédéral, c’est une banque privée !
    C’est d’ailleurs, elle a commencé a imprimer de l’argent.

    La FED est principalement contrôlée par Goldman Sach , cette même banque qui imposé ses hommes aux banque centrale européennes.

    • « President Obama Nominates Dr. Janet Yellen as Fed Chair »
      https://www.whitehouse.gov/blog/2013/10/09/president-obama-nominates-dr-janet-yellen-fed-chair

      Oh. Il semblerait que Yellen (et les précédents) furent nommés par le président des Etats-Unis. Qui n’est pas banquier. Qui est le premier représentant de l’administration publique américaine. Hasard malheureux, sans doute.

    • La fed n’est privée que sur le papier (dans ses statuts). En réalité, c’est une banque centrale avec monopole légal, qui reverse près de 98% de ses bénéfices au trésor des Etats-Unis et dont le gouverneur est nommé par le président des USA. L’argument disant que les banques centrales sont « privées » est un vieux mensonge de politicien en décomposition avancée. Quand l’État et ses amis ont créé la Fed à cette époque si vous aviez dit que le gouvernement imposera une devise unique au travers du pays, les gens vous auraient trucidé. En disant que c’était privé, les gens étaient sympathiques à l’idée. Et aujourd’hui, si on dit que l’argent devrait redevenir 100% privé à travers un système de banques libres comme avant 1913 (dans le sens que l’argent ne devrait pas être contrôlé par une entité centralisée qui peut en créé à partir de rien (inflation et perte de pouvoir), les gens veulent vous trucider…
      http://www.contrepoints.org/2015/07/10/213455-non-la-fed-nest-pas-une-banque-privee?

  • Les banques centrales sont des organismes privés et répondent à des intérêts privés. Comment pouvez vous écrire que la création monétaire est un monopole d état ? Croyez vous que nous serions endettés à ce point si l’état pouvait créer sa monnaie ? Soit vous êtes d une ignorance crasse, soit vous trompez le lecteur à dessein. Dans tous les cas j’espère bien ne plus vous voir sur contrepoints.

    • Bonjour,
      Si nos états pouvaient créer de la monnaie, alors même que leurs dépenses dépassent largement leurs recettes réelles, alors cette monnaie perdrait sa valeur au fur et à mesure de son émission. Ainsi, au lieu de souscrire un emprunt auprès d’une banque ou des citoyens pour financer ses investissements, l’état qui créerait de la monnaie ne ferait pas plus de création de richesse que le criminel qui imprimerait de la fausse monnaie. C’est assez basique comme principe, non ?
      L’endettement de nos états ne vient pas du fait que les banques privées créé de « l’argent-dette » comme l’expliquent si bi les petits films de propagande qu’on trouve sur Internet. Le problème vient du fait que nos états, nos hommes d’état et la plupart des citoyens VEULENT dépenser plus qu’ils ne gagnent. Et quand on dépense plus que la richesse crée par l’économie réelle, on ne crée pas de la monnaie, on crée de la dette.
      Me trompe-je ?

    •  » Comment pouvez vous écrire que la création monétaire est un monopole d état ?  »

      Pour être plus vrai l’état donne le monopole de la création de la monnaie aux banques centrales.

      D.J

    • « Ignorance crasse » ?

      « La Banque de France est la banque centrale de la France. Il s’agit d’une institution bicentenaire, de capital privé lors de sa création le 18 janvier 1800, puis devenue propriété de l’État en 1945. »

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Banque_de_France

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